Jour de colère (manifestation) — Wikipédia

Jour de colère est une manifestation anti-gouvernementale organisée le à Paris autour de plusieurs mots d'ordre : contre l'équitaxe, contre la politique fiscale du gouvernement Hollande, contre l'accès au mariage et à l'adoption pour les couples homosexuels[1],[2], pour la restauration de la liberté d'expression, contre la politique migratoire[2], ainsi que pour la démission du président de la République François Hollande.

Le mouvement des « ananas » initié par l'humoriste et militant politique Dieudonné est aussi présent en fin de cortège[3], associé à la pratique par certains manifestants du geste de la quenelle[1].

Le défilé s'est progressivement transformé en affrontement entre les manifestants et les forces de l’ordre, et a occasionné 250 gardes à vue[2]. La teneur antisémite, négationniste et raciste de certains slogans a été relevée et condamnée.

Présentation[modifier | modifier le code]

Les divers groupes présents à la manifestation sont, pour la plupart, des mouvements liés à la contestation du « mariage gay » : il s'agit notamment du mouvement intégriste Civitas, de Riposte laïque, des partisans du polémiste Alain Soral, du Collectif pour l'enfant, du Collectif Famille Mariage, ainsi que des groupes d'opposants à la présidence de François Hollande[4]. « Hollande démission » est le slogan le plus entendu[1].

Les revendications du collectif organisateur portent sur huit thèmes : fiscalité, jeunesse, famille, chômage, artisans-commerçants-paysans, croyance et liberté d'expression[4]. À cela s'ajoute le thème de l'écologie et de l'environnement par la présence parmi les collectifs organisateurs de celui de L'écologie humaine[5][source insuffisante].

Les participants disent protester contre le matraquage fiscal[6], contre le « racket fiscal »[6], contre l'Union européenne et contre « les partis de l'oligarchie, de droite comme de gauche »[1].

Déroulement[modifier | modifier le code]

La police recense 17 000 participants, tandis que les organisateurs en revendiquent 160 000[7],[1].

Dans son compte rendu de la manifestation, Le Monde, en collaboration avec l'Agence France-Presse, relève que « le défilé est très hétéroclite : catholiques, "hommens", travailleurs frontaliers avec la Suisse et manifestants contre l'"équitaxe" côtoient des drapeaux de La Manif pour tous et des slogans anti-fiscalité, mais aussi, plus marginaux, des ultra-nationalistes ou des admirateurs de l'humoriste Dieudonné[1]. »

Des slogans antisémites et homophobes ont été proférés durant la manifestation tandis que des heurts ont eu lieu sur le trajet de la manifestation[1].

Commentaires[modifier | modifier le code]

Pour Abel Mestre et Caroline Monnot, « c’est la première fois depuis longtemps, qu’une extrême droite, pour le moins éclatée, mobilise autant. C’est encore la première fois depuis longtemps, que des slogans antisémites, négationnistes sont scandés de manière totalement assumée dans un défilé de cette importance. Sans compter les mots d’ordre violents visant les journalistes et les homosexuels. C’est la première fois, enfin, que l’ultra-droite, dans ses composantes les plus radicales et les plus racistes, cohabite sans heurt dans un même cortège avec des militants plus métissés, issus de la « Dieudosphère », sous le mot d’ordre de « la liberté d’expression »[7].

Selon France Info, cette manifestation s'inscrit dans la montée de l'antisémitisme observée en France durant les années 2010[8]. Pour l'historien Pierre Birnbaum, qui consacre un ouvrage à l'événement, celui-ci constitue « un nouveau moment antisémite » et « révèle une alliance incertaine qui se noue entre catholiques intransigeants, extrême droite nationaliste et certains jeunes issus fréquemment de l’immigration nord-africaine dans une commune détestation des Juifs considérés comme pervertisseurs de la nation et oppresseurs des peuples »[9].

Condamnations[modifier | modifier le code]

L'UMP, par la voix de son président Jean-François Copé, condamne les débordements : « Ce que nous avons vu hier n’a rien à voir avec l’idée que je me fais de la République. Manifester, bien sûr, est un droit, en revanche, casser, proférer des slogans racistes et antisémites, c’est un délit. Ce qui s’est passé hier était évidemment condamnable »[2].

Alors que le « Conseil représentatif des institutions juives de France condamne dès le lendemain les slogans racistes et antisémites entendus dans le cortège », l'un des neuf membres du collectif resté anonyme indique dans une interview publiée par Le Figaro que, selon lui, ces slogans sont « l'œuvre d'individus isolés » et que le collectif les condamne ; il affirme que la radicalité n'a concerné que « quelques dizaines d'individus par rapport aux milliers d'autres »[3].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g Le Monde.fr avec AFP, « Manifestation hétéroclite à Paris pour le "Jour de colère" », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  2. a b c et d « Jour de colère : la manifestation vire à l'affrontement », publié le sur le site de Valeurs actuelles.
  3. a et b Julien Licourt, « "Jour de colère" : les organisateurs envisagent une nouvelle manifestation », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  4. a et b « Jour de colère : les dessous du rassemblement des anti-Hollande », par Adrien Sénécat, publié le sur le site de L'Express.
  5. « L'écologie humaine », sur ecologiehumaine.eu, .
  6. a et b « Jour de Colère », .
  7. a et b Abel Mestre et Caroline Monnot, « La défaite politique de "Jour de colère" »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur droites-extremes.blog.lemonde.fr, (consulté le ).
  8. « VIDEO. L'antisémitisme est-il de retour en France ? », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  9. Birnbaum 2015