La Place — Wikipédia

La place
Image illustrative de l’article La Place
Première de couverture, collection Blanche chez Gallimard.

Auteur Annie Ernaux
Pays France
Genre autobiographie
Éditeur Gallimard
Lieu de parution Paris
Date de parution 1983
ISBN 2070377229
Chronologie

La place est un roman à caractère autobiographique publié en 1983 par Annie Ernaux aux éditions Gallimard et récompensé par le prix Renaudot en 1984.

Écriture de l'autobiographie[modifier | modifier le code]

Cette auto-socio-biographie[1] a été écrite entre et . Annie Ernaux y relate ses souvenirs d'enfance de façon fragmentaire, l'histoire étant dépendante de sa mémoire. Elle confie que le récit est « né de la douleur d'avoir perdu [son] père »[2], ce qui est la raison pour laquelle elle a désiré écrire sur lui[2].

Ernaux adopte dans ce texte une « écriture plate »[3] telle qu'elle désigne elle-même le style minimaliste qu'elle continuera d'employer dans ses œuvres ultérieures : des phrases simples, un vocabulaire précis, débarrassé de toute forme d'affectation et un point de vue neutre, d'autant plus notable qu'il s'agit ici d'une autobiographie. Ce choix stylistique fait aussi écho à la démarche quasi sociologique, « autosociobiographique » de l'autrice[4].

Résumé[modifier | modifier le code]

L'histoire commence par la mort du père, puis effectue un long retour en arrière sur sa vie. L'autrice, dès les premières pages, annonce son style littéraire : elle compte décrire la vie de son père le plus froidement possible, dans une écriture plate, sans émotion, telle qu'elle lui vient naturellement. Le livre entier est une mise en application de ce principe : le récit d'une vie simple, à l'aide d'un vocabulaire simple, dans des phrases dépouillées à l'extrême. Puis le père revit soudainement vers le milieu du récit, ce qui bouleverse toute l'histoire.

L'ouvrage retrace la vie du père, tout d'abord paysan devenu ensuite ouvrier d'usine pour tenter d'améliorer son sort, puis enfin tenancier d'un café-épicerie[5]. Il se prolonge par le transfert sur la fille du destin à réaliser grâce aux études, l'affaire de café-épicerie ne suffisant pas à satisfaire les espoirs d'une vie meilleure, et couvre la période allant jusqu'à la mort du père et au mariage de l'autrice[6]. Le récit est entrecoupé de réflexions sur le rôle de l'écriture[5] ; Annie Ernaux cite d'ailleurs en introduction Jean Genet pour donner le sens du livre : « Je hasarde une explication : écrire c’est le dernier recours quand on a trahi ». La trahison ici est celle de ses origines, quand elle quitte le milieu ouvrier puis cache ses origines à son nouvel environnement[6].

Éditions[modifier | modifier le code]

Réception[modifier | modifier le code]

Le livre est très bien accueilli à sa sortie, par Le Monde qui parle d'« une sensible histoire d’amour  »[6] et par Le Figaro qui qualifie le livre « d'exceptionnel […], d'intense et extrêmement puissant ». Le livre, récompensé par le prix Renaudot, au quinzième tour de scrutin par six voix contre quatre à l'ouvrage de Christian Giudicelli, Le Point de fuite[7], se vend à 100 000 exemplaires[5].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Bérengère Moricheau-Airaud, « Propriétés stylistiques de l’auto-sociobiographie : l’exemplification par l’écriture d’Annie Ernaux », COnTEXTES. Revue de sociologie de la littérature, no 18,‎ (ISSN 1783-094X, DOI 10.4000/contextes.6235, lire en ligne, consulté le )
  2. a et b Annie Ernaux, La Place, Paris/Paris, Belin - Gallimard, , 142 p. (ISBN 978-2-7011-6286-7), Interview d'Annie Ernaux, p.120-121
  3. « L’écriture plate me vient naturellement, celle-là même que j’utilisais en écrivant autrefois à mes parents pour leur dire les nouvelles essentielles» (in La Place)
  4. Claire Stolz, « De l’homme simple au style simple : les figures et l’écriture plate dans La Place d’Annie Ernaux », Pratiques. Linguistique, littérature, didactique, nos 165-166,‎ (ISSN 2425-2042, DOI 10.4000/pratiques.2518, lire en ligne, consulté le )
  5. a b et c « From the Archive », Publishers Weekly, vol. 269, no 42,‎ , p. 16–17 (lire en ligne, consulté le )
  6. a b et c « « La Place », d’Annie Ernaux : l’ombre du père », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « RENAUDOT : Annie Ernaux pour " la Place " Une romancière de la déchirure sociale », sur Le Monde,