Sentier (quartier de Paris) — Wikipédia

Sentier
Sentier (quartier de Paris)
Une rue typique du quartier, la rue du Sentier.
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Île-de-France
Ville Paris
Arrondissement municipal 2e
Géographie
Coordonnées 48° 52′ 07″ nord, 2° 20′ 59″ est
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Paris
Voir sur la carte administrative de Paris
Sentier

Le quartier du Sentier de Paris a été notamment durant la seconde moitié du XXe siècle un quartier de confection textile, au sein du 2e arrondissement de Paris. Il tient son nom de la rue du Sentier.

Géographie[modifier | modifier le code]

Limites du quartier du Sentier

Le quartier est un rectangle d'immeubles délimité par la rue Montmartre à l’ouest, le boulevard de Sébastopol à l’est, le boulevard Poissonnière et boulevard de Bonne-Nouvelle au nord et la rue Réaumur au sud.

Il est traversé notamment par la rue d’Aboukir et la rue du Caire et est aéré par la place du Caire.

Le quartier du Sentier n'a pas d'existence administrative, son découpage correspond néanmoins à la moitié nord des quartiers du Mail et de Bonne-Nouvelle.

Historique de l'activité textile[modifier | modifier le code]

XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Le quartier du Sentier a au XIXe siècle une activité hétéroclite : «s’y côtoient petits commerçants, artisans, journalistes, prostituées et immigrés venus du monde entier»[1]. Déjà au XIXe siècle, l'activité textile commence à s'y développer de façon significative. Honoré de Balzac y fait référence plusieurs fois dans Le Bal de Sceaux, où Émilie de Fontaine découvre Maximilien de Longueville vendant du tissu : « Rue du Sentier, n° 5, dit monsieur de Fontaine en cherchant à se rappeler parmi tous les renseignements qu'il avait obtenus celui qui pouvait concerner le jeune inconnu. Que diable cela signifie-t-il ? Messieurs Palma, Werbrust et compagnie dont le principal commerce est celui des mousselines, calicots et toiles peintes en gros demeurent là[2]. ».

Dans Mort à crédit de Louis-Ferdinand Céline, le jeune Ferdinand commence son apprentissage dans un commerce du Sentier.

Ce fut également le quartier de la presse écrite. Balzac le souligne encore dans La RabouilleusePhilippe Bridau dépose sa prose avant d'aller souper au Rocher de Cancale[3].

Activité textile au XXe siècle après la Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Les activités textiles se développent encore dans ce quartier, assez central, après la Seconde Guerre mondiale : commerce en gros, vente de tissus, confection[1], des activités favorisées par l'implantation de population immigrée à la recherche d'emplois, fournissant une main d'œuvre bon marché et acceptant des conditions de travail quelquefois illégales[4]

Dans les années 1980, le quartier atteint son apogée en termes d'activités textiles ; plusieurs confectionneurs et PME exploitent le principe du circuit court : le plus rapidement possible du producteur au consommateur, ou ici de l'atelier à la boutique[5].

Les métiers du textile, parfois liés avec la communauté juive, font du Sentier un des quartiers juifs de Paris, avec notamment le quartier dit du Marais et la rue des Rosiers[1],[6]. Cette importance de la communauté juive et de l'activité textile sont évoquées par exemple dans la trilogie du réalisateur Thomas Gilou La Vérité si je mens !, avec des films sortie en 1997, 2001 et 2012.

Ces activités souffent cependant à la fin de ce XXe siècle[1]. Progressivement, cette activité finit par diminuer fortement à partir des années 2000, du fait notamment de la gentrification du centre de Paris, des importations asiatiques dans le textile et de la migration des grossistes en proche banlieue, notamment à Aubervilliers[1].

Du textile à la « Silicon Sentier »[modifier | modifier le code]

Du fait de la proximité de l'ancienne place boursière du Palais Brongniart, de l'AFP et de nombreuses sociétés financières, avec l'ouverture du marché français des télécommunications à la concurrence (), plusieurs opérateurs ont déployé des réseaux haut débit à base de fibres optiques dans le sous-sol du quartier.

