Khaled Kelkal — Wikipédia

Khaled Kelkal
Terroriste islamiste
Image illustrative de l’article Khaled Kelkal
Khaled Kelkal, portrait d'après une photographie d'identification.
Information
Naissance
Mostaganem (Algérie)
Décès (à 24 ans)
Vaugneray (France)
Cause du décès Tué par balles par l'EPIGN
Nationalité Algérien
Allégeance Groupe islamique armé
Attentats Attentats de 1995 en France
Attentat du RER B à Saint-Michel
Victimes 8 morts et 148 blessés
Période 11 juillet 1995-29 septembre 1995

Khaled Kelkal (en arabe : خالد كلكال), né le à Mostaganem en Algérie et abattu le à Vaugneray, est un terroriste islamiste algérien membre du Groupe islamique armé (GIA) et le principal responsable de la vague d'attentats commise en France à l'été 1995[1].

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Né le à Mostaganem en Algérie, en 1973[2], il émigre avec sa mère à Vaulx-en-Velin dans la banlieue lyonnaise pour vivre avec son père Abdelkader, en France depuis 1969, ouvrier spécialisé dans une usine de Vénissieux, sa sœur et ses deux frères. Il habite aux Barges, avenue Paul-Marcelin, dans une HLM datant du début des années 1960[3].

Élève au collège Les Noirettes, il a un bon niveau scolaire qui lui permet d'être admis en seconde au lycée La Martinière Monplaisir de Lyon en 1988. En 1989, il passe en première F6 Chimie[4]. Il ne s'y sent pas à l'aise : « C'était plus ça, et ça m'a pas plu. J'ai pas tenu. J'avais les capacités de réussir, mais j'avais pas ma place, parce que je me disais : l'intégration totale, c'est impossible ; oublier ma culture, manger du porc, je ne peux pas. Eux, ils n'avaient jamais vu dans leur classe un Arabe, comme ils disent […] et, quand ils m'ont connu, ils m'ont dit : « Tu es l'exception. » […] Au lycée, dans ma classe, il y avait que les riches. »[5].

Il subit par ailleurs l'influence d'un frère aîné, Nourredine, condamné en 1990 à douze ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de la Loire, et incarcéré à la maison centrale d'Ensisheim (Haut-Rhin) pour vol à main armée[6]. Il se détourne alors de ses études et tombe dans la délinquance[7]. En , il est interpellé, soupçonné d'avoir participé à trois reprises à des casses à la voiture bélier. Il est inculpé puis incarcéré pendant six mois à la prison Saint-Paul de Lyon[8]. Niant les faits, il est remis en liberté sous contrôle judiciaire en . Il ne peut alors se réinscrire au lycée[9]. Il est condamné le à trois ans de prison dont six mois avec sursis pour complicité de vols à la voiture bélier. Deux mois plus tard, en appel, sa peine est portée à quatre ans de prison ferme[10].

Rencontre avec les milieux islamistes[modifier | modifier le code]

Durant sa peine, Khaled Kelkal rencontre des religieux islamistes, apprend l'arabe et se radicalise[7]. Sa détention dure du au [11]. Il y rencontre un autre prisonnier surnommé « Khelif ». Ce dernier est un islamiste qui avait quitté la France pour échapper à la prison mais qui a été condamné à sept ans de détention après y être revenu. En prison, Khelif tente de recruter des Algériens en perdition pour commettre des actes terroristes en Algérie.

Contre l'avis du parquet, un juge autorise alors son placement dans une entreprise de bureautique et Khaled Kelkal obtient sa liberté conditionnelle. Il retourne à Vaulx-en-Velin et entreprend en une formation de conducteur d'appareils dans l'industrie chimique[4]. Il apprend le Coran, fréquente la mosquée Bilel, dans le quartier de la Grappinière[12] et se lie aux milieux islamistes. Il fait la connaissance d'Ali Touchent, soupçonné d'être un agent recruteur des services secrets algériens[13] (salarié mensuellement par « l'organisme payant les policiers algériens », il échappera à toute arrestation ; et l'Algérie n'annoncera qu'un weekend de sa mort violente le dans un hôtel surveillé d'Alger[14]). En 1993, celui-ci lui confie plusieurs missions en Algérie pour livrer des armes, de l'argent et des documents. Il en revient « fanatisé »[15] : « Il disait qu'on était dans l'errance, qu'on n'était pas de bons musulmans. Il m'a frappée plusieurs fois et m'a menacée de mort s'il me voyait avec quelqu'un. »[16] déclarera l'amie de Kelkal.

