Cimetière de Fontainebleau — Wikipédia

Cimetière de Fontainebleau
Vue de la division F au premier plan et division E au second. À droite se dresse la sépulture de la famille Guérin.
Adresse
1 place des Combattants-Morts-pour-la-France (d) Voir et modifier les données sur Wikidata
Fontainebleau, Seine-et-Marne
 France
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Le cimetière de Fontainebleau, anciennement aussi appelé cimetière du Mont-Pierreux et plus rarement les Quatre Arpents, est un lieu d'inhumation à Fontainebleau, en France. Fondé au XIXe siècle, il renferme en son noyau de nombreuses sépultures de cette époque.

Situation et accès[modifier | modifier le code]

Le cimetière se situe au nord de la ville et s'étend sur la périphérie de l'espace urbanisé de la commune de Fontainebleau. Étant à la lisière de la forêt de Fontainebleau, il est ainsi adjacent à celle-ci sur son côté nord-ouest et sud-ouest. Son côté sud-est se délimite par le boulevard du Maréchal-Joffre et son côté nord-est par la route Louise. Le côté sud-ouest se forme sur la place des Combattants-Morts-pour-la-France, où se trouve le monument aux morts, et continue par être longé par la route Louis-Philippe. Enfin, le côté nord-ouest, directement exposé au massif forestier, est longé par un chemin[1]. On retrouve l'accès principal, de deux portails, sur la place des Combattants-morts-pour-la-France, un autre depuis la route Louise et enfin un troisième secondaire qui donne sur la division B, depuis la route Louis-Philippe. Un repère de nivellement placé près du portail ouest à 44 centimètres au-dessus du sol fait état d'une altitude de 95,232 mètres[2].

Dénomination[modifier | modifier le code]

Anciennement, on l'appelle communément le cimetière du Mont-Pierreux[3],[4], en référence au Mont Perreux, Pierreux ou Paveux[5], élévation et lieu-dit dans de la forêt de Fontainebleau, où il a été bâti. Cette dénomination est toutefois devenue rare et on ne se réfère à ce cimetière, de nos jours, principalement que par le nom de la ville.

Les habitants ont aussi appelé ce lieu les « Quatre Arpents » au vu de sa forme et sa superficie simple[6].

Histoire[modifier | modifier le code]

Anciens cimetières[modifier | modifier le code]

Du XIIIe au XVIIe siècle, l'église de la paroisse d'Avon servait de lieu de sépulture aux habitants. Il a également existé un lieu d'inhumation près du château, le cimetière des Mathurins.

Après la création de la paroisse de Fontainebleau, le roi Louis XIV fait créer un cimetière dans le bourg de Fontainebleau, le  : le cimetière de la rue des Petits-Champs[7]. Devenu insalubre et mal placé, il est fermé à la Révolution pour un nouveau lieu d'inhumation, plus en retrait de la ville : le cimetière de la Vallée de la Chambre.

Fondation[modifier | modifier le code]

Le cimetière a été créé par ordonnance royale du [6]. La partie la plus ancienne correspond à l'actuelle division E.

Au cours du XIXe siècle, il est avant tout réservé à une élite riche, notamment composée d'aristocrates[8].

Développement[modifier | modifier le code]

Au cours du XXe siècle, le cimetière gagne des parcelles et s'étend à l'ouest, puis à l'est. L'Abeille de Fontainebleau note, à l'occasion de la Toussaint de 1895 que le cimetière est « orné de grands pins, créé en amphithéâtre à l'entrée de notre belle forêt »[9].

Au début du siècle, un agrandissement du cimetière s'étendant déjà sur 20 725 mètres carrés est projeté. Le grand nombre d'inhumations durant la Première Guerre mondiale provoque sa réalisation : ainsi, en octobre 1918, une équipe de travailleurs indochinois abat les arbres entre la route Louis-Phillipe et la route Louise[10]. Plus tard, au cours de sa séance du , le conseil municipal approuve un projet d'aggrandissement, malgré une pétition des habitants des rues Pierre-Dan, René-Quinton et de l'Abbé-Renaudeau[11].

Vandalisme[modifier | modifier le code]

Le , un déséquilibré macule 67 tombes de tags de croix gammées (symbole néonazi) — de couleur rose, blanche et argentée[12],[13],[14] (dite chrome dans le milieu des graffeurs) — auxquelles s’ajoutent plusieurs inscriptions « Charles » et « Biobananas »[15], en lettres capitales. Le parquet est saisi et il est alors précisé qu’« aucune revendication ni bombe de peinture n’ont été retrouvées sur place »[16].

