Léo-Paul Desrosiers — Wikipédia

Léo-Paul Desrosiers
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Léo-Paul Desrosiers, né le à Berthier-en-Haut et décédé le , est un écrivain, un historien, un bibliothécaire et un journaliste québécois.

Biographie[modifier | modifier le code]

Après des études classiques au Séminaire de Joliette et des études de droit à l'Université de Montréal, Léo-Paul Desrosiers collabore à L'Action française de l'abbé Lionel Groulx en 1917. Il est ensuite journaliste au Canada et au Devoir. Il est courriériste parlementaire à Ottawa pour Le Devoir de 1920 à 1927. L'année suivante, il se tourne vers une carrière de fonctionnaire à la Chambre des communes, où il est successivement rédacteur de procès-verbaux et traducteur vers le français du journal des débats[1]. Il vit en Ontario de 1920 à 1941[2].

En 1922, il épouse l'écrivaine Marie-Antoinette Tardif, mieux connue sous le pseudonyme de Michelle Le Normand.

Influencé par le nationalisme d'Henri Bourassa et de Lionel Groulx[3], il fait paraître surtout des romans et des études historiques au fil d'une carrière littéraire qui s'échelonne sur plus de cinquante ans.

En 1938, il publie Les Engagés du Grand-Portage à Paris, chez Gallimard, et remporte le Prix David. Ce roman a connu de nombreuses rééditions et est devenu un classique de la littérature québécoise. Selon Patrick Imbert, Les Engagés du Grand-Portage et Trente arpents de Ringuet sont « les deux œuvres maîtresses de la première moitié du XXe siècle québécois[4] ».

Il devient conservateur de la Bibliothèque municipale de Montréal en mai 1941. En mars 1953, âgé de 57 ans, il démissionne de ses fonctions et se retire à la campagne, dans le village de Saint-Sauveur-des-Monts, afin de se consacrer à son œuvre[1].

Un bibliothécaire réformiste[modifier | modifier le code]

À la suite du décès de Ægidius Fauteux en 1941, Desrosiers prend sa relève à titre de conservateur de la Bibliothèque municipale de Montréal. Il occupe cette fonction jusqu'en 1953, tout en cumulant celle de directeur de l'École des bibliothécaires de l'Université de Montréal[5]. Il s'intéresse en particulier aux bibliothèques d'enfants, agissant de concert avec la bibliothécaire Marie-Claire Daveluy afin de s'assurer qu'une salle exclusive leur soit dédiée dès les premiers mois de son année en poste[6].

Selon l'historien des bibliothèques québécoises François Séguin, la contribution de Desrosiers est notable à maints égards. Il transforme la bibliothèque en un lieu ouvert à tous, accueillant, où les personnes défavorisées, en particulier les jeunes, ont leur place. On lui doit d'avoir aboli les frais d'abonnement et d'avoir cessé l'interruption de service durant la période estivale, ce qui a eu pour effet de faire bondir le nombre d'inscriptions, qui passe de 2700 à 8700 durant la seule année 1942[7].

C'est également grâce à Desrosiers qu'un réseau de bibliothèques de quartier se met en place à Montréal. La réforme qu'il conduit s'inspire du système des bibliothèques de la province de l'Ontario, et plus particulièrement le modèle développé à Toronto, où la bibliothèque centrale d'alors est dotée d'une vingtaine de succursale réparties à travers la ville. Dans un article qu'il fait paraître dans la revue Relations en 1942, il compare la réalité des bibliothèques du Québec et de l'Ontario : « Est-il prudent de nous maintenir dans un tel état d'infériorité ? Est-il sage d'accorder si peu d'importance aux livres lorsque la province voisine leur en accorde tant[8] » ? En 1946, il mandate deux employés de son service pour aller étudier sur place le fonctionnement des diverses extensions relevant de la Bibliothèque publique de Toronto[9]. Entre 1947 et 1951, une dizaine de succursales sont créées à travers la ville de Montréal afin de faire en sorte que le livre soit, suivant son expression, « à portée de main[8] ». Ces nouvelles succursales intègrent des salles pour les enfants et Jeanne-Marguerite Saint-Pierre il engage pour en être la superviseure[10].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Romans[modifier | modifier le code]

  • 1931 - Nord-Sud, préface d'Honoré Parent, Montréal, Éditions du Devoir ; 1943 ; rééd. Montréal, Éditions Fides, 1960 et 1980, présentation et choix de jugements critiques de Maurice Lemire, chronologie et bibliographie d'Aurélien Boivin (ISBN 2762108268)
  • 1938 - Les Engagés du Grand-Portage, roman, Paris, Éditions Gallimard; Montréal, Fides, 1946 ; 1957 ; 1958 ; 1962 ; 1965 ; 1967, précédé d'une chronologie, d'une bibliographie et de jugements critiques, 1969 ; présentation et jugements critiques de Maurice Lemire, chronologie et bibliographie d'Aurélien Boivin, 1980, (ISBN 2762108128) ; (présentation de Maurice Lemire), Montréal, BQ, 1988, (ISBN 2894060025)
    Traduit en anglais sous le titre The Making of Nicolas Montour, par Christina van Oordt, Montréal, Harvest House, 1978 (ISBN 0887721710)
  • 1941 - Les Opiniâtres, roman, Montréal, 1941 ; réédition, Éditions Fides, 1943 ; préface de Jean-Noël Tremblay ; réédition, Éditions Fides, 1962
  • 1951 - L'Ampoule d'or, roman, Paris, Éditions Gallimard, 1951 ; précédé d'une chronologie, d'une bibliographie et de jugements critiques, Montréal, Fides, 1967
  • 1958 - Vous qui passez, vol. 1 : Vous qui passez ; vol. 2 : Les Angoisses et les tourments ; vol. 3 : Rafales sur les cimes, roman, Montréal, Fides, 1958, vol. 1 ; 1959, vol. 2 ; 1960, vol. 3

