Tombeau de Jésus — Wikipédia

Le tombeau de Jésus est le lieu de la crucifixion et de l'ensevelissement de Jésus à Jérusalem. Les différentes traditions chrétiennes le placent en différents lieux. Les catholiques et les orthodoxes le situent dans l'église du Saint-Sépulcre. Les protestants, dont les évangéliques, le situent au tombeau du jardin.

État de la recherche historique[modifier | modifier le code]

Si l'historicité de la crucifixion ne fait plus aucun doute pour la majorité des chercheurs[1], les détails de l'exécution et de l'ensevelissement de Jésus restent très débattus.

Pour Raymond Edward Brown, il est vain de vouloir localiser le tombeau de Jésus d'après les textes des Évangiles (Mt 27,57-60 ; Mc 15,42-47 ; Lc 23,50-56 ; Jn 19,38-42). Selon lui, la péricope de la mise au tombeau dans le sépulcre de Joseph d'Arimathie est un récit à l'historicité douteuse, probablement un embellissement théologique[2],[3].

Localisations dans Jérusalem[modifier | modifier le code]

Église du Saint-Sépulcre[modifier | modifier le code]

31° 46′ 42″ N, 35° 13′ 47″ E

Édicule abritant la Tombe du Christ avec, au-dessus, le dôme de la rotonde visible. La chapelle de la Tombe est le lieu de la 14e station du Chemin de croix.

Les catholiques et les églises orthodoxes situent le tombeau de Jésus dans l'église du Saint-Sépulcre[4]. Cette dernière est construite sur les lieux présumés du Calvaire, le mont Golgotha, qui servait de carrière[5] de pierre « meleke » depuis le VIIIe siècle av. J.-C. et était une colline au nord-ouest de la ville de Jérusalem, à une altitude comprise entre 710 et 780 mètres.

Des analyses archéologiques ont été conduites dans l'édicule du Saint-Sépulcre par le professeur Antonia Moropoulou, en 2017, sur le mortier liant les pierres[6]. Elles ont permis de dater celui-ci d'au moins 1 700 ans[7], en cohérence avec le témoignage d'Eusèbe de Césarée décrivant les travaux originels initiés par l'empereur Constantin Ier à partir de l'an 330[8].

Tombeau du jardin[modifier | modifier le code]

31° 47′ 01,87″ N, 35° 13′ 47,92″ E

Tombeau du jardin.

Le tombeau du jardin, taillé dans la roche, a été découvert en 1867 par des archéologues et a été proposé comme le site de l'enterrement et de la résurrection de Jésus, à la place de l'Église du Saint-Sépulcre[9]. Il est situé en dehors des murs de la ville antique et à proximité de la porte de Damas, près de la « falaise du crâne » (Golgotha). Les protestants, dont les évangéliques, considèrent ce site comme celui du tombeau de Jésus[10].

Tombeau de Talpiot[modifier | modifier le code]

31° 45′ 05″ N, 35° 14′ 07″ E

Croquis de la façade du Tombeau de Talpiot.

Le tombeau de Talpiot, un hypogée de la fin de la période du Second Temple de Jérusalem situé au sud-est de la vieille ville de Jérusalem, a été découvert en 1980. Cette sépulture familiale a été proposée comme une alternative possible par quelques spécialistes compte tenu des noms gravés sur certains des ossuaires qui y ont été trouvés. En 2007, Le Tombeau de Jésus, un documentaire produit par James Cameron, déclenche une polémique. À la suite de sa diffusion, l'argumentaire du film et cette sépulture sont rejetés par une majorité d'experts : André Lemaire, James Charlesworth, Jodi Magness, Richard Bauckham, Géza Vermes, Amos Kloner, Shimon Gibson, Christopher A. Rollston, Joe Zias (en)... Amnon Rosenfeld en 2014, puis Aryeh E. Shimron en 2020, publient deux études, l'une archéobiologique[11] et l'autre archéogéologique[12], qui indiqueraient que l'ossuaire de Silwan proviendrait de ce tombeau.

