Violette Szabo — Wikipédia

Violette Szabo
Violette Szabo en juin 1944.
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Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Formation
Real Academia de Artilharia, Fortificação e Desenho (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Espionne, agent du SOE, résistanteVoir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
à partir de Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Special Operations Executive (à partir du )Voir et modifier les données sur Wikidata
Arme
Grade militaire
Conflit
Taille
1,64 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Cheveux
Lieux de détention
Distinctions

Violette Szabo, née le à Levallois-Perret et morte vers le au camp de Ravensbrück, est une résistante française et un agent secret britannique de la section F du Special Operations Executive (SOE) pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle effectue deux missions en France occupée ; arrêtée, elle est déportée en camp de concentration et exécutée.

Avant son départ en mission, Leo Marks, le responsable des codes au SOE, lui offre le poème The Life That I Have pour coder ses messages radio envoyés de France à Londres.

Identités[modifier | modifier le code]

  • État civil : Violette Reine Elizabeth Bushell, épouse Szabo.
  • Comme agent du SOE, section F :
    • Nom de guerre (field name) : « Louise »
    • Nom de code opérationnel : Seamstress (en français couturière)
    • Faux papiers[1] : (1) Corinne Reine Leroy, secrétaire, née le à Bailleul, domiciliée 64, rue Thiers, Le Havre, 1,64 m, cheveux châtain, yeux marron ; (2) Mme Villeret, veuve d'un antiquaire nantais.
    • Autre pseudo : Vicky Taylor.
    • Surnom : La p'tite Anglaise.

Parcours militaire :

  • Land Army, Fareham, Hampshire ; recrutement : 1940.
  • ATS : recrutement :  ; grade : private ; unités : 7 Heavy Anti-Aircraft Training Regiment, RA ; 481 HAA Battery, 137 HAA Regiment, RA.
  • Women's Transport Service (F.A.N.Y.) ;
  • SOE, Section F ; recrutée le  ; grade : section leader, ensign ; matricule : F/29

Famille[modifier | modifier le code]

  • Son père : Charles George Bushell, un Britannique, chauffeur de taxi.
  • Sa mère : Reine Leroy, Française originaire de Quevauvillers, fille de Zéphyr Leroy, clerc de notaire chez Me Haeu, à Abbeville.
  • Son mari : Étienne Michel René Szabo, 36 Pembridge Villas, Notting Hill, London W11 (tél. Bayswater 6188) (60145 Sgt-Mjr 1 Bn 13e demi-brigade de Légion étrangère, tué en Égypte le à l'âge de 32 ans). Mariage : le (Aldershot Registry Office).
  • Sa fille : Tania Desirée Szabo, née le au St Mary's Hospital, Paddington, Londres.

Biographie[modifier | modifier le code]

Premières années[modifier | modifier le code]

Violette Bushell naît le à Levallois-Perret[2], près de Paris.

Elle suit l'école communale à Noyelles-sur-Mer. Peu après, sa famille s'installe à Londres. Violette Szabo étudie au Brixton Secondary School.

Années 1940-1943[modifier | modifier le code]

1940. Le , encouragée par ses parents, elle invite un soldat français à dîner[3]. C'est Étienne Szabo, un lieutenant français des Forces françaises libres (13e demi-brigade de la Légion étrangère), d'ascendance hongroise. Ce fut un véritable coup de foudre entre Violette et Etienne et ils se marient le à Aldershot[4]. Peu de temps après, l'unité d'Étienne est envoyée en Afrique du Nord.

1941. Violette Szabo ne revoit Étienne qu'au bout d'un an, à l'été 1941, lors d'une permission d'une semaine à Liverpool. En septembre, elle s'engage dans l’Auxiliary Territorial Service (ATS) et devient opératrice de contrôle de tir dans la batterie anti-aérienne 481.

1942. En , elle quitte la batterie. Le , sa fille Tania naît. Le , Étienne Szabo est tué lors de la Seconde bataille d'El Alamein. C'est ce qui amène Violette Szabo à accepter l'offre de recrutement du SOE.