Recueils de contes et nouvelles[modifier | modifier le code]

  • 1922 - Âmes et Paysages, Montréal, Éditions du Devoir
  • 1936 - Le Livre des mystères, Montréal, Éditions du Devoir
  • 1942 - Sources, Montréal, 1942 ; 1943 ; rééd. Montréal, Imprimerie populaire, 1952

Écrits historiques[modifier | modifier le code]

  • 1937 : L'Accalmie, (Lord Durham au Canada), Montréal, Éditions du Devoir, 149 p.
  • 1939 : Commencements, Traites et postes de traites, alliance contre les Iroquois, l'étude des langues indiennes, Montréal, Éditions de l'A.C.-F
  • 1947 : Iroquoisie, tome 1 (1534-1646), Province de Québec, 1947 ; réédité en 1998 aux éditions du Septentrion.
  • 1957 : Les Dialogues de Marthe et de Marie, Montréal, Fides, 1957 ; 1958
  • 1963 : Dans le nid d'aiglons, la colombe (vie de Jeanne Le Ber, la recluse), Montréal, Fides, 1963
  • 1967 : Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, Montréal, Fides, 1967
  • 1998 : Iroquoisie, tome 1 (1534-1652), les éditions du Septentrion, Québec, 1998, 344 p. Avec une présentation de l'éditeur Denis Vaugeois et une introduction de l'historien Alain Beaulieu
  • 1998 : Iroquoisie, tome 2 (1646-1666), les éditions du Septentrion, Québec, 1998, 344 p.
  • 1999 : Iroquoisie, tome 3 (1666-1687), les éditions du Septentrion, Québec, 1999, 352 p.
  • 1999 : Iroquoisie, tome 4 (1668-1701), les éditions du Septentrion, Québec, 1999, 368 p

Correspondance[modifier | modifier le code]

  • 1933 - 1959 - Des « amitiés paysannes » à la NRF. Henri Pourrat, Michelle Le Normand et Léo-Paul Desrosiers. Correspondance 1933-1959. Présentation, établissement du texte et annotation de Michel Lacroix. Éditions Nota bene, Collection Grise, 2010, 385 p.

Prix et distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Gilles Gallichan, « Le troisième Fauteuil », Les Cahiers des dix, no 51,‎ (ISSN 0575-089X et 1920-437X, DOI 10.7202/1012939ar, lire en ligne, consulté le )
  2. Gaétan Gervais et Jean-Pierre Pichette (dir.), Dictionnaire des écrits de l'Ontario français : 1613-1993, Ottawa, Presses de l'Université d'Ottawa, , 1097 p. (ISBN 978-2-7603-0757-5, lire en ligne), p. 970.
  3. Réjean Beaudoin, « Desrosiers, Léo-Paul », L'encyclopédie canadienne,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. Imbert Patrick, « Les Engagés du Grand Portage ou la libre entreprise », Lettres québéçoises, no 49,‎ (ISSN 0382-084X et 1923-239X, lire en ligne, consulté le )
  5. Réginald Hamel, Paul Wyczynski et John Hare, Dictionnaire des auteurs de langue française en Amérique du Nord, Fides, (ISBN 978-2-7621-1475-1, OCLC 21163604), p. 410
  6. Julia Richer, Léo-Paul Desrosiers, Ottawa, Fides, (lire en ligne), p. 24
  7. François Séguin, D'obscurantisme et de lumières : la bibliothèque publique au Québec, des origines au 21e siècle, Montréal, Québec, Hurtubise, (ISBN 978-2-89723-880-3, OCLC 951222684, lire en ligne), p. 502
  8. a et b Léo-Paul Desrosiers, « Bibliothèques, Ontario et Québec », Relations,‎ , p. 202-205 (lire en ligne)
  9. Juliette Chabot, « L'oeuvre de L.P. Desrosiers à la Bibliothèque municipale », Le Devoir,‎ , p. 5 (lire en ligne)
  10. Marie D. Martel, Andrée Lévesque et Camille-Hélène St-Aubin, « Ré-appropriation par les femmes de l’histoire des bibliothèques québécoises », Congrès des professionnels de l'information,‎ (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Julia Richer, Léo-Paul Desrosiers, Ottawa, Fides, Coll. « Écrivains canadiens d'aujourd'hui », 1966, 190 p.
  • Gilles Gallichan, Le troisième Fauteuil : Ægidius Fauteux, Léo-Paul Desrosiers, Luc Lacourcière, in Les Cahiers des dix, (51), 55–76.
  • Réginald Hamel et al. (dir.), Léo-Paul Desrosiers, in Dictionnaire des auteurs de langue française en Amérique du Nord, Ottawa, Fides, 1989, 410-411.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]