Plusieurs responsables politiques réagissent à ces faits via Twitter :

« Je suis scandalisé et écœuré par la découverte, ce matin, de très nombreuses tombes profanées par des croix gammées. Des actes abjects et répugnants contre lesquels je vais déposer plainte. Jamais notre cimetière n’avait été la cible de tels crimes. »[17]

— Frédéric Valletoux, maire de Fontainebleau

« Le Préfet de Seine-et-Marne condamne vigoureusement la dégradation des 67 tombes du cimetière de Fontainebleau par apposition de croix gammées. Il a mobilisé les forces de l’ordre pour identifier les auteurs rapidement. »[18]

— Thierry Coudert, préfet de Seine-et-Marne

« Profanation de 60 tombes à Fontainebleau par des néo-nazis, un acte ignoble dans cette période des fêtes qui devrait nous rassembler et nous unir ! Soutien ⁦à tous les Bellifontains. »[19]

— Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d'Île-de-France

« [Retweet du préfet] Écœuré par la profanation du cimetière de Fontainebleau recouvert de croix gammées. Tout sera fait pour retrouver les auteurs de cette ignominie. Nous ne laisserons rien passer face à ceux qui déversent la haine. »[20]

— Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur

Avant le cimetière de Fontainebleau, des faits similaires ont déjà eu lieu dans le département. Les jours suivants, d’autres tags sont découverts, notamment à Melun. Le dispositif de surveillance, mis en place dans le cadre de l’enquête, mène à l’interpellation d’un homme de 41 ans, dans la soirée du , à son domicile du Mée-sur-Seine[21],[22]. Reconnu auteur des faits, les explications données par ce dernier demeurent peu rationnelles : il évoque notamment un motif de vengeance, en expliquant avoir produit ces outrages « afin d’attirer l’attention des médias ». Il est finalement placé en hôpital psychiatrique[23].

Préoccupations relatives à l’état des sépultures[modifier | modifier le code]

L’affaissement et l’effondrement de certaines sépultures ainsi que des fissures sont constatées dans les années 2020 et deviennent la préoccupation d’habitants et d’élus. Un problème que l’on imputerait à la stabilité du terrain sableux sur lequel repose Fontainebleau ; dans cette perspective, la Ville s’engage fin 2022 à lancer une étude géologique[24]. En outre, un atelier de rénovation et nettoyage de sépultures à l’occasion de la journée citoyenne du mobilise des habitants soucieux de l’entretien des lieux[24],[25].

Structure[modifier | modifier le code]

Allée rejoignant l'accès ouest sur la place des Combattants-morts-pour-la-France à celui à l'est depuis la route Louise.
Image externe
[PDF] Plan officiel du cimetière avec numérotation des divisions et des tombes

L'ensemble, de forme trapézoïdale, est installé sur une pente ascendant vers le côté nord-ouest. Il est implanté sur un sol sableux, et son érosion est limitée par la présence de végétation sur les talus[26]. Le cimetière est entièrement entouré d'un mur. Les divisions rectangulaires se coordonnent ainsi avec des allées perpendiculaires et parallèles entre elles[1].

La partie sud est occupée par le carré militaire (où reposent 567 soldats « morts pour la France »)[27]. La partie est, plus récente, gazonnée et boisée, accueille un columbarium et une parcelle de ruches[26].

Personnalités inhumées[modifier | modifier le code]

La sépulture de la famille Guérin au centre, seul mausolée du cimetière.

Division AE[modifier | modifier le code]

Division AF[modifier | modifier le code]

Division B[modifier | modifier le code]

Division BD-BF[modifier | modifier le code]

  • René Lucet (1943-1982), directeur de caisse de la Sécurité sociale française, découvert mort dans sa villa à Marseille, le . Ses obsèques ont lieu le [30]. Afin de réaliser une nouvelle autopsie, son corps est exhumé le matin du [31],[32],[33].

Division C[modifier | modifier le code]

Division D[modifier | modifier le code]

Division E[modifier | modifier le code]

Écosystème et gestion écologique[modifier | modifier le code]

Panneau du refuge LPO devant la division G.

À la suite des engagements pris par la municipalité, les espaces verts du cimetière ne sont plus entretenus aux pesticides depuis 2011[39]. L'absence d'utilisation de produits phytosanitaires assure au site le « label Ecojardin » depuis 2013 avec un taux de végétalisation estimé à 30,7%[40].