1943. En , jugée apte à la fonction d'agent secret, Szabo est engagée comme officier du First Aid Nursing Yeomanry (FANY). Elle reçoit l'entraînement complet des agents du SOE[5]. Un accident mineur lors d'un entraînement au parachute retarde son envoi sur le terrain.

Première mission en France, en avril 1944[modifier | modifier le code]

Le , lors de sa première mission en France, elle est parachutée près de Cherbourg, avec Philippe Liewer, dont le réseau, aux alentours de Rouen, a été démantelé par les Allemands. Sous le nom de guerre « Louise », elle assure la fonction de courrier auprès de ce dernier. Pour aider à la reconstitution d'un nouveau groupe autour de Rouen, région stratégique à l'approche du débarquement, elle est amenée à voyager entre Paris et Rouen afin de prendre contact avec les membres résiduels du groupe de résistance et de les ramener à Paris. Elle transmet au SOE à Londres des rapports sur les usines fabriquant du matériel de guerre pour les Allemands, renseignements qui se révèlent précieux afin de fixer les cibles des bombardements. Le , après cette première mission de trois semaines de reconnaissance, elle rentre en Angleterre avec Liewer, lors d'une récupération par un avion Lysander dans l'Indre[6].

Deuxième mission en France, en juin 1944[modifier | modifier le code]

Pour sa deuxième mission, l’équipe SALESMAN de Philippe Liewer est renvoyée en France juste après le débarquement. Grillée en Normandie depuis la première mission, c’est dans le Limousin que doit se dérouler sa mission, consistant à coordonner les maquis locaux en vue du sabotage des lignes de communication allemandes. Violette Szabo y est encore agent de liaison, avec le nom de guerre « Louise ».

En , dans la nuit du 7 au 8, (jour J + 2), vers deux heures du matin, après une tentative infructueuse la nuit précédente, elle est parachutée d’un Consolidated B-24 Liberator au Clos de Sussac, avec le major anglais Staunton, chef de mission (en réalité Philippe Liewer « Hamlet »), le capitaine Bob Maloubier « Paco » et le lieutenant opérateur-radio américain de l’Office of Strategic Services (OSS), Jean-Claude Guiet. Ils sont hébergés à Sussac, dans la maison de Madame Ribiéras. Le , près de Salon-la-Tour, elle tombe dans une embuscade tendue par une patrouille allemande (en fait des soldats du 1er bataillon du régiment « Deutschland », de la division SS Das Reich), qui recherche le major Helmut Kämpfe, qui avait été capturé près de Sauviat-sur-Vige par les résistants de Georges Guingouin.

Déportation[modifier | modifier le code]

Elle est ensuite amenée à Paris, avenue Foch, où elle est interrogée par le SS Sturmbannführer Hans Kieffer[7] et elle subit plusieurs semaines d'interrogatoires brutaux sous l'autorité des services de Horst Kopkow. Mais elle ne parle pas.

Le , elle est déportée en Allemagne, au camp de concentration de Ravensbrück[8] avec deux autres femmes du SOE, Denise Bloch et Lilian Rolfe. Au cours du trajet en train vers Ravensbrück, une attaque aérienne survient. Les gardiens cherchent à se mettre à l'abri. Bien qu'enchaînée à un autre prisonnier, Violette Szabo parvient à apporter une bouteille d'eau à des officiers britanniques blessés. Elles restent trois semaines à Ravensbrück. Elles sont transférées ensuite à Torgau, un camp de travail d'où elles envisagent de s'évader, puis à Königsberg et de nouveau à Ravensbrück. Elles effectuent des travaux forcés, souffrent de malnutrition et d'épuisement.

En 1945, les armées alliées ont pénétré en Allemagne. Après la prise de Varsovie, les Russes avancent en Prusse Orientale.

