Nicolas Lebourg — Wikipédia

Nicolas Lebourg, né en 1974[1], est un historien français. Chercheur au Centre d’études politiques de l’Europe latine (CEPEL) à l’université de Montpellier, il est spécialiste de l'extrême droite. Il est membre du Project on the Transnational History of the Far Right, Institute for European, Russian and Eurasian Studies (IERES), Université George-Washington.

Biographie[modifier | modifier le code]

Issu d’une famille de gauche, il indique avoir choisi d'étudier l'extrême droite après avoir été choqué par une caricature antisémite de Laurent Fabius en couverture de Minute en 1992[2].

Il étudie la sociologie à Aix-en-Provence, puis l’histoire à Perpignan[1]. Il soutient en 2005 une thèse d'histoire sur les nationalistes-révolutionnaires[3] qui suscite l'intérêt du politologue Jean-Yves Camus[1].

Il débute comme enseignant à l'université de Perpignan de 2000 à 2015, avant de rejoindre l'université de Montpellier[4]. Il est chargé de recherches pour le programme du Mémorial du Camp de Rivesaltes entre 2006 et 2008. De 2015 à 2020, il est non-residential research fellow, IERES, George Washington University. Il est le coordinateur de la Chaire Citoyenneté de Sciences-Po Saint-Germain-en-Laye entre 2019 et 2020. Il a été membre du comité de pilotage du programme "Violences et radicalités militantes en France" l’de l’Agence nationale de la recherche de 2016 à 2020[5].

Il a aussi participé aux programmes : "Internationalisation des Droites Radicales. Europe Amériques" de la Maison des Sciences de l'homme Lorraine, ; "European Fascism", université George-Washington ; " The Far Right in Europe and Russia’s Role and Influence", Carnegie Council for Ethics in International Affairs (New York) - Foundation Open Society Institute (New York) ; "Internationalisation des Droites Radicales en Eurasie" et "Violences et radicalités politiques », CNRS-COSPRAD ; "Perpignan laboratoire social", Fondation Maison des sciences de l’homme et CEPEL[5].

Il fédère un groupe de chercheurs travaillant sur les marges politiques (Sylvain Crépon, Gaël Brustier, Jean-Yves Camus, Stéphane François, Olivier Dard) avec le site « Fragments sur les temps présents », créé en 2008. Libre d'accès, ce dernier se réclame de l'éducation populaire[1]. Nicolas Lebourg indique que ce groupe d'universitaires cherche à ce que le champ de recherche de l'extrême droite « arrête d’être utilisé à des fins politiciennes par la gauche morale et par la droite réac. [...] Nous nous sommes mis d’accord pour balayer tout ça, pour comprendre l’objet pour ce qu’il était »[1].

Souvent sollicité dans les médias, il écrit régulièrement des articles pour Slate[6] Médiapart, Le Monde et Libération, en réaction à l’actualité[1]. Certains de ses propos lui ont valu d'être accusé de complaisance à l'égard du FN par Sylvain Bourmeau et Philippe Marlière[1]. La plupart des représentants et des sites d’extrême droite saluent son honnêteté intellectuelle[1].

En , il est invité à déjeuner par le président de la République François Hollande, avec Nonna Mayer, Alexandre Dézé, Olivier Dard et Jean-Claude Monod, pour évoquer l'hypothèse d'une victoire de Marine Le Pen lors de l'élection présidentielle de 2017[7].

En , il est entendu par la Commission d'enquête sur la lutte contre les groupuscules d'extrême droite[8]. En 2023, il est auditionné par la Mission d'information parlementaire sur l'activisme violent[9].

Il considère son influence « limitée » et qu’« qu’on répond à une question importante par l’éthique, pas par la morale »[2].

Prises de positions[modifier | modifier le code]

Il milite durant les années 1990 à Ras l'front, dont il part après avoir constaté que cette organisation utilisait « de vieux logiciels gauchistes qui ne correspondaient à rien »[1].

Il adhère brièvement à la Gauche populaire, think tank proche du Parti socialiste créé en 2012 qui plaide pour une meilleure prise en compte des attentes des catégories populaires. Il le quitte sur un désaccord[1].

Le collectif informel de « Fragments sur les temps présents » fournit la base de l'Observatoire des radicalités politiques (ORAP) de la Fondation Jean-Jaurès, fondé en 2014[10]. Nicolas Lebourg le quitte en 2017[5].

En 2016, il publie Lettres aux Français qui croient que cinq ans d’extrême droite remettraient la France debout (Éditions Les Échappés). L'ouvrage rassemble dix lettres adressées à dix électeurs types du FN auxquels il se refuse à donner des conseils de vote, nées de ce qu'il dit être sa « lassitude » face aux polémiques politiques[11].

À la suite d'une tribune publiée par Benoît Rayski sur Atlantico, qu'il juge incroyablement raciste, il refuse de s'exprimer sur le site[12].

En , en réponse au manifeste contre le nouvel antisémitisme, il signe la tribune « La lutte contre l'antisémitisme doit être l'affaire de tous » qui paraît dans Le Parisien[13]. Deux ans après, il fait partie des cosignataires d'un appel initié par SOS Racisme, et rassemblant personnalités, associations antiracistes et partis de gauche, demandant au gouvernement d'initier un chantier de prévention des racismes au sein des forces de l'ordre[14].

