Margrith Bigler-Eggenberger — Wikipédia

Margrith Bigler-Eggenberger
Fonction
Juge au Tribunal fédéral (d)
-
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata
Niederuzwil (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 89 ans)
Saint-GallVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Père
Mathias Eggenberger (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Kurt Bigler (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Parti politique
Archives conservées par
Archiv für Frauen- und Geschlechtergeschichte Ostschweiz (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Margrith Bigler-Eggenberger, née le à Niederuzwil (originaire de Grabs, puis de Köniz[N 1]) et morte le à Saint-Gall, est une juriste suisse, première femme à être élue au Tribunal fédéral suisse.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance[modifier | modifier le code]

Margrith Eggenberger naît le à Niederuzwil, dans le canton de Saint-Gall[1]. Originaire de Grabs, dans le même canton[1], elle est la fille de Mathias Eggenberger (de), conseiller national et conseiller aux États socialiste du canton de Saint-Gall. Elle grandit dans une famille politisée, avec trois sœurs et un frère[2]. Selon un portrait de la NZZ en 2019, sa famille accueille des réfugiés juifs pendant la Seconde Guerre mondiale[2]. Sa mère fonde le groupe local des femmes socialistes[2],[3].

Études[modifier | modifier le code]

Margrith Eggenberger fréquente l'école cantonale de Saint-Gall et obtient la maturité en 1953[4]. Elle étudie ensuite le droit aux universités de Genève et de Zurich, contre l'avis initial de son père[2]. Dans les auditoires zurichois, elle fait partie de la demi-douzaine de femmes étudiant le droit[N 2],[2].

Elle déménage ensuite à Berne pour écrire sa thèse de doctorat sur la réinsertion sociale des récidivistes, et l'obtient 1959 à la Haute école de Saint-Gall (HSG) avec une thèse en criminologie[4],[5],[2].

Parcours professionnel et politique[modifier | modifier le code]

Après son doctorat, elle déménage avec son mari à Ins, et travaille auprès du tribunal régional d'Erlach[2], puis travaille comme greffière à l'Obergericht du canton de Soleure[6]. En 1961, elle obtient le brevet d'avocat dans le canton de Saint-Gall[6], exerçant à Saint-Gall et à Bienne. Elle enseigne le droit des assurances sociales à Haute école de Saint-Gall dès 1967. La même école lui octroie un doctorat honoris causa en 1974[1]. La même année, elle est élue au Grand Conseil du canton de Saint-Gall[6]. De 1969 à 1974, elle siège la Commission de recours en matière AVS/AI[6].

Première femme au Tribunal fédéral[modifier | modifier le code]

En 1974, elle est proposée par le Parti socialiste pour prendre un siège au Tribunal fédéral, même si certains membres de ce même groupe y sont opposés[2]. Pour préparer cette élection, elle soumet un curriculum vitae, qui sera caviardé par un fonctionnaire de l'administration fédérale inconnu[3]. Elle est élue le à une très courte majorité (118 voix avec une majorité absolue requise de 102[7],[6]) et siège jusqu'en 1994[2]. Le journal local Die Ostschweiz, proche du PDC, titre le jour suivant son élection « Eine Mörderin ins Bundesgericht » (« une meurtrière au Tribunal fédéral »), en raison de ses prises de parole en faveur de l'interruption volontaire de grossesse[2],[3]. En plus d'être la première femme, elle est aussi la plus jeune juge (41 ans en 1974). Selon Bigler-Eggenberger, un collègue juge refuse de lui adresser la parole pendant cinq ans[2],[3], contrairement aux juges fédéraux tessinois, particulièrement ouverts d'esprits selon elle[3].

Elle siège dans la cour traitant l'affaire Loup c. Conseil d'État du canton de Neuchâtel (dit « Lohngleichheitsprozess » en allemand, car touchant l'égalité salariale)[8], et décide, comme la majorité des juges impliqués, d'annuler une décision du canton de Neuchâtel discriminant les femmes au niveau de leur salaire dans l'éducation.

Elle préside entre autres la section de droit de la poursuite et de la faillite de la IIe Cour de droit civil[9].

Activités après le Tribunal fédéral[modifier | modifier le code]

Après avoir siégé à la Haute Cour, elle enseigne l'histoire sociale à la Haute école de Saint-Gall[2].

Elle publie en 2003 son ouvrage « de référence » Justitias Waage[2].

Vie privée[modifier | modifier le code]

En 1959[6], elle épouse Kurt Bigler (de)[6], né Bergheimer[1], survivant juif de la Shoah, professeur en pédagogie à la Haute école de Saint-Gall. Il décède en 2007[2].

Elle se définit comme féministe, ce qui signifie, pour elle, faire en sorte que les femmes aient les mêmes chances que les hommes dans tous les domaines (en politique, au travail, dans la famille, dans la société)[N 3],[3].

Elle meurt le 5 septembre 2022 à l'âge de 89 ans à Saint-Gall[10],[11].

