Liberté sans frontières — Wikipédia

Libertés sans frontières est une fondation destinée à lutter contre le tiers-mondisme, créée et présidée en janvier 1985 par le médecin Claude Malhuret.

Histoire[modifier | modifier le code]

Origine et débuts[modifier | modifier le code]

En 1983 est publié le livre de l'essayiste Pascal Bruckner, Le sanglot de l’homme blanc[1].

L'essai consacre toutes ses attentions polémiques au journal Le Monde diplomatique[2] qu'il accuse de propager des thèses tiers-mondistes erronées.

Claude Malhuret, qui cite régulièrement ce livre[2], décide alors de lancer la fondation Liberté sans frontières, avec l'objectif de remettre en question les thèses tiers-mondistes sur le développement économique et social et à lutter contre les régimes totalitaires. La fondation LSF devient rapidement une des passerelles institutionnelles entre des ex-68ards et la droite conservatrice et libérale, qui "multipliait depuis le début de la décennie 80 les attaques contre le « tiers-mondisme chrétien »"[2].

Claude Julien, directeur du journal Le Monde diplomatique réplique au livre de Bruckner, deux ans après, et à la création de LSF, par la publication en mai 1985 d'un dossier d'articles, qui "s’articule principalement autour d’une enquête pointue réalisée par Alain Gresh, démêlant les liens étroits tissés entre LSF et la droite néolibérale"[2].

Le journal avait en son temps "rendu compte de manière élogieuse"[2] de livres critiquant des erreurs des initiatives présentées par LSF et Bruckner sous le vocable de "tiers-mondisme"[2], comme "Mythes révolutionnaires du Tiers Monde" et "Années orphelines" mais souligne que le tiers-mondisme est « une doctrine qu’ils [les tiers-mondistes] n’ont jamais élaboré, une idéologie qui n’est pas la leur »[2].

Colloque de 1985[modifier | modifier le code]

La fondation organise les 23 et 24 janvier 1985 au Sénat un colloque très médiatisé, « Le tiers-mondisme en question ». Jean-François Revel, Alain Besançon, Emmanuel Le Roy Ladurie, François Fejtő, Ilios Yannakakis font partie de son conseil d’administration. Il entraîne dans son sillage Rony Brauman, président de Médecins sans frontières[3].

Suites[modifier | modifier le code]

La création de LSF « a jeté début 1985 un pavé dans la mare paisible des ONG » et génère des débats idéologiques qui obscurcissent les enjeux de l'aide humanitaire, selon un livre de Laurence Binet[4], qui a aussi estimé que les remous suscités et les tensions, au moment de l'initiative « Band Aid » organisée par le chanteur anglais Bob Geldof pour lever des fonds destinés à lutter contre la famille qui sévit depuis la fin de l’année 1984 en Éthiopie, avec en juillet 1985, le concert géant organisée à Londres à Wembley, ont côtoyé par ailleurs de vrais débats intéressants sur le rôle de MSF[5].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. "Le sanglot de l’homme blanc", par Pascal Bruckner, sous-titré Tiers-monde, culpabilité, haine de soi, en 1983 aux Editions du Seuil
  2. a b c d e f et g Maxime Szczepanski-Huillery, « « L'idéologie tiers-mondiste ». Constructions et usages d'une catégorie intellectuelle en « crise » », Raisons politiques, vol. 18, no 2,‎ , p. 27 (ISSN 1291-1941 et 1950-6708, DOI 10.3917/rai.018.0027, lire en ligne, consulté le )
  3. Rony Brauman et Claude Malhuret, « Les impostures du tiers-mondisme. – Le réquisitoire de Médecins sans frontières », entretien avec Patrick Forestier, Paris-Match, 22 février 1985
  4. (en) Laurence Binet, Famine et transferts forcés de populations en Éthiopie 1984-1986, Médecins Sans Frontières, (lire en ligne)
  5. (en) Laurence Binet et Martin Saulnier, Médecins Sans Frontières, Évolution d’un mouvement international associatif 1971-2011, Médecins Sans Frontières, (lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]