Yahya Sinwar — Wikipédia

Yahya Sinwar
يحيى السنوار
Illustration.
Yahya Sinwar en 2013.
Fonctions
Chef du bureau politique du Hamas de Gaza
Dirigeant de facto de la bande de Gaza
En fonction depuis le
(7 ans, 2 mois et 15 jours)
Prédécesseur Ismaël Haniyeh
Biographie
Nom de naissance Yahya Ibrahim Hassan Sinwar
Date de naissance (61 ans)
Lieu de naissance Khan Younès
Parti politique Hamas
Diplômé de Université islamique de Gaza
Religion Islam sunnite

Yahya Sinwar ou Yahya Sinouar (en arabe : يحيى السنوار), né le à Khan Younès, est un homme politique palestinien, classé terroriste par certains États. Il est parfois surnommé Abu Ibrahim (en arabe : ابو ابراهيم).

Il dirige à partir de la fin des années 1980 le service de renseignement du Hamas et organise l'enlèvement et l'assassinat de plusieurs Israéliens et de Palestiniens considérés comme collaborateurs. Il est arrêté en 1989 et condamné par la justice israélienne pour l'assassinat d'une douzaine de personnes. Libéré en 2011 dans le cadre d'un échange de prisonniers, il réintègre le mouvement islamiste et en est promu chef de la bande de Gaza en 2017[1],[2].

Parfois décrit comme un faucon[1], il est considéré comme faisant partie de l'aile la plus dure du Hamas[2]. La direction politique vivant au Qatar, Sinwar dirige de facto la bande de Gaza[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et formation[modifier | modifier le code]

Yahya Ibrahim Hassan Sinwar naît en 1962, dans un camp de réfugiés de Khan Younès, où il passe ses premières années. Il est diplômé de l'école secondaire de garçons de Khan Younès puis fréquente l'université islamique de Gaza, où il obtient une licence en études arabes[3].

Activités subversives et prison[modifier | modifier le code]

Sinwar est arrêté une première fois en 1982 pour des activités subversives et il passe plusieurs mois en prison, où il rencontre d'autres militants palestiniens, y compris Salah Shehade. Il se consacre à la cause palestinienne.

Il est arrêté de nouveau en 1985 ; à sa libération, à la demande de cheikh Ahmed Yassine, il cofonde avec Rawhi Mushtaha le Munazzamat al Jihad w al-Dawa (MAJD), l'organisation de la sécurité qui vise à identifier les espions israéliens dans le mouvement palestinien, et qui, en 1987, est devenue la « police » du Hamas[4]. Les « unités du djihad et de la prédication » qu'il dirige brûlent débits de boissons et stocks de revues pornographiques et sont aussi accusées de torturer et d'éliminer les traîtres[4].

En 1989, il est arrêté par le Shabak, soupçonné de l'exécution de douze « collaborateurs palestiniens ». Il est reconnu coupable de quatre meurtres et condamné à trente ans de réclusion. En 2005, après avoir survécu à un grave accident cardiaque et surmonté avec succès une tumeur cérébrale, il utilise sa période de convalescence pour apprendre l'hébreu et obtenir un diplôme en histoire. En raison de sa longue détention, il gagne le surnom de « général » parmi ses pairs. Pendant sa captivité, l'Autorité palestinienne verse à sa famille une pension mensuelle de douze mille shekels.

En 2011, après vingt-deux années de détention, Sinwar fait partie des mille prisonniers relâchés par Israël en échange du caporal franco-israélien Gilad Shalit, capturé par le Hamas[5]. Il est alors accueilli en héros à Gaza et appelle aussitôt les brigades Izz al-Din al-Qassam à commettre d'autres enlèvements d'Israéliens pour obtenir d'autres libérations de prisonniers[4].

Chef du Hamas à Gaza[modifier | modifier le code]

En , il est déclaré « terroriste » par le gouvernement des États-Unis[6].