Publications[modifier | modifier le code]

  • (de) Margrith Bigler-Eggenberger et Eidg. Büro für die Gleichstellung von Frau und Mann, Justitias Waage - wagemutige Justitia?, Bâle, Helbing & Lichtenhahn, , 378 p. (ISBN 3-7190-2219-6).
  • (de) Margrith Bigler-Eggenberger, « Art. 4 Abs. 2/ 8 Abs. 3 BV - eine Erfolgsgeschichte? », Schweizerisches Zentralblatt für Staats- und Verwaltungsrecht,‎ , p. 57-80 (ISSN 1422-0709, lire en ligne).
  • (de) Margrith Bigler-Eggenberger, « Das erste Richterin am Bundesgericht », dans Revital Ludewig, Kathleen Weislehner et Evelyne Angehrn, Zwischen Recht und Gerechtigkeit : Richterinnen im Spiegel der Zeit, Bern, Stämpfli, , 203 p. (ISBN 978-3-7272-2042-5).
  • (de) Margrith Bigler-Eggenberger, « Juristin ohne Stimm- und Wahlrecht », dans Femmes juristes suisses, Femmes juristes suisses: différentes!, Berne, Weblaw, , 186 p. (ISBN 978-3-906230-30-6).

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Jusqu'en 1988, le mariage entraînait pour l'épouse la perte de son droit de cité communal et l'acquisition automatique de celui de son mari.
  2. En allemand : « ein halbes Dutzend Frauenzimmer in einem Saal voller Männer ».
  3. En allemand : « Es geht nicht darum, Frauen gleich zu machen wie Männer. Es geht einzig darum, die Stellung der Frau in allen Bereichen – politisch, im Beruf, in der Familie, in der Gesellschaft – so auszugestalten, dass Frauen mit den gleichen Chancen ausgestattet werden wie Männer ».

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Claudio Soliva (trad. Pierre-G. Martin), « Margrith Bigler-Eggenberger » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  2. a b c d e f g h i j k l m et n (de) Kathrin Alder, « Justitias Kämpferin – Besuch bei einer Pionierin der Gleichstellung von Mann und Frau », Neue Zürcher Zeitung,‎ (ISSN 0376-6829, lire en ligne Accès payant).
  3. a b c d e et f (de) Bettina Hamilton-Irvine, « Diese Frauen wurden verleumdet, beschimpft oder bedroht », Republik,‎ (lire en ligne).
  4. a et b Elisabeth Joris, « Margrith Bigler - Eggenberger » Accès libre, sur Dictionnaire historique de la Suisse DHS, (consulté le )
  5. (de) Margrith Bigler-Eggenberger, Zum Problem der Spätresozialisierung von frühkriminellen Rückfallsverbrechern, Zurich, , 218 p. (OCLC 884702614).
  6. a b c d e f et g (de) Franz Felix Lehni, « Der Neuling muss nehmen, was die Kollegen übriglassen », Schweizer Illustrierte,‎ , p. 24 (ISSN 0036-7362).
  7. (de + fr) « Élection de deux nouveaux juges fédéraux du Tribunal fédéral (BO 1974 V 1958) » [PDF], sur bar.admin.ch, (consulté le ).
  8. ATF 103 Ia 517 (« Loup contre Conseil d'État du canton de Neuchâtel ») du [lire en ligne].
  9. (de) « Zum Rücktritt von Bundesrichterin Bigler », Neue Zürcher Zeitung,‎ , p. 15 (ISSN 0376-6829).
  10. « Décès de Margrith Bigler-Eggenberger, première femme juge au Tribunal fédéral », sur rts.ch, (consulté le )
  11. Esther Hörnlimann: Die beharrliche Stehauffrau: Die Uzwilerin Margrith Bigler-Eggenberger war die erste Bundesrichterin der Schweiz. In: St. Galler Tagblatt, 9. September 2022.

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles de presse[modifier | modifier le code]

  • (de) Franz Felix Lehni, « Der Neuling muss nehmen,was die Kollegen übriglassen », Schweizer Illustrierte,‎ , p. 24 (ISSN 0036-7362).
  • (de) « Zum Rücktritt von Bundesrichterin Bigler », Neue Zürcher Zeitung,‎ , p. 15 (ISSN 0376-6829).
  • (de) Barbara Hasler et Verena Thalmann, « Das Gleichstellungsgesetz ist unabdingbar », Tages-Anzeiger,‎ , p. 13 (ISSN 1422-9994).
  • (de) Bettina Hamilton-Irvine, « Diese Frauen wurden verleumdet, beschimpft oder bedroht », Republik,‎ (lire en ligne).
  • (de) Kathrin Alder, « Justitias Kämpferin – Besuch bei einer Pionierin der Gleichstellung von Mann und Frau », Neue Zürcher Zeitung,‎ (ISSN 0376-6829, lire en ligne).
  • Céline Zünd, « Une femme au Tribunal fédéral », Le Temps,‎ , p. 6 (ISSN 1423-3967, lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]