Un papa, une maman, une famille formidable (la mienne !) — Wikipédia

Un papa, une maman, une famille formidable (la mienne !)
One shot
Auteur Florence Cestac
Assistant Daniel Pennac (préface)
Genre(s) bande dessinée autobiographique

Thèmes La famille de Florence Cestac et le modèle familial patriarcal
Personnages principaux Jacques et Camille Cestac ; leur fille, Florence Cestac
Lieu de l’action principalement Pont-Audemer, Rouen et Paris
Époque de l’action années 1930 - années 2010 ; en particulier les Trente Glorieuses

Éditeur Dargaud
Collection Hors Collection
Première publication janvier 2021
ISBN 9782205084818
Nombre de pages 60

Un papa, une maman, une famille formidable (la mienne !) est une bande dessinée autobiographique de Florence Cestac publiée en 2021 chez Dargaud. L'album évoque son enfance avec sa famille et, plus particulièrement, ses parents Jacques et Camille Cestac, montrant son père sous un jour peu flatteur. La préface est signée Daniel Pennac[1].

Résumé[modifier | modifier le code]

L'album s'ouvre par une déclaration de Jacques Cestac : « Si je me suis marié, c'est pour me faire servir »[1]. Issu de la petite bourgeoisie de province, il est ingénieur des Arts et Métiers et épouse Camille, fille d'un fermier[2], peu avant la Seconde Guerre mondiale. La paix revenue, suivent les Trente Glorieuses et trois enfants[2]. Le père assure l'aisance matérielle de sa famille[3] (belle maison, voiture, résidence secondaire)[4] mais il se montre distant envers ses enfants et il se comporte en tyran envers son épouse[2]. Si son comportement en public est agréable, en privé il devient colérique, cassant, humiliant[5]. Face à la dyslexie de ses enfants, il s'emporte contre eux[6]. La mère de famille, en revanche, se montre en général souriante[5]. Les relations familiales « tumultueuses » conduisent Florence Cestac à entrer au pensionnat à Honfleur, épisode déjà raconté dans Filles des oiseaux[7]. Le récit décrit aussi l'émancipation et l'ascension de l'autrice dans le monde de la bande dessinée, jusqu'au grand prix de la ville d'Angoulême — qui n'inspire aucune marque d'estime chez son père[8].

Personnages[modifier | modifier le code]

  • Florence Cestac : autrice de bande dessinée, Florence Cestac a grandi à Pont-Audemer et à Rouen. Après des études artistiques, elle co-fonde et co-dirige les éditions Futuropolis. En 2000, elle reçoit le grand prix de la ville d'Angoulême[3]. Elle est connue pour ses positions féministes et l'humour de ses œuvres[3]. Elle a une sœur aînée et un frère cadet[5].
  • Jacques Cestac : père de Florence Cestac, originaire du bassin d'Arcachon[9]. Il est décrit sous un angle « peu élogieux »[10] : il se comporte en « tyran domestique » et reste indifférent envers sa progéniture[6]. Florence Cestac le décrit comme « un phallocrate XXL »[3],[10].
  • Camille Cestac : mère de Florence Cestac et « dévouée à son mari et sa famille »[5]. Son conjoint la maintient dans une dépendance totale[10]. D'une humeur égale et souriante, elle se montre douée pour tous les travaux manuels[5],[11]. Elle est dépeinte avec tendresse[12]. Il s'agit d'une « femme lumineuse qui arrive à arracher, pour elle et ses trois enfants de grands moments de bonheur »[13].
  • Mi : sœur aînée de Florence Cestac.
  • Phi : frère cadet de Florence Cestac.
  • La belle-mère : la mère de Jacques Cestac se montre « ronchon »[2].

Genèse de l'œuvre[modifier | modifier le code]

Florence Cestac est une autrice de bande dessinée née en 1949 à Pont-Audemer (Eure), plus précisément à Saint-Germain-Village[9]. Elle a étudié aux Beaux-Arts de Rouen puis aux Arts Déco de Paris avant de fonder, avec Étienne Robial, la maison d'édition Futuropolis à Paris[9] au début des années 1970[5]. Elle a signé plusieurs bandes dessinées à tendance autobiographique[14] ; ses œuvres reflètent son humour ainsi que son engagement féministe[9].

En 2013 a lieu le vote légalisant le mariage entre personnes de même sexe en France (aussi appelé « mariage pour tous »)[15]. Parmi les débats ayant entouré ce sujet, les opposants au projet — comme la manif pour tous — répétaient le slogan « un papa, une maman » comme modèle familial[15]. Le titre de cette bande dessinée est une allusion à ce slogan[3],[16], avec un ton ironique car la famille Cestac n'a rien de « formidable »[6]. Par cet ouvrage, Florence Cestac critique le modèle traditionnel, patriarcal, qu'elle estime « loin d'être performant »[3]. Néanmoins, sachant que son récit allait heurter sa mère, l'artiste a patienté jusqu'à son décès en 2019 pour créer l'album[17].

