Mahamat Idriss Déby — Wikipédia

Mahamat Idriss Déby
محمد إدريس ديبي
Illustration.
Mahamat Idriss Déby en 2022.
Fonctions
Président d'honneur du Mouvement patriotique du salut
En fonction depuis le
(3 mois et 11 jours)
Secrétaire général Mahamat Zene Bada
Prédécesseur Idriss Déby (indirectement, président)
Président de la République du Tchad[N 1]
(chef de l'État)
En fonction depuis le
(3 ans et 3 jours)
Premier ministre Albert Pahimi Padacké
Saleh Kebzabo (transition)
Succès Masra (transition)
Prédécesseur Idriss Déby (président de la République)
Biographie
Nom de naissance Mahamat Idriss Déby Itno
Surnom Mahamat Kaka
Date de naissance [1] (40 ans)
Lieu de naissance N'Djamena (Tchad)
Nationalité Tchadienne
Parti politique MPS (depuis 2024)
Père Idriss Déby
Fratrie Brahim Déby
Entourage Saleh Deby Itno (oncle)
Timan Erdimi (grand cousin)
Tom Erdimi (grand cousin)
Yaya Dillo Djérou (cousin)
Goukouni Oueddei (beau-père)
Fatimé Goukouni Oueddei (belle-sœur)
Profession Militaire
Religion Islam
Résidence Palais Toumaï (N'Djaména)

Mahamat Idriss Déby
Présidents de la république du Tchad

Mahamat Idriss Déby (en arabe : محمد إدريس ديبي), né le à N'Djaména (Tchad), est un officier et homme d'État tchadien.

Après la mort de son père, Idriss Déby, en , il devient président du Conseil militaire de transition puis président de la Transition, faisant fonction de chef de l'État dans des conditions controversées.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et formation[modifier | modifier le code]

Fils d'une mère gorane[2], il est élevé par la mère du président Idriss Déby, et porte pour cette raison le surnom de « Mahamat Kaka » (kaka signifiant « grand-mère » en arabe tchadien)[3].

Le jeune homme effectue l'ensemble de sa scolarité secondaire au Tchad, hormis sa quatrième et sa troisième, en France. Il étudie ensuite un an et demi au lycée militaire d'Aix-en-Provence, en classes préparatoires littéraires. À son retour, il est inscrit à l'école d'officier Gémia (Groupement des écoles militaires interarmées). Il en sort sous-lieutenant[4].

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

Son père le fait affecter à la Direction générale de service de sécurité des institutions de l'État (DGSSIE), la garde prétorienne du régime[3], en tant que commandant adjoint du groupement d’infanterie.

Sa première expérience au combat a lieu en [réf. nécessaire], lorsque les Forces unies pour le changement (FUC) de Mahamat Nour Abdelkerim lancent un raid sur la capitale du Tchad. Il est promu au grade de commandant[4].

En , il est nommé général de brigade et participe à la bataille victorieuse d'Am-Dam contre une coalition de groupes rebelles menée par Timan Erdimi, dans l'est du Tchad[3],[4].

Il reçoit en 2010, au sein de la DGSSIE, le commandement de l'escadron blindé et des gardes du corps. En 2012, il est ensuite nommé à la tête du groupement no 1 de la DGSSIE (sur trois groupements), chargée de la sécurité du palais présidentiel[5].

En 2013, il est nommé au poste de commandant en second des Forces armées tchadiennes en intervention au Mali (Fatim)[4], dans le nord du Mali, sous les ordres du général Oumar Bikomo, mais en serait le chef officieux[3]. Il participe notamment à la bataille du Tigharghâr.

Le , Mahamat Idriss Déby est nommé directeur général de la DGSSIE[6]. En , il est élevé au grade de général de corps d'armée[7],[4].

Mahamat Idriss Déby devient général d'armée le 2 décembre 2021[8].

Chef de l'État[modifier | modifier le code]

Au lendemain de la mort de son père, Idriss Déby, le , il prend la tête d'un Conseil militaire de transition et, en vertu de la charte de ce Conseil, occupe la fonction de président de la République[9],[10]. La Constitution du , révisée le , qui prévoit qu'en cas de vacances du pouvoir, le président du Sénat[N 2] assure l'intérim pendant 45 à 90 jours, le temps d'élire un nouveau président de la République, est ainsi suspendue[11]. L'armée annonce la dissolution de l'Assemblée nationale et du gouvernement, puis décrète la fermeture des frontières et l'instauration d'un couvre-feu. Le Conseil militaire de transition annonce prendre le pouvoir pour une durée transitoire de dix-huit mois, à l'issue de laquelle des élections doivent être organisées[12].

Le 25 septembre 2021, il nomme les 93 membres du Conseil national de transition[13].

Le 20 août 2022, un peu moins d'un an plus tard, il ouvre officiellement, après avoir été reporté plusieurs fois, un dialogue national inclusif souverain (DNIS) entre la junte, l'opposition civile, et les groupes rebelles. Ce dialogue national, qu'il promettait dès son accession au pouvoir et qui a pour but de déboucher sur des élections libres et démocratiques du président de la république et du parlement, est toutefois vivement critiqué. Le dialogue regroupe 1400 délégués, dont 21 formant le praesidium. Gali Ngothé Gatta, opposant et adversaire d'Idriss Déby lors de l'élection présidentielle de 2016, est élu chef du praesidium. Saleh Kebzabo, vice-président du Comité d'organisation du Dialogue national inclusif souverain, qui reconnaît l'autorité de la junte, critique le reproche fait à l'égard du dit Comité de « ne pas avoir intégré assez d'arabisants ». Certains délégués civils prenant part au dialogue dénoncent une homogénéité parmi les membres du praesidium quant au bord politique que ces membres fréquentent, à l'exception du président, qui est indépendant. Le dialogue est ainsi boycotté notamment par des intellectuels, membres de la société civile, le qualifiant de « monologue »[14]. Le 27 août 2022, la police tchadienne encercle le siège du parti des Transformateurs et le 1er septembre elle disperse avec brutalités une manifestation incluant des membres du parti et invitant les habitants de N'Djaména à assister au meeting de leur leader, Succès Masra. Cet évènement provoque l'indignation du groupe rebelle Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT), ce dernier réitérant son boycott en raison de la répression. La fin du DNIS est prévue au 20 septembre 2022[15].