Dans le cadre de cette gestion écologique, des anfractuosités et des caniveaux ont été comblés par du mortier, ainsi que des interstices ont été curés et cimentés afin d'empêcher le développement d'adventices. Un « rendez-vous Écophyto » à caractère informatif a été organisé le par la Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles (FREDON) et a réuni une centaine de personnes[26].

Un écopâturage saisonnier a également été mis en place. Ainsi, en 2015, des poneys du centre équestre ont été amenés pour brouter l'herbe, expérience renouvelée en 2017 avec des moutons. Un rucher a aussi été disposé sur une parcelle vers l'entrée est[39].

Dans le cadre de la participation de la commune aux programmes de la Ligue pour la protection des oiseaux, le cimetière devient un « refuge LPO » de convention 2020-2024[41].

Galerie[modifier | modifier le code]

Représentations culturelles[modifier | modifier le code]

Littérature[modifier | modifier le code]

« Vorski ! Vorski ! L’être innommable dont le souvenir l’emplissait d’horreur et de honte, le monstrueux Vorski n’était pas mort ! L’assassinat de l’espion par un de ses camarades, son enterrement dans le cimetière de Fontainebleau, tout cela, des fables, des erreurs ! Une seule réalité, Vorski vivait ! »

« Il nous priait de le mettre en terre sainte, et nous le portions, vous et moi, au cimetière de Fontainebleau. »

« Ce grand-père, qu’il avait payé cinq cents francs, à qui il avait cassé l’oreille, pour qui il avait acheté un terrain au cimetière de Fontainebleau »

« Plus, une concession à perpétuité que ton mari a payée d’avance dans le cimetière de Fontainebleau. »

« Mais elle repose aujourd’hui entre six planches de chêne, au fond du cimetière de Fontainebleau. Elle occupe la troisième tombe de la quatrième rangée à l’ouest de l’angle nord-est. Elle ne doit pas être bien fleurie. Je ne vois pas ce que l’on peut ajouter d’autre. »