Simultanément des sociétés spécialisées ont ouvert d'importants centres de traitement des données destinés aux opérateurs téléphoniques, aux fournisseurs d'accès Internet et aux grandes entreprises, en leur permettant de raccorder directement leurs multiples réseaux de télécommunications entre eux. Ce type de centre est aménagé de manière adaptée pour l'accueil de toutes sortes d'équipements informatiques et de télécommunications comme des équipements actifs notamment optiques pour les transmissions de données, des serveurs Web, des serveurs informatiques pour les fournisseurs d'applications en ligne ou encore des centraux téléphoniques. Le centre Telehouse-1 ouvert par la société Telehouse Europe en 1996 dans la rue des Jeûneurs, est le premier du genre en France, avec une surface de 1 000 m², il fut également le plus important centre d'hébergement télécoms du pays jusqu'en 1999. Il est utilisé encore aujourd'hui par une trentaine d'opérateurs, notamment les spécialistes des services aux grandes entreprises comme Neuf Cegetel, Completel, Verizon ou Orange Business Services.

Pendant la phase montante de la bulle internet (1997-2000), une cinquantaine de start-up s'installent dans le quartier du Sentier (Yahoo!, Nomade, Lastminute.fr, Net2one, Buycentral, Webcible, MandrakeSoftetc.) car d'une part, il est économiquement intéressant d'être à proximité de ces artères de communication et d'autre part le quartier dispose de nombreux locaux vides à la suite de l'arrêt ou du déménagement d'ateliers de confection. Au début, les loyers sont abordables. Cependant, après quelques mois, les surfaces libres deviennent rares, ce qui fait flamber les prix dans le quartier[7].

L'effet négatif dans le public et chez les banquiers d'affaires de malversations financières et de cavalerie dans le Sentier[8], conjugué avec l'éclatement de la bulle internet conduisent à partir de mars 2000 à la fermeture de nombreuses entreprises qui s'étaient établies dans le quartier.

Depuis 2010, le Sentier connaît un fort renouveau. Les startup s'y installent massivement séduites par le caractère hyper central de ce quartier (à 200 m du hub des Halles) et les très grands volumes de ses immeubles. Parmi les entreprises les plus connus de la nouvelle économie qui sont passées dans ce quartier depuis 2010 on peut citer Doctolib, Qonto, Klaxoon, Devialet, Alan, Back Market, Blablacar, Ledger, PayFit... Le magazine Maddyness spécialiste de l'actualité des startup est également installé dans ce quartier.

Les entrepreneurs de la restauration et de l'hotellerie prennent également ce quartier d'assaut. Hélène Darroze installe son restaurant Joia rue des Jeuneurs, Maelia Weger installe son nouveau restaurant Echo rue d'Aboukir, Jason Gouzy obtient une étoile dans son restaurant le Pantagruel installé rue du Sentier. Le groupe hôtelier Ennismore lui installe un grand hôtel rue des Jeuneurs sous la marque The Hoxton. Cette exceptionnelle dynamique des restaurateurs et des hôteliers renforce l'attractivité du quartier.

Sentier de Paris en littérature[modifier | modifier le code]

Outre les ouvrages déjà cités,de Balzac ou Céline, Sombre Sentier (Seuil Policiers, 1995), de Dominique Manotti, a pour toile de fond une grève de travailleurs clandestins turcs dans le Sentier.

Films tournés dans le Sentier de Paris[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Nancy Green, Du Sentier à la 7e Avenue. La confection et les immigrés, Paris, New York, 1880-1980, L'Univers historique, 1998.
  • Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Paris. Quinze promenades sociologiques, Petite Bibliothèque Payot, 2013, (ISBN 9782228909136), chapitre 2 : « Le Sentier : confection et marché du travail communautaire » (p. 29 à 44).

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Anne-Lise Carlo, « C’est l’histoire d’une rue : Aboukir, de la Petite Egypte aux années Sentier »,
  2. Honoré de Balzac, Le Bal de Sceaux, vol. I, édition Charles Furne, , p. 129
  3. Honoré de Balzac, La Rabouilleuse, vol. VI, édition Furne, p. 122
  4. Nicole Penicaut, « Le Sentier ou la délocalisation à Paris », sur Libération,
  5. * Catherine Örmen, Modes XIXe et XXe siècles, Paris, Éditions Hazan, , 575 p. (ISBN 2-85025-730-3), p. 475
  6. Cécile Chambraud et Amos Reichman, « La tristesse et l’inquiétude de la communauté juive », sur Le Monde,
  7. « Le quartier du Sentier à Paris : la Net-économie dans les pas du textile », sur Les Échos,
  8. Franck Johannes, « Le Sentier, grossiste en malversations. Hier, à Paris, 80 personnes de sociétés pivots, surtout de confection, ont été placées en garde à vue », sur Libération,