Entre le et le , Violette Szabo, Denise Bloch et Lilian Rolfe[9] sont extraites de leur cellule et conduites dans une cour, derrière le four crématoire. Denise Bloch, très diminuée et Lilian Rolfe, qui souffre d'une pneumonie, doivent être portées sur des brancards. Violette Szabo peut marcher[10]. Le commandant du camp, le SS Sturmbannführer Fritz Suhren, lit un ordre émanant de la direction des services de contre-espionnage à Berlin, prescrivant que les trois prisonnières « condamnées à mort » soient exécutées. Il ordonne au SS Scharführer Schülte de procéder aux exécutions. Schülte abat chaque femme d'une balle dans la nuque. Le médecin du camp, le SS Sturmführer Trommer, constate leur décès. Les corps sont aussitôt portés au four crématoire et incinérés.

Reconnaissance et hommages[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Monuments, musées[modifier | modifier le code]

France[modifier | modifier le code]

Angleterre[modifier | modifier le code]

  • Le Violette Szabo GC Museum. Il a été inauguré le . Adresse : Cartref, Tump Lane, Wormelow Tump, Herefordshire, HR2 8HN, Angleterre. Tel. 01981-540477. Ouvert le mercredi, d'avril à septembre.
  • Mémorial de Brookwood : panneau 26, colonne 3.
  • Memorial, Lambeth Town Hall.
  • Les Jersey War Tunnels à Saint-Laurent (Jersey) disposent d'une salle d'exposition permanente consacrée à Violette Szabo.

Voies[modifier | modifier le code]

  • La commune de Noyelles-sur-Mer, où Violette Szabo a passé une partie de son enfance, a donné son nom à une rue.
  • La commune de Pont-Remy (Somme) a apposé une plaque à son nom, là ou elle jouait pendant ses vacances scolaires chez sa tante. Tous les , la commune commémore sa mémoire en déposant une gerbe.
  • Il existe des rues au nom de Violette Szabo à Limoges, Ambazac et Condat-sur-Vienne[13].

Postérité[modifier | modifier le code]

Œuvres d'art[modifier | modifier le code]

  • En 2001, une peinture murale dédiée à Violette Szabo a été inaugurée à Londres. Due à Brian Barnes, avec l'assistance des enfants de la Stockwell Park School, cette peinture se trouve au Stockwell War Memorial (Stockwell Road, Stockwell, South London), à l'extérieur de l'entrée d'un abri souterrain.
  • En 2008, à Londres, a été dévoilée une sculpture représentant le buste de Violette Szabo. Ce bronze dû à Karen Newman est placé à l'extérieur du Lambeth Palace, sur le Albert Embankment de la Tamise, en face du Palais de Westminster.

Cinéma[modifier | modifier le code]

  • Ses activités ont donné lieu au film Agent secret S.Z., basé sur le livre éponyme de R.J. Minney.

