Métrique de Minkowski — Wikipédia

La métrique de Minkowski est la métrique définissant les propriétés de l'espace-temps de Minkowski. Elle a un rôle fondamental dans les théories de la relativité restreinte et générale car elle contient toute l'information topologique de l'espace-temps global en relativité restreinte, et de l'espace-temps local en relativité générale. Elle est invariante par changement de référentiel galiléen par une transformation de Lorentz.

Définition[modifier | modifier le code]

En relativité restreinte, l'espace et le temps sont liés par une constante universelle homogène à une vitesse, notée , qui joue le rôle d'une vitesse limite. Cette constante chronogéométrique qui structure l'espace-temps a une valeur égale à la vitesse de la lumière[1],[2]. L'espace et le temps forment l'espace-temps à quatre dimensions appelé espace de Minkowski. Dans cet espace on utilise préférentiellement les coordonnées galiléennes[3], rectangulaires autrement dit rectilignes orthogonales, , ou les coordonnées galiléennes réduites[3] , où la multiplication de la coordonnées temporelle par la rend homogène à un espace.

L'intervalle entre deux évènements est un scalaire invariant relativiste ou scalaire de Lorentz appelé métrique de l'espace-temps de Minkowski, dont le carré est défini par la forme (une forme est un polynôme homogène) quadratique[4] :

.

où :

  • est la coordonnée de temps,
  • sont les trois coordonnées d'espace,
  • est la constante chrono-géométrique.
  • le signe est affaire de convention

Si les deux événements ont lieu au même endroit dans le référentiel galiléen de l'observateur alors :

,

est le temps propre de l'observateur.

Pour deux événements infiniment proches dans l'espace-temps, la métrique de Minkowski est définie par la forme quadratique différentielle[8],[9],[10],[11] :

,

Signature de la métrique de Minkowski[modifier | modifier le code]

Si l'on écrit le carré de la métrique sous la forme

alors la signature de la métrique est , ou le premier entier indique le nombre de signes positifs, et le second entier le nombre de signes négatifs. On donne souvent la métrique sous sa forme explicite . Si l'on écrit le carré de la métrique sous la forme

alors la signature de la métrique est , ou sous forme explicite .

La loi d'inertie de Sylvester[12] stipule que la signature est indépendante du système de coordonnées choisi, autrement dit du référentiel galiléen en relativité.

Approche tensorielle[modifier | modifier le code]

Plaçons-nous dans la base naturelle[3] du système de coordonnées galiléennes réduites, formée par les vecteurs unitaires tangents aux lignes de coordonnées. Notons les quadrivecteurs de base de la base naturelle. Leurs produits scalaires forment les composantes du tenseur métrique de l'espace-temps pseudo-euclidien de Minkowski. En notation indicielle :

où :

  • l'on utilise la notation habituelle pour désigner spécifiquement les composantes du tenseur métrique de l'espace-temps de Minkowski[13] plutôt que la notation d'usage pour les tenseurs métriques
  • le produit scalaire, plus précisément appelé quadri-produit scalaire, n'est pas euclidien[12], dans le sens où il n'est pas défini-positif mais "seulement" non dégénéré (condition moins restrictive)
  • par symétrie du quadri-produit scalaire le tenseur métrique est symétrique. Il a 4x4=16 composantes, dont 10 sont indépendantes
  • le tenseur métrique est diagonal lorsque le système de coordonnées est rectangulaire
  • le tenseur métrique est deux fois covariant

Les quadrivecteurs sont invariants par changement de référentiel galiléen (i.e. par changement de coordonnées spatio-temporelles, ou par transformation de Lorentz). Leur norme, leur direction et leur sens ne changent pas, seules leurs composantes changent. Un quadrivecteur de composantes contravariantes s'écrit, selon la convention de sommation sur les indices répétés d'Albert Einstein :

.

Le quadri-produit scalaire de deux quadrivecteurs et s'écrit :

Le quadri-produit scalaire d'un quadrivecteur avec lui-même donne le carré de sa pseudo-norme (qui est donc un invariant ou scalaire de Lorentz):

Le vecteur position, appelé quadrivecteur position ou vecteur d'univers, a pour expression :

Ses composantes contravariantes[4] s'écrivent :

où :

  • l'indice latin varie de 1 à 3
  • est le trivecteur position de la mécanique classique

Le carré de sa pseudo-norme est le carré de la métrique de l'espace-temps de Minkowski :


Signature de la métrique de Minkowski[modifier | modifier le code]

Dans le premier cas, si l'on conserve le signe positif, le carré de la pseudo-norme des vecteurs de base de la base naturelle ont pour expression si et si . Le tenseur métrique s'écrit alors[14] en notation matricielle :

.

Il a pour signature [9].

Dans la seconde convention de signe, si l'on garde le signe négatif, le tenseur métrique s'écrit :

.

Il a pour signature .

Propriétés[modifier | modifier le code]

Pour une signature , la forme quadratique est de genre temps lorsque , de genre lumière lorsque et de genre espace lorsque . Cette classification est invariante par changement de référentiel galiléen.

Il est à noter qu'en relativité générale, toute métrique peut être remplacée par la métrique de Minkowski dans un système de coordonnées géodésiques locales (au voisinage infinitésimal d'un événement). L'espace-temps de Minkowski est l'espace osculateur (tangent à l'ordre deux) à la variété riemannienne qui modélise l'espace-temps courbe de la relativité générale.

Le tenseur métrique et son inverse coïncident[14] :

et

.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Si la masse du photon est strictement nulle, ce qui est généralement admis. Jean-Marc Lévy-Leblond, « L'énergie après Einstein », Bulletin de l'Union des Physiciens numéro 769,‎ , p. 1727 (lire en ligne Accès libre [PDF])
  2. Jean-Marc Levy-Leblond, « Les relativités », Les Cahiers de Fontenay (n°8), École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses,‎ , p. 30 (lire en ligne Accès libre [PDF])
  3. a b et c André Lichnerowicz, Éléments de calcul tensoriel, Jacques Gabay, , 216 p. (ISBN 2876472813), p. 79
  4. a et b Marleau 2017, p. 10.
  5. Lev Davidovitch Landau et Evgueni Lifchits, Physique théorique tome 2 Théorie des champs, Mir Moscou, , 519 p. (ISBN 5-03-000641-9), p. 10-13
  6. Vladimir Ougarov, Théorie de la relativité restreinte, Mir Moscou, , 304 p., p. 50-52
  7. Jean-Pierre Durandeau et Edmond-Antoine Decamps, Mécanique relativiste, Paris, Masson, , 334 p. (ISBN 2-225-66077-8), p. 121-122
  8. Hobson, Efstathiou et Lasenby 2009, chap. 5, § 5.1, p. 109.
  9. a et b Penrose 2007, chap. 18, § 18.1, p. 400.
  10. Pérez 2016, chap. 2, sect. II, § II.1, p. 28.
  11. Petkov 2012, chap. 1er, § 1.2, p. 14.
  12. a et b Eric Gourgoulhon, Relativité restreinte. Des particules à l'astrophysique, EDP Sciences / CNRS Editions, , 776 p. (ISBN 978-2-7598-0067-4), p. 7
  13. Semay et Silvestre-Brac 2016, chap. 8, § 8.2, p. 141, n. 5.
  14. a et b Marleau 2017, p. 11.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]