Charles Chiniquy — Wikipédia

Charles Chiniquy
Charles Chiniquy
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Voir et modifier les données sur Wikidata (à 89 ans)
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Charles Chiniquy (), est un prêtre catholique canadien-français, converti au protestantisme et devenu pasteur et prédicateur anticatholique.

Entre 1885 et 1899, il est au centre de controverses religieuses au Québec, au Canada et aux États-Unis. Il lutte contre l'alcoolisme dans le cadre du mouvement de la tempérance.

Biographie[modifier | modifier le code]

Charles-Paschal-Télesphore Chiniquy est né le dans le village de Kamouraska, au Bas-Canada[1]. Il est le fils de Charles Chéniquy, futur notaire, et de Reine Perrault, elle-même fille de Michel Perrault, marchand, instituteur et coseigneur de Rivière-Ouelle[2]. Il perd son père à l'âge de douze ans et est recueilli par son oncle Amable Dionne. Il étudie au petit séminaire de Nicolet à partir de 1822. Ordonné prêtre en 1833, il est envoyé dans les paroisses de Saint-Roch, Beauport et Kamouraska. En 1842, il quitte Beauport pour avoir fait des avances à la ménagère du presbytère[3].

Pendant les années 1840, il mène une campagne très efficace contre l'alcool et l'ivrognerie dans tout le Canada-Est. Il publie en 1844 un manuel de tempérance: un succès de librairie[3]. Antoine Plamondon peint son portrait en 1843, et Théophile Hamel fait une lithographie de lui. Il acquiert une telle renommée qu'en 1848 Ignace Bourget, l'évêque de Montréal, le nomme missionnaire itinérant de la tempérance pour son diocèse. Il est surnommé à cette époque l'« apôtre de la tempérance »[4].

Entre-temps, il arrive à Longueuil en 1846 et complique le travail de la congrégation des Sœurs des saints Noms de Jésus et de Marie, s'opposant notamment à Marie-Rose Durocher.

Malgré une grande popularité personnelle[3] et l'appui d'Ignace Bourget, Chiniquy est trop turbulent, et son insoumission ainsi que des rumeurs d'inconduite sexuelle [5] lui valent une suspension en septembre 1851. Son indépendance d'esprit est mal vu dans le contexte ultramontaniste de l'époque. On l'envoie alors en Illinois comme prêtre colonisateur. En tant que curé de la paroisse de Sainte-Anne, au sud de Chicago, il s'oppose très vite à des évêques irlandais intransigeants, notamment sur la propriété des biens immobiliers de l'Église, et est suspendu en août 1856, puis excommunié le par l'évêque Anthony O'Regan.

Il se plaint d'injustice et, malgré plusieurs tentatives de réconciliation de sa part et de celle des évêques du Québec, l'excommunication est rendue définitive en août 1858 par l'évêque James Duggan. Chiniquy quitte alors l'Église catholique, entraînant avec lui pratiquement toute sa paroisse de Sainte-Anne, pour fonder l'Église catholique-chrétienne (E.C.C.)[6], qui se joint en 1860 à l'Église presbytérienne de Chicago. Des conflits avec les pasteurs locaux entraînent sa suspension en juin 1862 par le presbytère de Chicago. Chiniquy adhère alors à l'Église presbytérienne du Canada tout en demeurant pasteur de Sainte-Anne.

Il devient un critique virulent de l'Église catholique romaine et de sa théologie, affirmant que cette Église est païenne, qu'on y vénère la Vierge Marie, que sa théologie, antichrétienne, souille l'Évangile. Il soutient aussi que l'afflux aux États-Unis d'immigrants catholiques en provenance d'Irlande, d'Allemagne et de France est le résultat d'un complot du Vatican. Plus tard, il dénoncera deux autres « complots » du Saint-Siège : la guerre de Sécession et l'assassinat du président Abraham Lincoln (les assassins de Lincoln étant selon lui des catholiques romains aux ordres du pape Pie IX).

Son zèle de nouveau converti et la virulence de ses propos et de ses dénonciations de son ancienne église sont tels qu'il déclenche généralement des violences là où il passe[7]. En 1859, il est victime d'une tentative d'assassinat à Saint-Hilaire[Lequel ?]. On associe son zèle comme une réaction à l'anti-protestantisme des catholiques de l'époque (Lougheed, p. 254).

En 1864 il épouse Euphémie Allard, de sa paroisse de Sainte-Anne. Ils eurent un fils mort en bas âge, deux filles et en adoptèrent une autre.

Durant le reste de sa carrière, il sera un prédicateur anticatholique acharné, gagnant sa vie grâce à des ouvrages anticatholiques et des discours contre l'Église catholique romaine. Ses deux principaux livres sont Cinquante ans dans l'Église de Rome et Le Prêtre, la femme et le confessionnal. Surnommé le Luther du Canada, il est appelé par les protestants évangéliques à participer à des tournées de conférences partout au Québec et ailleurs en Amérique du Nord, ainsi qu'en Europe, en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Même s'il continue ses tournées de conférences jusqu'à la fin de sa vie, Chiniquy prend sa retraite comme pasteur de Sainte-Anne en 1888. Il quitte sa paroisse en 1892 et meurt le à Montréal à l'âge de 89 ans.