Galerie photo de différents types de tombes à l'époque de Jésus[modifier | modifier le code]

Légendes alternatives[modifier | modifier le code]

La tombe attribuée à Jésus-Christ au Japon, dans le village de Shingō.
Le sanctuaire dénommé Roza Bal (littéralement le « tombeau du prophète »), à Srinagar, au Cachemire. À l'intérieur se trouve la tombe de « Yuz Asaf », nom local désignant Jésus de Nazareth, sur laquelle viennent se recueillir les membres du mouvement Ahmadiyya.

Les explications des évangélistes sur l'inhumation de Jésus de Nazareth ont pu être réinterprétées au cours des siècles, ce qui a favorisé la naissance de légendes[15]. Par exemple, selon une théorie sans fondement scientifique, le tombeau de Jésus se trouverait dans le village de Rennes-le-Château en France[16].

Autre théorie, Jésus de Nazareth serait enterré au Japon dans le village de Shingō, dans la préfecture d'Aomori. Selon cette tradition locale, il aurait réalisé deux séjours dans le pays. La seconde fois, après avoir voyagé durant quatre années, il serait arrivé par bateau à Hachinohe, dans le nord-est du pays, avant de s'installer à Shingō. Il aurait alors pris le nom de Daitenku Taro Jurai, aurait vécu jusqu'à l’âge de 106 ans, se serait marié et aurait eu trois filles[17].

En Inde, le mouvement Ahmadiyya, qui rassemble plusieurs millions d'adeptes, affirme qu'après avoir salué ses disciples, Jésus de Nazareth aurait pris le chemin de Damas, puis du Cachemire où il serait mort à un âge canonique. Sa tombe, érigée à Srinagar, fait toujours l'objet de pèlerinages[18].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jacques Giri, Les nouvelles hypothèses sur les origines du christianisme, éditions Karthala, , p. 182
  2. (en) Raymond Edward Brown, The Death of the Messiah, from Gethsemane to the grave. A commentary on the Passion narratives of the four Gospels, éditions Doubleday, , p. 1224
  3. Simon Légasse, Le Procès de Jésus, Cerf, , p. 155-160
  4. William D. Crump, Encyclopedia of Easter Celebrations Worldwide, McFarland, USA, 2021, p. 251
  5. Un cimetière dans une carrière de pierres désaffectée, à la sortie du village d'Aboud, offre un tableau ressemblant à ce cimetière du Golgotha. Cf. Marie-Armelle Beaulieu et Jean-Sylvain Caillou, « Se représenter le tombeau de Jésus », Terre Sainte Magazine, no 636,‎ , p. 50.
  6. Soudain, dans le Tombeau du Christ, les appareils de mesure ne répondent plus
  7. Des analyses révèlent que le tombeau de Jésus a au moins 1 700 ans
  8. Voir Eusèbe de Césarée, Vie de Constantin, III, 26.
  9. William D. Crump, Encyclopedia of Easter Celebrations Worldwide, McFarland, USA, 2021, p. 103
  10. Wesley G. Pippert, Jesus Christ's resurrection: Garden Tomb or Church of Holy Sepulchre?, upi.com, USA, 7 avril 1985
  11. (en) Amnon Rosenfeld, « The Authenticity of the James Ossuary », Open Journal of Geology, no 4,‎ , p. 69-78 (lire en ligne Accès libre [PDF])
  12. (en) Aryeh E. Shimron, « The Geochemistry of Intrusive Sediment Sampled from the 1st Century CE Inscribed Ossuaries of James and the Talpiot Tomb, Jerusalem », Archaeological Discovery, no 8,‎ , p. 92-115 (ISSN 2331-1967 et 2331-1959, lire en ligne Accès libre [PDF])
  13. (en) Jodi Magness, « Ossuaries and the Burial of Jesus and James », Journal of Biblical Literature, vol. 124, no 1,‎ , p. 122-123
  14. Amos Kloner, « Did a Rolling Stone Close Jesus’ Tomb ? » in The Burial of Jesus, Biblical Archaeology Society, Kathleen E. Miller et al, ed., 2007, p. 10
  15. Gérard Rochais et Chrystian Boyer, Le Jésus de l'histoire à travers le monde, éditions Labor et Fides, , p. 112
  16. Claudie Voisenat, Imaginaires archéologiques, Éditions de la MSH, , p. 70
  17. « Au Japon, la tombe miraculeuse de Jésus », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. « Comment j'ai découvert la "vraie" tombe de Jésus au Cachemire », sur Le Point, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]