Choix graphiques et narratifs[modifier | modifier le code]

Florence Cestac est connue pour son ton humoristique et pour son graphisme rond ; elle dote ses personnages d'un gros nez[5],[6]. L'artiste déclare n'avoir exagéré aucun trait de caractère[5].

L'autrice, sous un ton d'humour, évoque la blessure ancienne que représente ce père : « jamais le rire de Cestac n'a été aussi proche des larmes »[3]. Peu intéressé par la culture, il n'a jamais lu les bandes dessinées de sa fille et n'a montré de fierté, dans la carrière de Florence Cestac, que pour ses illustrations du dictionnaire ; père et fille ne se sont « jamais accordés, jamais trouvés »[4]. Ce manque d'amour, pour l'autrice, est « le regret de sa vie »[2].

Elle livre une critique d'un modèle patriarcal où « l'époux est un tyran » tandis que son épouse doit le servir, élever les enfants et rester dans la dépendance financière[2]. Son récit narre en outre le comportement d'« une famille dans les Trente Glorieuses »[3], marquée par le baby-boom, le confort moderne et « un tenace patriarcat »[12]. Elle décrit aussi le milieu de « la petite bourgeoisie de province »[1],[5]. Le Télégramme voit dans cet album un « véritable témoignage social » sur un modèle familial que Cestac déconstruit[16].

À travers le récit sur ses parents, Florence Cestac raconte aussi son propre parcours social et artistique et son ascension dans le monde de la bande dessinée, la conquête de sa liberté[5] ainsi que son émancipation envers les codes familiaux[2],[14] malgré son père qui, en guise d'avenir, lui suggérait d'être jolie et d'épouser « un bon gars »[6].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Antoine de Caunes, « Florence Cestac son papa sa maman et le festival d'Angoulême », sur France Inter, .
  2. a b c d e f et g Jean-Laurent Truc, « Un Papa, une Maman, Florence Cestac en famille », sur ligneclaire.info, .
  3. a b c d e f g et h Stéphane Jarno, « BD : "Un papa, une maman", le grinçant portrait de famille de Florence Cestac », Télérama,‎ (lire en ligne).
  4. a et b « Florence Cestac et Annie Ernaux: père qui ne lit pas, fille écrivain », La Croix,‎ (lire en ligne).
  5. a b c d e f g h i et j Laetitia Gayet, « Bande dessinée : "Un papa, une maman, une famille formidable (la mienne)" par Florence Cestac », sur France Inter, .
  6. a b c d et e Lysiane Ganousse, « BD’Calé - Une Famille Formidable… enfin presque », L'Est républicain,‎ (lire en ligne).
  7. « BD : le clin d’œil de Florence Cestac à Honfleur », Ouest-France,‎ (lire en ligne).
  8. Gilles Ratier, « Les souvenirs de famille de Florence Cestac : un bonheur de lecture ! », sur BDZoom, .
  9. a b c et d Aurore Coué, « Pont-Audemer: l’autrice de bandes dessinées Florence Cestac passe son enfance en revue », Paris-Normandie,‎ (lire en ligne). Accès payant
  10. a b et c Bouchikhi, « "Mon père était un phallocrate XXL" : Florence Cestac présente son nouvel album "Un papa, une maman" », sur francetvinfo.fr, .
  11. « Florence Cestac, illustratrice libérée pour BD confinée », sur France Culture, .
  12. a et b Frédéric Potet, « Florence Cestac, Caroline De Mulder, Rainer Maria Rilke, Leïla Slimani… Les brèves critiques du Monde des livres : Cestac catharsis », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  13. « Un papa, une maman, une famille formidable (la mienne !) », Centre Presse (Vienne),‎ .
  14. a et b Anne Douhaire, « BD - "Un papa, une maman, une famille formidable (la mienne)" par Florence Cestac, ou l'enfer paternel », sur France Inter, .
  15. a et b Elsa Mourgues, « Un papa, une maman, c’est le mieux pour un enfant ? », sur France Culture, .
  16. a et b « "Un papa une maman" : la vie de famille dans les années 60 », Le Télégramme,‎ (lire en ligne).
  17. Lucie Drieu, « Native de Pont-Audemer, Florence Cestac brise le silence sur le manque d’amour dans les familles », sur actu.fr, .

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]