Joseph Hackin — Wikipédia

Joseph Hackin
Archéologue
Image illustrative de l’article Joseph Hackin
Joseph Hackin (1932), portrait de Alexandre Iacovleff.
Présentation
Naissance
Boevange-sur-Attert
Décès (à 54 ans)
près des Îles Féroé, en mer
Nationalité Drapeau de la France France
Drapeau du Luxembourg Luxembourg
Entourage familial
Conjoint Ria Hackin

Joseph Hackin, né le à Boevange-sur-Attert (Luxembourg) et mort le en mer lors du torpillage de son bateau près des îles Féroé[1], est un archéologue français d'origine luxembourgeoise, résistant, compagnon de la Libération.

Le musée Guimet[modifier | modifier le code]

La maison natale de Joseph Hackin à Boevange-sur-Attert au Luxembourg.

Fils d'un cocher, Joseph Hackin effectue ses études en France, dans un collège privé à Dreux, puis à Paris, où il obtient les diplômes de l'École des langues orientales et de l'École libre des sciences politiques. En 1907, il est secrétaire de l'industriel Émile Guimet[2], mécène passionné par les civilisations orientales, qui créera à Paris le musée portant toujours son nom.

Le musée Guimet aujourd'hui à Paris.

En 1907 également, il s'inscrit à l'École pratique des hautes études, dont il sort diplômé en 1912. Il y apprend le sanskrit et le tibétain[3].

En 1912, Hackin obtient la nationalité française. L'année suivante, il est nommé conservateur adjoint du musée Guimet.

Mobilisé en 1914 comme simple soldat, blessé à trois reprises, il termine la guerre comme lieutenant, commandant de compagnie. Il a été fait chevalier de la Légion d'honneur, et il est titulaire de la croix de guerre 1914-1918 et d'une décoration roumaine.

Bien que blessé trois fois pendant la guerre, il soutient sa thèse en 1916[3].

Démobilisé, il reprend ses activités et ses travaux au musée Guimet, dont il devient conservateur en 1923.

L'archéologue[modifier | modifier le code]

L'essentiel de la carrière de Joseph Hackin, entre les deux guerres, se partage entre Paris, l'Afghanistan et l'Extrême-Orient.

À Paris, il est secrétaire d'Emile Guimet puis nommé conservateur en 1923. Il est docteur ès-lettres et assure des enseignements à l'École des hautes études et à l'École du Louvre. Parmi ses élèves se trouve Marie Parmentier (connue sous son surnom de Ria), femme d'origine luxembourgeoise, né en Moselle pendant son occupation allemande[3], qui devient son épouse et sa collaboratrice. Elle est couramment appelée « Ria » (contraction de Marie/Hackin), y compris dans certaines publications[4].

En Afghanistan, il effectue, en 1923, une première mission à Bâmiyân au côté d André Godard et de son épouse Yedda. Il épouse Ria en 1928, qui le suit alors dans presque tous ses voyages[3]. Il effectue une deuxième mission en 1929 sur le même site et l'étend jusqu'à Karak ainsi qu'à Begrâm (l'antique Kapissa, qui fut probablement la capitale d'été des rois kouchans). Il est le seul, avant 2002 à avoir réalisé des fouilles dans la falaise aux bouddhas (grotte G). Il repasse sur les lieux avec la croisière jaune en 1931. À son retour en France en 1934, il expose dans les salles du musée Guimet les antiquités issues de ses fouilles. À Begram, Ria Hackin met au jour en 1937, sous sa direction, un exceptionnel trésor (dit de Begrâm) d'incunables de l’ivoirerie indienne[3], dont une partie est conservée au musée Guimet[5].

Ivoires du trésor de Begram (musée Guimet).
Dédicace à Alfred Coville, signature de Joseph Hackin, 1934.

Joseph Hackin dirige la maison franco-japonaise de Tokyo, de 1930 à 1933 . En 1934, il est nommé directeur de la Délégation archéologique française en Afghanistan (DAFA) ; il a pour adjoint l'architecte Jean Carl, avec lequel il collabore depuis 1928. Hackin entretient les meilleurs rapports avec les hautes autorités afghanes, qui facilitent ses recherches et ses déplacements. Grâce au véhicule tout terrain « Laffly S15 T » qu'il a acquis pour la DAFA, il effectue, parallèlement à ses recherches à Bâmiyân et Begram, de nombreuses reconnaissances archéologiques en Afghanistan.

