Élections au Parlement d'Andalousie de 1994 — Wikipédia

Élections au Parlement d'Andalousie de 1994
109 députés du Parlement
(Majorité absolue : 55 députés)
Type d’élection Élections législatives de communauté autonome
Corps électoral et résultats
Population 7 074 929
Inscrits 5 389 552
Votants 3 626 045
67,23 % en augmentation 11,9
Votes exprimés 3 604 191
Votes nuls 21 854
PSOE-A – Manuel Chaves
Voix 1 395 131
38,71 %
en diminution 10,9
Députés élus 45 en diminution 17
PP – Javier Arenas
Voix 1 238 252
34,36 %
en augmentation 12,2
Députés élus 41 en augmentation 15
IULV-CA – Luis Carlos Rejón (es)
Voix 689 815
19,14 %
en augmentation 6,5
Députés élus 20 en augmentation 9
CA-PA (es) – Arturo Moya Moreno (es)
Voix 208 862
5,80 %
en diminution 5
Députés élus 3 en diminution 7
Vainqueur et sièges par circonscription.
Carte
Président de la Junte
Sortant Élu
Manuel Chaves
PSOE-A
Manuel Chaves
PSOE-A

Les élections au Parlement d'Andalousie de (en espagnol : Elecciones al Parlamento de Andalucía de 1994) se tiennent le dimanche , afin d'élire les 109 députés de la IVe législature du Parlement d'Andalousie pour un mandat de quatre ans. Le scrutin se tient le même jour que les élections au Parlement européen.

Avec une participation en hausse, le scrutin voit de nouveau la victoire du Parti socialiste, qui perd cependant sa majorité absolue pour la première fois en douze ans. Aussi bien le Parti populaire que la Gauche unie connaissent une importante progression, à l'inverse de la Coalición Andalucista (es), qui subit une sévère déconvenue.

Manuel Chaves est finalement investi président de la Junte pour un second mandat six semaines après les élections, ayant bénéficié d'un changement de posture de la Gauche unie. Celle-ci passe en effet de l'opposition à une forme d'abstention, ce qui permet au sortant de recevoir la confiance du Parlement à la majorité relative.

Contexte[modifier | modifier le code]

Politique[modifier | modifier le code]

Au cours des élections de 1990, le Parti socialiste conserve sa majorité absolue avec plus de 60 députés sur 109[1], et ne subit pas les effets[2] de la forte abstention qui marque le scrutin en raison d'une vague de chaleur et d'une convocation des électeurs un samedi en lieu et place du traditionnel dimanche[3]. Le Partido Andalucista réalise une bonne performance en passant de deux à dix députés[4].

Le , le socialiste Manuel Chaves est investi président de la Junte d'Andalousie par le Parlement par 62 voix pour et 47 voix contre, l'ensemble des partis autres que le PSOE s'opposant à lui[5]. Il prête serment deux jours plus tard[6].

Socio-économique[modifier | modifier le code]

L'année 1993 est marquée par une période de crise économique, le produit intérieur brut se contractant de 1 % par rapport à 1992, soit la plus importante récession en 30 ans[7].

Le , à Linares, de 15 000 à 20 000 personnes manifestent en soutien aux près de 3 000 salariés de l'usine Santana Motor, menacée de fermeture par son nouveau propriétaire, Suzuki[8]. Le maintien de l'activité est finalement acté après la signature d'un accord de compétitivité issu d'un arbitrage par les autorités andalouses[9]. À Alcalá de Guadaíra un an plus tard, la société Gillette cesse son activité, licenciant 246 employés[10].

Mode de scrutin[modifier | modifier le code]

Le Parlement d'Andalousie (Parlamento de Andalucía) est une assemblée parlementaire monocamérale constituée de 109 députés (diputados), élue pour une législature de quatre ans au suffrage universel direct selon les règles du scrutin proportionnel d'Hondt par l'ensemble des personnes résidant dans la communauté autonome où résidant momentanément à l'extérieur de celle-ci, si elles en font la demande.

Convocation du scrutin[modifier | modifier le code]

Conformément à l'article 26 du statut d'autonomie, le Parlement est élu pour un mandat de quatre ans[11]. L'article 14 de la loi électorale andalouse du , combiné aux dispositions l'article 42 de la loi électorale nationale, précise que les élections sont convoquées au moyen d'un décret du président de la Junte d'Andalousie, signé 25 jours avant la fin du mandat et publié au Journal officiel, le scrutin devant se tenir le 54e jour suivant la publication du décret mais pas entre le et le [12],[13].