Jeu vidéo[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Source : SFRoH.
  2. Selon SFRoH : 72 rue de Villiers, Levallois-Perret, Hauts-de-Seine, France ; à 6 h.
  3. Domicile : 18 Burnley Road, Stockwell, South London, SW9. [Source : SFRoH].
  4. « SZABO Violette, Reine, Elizabeth née BUSHELL - Maitron », sur fusilles-40-44.maitron.fr (consulté le )
  5. L'entraînement SOE comprend : lecture de cartes, émission en morse, maniement des armes et des explosifs, exercices de commando, longues marches, parachutisme, combat à main nue, sabotage, communications, cryptographie, travail psychologique (nouvelles identités, filatures, interrogatoires).
  6. Ce ramassage a les caractéristiques suivantes :
    • Opération ORGANIST, agent Alexandre Schwatschko (alias « Alexander Shaw »).
    • Doublé de Westland Lysander IIIa :
      • Le V9490, codé JR-N4, piloté par le F/Lt Robert Large, amène deux agents et cinq paquetages, et remmène Violette Szabo.
      • Le V9748, codé JR-D3, piloté par le F/O John Perry Alcock, dont c'est la première mission opérationnelle, amène un seul agent, Robert Dupuis « Pharaon », sa valise et son poste émetteur ; et il remmène deux agents, dont Philippe Liewer.
    • Décollage du terrain de Tangmere le 30 avril à 22 h 30.
    • Terrain d'atterrissage en France, dans l'Indre :
      • Version 1 : selon Hugh Verity p. 299, le terrain est situé à 7,5 km S/SE d'Issoudun, maintenant aérodrome Le Fay.
      • Version 2 : selon le site absa39-45.asso.fr, le terrain, HERCULE, est situé à 13,5 km au S/SO de Châteauroux et à 4,250 km à l'ouest d'Arthon. Il était prévu un terrain alternatif, nom de code FORTUNE, situé à 15 km au S/SO de Châteauroux, et à 5,5 km à l'O. d'Arton.
    • Lettres de reconnaissance : AD (de l'air au sol) et BN (du sol à l'air).
    • Heure d'atterrissage en France, le 1er mai : le F/Lt. Large atterrit à 1 h 35 et le F/O John Alcock à 1 h 45.
    • Heure d'atterrissage, de retour à Tempsford, le 1er mai : le F/L Robert Large atterrit à 5 h 05 (un pneu crevé par la Flak), et le F/O Alcock à 5 h 10 (hélice trouée par la Flak).
  7. Kieffer fut plus tard exécuté par les Anglais en tant que criminel de guerre.
  8. Ravensbrück, le camp de concentration situé dans les marais du Mecklembourg, regroupait 40 000 femmes provenant de tous les pays occupés.
  9. Toutes trois avaient été entraînées en Angleterre dans la même session (à vérifier).
  10. Cette scène a été décrite par un témoin oculaire, Madame Julie Barry, qui a survécu à sa déportation.
  11. Musée de l'Ordre de la Libération, « Fiche Médaille de Résistance de Violette SZABO » (consulté le )
  12. Alain Albinet, « La commune a honoré la mémoire de Violette Szabo, en présence de sa fille, 71 ans après… », sur La Montagne, (consulté le ).
  13. « Une rue portera le nom de la jeune résistante Violette Szabo », sur Le Populaire du Centre, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Guy Penaud, La "Das Reich" 2e SS Panzer Division, Éditions de La Lauze, 2005, p. 307 à 311
  • R.J. Minney, Carve her Name with Pride: The Story of Violette Szabo, Newnes, 1956
  • Susan Ottaway, Violette Szabo: The Life That I Have. Pen & Sword Books Ltd., 2003 (ISBN 0-85052-976-X)
  • Michael R. D. Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Tallandier, 2008 (ISBN 978-2-84734-329-8). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004
    Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France. Une référence essentielle sur le sujet du SOE en France.
  • Lt. Col. E.G. Boxshall, Chronology of SOE operations with the resistance in France during world war II, 1960, document dactylographié (exemplaire en provenance de la bibliothèque de Pearl Witherington-Cornioley, consultable à la bibliothèque de Valençay). Voir sheet 22, SALESMAN CIRCUIT
  • Tania Szabó, Young, Brave and Beautiful - The mission of Special Operations Executive Agent Lieutenant Violette Szabó George Cross, Croix de Guerre avec Étoile de Bronze, avant-propos de Jack Higgins,
  • Jacques Darondeau, Violette Szabo, in « La Voix de la Résistance », no 249, , p. 6-12 ; texte pdf
  • Bob Maloubier, Agent secret de Churchill 1942-1944, préface de Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Tallandier, 2011 (ISBN 978-2-84734-795-1)
  • Philip Vickers, La Division Das Reich, de Montauban à la Normandie, SOE, Résistance, Tulle, Oradour, préface de Dominique Lormier, avant-propos de Jacques Poirier, trad. Jean-Louis Grillou, Lucien Souny, 2003, 2012 (ISBN 978-2-84886-391-7)
    Le chapitre VI est consacré à « Violette Szabó », p. 102-115.
  • Guillaume Zeller, Violette Szabo. De Londres à Ravensbrück : une espionne face aux SS, Tallandier, 2022 (ISBN 1021040207)

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]