Ports ouverts — Wikipédia

Les ports ouverts[1] ou ports de traités est le nom donné aux ports de Chine, du Japon et de Corée qui furent ouvertes au commerce international par les traités inégaux, principalement entre 1840 et 1920.

Ports ouverts chinois[modifier | modifier le code]

Le premier port ouvert chinois est britannique, il fut établi à la suite de la première guerre de l'opium avec le traité de Nankin en 1842. Hormis la session de l'île de Hong Kong au Royaume-Uni, le traité établissait cinq autres ports de traité : Shanghai, Canton, Ningbo, Fuzhou, et Amoy. Les concessions françaises et américaines suivirent peu après.

Le second groupe de ports de traité britanniques fut établi après la seconde guerre de l'opium en 1860, et, finalement, plus de 80 ports de traité furent établis en Chine seule, impliquant plusieurs autres puissances étrangères.

Les étrangers, qui vivaient dans les sections spécialement réservées pour eux, récemment construites en bordure des ports de traité existants, jouissaient de droits d'extraterritorialité stipulés dans les traités inégaux. Des clubs, des champs de course et des églises furent établis dans la majorité des ports de traités. Certaines de ces zones portuaires furent directement louées par des puissances étrangères, les retirant ainsi du contrôle des autorités chinoises.

Principaux ports ouverts chinois[modifier | modifier le code]

Voir aussi traités inégaux pour une liste plus complète.
Province ou municipalités Villes Date Pays propriétaires de la concession étrangère
Shanghaï (1842–1946) Le Grand Shanghai avait trois sections: les établissements internationaux de Drapeau du Royaume-Uni Grande-Bretagne et des Drapeau des États-Unis États-Unis d'Amérique, la concession française Drapeau de la France et la vieille ville chinoise fortifiée.
Jiangsu Nankin (1858)
Zhenjiang
Jiangxi Jiujiang
Hubei Hankou (1858–1945) Drapeau de l'Empire allemand Allemagne, Drapeau de la France France; puis Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni et Drapeau du Japon Japon
Shashi Drapeau du Japon Japon
Yichang
Hunan Changsha (1937–1945) Drapeau du Japon Japon
Yuezhou
Sichuan Chongqing (Chungking)
Zhejiang Ningbo (Ningpo) (1841–42) Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Wenzhou Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Fujian Fuzhou (1842–1945) Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni, puis Drapeau du Japon Japon
Xiamen (Amoy) (1842–1912) Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Guangdong Guangzhou (Canton) (1842-1945) Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni; puis Drapeau du Japon Japon
Shantou (Swatow) (1858) Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Sanshui
Haikou (Qiongshan) (1858)
Guangxi Beihai (1876–années1940?) Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni, Drapeau des États-Unis États-Unis d'Amérique, Drapeau de l'Empire allemand Allemagne, Drapeau de l'Autriche-Hongrie Autriche-Hongrie, Drapeau de la France France, Drapeau de l'Italie Italie, Drapeau du Portugal Portugal, Drapeau de la Belgique Belgique
Nanning
Yunnan Mengzi
Simao
Dengyue
Shandong Yantai
Hebei Tianjin (Tientsin) 1860–1902 Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni, Drapeau des États-Unis États-Unis d'Amérique, Drapeau de l'Empire allemand Allemagne, Drapeau de l'Autriche-Hongrie Empire austro-hongrois, Drapeau de la France France, Drapeau de l'Italie Italie, Drapeau du Portugal Portugal, Drapeau de la Belgique Belgique
Liaoning Niuzhuang (1858)
Yingkou
Shenyang
Jilin Changchun
Hunchun
Heilongjiang Harbin (1898–1946) Drapeau de la Russie Russie, Drapeau des États-Unis États-Unis d'Amérique, Drapeau de l'Empire allemand Allemagne; puis Drapeau du Japon Japon et Drapeau de l'URSS Union soviétique
Aihun Drapeau de la Russie Russie, Drapeau de l'URSS Union soviétique
Manzhouli Drapeau de la Russie Russie, Drapeau de l'URSS Union soviétique
Taïwan (Formose) Tamsui (1858) Drapeau de la France France
Tainan (1858) Drapeau de la France France

D'après les rapports de l'époque, 6 917 000 Chinois habitaient dans les ports de traité en 1906. La population étrangères comprenait 1 837 firmes et 38 597 personnes, principalement Européens (9 356 Britanniques, 2 189 Français, 1 939 Allemands, 3 184 Portugais, 786 Italiens, 389 Espagnols, 297 Belges, 236 Autrichiens, 273 Russes, 209 Danois, 225 Néerlandais, 185 Norvégiens, 135 Suédois), 3 447 Américains, 16 Brésiliens, 15 548 Japonais, 47 Coréens et 236 citoyens d'autres puissances non impliquées dans les traités.