Nombre de députés par circonscription[modifier | modifier le code]

Puisque l'article 26 du statut d'autonomie prévoit que « le Parlement d'Andalousie sera constitué d'un nombre de députés compris entre 90 et 110 »[11], l'article 17 de la loi électorale indique que le nombre de parlementaires est fixé à 109 et attribue à chaque circonscription 8 sièges d'office, les 45 mandats restant étant distribués en fonction de la population provinciale[14]. L'article 28 du statut énonce effectivement que « la province constitue la circonscription électorale » et précise qu'aucune circonscription ne peut avoir plus du double de représentants qu'une autre[11].

Le décret de convocation des élections, publié le , dispose que les sièges sont répartis ainsi[15] :

Circonscriptions Députés
Séville 18
Malaga 16
Cadix 15
Cordoue et Grenade 13
Jaén 12
Almería et Huelva 11

Présentation des candidatures[modifier | modifier le code]

Peuvent présenter des candidatures[16],[17],[18] :

  • les partis ou fédérations politiques enregistrées auprès du registre des associations politiques du ministère de l'Intérieur ;
  • les coalitions électorales de ces mêmes partis ou fédérations dûment constituées et inscrites auprès de la commission électorale au plus tard 10 jours après la convocation du scrutin ;
  • et les électeurs de la circonscription, en nombre d'au moins 1 % des inscrits.

Répartition des sièges[modifier | modifier le code]

Seules les listes ayant recueilli au moins 3 % des suffrages valides — vote blanc inclus[19] — peuvent participer à la répartition des sièges à pourvoir dans une circonscription, qui s'organise en suivant différentes étapes[20] :

  • les listes sont classées en une colonne par ordre décroissant du nombre de suffrages obtenus ;
  • les suffrages de chaque liste sont divisés par 1, 2, 3... jusqu'au nombre de députés à élire afin de former un tableau ;
  • les mandats sont attribués selon l'ordre décroissant des quotients ainsi obtenus.

Lorsque deux listes obtiennent un même quotient, le siège est attribué à celle qui a le plus grand nombre total de voix ; lorsque deux candidatures ont exactement le même nombre total de voix, l'égalité est résolue par tirage au sort et les suivantes de manière alternative.

Campagne[modifier | modifier le code]

Principales forces politiques[modifier | modifier le code]

Force politique Chef de file Idéologie Résultats en 1990
Parti socialiste ouvrier espagnol d'Andalousie
(es) Partido Socialista Obrero Español de Andalucía
PSOE-A Manuel Chaves
(Président de la Junte)
Centre gauche
Social-démocratie, progressisme, nationalisme
49,6 % des voix
62 députés
Parti populaire
(es) Partido Popular
PP Javier Arenas Centre droit à droite
Conservatisme, démocratie chrétienne, libéralisme
22,2 % des voix
26 députés
Gauche unie Les Verts – Appel pour l'Andalousie
(es) Izquierda Unida Los Verdes-Convocatoria por Andalucía
IULV-CA Luis Carlos Rejón (es) Gauche
Communisme, écologisme, nationalisme
12,7 % des voix
11 députés
Coalición Andalucista-Poder Andaluz (es)
(fr) Coalition andalouciste-Pouvoir andalou
CA-PA Arturo Moya Moreno (es) Centre gauche
Social-démocratie, fédéralisme, nationalisme
10,8 % des voix
10 députés

Résultats[modifier | modifier le code]

Total régional[modifier | modifier le code]

Résultats des élections au Parlement d'Andalousie de 1994[21]
Représentation en hémicycle sur un axe gauche-droite du résultat.
Partis Voix % +/- Sièges +/-
Parti socialiste ouvrier espagnol d'Andalousie (PSOE-A) 1 395 131 38,71 en diminution 10,9 45 en diminution 17
Parti populaire (PP) 1 238 252 34,36 en augmentation 12,19 41 en augmentation 15
Gauche unie Les Verts – Appel pour l'Andalousie (IULV-CA) 689 815 19,14 en augmentation 6,47 20 en augmentation 9
Coalición Andalucista-Poder Andaluz (CA-PA) (es) 208 862 5,80 en diminution 4,95 3 en diminution 7
Parti communiste du peuple andalou (PCPA) 12 078 0,34 en augmentation 0,11 0 en stagnation
Foro (es)-Centre démocratique et social (Foro-CDS) 10 475 0,20 en diminution 0,90 0 en stagnation
Nation andalouse (NA) 9 690 0,27 Nv 0 en stagnation
Parti humaniste (PH) (es) 5 510 0,15 en augmentation 0,08 0 en stagnation
Falange Española de las JONS (FEJONS) 2 637 0,07 en diminution 0,01 0 en stagnation
Octobre socialiste (OS) 641 0,02 Nv 0 en stagnation
Falange Española Independiente (FEI) 350 0,01 Nv 0 en stagnation
Vote blanc 30 750 0,85 en augmentation 0,41
Votes valides 3 604 191 99,40
Votes nuls 21 854 0,60
Total 3 626 045 100 109 en stagnation
Abstentions 1 763 507 32,72
Inscrits / Participation 5 389 552 67,28

