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Pierre Audoin
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Pierre Henri AudoinVoir et modifier les données sur Wikidata
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Pierre Audoin, né le à Bouéni (Mayotte)[2] et mort le à Larchant[3],[4], a consacré sa vie à la conception et à la mise en œuvre de politiques de développement dans le domaine des Technologies Électronique et Informatique. Acteur majeur de la mise en œuvre du Plan Calcul et des politiques informatiques françaises jusqu’en 1975, il fonde ensuite Pierre Audoin Conseil (aujourd’hui Pierre Audoin Consultants) afin d’apporter son savoir-faire au secteur privé en France et en Europe[5].

Formation[modifier | modifier le code]

Pierre Audoin est d’abord licencié de droit, puis diplômé d’Études Supérieures d’Économie Politiques, d’Études Supérieures de Sciences Economiques à la Faculté de Droit de Paris et de l’Institut d’Études Politiques de Paris (section Service Public).

1961-1963 : le BIPE[modifier | modifier le code]

En 1961, Pierre Audoin devient chargé d’études au Bureau d'information et de prévisions économiques (BIPE)[6] avant d'en être nommé le directeur. Il crée ensuite le « Service Électronique et Informatique » (SEI).

Il réalise de nombreuses études pour le Commissariat général du Plan, afin notamment d’étudier les modes de financement de l'industrie électronique aux États-Unis. Dans le contexte de la « guerre froide », il découvre que le gouvernement américain investit des millions dans la recherche sur l’informatique et les circuits intégrés. Son objectif est alors d’instaurer la même chose en France pour développer l'indépendance française dans le secteur de l'informatique*. Il tente notamment de sauver Bull du rachat par General Electric en 1964[7], mais le projet n’aboutit pas, faute de vision à long terme sur le potentiel du secteur informatique[réf. nécessaire].

1964-1967 : le Plan Calcul[modifier | modifier le code]

De 1964 à 1967, Pierre Audoin travaille au sein du Commissariat général du Plan, d’abord comme Chargé de Mission puis comme Secrétaire Général de la Commission Permanente de l’Électronique du Plan[8].

Dans ce contexte, il conçoit et met en place les principaux éléments de la stratégie du Plan Calcul. Il participe aux côtés de François-Xavier Ortoli, Commissaire Général du Plan, à la rédaction du rapport adopté le par le Général de Gaulle et qui décide du lancement du Plan Calcul. Il négocie avec les grands groupes industriels et bancaires, et le ministère des Finances, les structures, les objectifs et les moyens de financement de la première étape « quinquennale » du Plan Calcul.

Erich Jantsch, dans son ouvrage « La Prévision Technologique » (OCDE 1967, page 357) écrira à propos des rapports de Pierre Audoin : « L’auteur suggère une méthode de « coalition » entre les pays européens afin de pouvoir suivre le rythme de développement des États-Unis. Ce document constitue l’une des rares tentatives faites en Europe en vue de comprendre les raisons fondamentales de l’écart technologique séparant les États-Unis et l’Europe dans un secteur important, et insiste sur la nécessité d’une stratégie pour l’avenir. ».

Durant cette même période, Pierre Audoin est Conseiller Economique du Centre de Prospective et d’Évaluation du ministère des Armées, où il met au point la partie économique d’un « modèle de décision » permettant au ministère des Armées de choisir entre tous ses projets de recherche.

1967-1974 : Délégation à l’Informatique[modifier | modifier le code]

De 1967 à 1974, Pierre Audoin est Secrétaire Général puis Délégué-Adjoint à l’Informatique[9]. Cette Délégation à l’Informatique, créée en 1967, dure 7 ans, au bout desquels elle compte 60 personnes.

En , premier collaborateur de Robert Galley nommé Délégué à l’Informatique, Pierre Audoin négocie et met au point de la première Convention Plan Calcul signée en et qui couvre la période 1967-1971. Il met en place les structures d’une politique informatique au sein de l’administration française (commissions ministérielles de l’informatique) et initie la mise en œuvre des schémas-directeurs informatiques. Le but est de recréer une industrie de l’informatique à la suite de la vente de Bull à General Electrics.