Jugement de l’Encyclopédie catholique de 1913 (On Imposters)[modifier | modifier le code]

On considère comme moins crédible l'histoire du Pasteur Chiniquy (1809-1899) qui, pendant des années, dénonça dans des pamphlets enflammés, notamment « La Femme, le prêtre et le confessionnal », des abus supposés de l'Église catholique. Il est admis que Chiniquy a été suspendu deux fois par deux évêques différents avant de se séparer de l'Église. Herbert Thurston, est convaincu que ses suspensions ont été motivées par de graves fautes morales dont les évêques en question auraient eu une pleine et entière information, quoique, comme cela arrive souvent dans de tels cas, les jeunes filles qu'il avait séduites[8] n'ont pu être convaincues de faire face aux conséquences d'un procès public en déposant sous serment.

Si ses premiers livres, écrits juste après avoir quitté l'Église, ne comportent pas d'attaques contre la moralité du clergé catholique mais se concentrent plutôt sur des questions doctrinales ou de foi, ce n'est pas le cas dans ses ouvrages ultérieurs : dans 50 ans dans l'Église de Rome (1885), il se présente comme forcé de dénoncer le catholicisme à cause des trop nombreux scandales dont il avait été témoin. (cf. S. F. Smith's "Pastor Chiniquy", Catholic Truth Soc. pamphlet, Lond., 1908).

Influence[modifier | modifier le code]

Parus à une époque où les États-Unis étaient méfiants vis-à-vis de toute influence étrangère, ses écrits contribuèrent à attiser l'anticatholicisme. Plusieurs protestants étaient cependant mal à l'aise avec ses propos et ses méthodes qui cherchaient à provoquer.

Aujourd'hui encore, quelques écrits de Chiniquy sont mis en avant dans les milieux protestants, en particulier fondamentalistes. Un de ses adeptes contemporains les plus connus est Jack Chick, qui a créé une version en bande dessinée de 50 ans dans l'Église de Rome sous le titre La Grande Trahison. Il reprend avec emphase les assertions de Chiniquy dans ses propres tracts anticatholiques.

Au Québec, aucune rue ni aucun lieu ne portent son nom. Même s'il fut un temps un homme public important, ses grandes réalisations dans les campagnes de tempérance ont été cachées dès son excommunication par l'Église catholique (Lougheed, p. 242). Aujourd'hui, les volontés œcuméniques promues par Vatican II ont eu pour résultat une sorte de révisionnisme historique qui veut qu'on oublie ceux qui, à une époque, symbolisèrent la division dans le christianisme[réf. nécessaire].

Durant la première moitié du XXe siècle, au Québec, le mot chiniquy était employé péjorativement comme nom commun pour désigner un mécréant, une personne anticléricale.

Archives[modifier | modifier le code]

Le fonds d'archives de Charles Chiniquy est conservé au centre d'archives de Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Yves Roby, Dictionnaire biographique du Canada, « CHINIQUY, CHARLES » Accès libre, sur biographi.ca, (consulté le )
  2. Municipalité de Rivière-Ouelle, « Seigneurs de Rivière-Ouelle » Accès libre, sur riviereouelle.ca (consulté le )
  3. a b et c « Charles Chiniquy, apôtre spectaculaire de l’abstinence à l’alcool » Accès libre, sur Radio-Canada, (consulté le )
  4. Nive Voisine, « L’apôtre de la croix noire : Charles Chiniquy », sur web.archive.org, (consulté le )
  5. « Histoires oubliées », sur PVP MEDIA (consulté le )
  6. « The Old Catholic Church in Wisconsin », sur web.archive.org, (consulté le )
  7. « HOBART TOWN RIOTS AND PASTOR CHINIQUY. », Sydney Morning Herald,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. « Impostors », dans Catholic Encyclopedia, vol. Volume 7 (lire en ligne)
  9. Fonds Charles Chiniquy (P627) - Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • 1955 : Chiniquy, Marcel Trudel, Éditions du Bien Public, Trois Rivières, 339 p.
  • 1999 : La Conversion controversée de Charles Chiniquy, Richard Lougheed, Éditions La Clairière, Québec, 322 p.
  • Richard Lougheed, « Le Luther de Canada: La conversion de Charles Chiniquy comme modèle évangélique », La Revue Farel 3 (2008): 23-37.
  • 2009 : The Controversial Conversion of Charles Chiniquy, Richard Lougheed, Texts and Studies in Protestant History and Thought in Quebec, Vol. 1, Toronto, Clements Academic, 366pp.
  • 2015 : Au centre des controverses : Charles Chiniquy, Richard Lougheed, Études du Franco-Protestantisme au Québec, Vol. 5, Toronto, Clements Academic, 430 p.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]