Khemaïs Chammari — Wikipédia

Khemaïs Chammari, né le à Tunis et mort le , est un homme politique, défenseur des droits de l'homme et diplomate tunisien, condamné maintes fois à de la prison par le régime du président Zine el-Abidine Ben Ali.

Biographie[modifier | modifier le code]

Militant et opposant au régime[modifier | modifier le code]

Diplômé en sciences économiques et en sociologie[1], il milite, dès 1963 lors d'un colloque à Florence, pour la paix au Moyen-Orient grâce à un dialogue entre juifs et musulmans[2].

Il décide rapidement de combattre la dictature tunisienne, devenant secrétaire général de la Ligue tunisienne des droits de l'homme, puis son vice-président (1982-1994), avant d'assumer le rôle de vice-président de la Fédération internationale pour les droits humains (1982-1992)[1],[3].

Politiquement, il adhère d'abord au mouvement Perspectives tunisiennes[4], puis aux Mouvement des démocrates socialistes.

À partir de 1984, il s'oppose publiquement à la peine de mort[2].

Craint par le gouvernement tunisien, il est arrêté à cinq reprises entre 1966 et 1987[2].

Il est élu député de l'opposition démocratique tunisienne en 1994. Le , la Chambre des députés vote la levée de son immunité parlementaire. Il est arrêté le , puis jugé le , déclaré inéligible et condamné à cinq ans de prison sous prétexte d'avoir dévoilé à l'étranger un secret national concernant le procès de l'opposant Mohamed Moada. En prison, il est privé de soins médicaux et d'informations sur ce qui se passe à l'extérieur[5],[6]. Soumis à une forte pression internationale[2], le gouvernement le relaxe et le libère le en même temps que Moada, sous prétexte de détérioration de leur état de santé[7],[8].

Il s'exile en 1997 et retourne en Tunisie en 2004[1]. Il est dès lors membre du conseil d'administration de EuroMed Droits[9].

En , peu avant une réunion de chefs d'État arabes à Alger, il est refoulé du territoire algérien à cause de ses liens supposés avec des terroristes islamistes algériens[10]. Le , il réunit des responsables de différentes associations et partis politiques tunisiens pour créer un groupe d'opposition au président Zine el-Abidine Ben Ali, dominé par des islamistes. Il organise alors une grève de la faim qui dure 32 jours. Cependant, cet événement a pour conséquence une meilleure visibilité internationale des islamistes de Rached Ghannouchi et leur rapprochement temporaire avec les proches de Ben Ali[11].

En , il présente à la presse des propositions de textes concernant l'égalité de genre et la liberté de conscience[10].

Parcours après la révolution[modifier | modifier le code]

En 2011, après la révolution qui renverse Ben Ali, il est nommé ambassadeur de la Tunisie auprès de l'Unesco, où il reste deux ans[1].

En 2014, il souhaite être élu président de l'Instance vérité et dignité chargée d'enquêter sur les violations des droits de l'homme en Tunisie. Toutefois, il se rallie ensuite à la candidature de Sihem Bensedrine[1].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Il est marié à Alya Cherif Chammari, avocate au barreau de Tunis. Ils sont les parents d'Ali et de Fatma, architecte[4].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Myriam Ben Zineb, « Mort de Khemaïes Chammari : la Tunisie perd l'une de ses grandes figures », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
  2. a b c d et e (en) « Khémaïs Chammari », sur nuernberg.de (consulté le ).
  3. « Khemaies Chammari, le Kissinger tunisien », Le Nouvel Observateur,‎ (ISSN 0029-4713, lire en ligne, consulté le ).
  4. a et b Hedy Belhassine, « Khemaïs Chammari, militant tunisien », sur blogs.mediapart.fr, (consulté le ).
  5. (en) « Tunisia: Further information on: legal concern / prisoner of conscience: Khemais Chammari », sur amnesty.org, (consulté le ).
  6. (en) « Case n°TUN/05 - Khemais Chammari - Tunisia », sur archive.ipu.org, (consulté le ).
  7. (en) « Tunisia Report on Human Rights Practices for 1996 », sur 1997-2001.state.gov, (consulté le ).
  8. « Le retour de Chammari », Jeune Afrique,‎ (ISSN 1950-1285, lire en ligne, consulté le ).
  9. « Décès du militant des droits de l'Homme Khémaïes Chammari », sur mosaiquefm.net, (consulté le ).
  10. a et b « Campagne de diffamation à l'encontre de M. Khémaïs Chammari », sur omct.org, (consulté le ).
  11. Frida Dahmani, « Tunisie : le Mouvement du 18 octobre 2005, 10 ans après », Jeune Afrique,‎ (ISSN 1950-1285, lire en ligne, consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]