En , Yahya Sinwar, qui selon The Guardian « rejette toute réconciliation avec Israël »[7], est élu à la tête du bureau politique du Hamas en remplacement d'Ismaël Haniyeh, et devient ainsi dirigeant de facto de la bande de Gaza[4].

Dès le premier jour de la Marche du retour, le , Sinwar se rend sur le lieu des manifestations et y annonce que des manifestations similaires se dérouleront chaque vendredi « jusqu’à ce que les Palestiniens reviennent sur ces terres dont ils ont été expulsés il y a soixante-dix ans »[8] et « jusqu'à ce que la frontière disparaisse »[9]. Le , il annonce être prêt à mourir avec d'autres chefs du Hamas pour mettre fin au blocage de la frontière[10] ; le lendemain, il déclare :

« Quel est le problème si des centaines de milliers de personnes franchissent ces barbelés qui ne sont même pas une frontière reconnue ? Cette clôture, ce n’est pas une vache sacrée ou un tabou qu’on n’a pas le droit de toucher[11]. »

Plus d'un mois après le début de la Marche du retour, il accorde une interview à une journaliste italienne travaillant pour le quotidien israélien Yediot Aharonot — il affirmera plus tard qu'il ne savait pas que son interlocutrice travaillait pour un journal israélien — dans laquelle il déclare : « Une nouvelle guerre n’est dans l’intérêt de personne, certainement pas dans notre intérêt. Qui voudrait se confronter à une puissance nucléaire avec seulement quatre frondes ? La guerre ne mène à rien[12]. »

En mars 2021, il est réélu pour un mandat de quatre ans à la tête du bureau politique du Hamas à Gaza[3].

Lors de la vague terroriste de 2022, Yahya Sinwar, déclare après l'attentat d'El'ad qui a fait trois morts et trois blessés graves : « Que chacun prépare chez lui son fusil ! Et s’il n’en a pas, qu’il prépare sa hache ou son couteau[13] ! »

Il est supposé être à l'origine de l'attaque contre Israël du qui fait plusieurs centaines de morts[3]. Le , au début des incursions de Tsahal dans Gaza, il se dit prêt à conclure « immédiatement » un échange des otages contre « tous les prisonniers » palestiniens incarcérés par Israël[14]. Il est activement recherché par Israël[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (en) Neri Zilber, « ‘Dead man walking’: How Yahya Sinwar deceived Israel for decades », sur Financial Times, .
  2. a et b Cyrille Louis, « Yahya Sinwar, un faucon à la tête du Hamas à Gaza », sur Le Figaro, .
  3. a b et c « Yahya Sinwar », sur Jewish Virtual Library, .
  4. a b c et d Cyrille Louis, « Yahya Sinwar, un faucon à la tête du Hamas à Gaza », sur Le Figaro, , copie disponible sur Elnet.
  5. Voir sur jeuneafrique.com.
  6. (en) « Terrorist Designations of Yahya Sinwar, Rawhi Mushtaha, and Muhammed Deif », sur Archive wikiwix, United States Department of State, .
  7. (en) « Election of new Hamas Gaza Strip leader increases fears of confrontation », sur The Guardian, .
  8. « Sinwar : "Les manifestations à Gaza continueront jusqu’à la mort de la frontière" », sur The Times of Israel, .
  9. « "Jour de la Terre" à Gaza : plusieurs Palestiniens tués par l'armée israélienne », sur RFI, .
  10. (en) « Hamas terror chief hopes to see hundreds of thousands storm Israel-Gaza fence », sur The Times of Israel, .
  11. « Pour le Hamas, la frontière israelienne n'est pas (...) un tabou », Libération du 12 mai 2018.
  12. « Une interview de Sinwar présélectionnée pour le Prix de la presse européenne », sur The Times of Israel, .
  13. Martine Gozlan, « Israël : le Hamas demande aux Palestiniens de "sortir haches et fusils" », sur Marianne, .
  14. « Le Hamas "prêt à libérer les otages contre tous les détenus palestiniens" : de la terreur psychologique, selon Tsahal », sur i24News, .
  15. « Le compte à rebours pour capturer le chef du Hamas », sur LCI (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]