Le Chat, la Belette et le Petit Lapin — Wikipédia

Le Chat, la Belette et le Petit Lapin
Image illustrative de l’article Le Chat, la Belette et le Petit Lapin
Gravure de Martin Marvie d'après Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759.

Auteur Jean de La Fontaine
Pays Drapeau de la France France
Genre Fable
Éditeur Claude Barbin
Lieu de parution Paris
Date de parution 1678
Chronologie

Le Chat, la Belette et le Petit Lapin est la seizième fable du livre VII de Jean de La Fontaine situé dans le second recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1678.

La source de ce texte est la fable de Pilpay D'un chat et d'une perdrix.

Dessin de Grandville (1838-1840).

Texte de la fable[modifier | modifier le code]

Illustration de Benjamin Rabier (début) (1906)
Illustration de Benjamin Rabier (fin) (1906)
Gravure de Gustave Doré (1876)

Du palais d’un jeune Lapin
Dame Belette un beau matin
S'empara ; c’est une rusée.
Le Maître étant absent, ce lui fut chose aisée.
Elle porta chez lui ses pénates un jour
Qu’il était allé faire à l’Aurore sa cour
Parmi le thym et la rosée.
Après qu’il eut brouté, trotté, fait tous ses tours,
Janot Lapin retourne aux souterrains séjours.
La Belette avait mis le nez à la fenêtre.
Ô Dieux hospitaliers, que vois-je ici paraître ?
Dit l’animal chassé du paternel logis :
Ô là, Madame la Belette,
Que l’on déloge sans trompette,
Ou je vais avertir tous les rats du pays[Note 1].
La Dame au nez pointu répondit que la terre
Était au premier occupant.
C’était un beau sujet de guerre
Qu’un logis où lui-même il n’entrait qu'en rampant.
Et quand ce serait un royaume
Je voudrais bien savoir, dit-elle, quelle loi
En a pour toujours fait l’octroi
À Jean fils ou neveu de Pierre ou de Guillaume,
Plutôt qu’à Paul, plutôt qu’à moi.
Jean Lapin allégua la coutume et l’usage.
Ce sont, dit-il, leurs lois qui m’ont de ce logis
Rendu maître et seigneur, et qui de père en fils,
L’ont de Pierre à Simon, puis à moi Jean transmis.
Le premier occupant est-ce une loi plus sage ?
Or bien sans crier davantage,
Rapportons-nous, dit-elle, à Raminagrobis[Note 2].
C’était un Chat vivant comme un dévot ermite,
Un Chat faisant la chattemite,
Un saint homme de Chat, bien fourré[Note 3], gros et gras,
Arbitre expert sur tous les cas.
Jean Lapin pour juge l'agrée.
Les voilà tous deux arrivés
Devant sa Majesté fourrée.
Grippeminaud[Note 4] leur dit : Mes enfants, approchez,
Approchez, je suis sourd, les ans en sont la cause.
L’un et l'autre approcha ne craignant nulle chose.
Aussitôt qu’à portée il vit les contestants,
Grippeminaud le bon apôtre
Jetant des deux côtés la griffe en même temps,
Mit les plaideurs d'accord en croquant l’un et l’autre.
Ceci ressemble fort aux débats qu’ont parfois
Les petits Souverains se rapportant aux Rois.

— Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine, Le Chat, la Belette et le Petit Lapin, texte établi par Jean-Pierre Collinet, Fables, contes et nouvelles, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, p. 279

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Allusion au Combat des Rats et des Belettes, du même auteur.
  2. Poète mentionné au Tiers Livre de François Rabelais.
  3. Allusion au Cinquième Livre de Rabelais, où les juges de l’Île de la Comdamnation sont des chats fourrés.
  4. Nom repris du Cinquième Livre.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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