Le 3 octobre, le DNIS allonge la durée de la transition et autorise les personnalités alors à la tête de la transition, soit Mahamat Idriss Déby Itno et son Premier ministre Albert Pahimi Padacké, à se présenter à la présidence à l’issue de la période de transition. Cette mesure, qui va à l'encontre des préconisations de l'Union africaine, suscite aussi des inquiétudes au sein de l'Union européenne, et conforte les opposants politiques ayant boycotté le DNIS, l'un d'entre eux concluant à « une mascarade »[16]. Après la clôture des travaux du dialogue national inclusif souverain, et la dissolution du Conseil militaire de transition le 8 octobre 2022, Mahamat Idriss Déby devient président de la transition[17]. En mars 2023, Mahamat Idriss Déby Itno gracie 259 des 262 manifestants condamnés à de la prison ferme après une manifestation contre le pouvoir réprimée dans le sang en octobre 2022, Quelques jours après avoir gracie 380 rebelles condamnés à la prison à vie[18].

Le 13 janvier 2024, Mahamat Idriss Déby Itno est désigné candidat à l’élection présidentielle tchadienne de 2024 par son parti, le Mouvement patriotique du salut, réuni en congrès à N’Djamena[19]. Le 2 mars 2024, Mahamat Idriss Déby Itno annonce sa candidature à l'élection présidentielle du 6 mai 2024[20]. Le 24 mars 2024, le Conseil constitutionnel valide sa candidature à l'élection présidentielle[21].

Le 2 avril 2024, Mahamat Idriss Déby Itno annonce la parution de son livre aubiographique intitulé De Bédouin à Président[22],[23].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Père de neuf enfants, il est musulman pratiquant[4].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Président du Conseil militaire de transition jusqu'au 8 octobre 2022 puis président de la Transition à partir du 10 octobre 2022.
  2. Attributions dévolues de façon transitoire au président de l'Assemblée nationale, en attendant la mise en place du Sénat.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Portrait », sur presidence.td, (consulté le ).
  2. « Passé en France, appelé "grand-mère"... Le CV de Mahamat Idriss Déby, nouvel homme fort du Tchad », sur lexpress.fr, (consulté le ).
  3. a b c et d Christophe Boisbouvier, « Armée tchadienne : Mahamat Idriss Déby Itno, un monsieur très discret », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
  4. a b c d e et f Jean-Louis Tremblais, « Tchad, l'homme clé du Sahel », Le Figaro Magazine,‎ , p. 56-64 (lire en ligne).
  5. « Tchad : La DGSSIE est sur le point de s’exploser », sur tchadhanana.info, (consulté le ).
  6. « Tchad : Le général Mahamat Idriss Déby prend la tête de la DGSSIE », sur alwihdainfo.com, Alwihda, (consulté le ).
  7. « Tchad : Idriss Déby, un général qui banalise le grade de général dans l’armée », sur tchadpages.com, (consulté le ).
  8. « Au Tchad, le général Mahamat Idriss Deby Itno s'octroie une étoile supplémentaire », sur rfi.fr, (consulté le ).
  9. « Deby, maître du Tchad et allié stratégique de l’Occident dans la lutte contre les jihadistes », sur lorientlejour.com, (consulté le ).
  10. « Tchad : le fils d'Idriss Déby occupe la fonction de “président de la République”, prévoit une Charte de transition », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  11. « Constitution du 4 mai 2018, révisée le 14 décembre 2020 » [PDF], sur letchadanthropus-tribune.com (consulté le ).
  12. « Tchad : tout juste réélu, le président Idriss Déby tué au combat », sur liberation.fr, (consulté le ).
  13. « Tchad: Mahamat Idriss Déby nomme le parlement de transition, le CNT », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  14. « Au Tchad, la laborieuse mise en place du « dialogue national » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. « Au Tchad, le dialogue national à nouveau suspendu après trois jours de répression de manifestations », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. « Tchad : Mahamat Idriss Déby Itno obtient une périlleuse carte blanche », sur JeuneAfrique.com (consulté le ).
  17. Malick Mahamat, « Tchad : le Conseil militaire de transition est officiellement dissous », sur Alwihda (consulté le ).
  18. « Manifestation réprimée au Tchad en octobre : 259 condamnés graciés par le président », sur LeMonde Afrique (consulté le ).
  19. « Au Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno désigné candidat à la présidentielle », sur Jeune Afrique (consulté le ).
  20. « Présidentielle au Tchad : Mahamat Idriss Déby Itno a annoncé sa candidature », sur Jeune Afrique (consulté le ).
  21. « Présidentielle au Tchad : les candidatures des principaux opposants au pouvoir écartées », sur ouest-france.fr (consulté le ).
  22. « Tchad : "De Bédouin à Président", le livre autobiographique de Mahamat Idriss Deby », sur Alwihda Info - Actualités TCHAD, Afrique, International (consulté le ).
  23. ladoual.web, « "De Bédouin à Président", le livre autobiographique de Mahamat Idriss Deby », sur tchadvision.com, tchadvision, (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]