Sicanes — Wikipédia

Sicanes
Image illustrative de l’article Sicanes
Localisation de tribus de Sicile avant la colonisation grecque : Élymes, Sicanes et Sicules.

Période Protohistoire, Antiquité
Ethnie Albaine selon Pline l'Ancien
Langue(s) Sicaine (affinités inconnues)
Religion Polythéisme
Villes principales Camicos (peut-être Sant'Angelo Muxaro)
Région d'origine Centre de la Sicile
Région actuelle Sicile
Rois/monarques Cocalos
Frontière Élymes à l'Ouest, Sicules à l'Est

Les Sicanes (en latin classique : Sǐcāni, -ōrum) sont un ancien peuple de la Sicile.

Hypothèses[modifier | modifier le code]

D'après des propos de Favorin d'Arles, rapportés par Aulu-Gelle[1], les Anciens considéraient les Sicanes, avec les Aurunces et Pélasges, comme les premiers habitants de l'Italie. Les Sicanes figurent sur la liste des trente « peuples albains » (populi Albenses) qui nous a été conservée par Pline l'Ancien[2].

Selon Diodore de Sicile, les Sicanes forment un peuple agricole qui occupe initialement sur toute l’île, « des bourgs et des villes construits sur des lieux élevés, pour se garantir contre les brigands ». Leurs différentes tribus « n’obéissaient point à un même roi, car chaque ville avait son chef ». Des éruptions de l’Etna les auraient ensuite poussés vers l’ouest[3].

Dans sa Guerre du Péloponnèse (VI, 2, 2)[4], Thucydide contestait que les Sicanes fussent les premiers habitants de la Sicile. Il les considérait comme des Ibères (Ǐbēri, -ōrum) ayant habité les rives du fleuve Sicano[5]) avant d'en être chassés par les Ligures (Lǐgǔres, -um) de la future Provence, d'où ils auraient alors gagné la Sicile. C'est d'eux que l'île, qui s'appelait Trinacrie (Trĩnǎcrǐa, -ae) ou Trinacride (Trĩnǎcris, -ǐdis), ainsi nommée de ses trois promontoires, aurait tiré son nom de Sicanie (Sīcǎnǐa, -ae).

Les Sicanes étaient donc d'implantation très ancienne, peut-être contemporaine des populations mégalithiques présentes en Méditerranée durant la Protohistoire. Les Sicanes subirent ensuite l'arrivée des Élymes, lesquels seraient des exilés Troyens, puis celle des Sicules, venus, eux, du continent italien par le détroit de Messine pour fuir les Opiques. Ils défirent les Sicanes et les repoussèrent vers le sud et l'ouest de l'île, qui prit alors le nom de Sicile. À l'époque de Thucydide, des Sicanes habitaient encore l'ouest de l'île, ce fait est confirmé par les fouilles archéologiques entreprises par Luigi Bernabo Brea, qui retrouve des preuves d'une présence en Sicile occidentale et méridionale des Sicanes[6].

Le premier roi des Sicanes aurait été Cocalos auprès de qui s'est réfugié Dédale. Camicos, capitale de Cocalos, pourrait être Sant'Angelo Muxaro. Des vestiges de la langue sicane persistent dans les toponymes comme Crimisos, Éryx ou Inessa et dans des graffiti trouvés sur des tessons de l’acropole de Gela[3].

Ammien Marcellin[7] dénonce la pratique des avocats d'Orient qui invoquaient les lois des Aurunces et des Sicanes à des fins dilatoires ou pour faire absoudre les parricides.

Génétique[modifier | modifier le code]

Une étude de paléogénétique montre que les individus sicanes de l'Âge du Fer possèdent un profil génétique proche. Ces anciens individus sont composés de quatre ascendance principales : chasseurs-cueilleurs de l'ouest (6,4 %), premiers agriculteurs européens (76,4 %), fermiers d'Iran (6,3 %) et pasteurs des steppes (10,9 %)[8]. Par rapport au précédent groupe sicilien de la fin de l'Âge du Bronze, les Sicanes ont un peu plus d'ascendance iranienne, ce qui suggère un flux de gènes venus de l'extérieur entre l'Âge du Bronze et l'Âge du Fer. La plupart des anciens Sicanes étudiés sont de l'haplogroupe du chromosome Y G-Z1903. on trouve néanmoins un individu qui possède l'haplogroupe R1b-DF27 comme les anciens Siciliens de la culture campaniforme[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Aulu-Gelle, Nuits Attiques, I, 10, 1.
  2. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, III, 9, 69.
  3. a et b Pierre Lévêque, « La Sicile préhistorique et protohistorique », Nous partons pour la Sicile, Presses universitaires de France, 1989, p. 39-58.
  4. Œuvres de Thucydide, édition et traduction de Jacqueline de Romilly, Louis Bodin et Raymond Weil, 5 vol., coll. Les Belles Lettres, 1953-1972, VI, 2, 2-6.
  5. Henri d'Arbois de Jubainville, Les Premiers habitants d'Europe, Paris, 1877.
  6. Jean-Yves Frétigné, Histoire de la Sicile, Fayard, 2009, 482 p.
  7. Ammien Marcellin, Histoire de Rome, XXX, 4, 12.
  8. a et b (en) Laurie J. Reitsema, Alissa Mittnik, Britney Kyle, David Reich et al., The diverse genetic origins of a Classical period Greek army, pnas.org, 3 octobre 2022, 119 (41) e2205272119, doi.org/10.1073/pnas.220527211

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