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Ressources de geoportail.gouv.fr/carte, Géoportail de l'IGN.
  2. « Repère de matricule W.D.M3 - 310 du nivellement général de la France », notice no 474139 Accès libre [PDF], sur geodesie.ign.fr, plateforme du Service de géodésie et de métrologie, Institut national de l'information géographique et forestière,
  3. Bourges 1896, p. 105.
  4. a et b Alexandre Guérin, « Obsèques de M. Guérin », L'Abeille de Fontainebleau, no 33 de la 54e année,‎ , p. 2 (lire en ligne Accès libre)
  5. André Billy, Fontainebleau: délices des poètes de la Renaissance à nos jours, Horizons de France, (lire en ligne), p. 128
  6. a et b Eugène Plouchart, Le Cimetière des Mathurins : Premier Cimetière de Fontainebleau, Fontainebleau, Cuënot-Bourges, , 22 p. (lire sur Wikisource, lire en ligne [DjVu]), p. 6
  7. Serge Ceruti, « Les cimetières de Fontainebleau », Fontainebleau, la revue d'histoire de la ville & de sa région,‎ (ISSN 2119-6710)
  8. Auguste Luchet, « Le confessional de la sœur Marie : X. L'hospice de la forêt », L'Esprit public,‎ , p. 2 (lire en ligne Accès libre, consulté le )
  9. « Chronique locale », L'Abeille de Fontainebleau, vol. 61, no 45,‎ , p. 1/6 (lire en ligne Accès libre, consulté le )
  10. « Chronique locale », L'Abeille de Fontainebleau, vol. 84, no 41,‎ , p. 2/4 (lire en ligne Accès libre, consulté le )
  11. « Conseil municipal », L'Abeille de Fontainebleau, no 9 de la 99e année,‎ , p. 1/4 (lire en ligne Accès libre)
  12. « Seine-et-Marne : des croix gammées taguées sur 67 tombes du cimetière de Fontainebleau » Accès libre, sur lci.fr, LCI, (consulté le )
  13. « Fontainebleau : des croix gammées taguées sur 67 tombes » Accès libre, sur francebleu.fr, France Bleu, (consulté le )
  14. « Seine-et-Marne : 67 tombes profanées à Fontainebleau, le maire dénonce un acte "abject" » Accès libre, sur francetvinfo.fr, France Info, (consulté le )
  15. « Des croix gammées taguées au cimetière de Fontainebleau » Accès libre, sur marianne.net, Marianne, (consulté le )
  16. Catherine Unac, « Des croix gammées taguées sur une soixantaine de tombes à Fontainebleau » Accès libre, sur midilibre.fr, Midi libre, (consulté le )
  17. Frédéric Valletoux (@fredvalletoux), « Je suis scandalisé et écœuré par la découverte » [archive du ], sur Twitter, (consulté le )
  18. Préfet de Seine-et-Marne (@Prefet77), « Le Préfet de Seine-et-Marne condamne vigoureusement la dégradation des 67 tombes du cimetière de Fontainebleau » [archive du ], sur Twitter, (consulté le )
  19. Valérie Pécresse (@vpecresse), « Profanation de 60 tombes à #Fontainebleau par des neo-nazis » [archive du ], sur Twitter, (consulté le )
  20. Gérald Darmanin (@GDarmanin), « Écœuré par la profanation du cimetière de #Fontainebleau » [archive du ], sur Twitter, (consulté le )
  21. Julien Van Caeyseele, « Tags et croix gammées en Seine-et-Marne. Un individu interpellé au Mée-sur-Seine » Accès libre, sur actu.fr, La République de Seine-et-Marne, (consulté le )
  22. Thomas Segissement, « Fontainebleau : le tagueur présumé du cimetière trahi par la vidéosurveillance » Accès libre, sur leparisien.fr, Le Parisien, (consulté le )
  23. Julien Van Caeyseele, « Tags et croix gammées en Seine-et-Marne. On connaît enfin l’explication du message Biobananas » Accès libre, sur actu.fr, La République de Seine-et-Marne, (consulté le )
  24. a et b Julien Van Caeyseele, « Fontainebleau : une étude diligentée sur l’état du cimetière », La République de Seine-et-Marne,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le )
  25. Ville de Fontainebleau, Plan de travail de la journée citoyenne du 24 septembre 2022, Fontainebleau, Ville de Fontainebleau, , 1 p. (lire en ligne Accès libre [PDF]), p. 1
  26. a b et c Préfet de l'Île-de-France et Direction régionale interdépartementale, de l'alimentation, de l'argiculture et de la forêt (DRIAAF), « Gestion écologique des cimetières », Actualités phyto Ile-de-France,‎ , p. 3 (lire en ligne [archive du ] Accès libre)
  27. Julien Van Caeyseele, « Fontainebleau : une stèle pour sept héros oubliés de l'Histoire », La République de Seine-et-Marne,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le )
  28. a et b Yoann Vallier, « Fontainebleau. Toussaint : les stars de nos cimetières » Accès libre, sur actu.fr, La République de Seine-et-Marne, (consulté le )
  29. André Billy, Fontainebleau: délices des poètes de la Renaissance à nos jours, Horizons de France, (lire en ligne), p. 195
  30. (en-GB) Patrick Siccoli, « Obsèques de René Lucet A Fontainebleau En 1982 », sur Getty Images (consulté le )
  31. L.G., « Une nouvelle autopsie a été décidée », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès limité, consulté le )
  32. François Caviglioli, « Lucet : une balle de trop... », Le Nouvel Observateur, no 2228 « Les cadres ont-ils raison d'avoir peur ? - La contre-attaque de Mitterrand »,‎ , p. 45-46 (ISSN 0029-4713, lire en ligne Accès libre)
  33. [vidéo] INA Actu, 20h Antenne 2 du 18 mars 1982 - L'affaire René Lucet sur YouTube, (consulté le )
  34. René Alleau, Guide de Fontainebleau mystérieux, Tchou, (lire en ligne), p. 253
  35. a et b « Chronique », Revue de l'architecture et des travaux publics, no 5,‎ , p. 232 (lire en ligne Accès libre, consulté le )
  36. Bourges 1896, p. 12.
  37. « Le 4e hussards à Fontainebleau. 1835-1837 », L'Abeille de Fontainebleau, no 39 de la 56e année,‎ , p. 2/4 (lire en ligne Accès libre, consulté le )
  38. « Nécrologie », L'Abeille de Fontainebleau, no 33 de la 48e année,‎ , p. 2 (lire en ligne Accès libre)
  39. a et b Yoann Vallier, « Zéro phyto : comment Fontainebleau a montré l’exemple » Accès libre, sur actu.fr, La République de Seine-et-Marne, (consulté le )
  40. EcoJardin, « Cimetière communal de Fontainebleau », sur label-ecojardin.fr (consulté le )
  41. Panneau sur l'allée est-ouest, devant la division G.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Bourges 1896] Ernest Bourges (monographie publiée à titre posthume), Recherches sur Fontainebleau, Fontainebleau, Maurice Bourges, , 551 p. (BNF 33987105, lire en ligne), p. 15-21

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]