Travaux[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • Le Monde vu de la plus extrême droite. Du fascisme au nationalisme-révolutionnaire, Presses universitaires de Perpignan, Perpignan, 2010, 262p.
  • François Duprat, L’homme qui inventa le Front national, Avec Joseph Beauregard, Denoël, Paris, 2012, 382p[15].
  • Dans l’Ombre des Le Pen. Une histoire des no 2 du Front National, Avec Joseph Beauregard, Nouveau Monde, Paris, 2012, 391 p.
  • Mort aux bolchos Un siècle d’affiches anticommunistes, Les Échappés, Paris, 2012, 144p.
  • Perpignan, une ville avant le Front national, Avec Jérôme Fourquet et Sylvain Manternach, Fondation Jean Jaurès, Paris, 2014, 134 p.
  • Aux Racines du FN. L’Histoire du mouvement Ordre Nouveau, préface de Jean-Yves Camus, Avec Jonathan Preda et Joseph Beauregard, Fondation Jean Jaurès, Paris, 2014, 122 p.
  • Rivesaltes, Le Camp de la France de 1939 à nos jours, préface de Philippe Joutard, Avec Abderahmen Moumen, Trabucaire, Perpignan, 2015.
  • Les droites extrêmes en Europe (avec Jean-Yves Camus), Paris, Éditions du Seuil, , 313 p. (ISBN 978-2-02-109086-4, présentation en ligne) (traduction anglaise : Far-Right Politics in Europe, Cambridge, Harvard University Press, 2017).
  • Mutations et diffusions de l’altérophobie. De « l’inégalité des races » aux concurrences identitaires, avec Stéphane François, Presses universitaires de Valenciennes, Valenciennes, 2016.
  • Lettre aux Français qui croient que 5 ans d'extrême droite remettraient la France debout, Les Échappés, , 132 p. (ISBN 978-2357661240)
  • La Nouvelle Guerre d’Algérie n’aura pas lieu (avec Jérôme Fourquet), Paris, Fondation Jean Jaurès, 2017.
  • Dir. avec Isabelle Sommier, La Violence des marges politiques des années 1980 à nos jours, Paris, Reveneuve, 2018.
  • Les nazis ont-ils survécu ? : Enquête sur les internationales fascistes et les croisés de la race blanche, Paris, Le Seuil, , 320 p. (ISBN 978-2021413717)[16]

Documentaires[modifier | modifier le code]

  • Joseph Beauregard et Nicolas Lebourg, François Duprat. Une histoire de l’extrême droite, 2011[17],[18].
  • Conseiller historique de Joseph Beauregard, Jacques Doriot, le petit Führer français, 2018[19].
  • Nicolas Lebourg et Thomas Zribi, Le Grand remplacement, histoire d’une idée mortifère, 2022[20].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i et j Mathieu Dejean, « Qui est Nicolas Lebourg, l’incontournable historien du FN ? », sur lesinrocks.com, Les Inrockuptibles, (consulté le ).
  2. a et b Philippe Becker, « Nicolas Lebourg : un œil rationnel sur les droites radicales », La Semaine du Roussillon,‎ (lire en ligne)
  3. « Les Nationalismes-révolutionnaires en mouvements : idéologies, propagandes et… », sur sudoc.fr (consulté le ).
  4. « Fiche de Nicolas Lebourg sur le site du Centre d'Études Politiques de l'Europe Latine (CEPEL) » (consulté le ).
  5. a b et c « Site du chercheur : » (consulté le )
  6. « Les articles de Nicolas Lebourg », sur slate.fr, .
  7. Eric Aeschimann, « Et si Marine Le Pen gagnait ? Hollande consulte », sur tempsreel.nouvelobs.com, (consulté le ).
  8. « Commission d’enquête sur la lutte contre les groupuscules d’extrême droite en France Mercredi 30 janvier 2019 Séance de 11 heures 30 », sur assemblee-nationale.fr, (consulté le ).
  9. « Rapport de la mission parlementaire sur l'activisme violent », sur https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/rapports/cion_lois/l16b1864_rapport-information, (consulté le )
  10. « Deux années de ressources sur les radicalités politiques », sur tempspresents.com, (consulté le ).
  11. Voir les interviews https://tempspresents.com/2016/09/14/double-front-des-lettres/
  12. Clémentine Spiler, « Racisme, « reine des salopes » et « islamophobie décomplexée» : petit portrait de Benoît Rayski », sur Les Inrockuptibles, (consulté le ).
  13. « La lutte contre l’antisémitisme doit être le combat de tous »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur sos-racisme.org, .
  14. « « Ouvrir le chantier de la lutte contre le racisme au sein de la police et la gendarmerie » », Le Parisien,‎ (lire en ligne)
  15. le Monde.fr [1]
  16. « Comment l’idéologie nazie a prospéré après la guerre », mediapart.fr, (consulté le ).
  17. Avec Joseph Beauregard, une coproduction 1+1, LeMonde.fr et l’Institut national de l’audiovisuel, diffusion sur lemonde.fr et sur l’ina.fr.
  18. Le Monde.fr[2]
  19. « Jacques Doriot, le petit führer français », sur Festival international du film d'histoire
  20. « Le Grand remplacement, histoire d’une idée mortifère », sur LCP

Liens externes[modifier | modifier le code]