La France libre[modifier | modifier le code]

Mobilisé sur place en 1939, à la légation de France à Kaboul, comme capitaine, puis commandant, il dépend de l'état-major du théâtre d'opérations du Moyen-Orient (Beyrouth). Dès le , il télégraphie son ralliement au général de Gaulle. Arrivé à Londres en , il est chargé de coordonner les relations entre divers comités de la France libre de par le monde. De son côté, son épouse Marie Hackin rejoint le Corps des Volontaires françaises de la France libre, avec le grade de sous-lieutenant.

En , le général de Gaulle nomme Joseph Hackin délégué de la France libre en Inde (et dans les régions environnantes). Hackin et sa femme s'embarquent sur le cargo Jonathan Holt, qui est torpillé le près des îles Féroé[6]. Tous deux périssent dans ce naufrage. En apprenant la nouvelle, son adjoint l'architecte également d'origine luxembourgeoise Jean Carl, qui leur est profondément attaché et les a suivis à Londres, se suicide[7].

Joseph et Marie Hackin ont été nommés compagnons de la Libération à titre posthume par le général de Gaulle (décret du ).

Le nom de Marie et Joseph Hackin a été donné à une rue du quartier Kirchberg, à Luxembourg et à une rue du 16e arrondissement de Paris.

Décorations principales[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Formulaire sanscrit-tibétain du Xe siècle, édité et traduit par Joseph Hackin, Librairie orientaliste Paul Geutner, Paris, 1924.
  • Recherches Archéologiques en Asie Centrale (1931) : vol. 1.
  • Nouvelles recherches archéologiques à Bāmiyān, avec la collaboration de J. Carl, Paris, G. Van Oest, 1933, 92 p. (Mémoires de la délégation archéologique française en Afghanistan, t. III) Nouvelles recherches archéologiques à Bāmiyān : vol. 1
  • Recherches archéologiques au col de Khair Khaneh, près de Kābul, avec la collaboration de J. Carl, Paris, Éditions d'art et d'histoire, 1936, 39 p. (Mémoires de la Délégation archéologique française en Afghanistan, t. VII).
  • Diverses recherches archéologiques en Afghanistan: 1933-1940, avec la collaboration de J. Carl et J. Meunié ; avec des études de Roman Ghirshman et Jean-Claude Gardin, avant-propos par Philippe Stern. Paris, Presses universitaires de France, 1959, 141 p. (Mémoires de la Délégation archéologique française en Afghanistan, t. VIII).
  • Recherches archéologiques à Begram : chantier no 2 (1937), avec la collaboration de Marie Hackin, Paris, Les Éditions d'art et d'histoire, 1939, 2 vol. (Mémoires de la délégation archéologique française en Afghanistan, t. IX).
  • Nouvelles recherches archéologiques à Begram : ancienne Kâpici : 1939-1940, avec la collaboration de Marie Hackin, J. Carl et P. Hamelin ; études comparatives par J. Auboyer, V. Elisséeff, et al. (avant-propos par Alfred Foucher, René Grousset, Philippe Stern), Paris, Presses universitaires, 1954, 2 vol. (Mémoires de la Délégation archéologique française en Afghanistan, t. XI).
  • Les Combattants de l'aube. les Compagnons de la Libération d'origine lorraine, Jérôme Estrada de Tourniel, Éditions Serpenoise, 2014. Si lui est Luxembourgeois, elle est Mosellane. Un chapitre de cet ouvrage leur est consacré.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Jonathan Holt (British Steam merchant) - Ships hit by German U-boats during WWII - uboat.net », sur uboat.net (consulté le )
  2. L'entreprise de la famille Guimet a donné naissance au groupe Pechiney.
  3. a b c d et e « De l’Asie à la France libre », sur Musée Guimet
  4. Outre ses collaborations avec son mari, elle est l'auteur, avec Ahmad Ali Kohzad, de Légendes et coutumes d'Afghanistan, Paris, PUF, ouvrage publié en 1953.
  5. Suivant accord signé dans les années 1920 entre les autorités afghanes et françaises (représentées par Alfred Foucher), une partie du trésor de Begram est conservé au musée Guimet. Les collections du Musée national afghan de Kaboul ont été en parties détruites par les talibans.
  6. Le torpillage eut lieu par 61° 10'N, 11° 55'W ; voir aussi : http://warsailors.com/forum/read.php?1,12162,15321#msg-15321
  7. Bernard Dupaigne, Gilles Rossignol, Le guide de l'Afghanistan, Lyon, La Manufacture, 1989, p. 210.
  8. « Joseph HACKIN », sur Musée de l'Ordre de la Libération (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]

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