Par circonscription[modifier | modifier le code]

Analyse[modifier | modifier le code]

Parti arrivé en tête par circonscription et intensité de son score.

Le scrutin voit la participation augmenter de 12 points par rapport à celui de 1990, avec une mobilisation particulièrement importante dans les villes d'Alcalá de Guadaíra et de Linares, frappées par la crise industrielle[22].

S'il arrive en tête, le Parti socialiste subit ce que ABC qualifie de « sévère correction », perdant, pour la première fois dans l'histoire de l'Andalousie autonome, sa majorité absolue au Parlement[23]. Avec 45 députés sur 109, il est talonné par le Parti populaire, qui en remporte 41[24]. Ce recul de 17 sièges du Parti socialiste s'explique aussi bien par le gain de 15 élus par le Parti populaire que par l'importante progression de la Gauche unie, qui passe de 11 à 20 parlementaires[23]. La Coalición Andalucista (es) connaît un résultat en fort recul, qui se traduit par l'échec de son chef de file et du secrétaire général du Partido Andalucista à obtenir un siège[23].

Au niveau plus local, le Parti socialiste subit une débâcle dans son fief de Malaga, où il passe de la première à la troisième place[24]. Il en va de même à Linares, où il divise par deux son résultat des élections générales de 1993[25]. Le Parti populaire le devance également dans la province d'Almería et fait jeu égal avec lui dans celles de Cadix, où la tête de liste socialiste revenait au président sortant, Manuel Chaves, et de Jaén[24],[25].

Suites[modifier | modifier le code]

Deux jours après la tenue du scrutin, Gauche unie Les Verts – Appel pour l'Andalousie indique, à la suite d'une réunion de sa direction, qu'elle votera « contre » l'investiture de Manuel Chaves. Sans l'abstention de celle-ci ou du Parti populaire, le président de la Junte sortant devra attendre deux mois à compter du premier vote pour être désigné à nouveau[26]. À la suite d'une rencontre entre Manuel Chaves et le coordonnateur de la Gauche unie, Luis Carlos Rejón (es), le , ce dernier confirme qu'il n'y aura ni contrat de coalition, ni accord d'investiture avec le Parti socialiste, mais reste ouvert à des accords concrets[27].

Se soumettant au premier tour du vote d'investiture le , Manuel Chaves échoue par 44 voix pour et 63 contre, son discours aux accents autonomistes ne permettant pas de faire évoluer la position de la Gauche unie[28]. Lors du deuxième tour, sa candidature est de nouveau rejetée par le Parlement, par 43 voix pour et 64 contre, à l'issue d'une séance de min[29].

À la suite d'un changement de posture de la Gauche unie, fruit de la volonté du député Juan Manuel Sánchez Gordillo de ne pas soutenir le président sortant mais de ne pas empêcher la formation du gouvernement, Manuel Chaves obtient l'investiture des députés le par 44 voix pour, 41 contre et 4 abstentions. À l'exception du président du Parlement, Diego Valderas (es), qui s'abstient comme les trois députés de la Coalición Andalucista, les parlementaires de la Gauche unie annoncent « ne pas prendre part au vote », une posture que le règlement de l'assemblée ne prévoit pas et qui annule de fait leur suffrage[30].