Au sein de la Délégation à l’Informatique, Pierre Audoin participe notamment à la création de l’INRIA (Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique) en 1967, et à la mise au point d’un réseau type internet entre les institutions publiques et le secteur des logiciels, en 1968.

En 1966, Pierre Audoin participe à la création de la Compagnie internationale pour l'informatique (CII) qui fabrique des ordinateurs compatibles IBM. Il signe par la suite des accords avec l’Allemand Siemens et le Hollandais Philips, dont naîtra Unidata en 1972. Le but est de concurrencer IBM en Europe[10].

En 1968, Robert Galley devient ministre de la Recherche. Il est remplacé par Maurice Allègre à la tête de la Délégation à l’Informatique. Pierre Audoin assume à ses côtés la direction de la Délégation à l’Informatique en 1970, en tant que Délégué-Adjoint à l’Informatique[11].

Il est rapporteur pour la France de deux groupes de travail (Calculateurs Électroniques, Composants Électroniques), sur le problème du « Techno-logical Gap » pour la troisième conférence ministérielle sur la science des pays de l’OCDE ().

Entre 1967 et 1974, Pierre Audoin est aussi rapporteur pour la France du « Groupe Informatique » de la CEE, qui aboutit en 1974 à une décision unanime des neuf ministres des Affaires étrangères sur la nécessité de soutenir une industrie européenne de l’informatique. Il négocie alors et met en place des accords internationaux qui débouchent sur l’accord Unidata entre la CII, Siemens et Philips. Pierre Audoin est chargé de la vente de licences et des accords intergouvernementaux en Roumanie et Hongrie.

1976 : la création de Pierre Audoin Conseil[modifier | modifier le code]

À la suite de l’élection de Valéry Giscard d’Estaing, le Plan Calcul est abandonné, la CII revendue à Bull-Honeywell et Unidata disloqué.

Pierre Audoin quitte l’administration et crée la société Pierre Audoin Conseil (devenue Pierre Audoin Consultants) le . PAC est alors la première société française de conseil et d’études stratégiques spécialisée uniquement dans le domaine de l’informatique.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Le , Édith Cresson, Ministre des Affaires Européennes, lui remet la légion d’honneur. Elle déclare à cette occasion : « Sans jamais désespérer, vous avez, Pierre Audoin, contribué à servir votre pays et l’Europe par la pertinence des études que vous avez menées, et la conviction que vous avez su communiquer en contribuant efficacement à la cohésion de l’Europe pour l’innovation technologique. ».

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « http://chsp.sciences-po.fr/fond-archive/audoin-pierre » (consulté le )
  2. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  3. « Pierre Audoin : Décès », sur Charente Libre, .
  4. Lieux de naissance et décès trouvés dans la base MatchId des fichiers de décès en ligne du Ministère de l'Intérieur avec les données INSEE (consultation 4 janvier 2020)
  5. Portrait de Pierre Audoin sur Admiroutes
  6. Les 40 Français de la High Tech
  7. Colloque sur l'Histoire de l'Informatique en France ; IMAG, Grenoble, 1988 : Le Plan Calcul Français, 1966-1974, Vol. 1 p. 13-46
  8. Article écrit par Pierre Audoin en 1968 dans le Monde Diplomatique sur le renouveau de l’électronique française
  9. Intervention radio de Pierre Audoin (sur France Culture) sur le Plan Calcul
  10. Opposition Pierre Audoin / Jean-Pierre Brulé sur la vision de l’informatique dans : La comptabilité des systèmes, L’informatique dans le jeu administratif. Préfectures, collectivités locales et ministère de l’intérieur (1966-1975) par Pierre-Yves BAUDOT (UMR 5206 Triangle – CNRS/ ENS-LSH – IEP de Lyon – Université Lumière Lyon-II), Page 63
  11. Anecdotes sur leur collaboration dans : French ordinateurs : de l’affaire Bull à l’assassinat du plan Calcul, par Jean-Michel Quatrerpoint, Jacques Jublin et Danielle Arnaud (1976), pages 110, 135 et 152