Terrorisme islamiste en France[modifier | modifier le code]

Le , Khaled Kelkal est impliqué dans l'assassinat de l'imam Sahraoui, dans sa mosquée à Paris. Sahraoui est considéré comme un modéré par rapport au GIA [réf. nécessaire]. Le , il participe à une fusillade contre des gendarmes à Bron avec son ami Karim Koussa. Le , il est impliqué avec Boualem Bensaïd, dans le groupe qui pose une bombe à la station Saint-Michel - Notre-Dame de la ligne B du RER parisien. L'attentat fait huit morts et 117 blessés. Le , il est impliqué dans un autre attentat à la place de l'Étoile à Paris où une bombe blesse dix-sept personnes. Le , il est impliqué dans l'attentat raté contre la ligne TGV Paris-Lyon, où ses empreintes digitales sont relevées sur une bombe qui n'explose pas[17]. Malgré la traque dont il fait l'objet, Khaled Kelkal parvient à commettre encore deux attentats :

  • le , une bombe bourrée de clous heureusement défectueuse explose sur le marché Richard Lenoir dans le 11e arrondissement de Paris et fait quatre blessés ;

Décès et polémique[modifier | modifier le code]

Depuis le début des attentats, le ministre de l'Intérieur est sur le pied de guerre. Jean-Louis Debré tient trois réunions quotidiennes avec la Police judiciaire, les Renseignements généraux, la Direction de la Surveillance du territoire. Le [18], 170 000 affiches signalétiques représentant Khaled Kelkal sont diffusées dans toute la France. Khaled Kelkal est en cavale. Il est repéré le dans la forêt de Malval, dans les monts du Lyonnais, par des cueilleurs de champignons. Les gendarmes sont reçus par des tirs de fusil à pompe tirés par Karim Koussa, qui est blessé, tandis que Kelkal s'enfuit.

Le , Khaled Kelkal est localisé près de Lyon, au lieu-dit « Maison Blanche » à Vaugneray. Il est interpellé par une équipe de huit gendarmes, pour l'essentiel membres de l'Escadron parachutiste d'intervention de la Gendarmerie nationale, et alors qu'il tente de résister un revolver à la main, il est abattu par les forces de l'ordre[19].

La mort de Kelkal est filmée par une équipe de télévision, des journalistes de M6 et France 2 ayant suivi les gendarmes à leur sortie rapide de la gendarmerie[20]. Les journaux de TF1 et France 2 se livrent à une débauche de sensationnalisme[21]. Une polémique naît sur les conditions exactes de sa mort. Alors qu'il est à terre et blessé, un gendarme crie à l'un de ses collègues « Finis-le, finis-le »[19]. Cependant, il semble que Kelkal, blessé aux jambes, continue à viser les gendarmes avec son arme de poing[22].

Le , Kelkal est enterré dans un caveau du cimetière de Rillieux-la-Pape[23].

Théâtre[modifier | modifier le code]

En est créée par la Compagnie du Théâtre en Bransle une pièce de théâtre de François Durègne et David Psalmon, intitulée Moi, Khaled Kelkal inspirée de l'interview de Kelkal par le sociologue allemand Dietmar Loch[24]. En , l'affiche du spectacle est interdite par la municipalité de Mulhouse car jugée « de nature à choquer de nombreux Mulhousiens et à créer un trouble à l'ordre public »[25]. À l'automne 2006, Roger des Prés monte sa propre adaptation théâtrale intitulée Khaled Kelkal, une expérience de la banlieue[26] coproduit par le Théâtre des Amandiers[27].

Musique[modifier | modifier le code]

Le rappeur français Rohff fait brièvement référence à Khaled Kelkal dans le titre Rohff vs L'État, extrait de l'album Le Code de l'honneur (1999) : « Armé jusqu'aux dents, jamais j'm'avoue vaincu, comme Khaled Kelkal, à mes trousses j'ai l'État, mon principal rival, entre nous y'a pas d'rapport amical, ça s'annonce radical, j'suis prêt à mourir pour ma cause, parce-que l'amour me recale, j'ai l'shaytan qui m'propose plein d'choses… »[28].