Il est assermenté le [31].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (es) Fernando Orgambides, « El PSOE gobernará en solitario otros cuatro años », El País,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. (es) Joaquín Prieto, « La abstención salvó los escaños de PSOE y PP », El País,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. (es) Lourdes Lucio, « Las altas temperaturas y el cambio de fecha de las elecciones provocaron una abstención del 45% », El País,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. (es) Joaquín Prieto, « Seísmo en el segundo pelotón », El País,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. (es) Lourdes Lucio et Diego Narváez, « La oposición acepta la oferta de Chaves y califica su discurso como el de un forastero », El País,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. (es) Lourdes Lucio, « Chaves tomó posesión como presidente de la Junta de Andalucía », El País,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. (es) « España sufrió en 1993 la peor recesión económica registrada en los últimos 30 años », El País,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. (es) José Ramon Banegas, « Masiva manifestación en Linares en apoyo de los trabajadores de Santana », El País,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. (es) Carmen del Arco, « Miyoshi, Ishii y Fernández », El País,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. (es) « El inesperado cierre de la factoría de Gillette en Sevilla desata la crispación de sus 246 trabajadores », El País,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. a b et c (es) Espagne, Andalousie. « Ley Orgánica 6/1981, de 30 de diciembre, de Estatuto de Autonomía para Andalucía. », BOE, art. 26 [lire en ligne (page consultée le 22 avril 2023)].
  12. (es) Espagne, Andalousie. « Ley 1/1986, de 2 de enero, Electoral de Andalucía. », BOE, art. 14. (version en vigueur : 1 juin 1994) [lire en ligne (page consultée le 22 avril 2023)]
  13. (es) Espagne. « Ley Orgánica 5/1985, de 19 de junio, del Régimen Electoral General. », BOE, art. 42. (version en vigueur : 31 mars 1994) [lire en ligne (page consultée le 22 avril 2023)]
  14. (es) Espagne, Andalousie. « Ley 1/1986, de 2 de enero, Electoral de Andalucía. », BOE, art. 17. (version en vigueur : 15 janvier 1986) [lire en ligne (page consultée le 22 avril 2023)].
  15. (es) Espagne, Andalousie. « DECRETO del Presidente 85/1994, de 18 de abril, por el que se convocan elecciones al Parlamento de Andalucía. », BOJA, art. 3. (version en vigueur : 19 avril 1994) [lire en ligne (page consultée le 22 avril 2023)].
  16. (es) Espagne, Andalousie. « Ley 1/1986, de 2 de enero, Electoral de Andalucía. », BOE, art. Disposición Final Primera. (version en vigueur : 15 janvier 1986) [lire en ligne (page consultée le 22 avril 2023)]
  17. (es) Espagne. « Ley Orgánica 5/1985, de 19 de junio, del Régimen Electoral General. », BOE, art. 44. (version en vigueur : 21 juin 1985) [lire en ligne (page consultée le 22 avril 2023)]
  18. (es) Espagne. « Ley Orgánica 5/1985, de 19 de junio, del Régimen Electoral General. », BOE, art. 169. (version en vigueur : 21 juin 1985) [lire en ligne (page consultée le 22 avril 2023)]
  19. (es) Espagne. « Ley Orgánica 5/1985, de 19 de junio, del Régimen Electoral General. », BOE, art. 96. (version en vigueur : 31 mars 1994) [lire en ligne (page consultée le 22 avril 2023)]
  20. (es) Espagne, Andalousie. « Ley 1/1986, de 2 de enero, Electoral de Andalucía. », BOE, art. 18. (version en vigueur : 15 janvier 1986) [lire en ligne (page consultée le 22 avril 2023)]
  21. (es) Datos Elecciones, « Elecciones Parlamento de Andalucía 1994 », sur datoselecciones.com (consulté le ).
  22. (es) Benito Fernández, « Andalucía respondió a su cita con las urnas », ABC,‎ (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  23. a b et c (es) A. S., « Histórico correctivo del PP al PSOE: Reduce la distancia a cuatro escaños, con pérdida de la mayoría absoluta socialista », ABC,‎ (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  24. a b et c (es) Lourdes Lucio, « El PP pisa los talones a los socialistas andaluces », El País,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  25. a et b (es) Carmen del Arco, « El PP gana en Linares y el PSOE es ahora la tercera fuerza política », El País,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  26. (es) Isabel Pedrote, « IU-Los Verdes votará en contra de la investidura de Manuel Chaves », El País,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  27. (es) Isabel Pedrote, « IU rechaza una coalición con Chaves, pero no hará una política de desgaste », El País,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  28. (es) Lourdes Lucio et Diego Narváez, « Rejón pone a Chaves contra las cuerdas para que concrete su proyecto autonómico », El País,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  29. (es) Lourdes Lucio, « Chaves advierte que no ofrecerá contrapartidas a IU para conseguir la presidencia de la Junta de Andalucía », El País,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  30. (es) Lourdes Lucio et Diego Narváez, « Una treta antirreglamentaria de IU permite la elección de Chaves como presidente de la Junta », El País,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  31. (es) Diego Narváez, « Chaves reclama en presencia de Serra más autogobierno para Andalucía », El País,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]