Miracle eucharistique de Lanciano — Wikipédia

Le reliquaire contenant le morceau de chair et les cinq caillots de sang, dans l'église Saint-François de Lanciano.

Le miracle de Lanciano est un miracle eucharistique reconnu par l'Église catholique qui serait survenu dans la ville de Lanciano, dans les Abruzzes, en Italie vers l'an 700, dans l'église Saints-Légontien-et-Domitien. Durant cet événement, une hostie consacrée aurait été transformée en chair et en sang. Les plus anciennes sources écrites le mentionnant datent cependant du XVIe siècle.

D'après certains auteurs soutenant l'hypothèse d'un miracle au sens où l'entend l'Église catholique, des examens scientifiques menés dans les années 1970 sur les reliques auraient reconnu du sang de groupe AB+ et un tissu cardiaque de type humain.

Il est souvent mis en parallèle avec le miracle eucharistique de Bueno Aires, qui fait état du même phénomène, et plus largement avec le miracle eucharistique de Rome.

Le miracle[modifier | modifier le code]

Vers l'an 700, un prêtre aurait été pris d'un doute sur la présence réelle de Jésus-Christ dans les espèces eucharistiques, et aurait alors vu l'hostie consacrée se transformer en chair et le vin en sang[1].

Les reliques[modifier | modifier le code]

L'église de Saint-François en Piazza Plebiscito

Les reliques, composées d'un morceau de chair et de cinq caillots de sang séché, sont exposées dans l'église Saint-François de Lanciano, construite au XIIIe siècle. Depuis 1923, le morceau de chair se trouve dans un ostensoir, et les caillots de sang dans un calice en cristal[2]. Elles font l'objet d'un pèlerinage.

Un acte notarial de 1566 explique que les reliques, après avoir été placées sur un autel situé à droite de la nef de l'église, ont été cachées non loin de Lanciano par peur d'une invasion des Ottomans à cette époque[3].

Analyse scientifique[modifier | modifier le code]

Il s'agit du premier miracle eucharistique à faire l'objet d'une analyse scientifique, dans les années 1970[1].

À la demande de l'archevêque de Lanciano, les franciscains de Lanciano, gardiens des reliques, font expertiser les reliques par Odoardo Linoli, professeur d'anatomie, responsable du laboratoire de l'hôpital d'Arezzo, qui pratique des examens les et [4]. Il arrive à la conclusion que l'hostie est effectivement faite de chair humaine (des tissus cardiaques), et que les caillots étaient de sang humain, tous deux de groupe AB[1],[4]. La validité de l'analyse est ensuite confirmée par le professeur Ruggero Bertelli[4]. Selon le professeur Linoli, il s'agissait de sang frais sans substance de conservation[1],[5].

Un échantillon aurait également été comparé avec celui du miracle eucharistique de Buenos Aires, qui a eu lieu en 1996 en Argentine et a été analysé plusieurs fois dans les années 2000[1],[6]. Alors que l'origine des deux échantillons est cachée aux experts, ils auraient conclu au même groupe sanguin (AB+) et ADN[6].

Silvano Fuso (it), membre du CICAP (it) (organisation sceptique italienne), souligne l'absence de sources écrites antérieures au XVIe siècle, qui de son point de vue ne plaide pas en la faveur de l'authenticité d'un miracle de cette importance censé être survenu au VIIIe siècle[7].

Il est parfois prétendu que l'OMS aurait nommé en 1973 une commission scientifique pour vérifier les conclusions du professeur Linoli, commission qui aurait remis un rapport en 1976 après une série de 500 analyses en 15 mois[5]. Il s'agit d'une fausse information, le rapport, consulté chez les franciscains du sanctuaire de Lanciano, traite quasiment exclusivement de momies égyptiennes[8],[9].

Position de l'Église[modifier | modifier le code]

Il s'agirait du plus ancien miracle eucharistique reconnu par l'Église catholique, même si les premiers documents qui en attestent ne remontent qu'à 1586[10].

Dans une lettre publique du , le pape Jean-Paul II qualifie l'évènement de "miracle eucharistique" et affirme avoir été visiter les reliques à Lanciano lorsqu'il était cardinal[11].

Le miracle de Lanciano fait partie d'un documentaire de 2018 du Dicastère pour la communication du Saint-Siège sur les miracles eucharistiques[12].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Raphaël Zbinden, « Miracles eucharistiques: le Christ est-il de groupe sanguin AB ? », Cath.ch,‎ (lire en ligne)
  2. Sbalchiero 2019, p. 205.
  3. Sbalchiero 2019, p. 206.
  4. a b et c Zahlner 2011, p. 232-233.
  5. a et b Sbalchiero 2019, p. 207.
  6. a et b (en) Patti Maguire Armstrong, « Eucharistic Miracle? ‘Bleeding Host’ Phenomenon Reported in Dioceses Worldwide » [« Miracle eucharistique ? Phénomène de «l'hostie saignant» signalé dans les diocèses du monde entier »], sur National Catholic Register, (consulté le )
  7. (it) Il Miracolo eucaristico di Lanciano, CICAP, le 22 février 2006.
  8. (en) Franco Serafini, A Cardiologist Examines Jesus: The Stunning Science Behind Eucharistic Miracles, Sophia Institute Press, (ISBN 978-1-64413-477-1, lire en ligne)
  9. « Interview on Eucharistic Miracles with Cardiologist and Author, Dr. Franco Serafini » (consulté le )
  10. P. Amedeo Giuliani, Le reliquie eucaristiche del miracolo di Lanciano, Tradizione - Storia - Culto - Scienza, Edizioni S.M.E.L., Lanciano, 1997.
  11. « Lettre à l'archevêque de Lanciano-Ortona, S.E. Mgr Carlo Ghidelli (4 octobre 2004) | Jean Paul II », sur www.vatican.va (consulté le )
  12. (it) « “Segni”, i miracoli eucaristici da Lanciano a Sokolka - Vatican News », sur www.vaticannews.va, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie complémentaire[modifier | modifier le code]

  • (fr) Bruno Sammaciccia, Le Miracle eucharistique de Lanciano, première édition : éditions du Cèdre, 1977 ; deuxième édition, éditions Dominique Martin Morin, 1997
  • (it) Nicola Nasuti, L'Italia dei prodigi eucaristici, Edizioni Cantagalli,
  • (it) Raffaele Laria, I miracoli eucaristici in Italia, Ed. Paoline,
  • (it) Renzo Allegri, Il sangue di Dio. Storia dei miracoli eucaristici, Ancora Editrice,
  • (it) Catalogo della Mostra internazionale "I Miracoli eucaristici nel mondo" (préf. cardinal Angelo Comastri), San Clemente,
  • (it) Silvio Di Iullo et Lucio Porfilio, Lanciano e il miracolo eucaristico. Ricostruzione storica dell'avvenimento prodigioso, Editore L'Autore Libri Firenze,
  • (it) Sergio Meloni e Istituto San Clemente I Papa e Martire, I miracoli eucaristici e le radici cristiane dell'Europa, ESD Edizioni Studio Domenicano,
  • (de) Ferdinand Zahlner, « Paranormale Blut- und Tränenphänomene im religiösen Kontext » [« Phénomènes paranormaux de sang et de larmes dans un contexte religieux »], Grenzgebiete der Wissensehaft (Frontières de la Science), Innsbruck, nos 2011-3,‎ , p. 221-245. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Patrick Sbalchiero, Enquête sur les miracles dans l'Église catholique, Artège, , 320 p. (ISBN 979-1033608325). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Lien externe[modifier | modifier le code]