Le groupe Tandem y fait également brièvement référence dans le titre Vécu de poissard, extrait de l'album C'est toujours pour ceux qui savent (2005) : « Sache que j'n'envisage en aucun cas d'finir à la Khaled Kelkal»[29].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Documentaires télévisés[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Marie Pontaut, « Itinéraire d'un terroriste », l'Express, (consulté le ), p. 1.
  2. «Mohamed Merah ressemble beaucoup à Khaled Kelkal», sur Bibliobs, (consulté le ).
  3. « Le vivier des banlieues », sur www.lexpress.fr, (consulté le ).
  4. a et b « Archives - Le Point.fr », sur Le Point.fr (consulté le ).
  5. « «Moi j'espère, Inch Allah, retourner dans mon pays»En octobre 1992, Khaled Kelkal avait été longuement interviewé par un universitaire allemand. », sur Libération.fr (consulté le ).
  6. Franck, Johnnanes, « L'avocat du frère de Khaled Kelkal réclame l'abrogation de son arrêté d'expulsion » sur Libération, 29 septembre 1995
  7. a et b « Magazine Digital - L'Obs », sur hebdo.nouvelobs.com (consulté le ).
  8. « Les visages cachés d'un gamin de banlieue. La vie de Kelkal, lycéen «intelligent» puis petit délinquant, présente des zones d'ombre. », sur Libération.fr (consulté le ).
  9. Laurent Muller, LE SILENCE DES HARKIS, Editions L'Harmattan, , 240 p. (ISBN 978-2-296-38809-3, lire en ligne).
  10. a et b Khaled Kelkal Itinéraire d'un terroriste, L'Express.fr, 26 septembre 1996.
  11. (en) Robert Leiken, Europe's Angry Muslims : The Revolt of The Second Generation, Oxford University Press, USA, , 368 p. (ISBN 978-0-19-975262-1, lire en ligne).
  12. « La Vie - Standard », sur www.lavie.fr (consulté le ).
  13. France-Algérie, crimes et mensonges d'État, Lounes Agoun et Jean-Baptiste Rivoire, éditions La Découverte.
  14. José Garçon, « L'intrigant parcours d'Ali Touchent, mort à Alger », Libération, 5 octobre 2002.
  15. « Les réseaux des attentats de 1995 devant les juges. Kelkal, un portrait sur procès-verbal. Des prévenus absents à l'audience ou avares d'arguments. », sur Libération.fr (consulté le ).
  16. « L'amie de Kelkal se contredit et enfonce Karim Koussa », sur Libération.fr (consulté le ).
  17. « Alors qu'une vingtaine de personnes étaient toujours en garde à vue hier, un avis de recherche a été lancé contre un jeune Algérien de la banlieue de Lyon Les enquêteurs identifient l'un des auteurs présumés de l'attentat raté contre le TGV », sur Libération.fr, (consulté le ).
  18. « La crainte d'un terrorisme de proximité. Depuis les derniers attentats, les enquêteurs redoutent d'avoir affaire à plusieurs «petits Kelkal». », sur Libération.fr (consulté le ).
  19. a et b Bernard Fromentin et Franck Johannes, « La bande-son de la fin de Khaled Kelkal. Sur une vidéo de M6 une voix dit «Finis-le, finis-le» avant le coup mortel. », Libération,‎ (lire en ligne)
  20. « JA2 20H : émission du 30 septembre 1995 », sur Ina.fr, (consulté le ).
  21. Thomas Deltombe, L'islam imaginaire, La Découverte, , p. 135
  22. Faites entrer l'accusé : Saison 7 ep 03) Khaled Kelkal « Ennemi public no 1 »
  23. « Ce qu'une prof reproche au ministre », sur L'Humanité (consulté le ).
  24. « Moi, Khaled Kelkal », sur Les Archives du Spectacle (consulté le ).
  25. « Mulhouse, Khaled Kelkal à l'affiche interdite. », sur Libération.fr (consulté le ).
  26. « Khaled Kelkal , une expérience de la banlieue, à Nanterre | Blog | Le Club de Mediapart », sur Club de Mediapart (consulté le ).
  27. « Le mal-être de Kelkal, sujet de spectacle et... de réflexion », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  28. « Rohff – Rohff vs L'État : Lyrics », sur genius.com
  29. Paroles, sur genius.com
  30. « Migration en cours », sur www.letemps.ch (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]