Les traités de capitulation chinois[modifier | modifier le code]

Le système des ports de traités en Chine dura environ un siècle. Il débuta avec la première guerre de l'opium en 1841 et finit avec l'attaque de Pearl Harbor en 1941. Les puissances étrangères impliquées étaient le Royaume-Uni, la France et les États-Unis, bien qu'à la fin du XIXe siècle toutes les grandes puissances étaient impliquées, comme les pays de l'Amérique latine ou l'État indépendant du Congo. Il n'est pas possible de mettre une date exacte sur la fin du système des ports de traités. Les Russes renoncèrent à leurs droits sur les traités à la suite de la révolution russe de 1917, et les Allemands furent obligés de céder les leurs après leur défaite dans la Première Guerre mondiale.

La Norvège renonça volontairement à ses droits en 1931. Néanmoins, les trois principales puissances (Royaume-Uni, France, États-Unis) gardèrent leurs concessions et leurs droits d’extraterritorialité jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. En ce qui concerne les Britanniques et les Américains, ils furent abolis en pratique lorsque les Japonais attaquèrent Pearl Harbor en . Ils ont ensuite officiellement renoncé à leurs droits lors d'un traité "égal" avec le nouveau gouvernement chinois de Tchang Kaï-chek exilé à Chongqing en 1943.

Pendant ce temps, le gouvernement fantoche pro-japonais de Nankin signa une capitulation avec le gouvernement de Vichy en 1943, qui ne fut pas reconnu pas le chef de la France libre Charles de Gaulle. En 1946, afin d'inciter les Chinois à quitter la moitié Nord de l'Indochine française, de Gaulle signa une capitulation avec le gouvernement de Tchang Kaï-chek.

Des restes du système des ports de traité perdurèrent durant les années 1940 mais tous furent abolis après la victoire des communistes en 1949.

Ports ouverts japonais[modifier | modifier le code]

Le Japon ouvrit deux ports au commerce international, Shimoda et Hakodate, en 1854 (Convention de Kanagawa).

Cinq ports supplémentaires furent désignés en 1858 avec le traité d'amitié et de commerce: Yokohama, Kōbe, Nagasaki, Edo et Niigata.

Le système des ports de traité prit fin au Japon en 1899 à la suite de la spectaculaire transformation du Japon en grande puissance moderne.

Territoires loués[modifier | modifier le code]

Les puissances étrangères concernées bénéficiaient sur des territoires loués de la possibilité de faire du commerce, de l'extraterritorialité de leurs citoyen, et elles avaient un pouvoir quasi-coloniale sur leurs concessions, ce qui consistait de fait une annexion :

Territoire Date Puissance étrangère
Guandong
(aujourd'hui Dalian)
1894–1898 Drapeau du Japon Japon
1898–1905 Drapeau de la Russie Russie
1905–1945 Drapeau du Japon Japon
loué par la Russie puis par le Japon
Weihai dans la province du Shandong (1898–1930) loué par les Britanniques
Qingdao dans la province du Shandong (1897–1922) loué par l'Allemagne
Les Nouveaux Territoires s'ajoutèrent à la concession perpétuelle originelle de Hong Kong
et son extension de 1860 de Kowloon
(1842; 1860; 1898–1997) loué par les Britanniques
Guangzhou Wan dans la province du Guangdong (aujourd'hui Zhanjiang) (1911–1946) loué par la France

Annexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Angus Maddison, L’économie chinoise. Une perspective historique. Deuxième édition, révisée et mise à jour : 960-2030, Paris, OCDE, 2007, 213 p.

Source de la traduction[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) J. E. Hoare, Japan's Treaty Ports and Foreign Settlements: The Uninvited Guests, 1858–1899, RoutledgeCurzon, 1995. (ISBN 978-1873410264).
  • (en) China sur le site du Catholic Encyclopedia

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]