Inspection générale des finances (France) — Wikipédia

Inspection générale des finances
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IGFVoir et modifier les données sur Wikidata
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Chef
Marie-Christine Lepetit (d) (depuis ), Jean Bassères (depuis ), Jean-Louis Rouquette (d) (depuis ), Catherine Sueur (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
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L’Inspection générale des finances (IGF) est un service d'inspection interministériel français. Elle forme un des grands corps de l'État.

L'IGF dispose de pouvoirs importants (contrôle sur pièces et sur place, rapports sur des sujets divers, etc.) et d'une large autonomie, avec un caractère interministériel très affirmé, sous la tutelle du ministre de l'Économie et des Finances et du ministre du Budget, des Comptes publics, de la Fonction publique et de la Réforme de l'État. Son chef est nommé par le président de la République, sur proposition de son ministre des Finances.

Contrairement aux organes de contrôle externe tels que la Cour des comptes, l'IGF n'est pas indépendante du pouvoir exécutif.

Sa mission principale est de contribuer à une gestion rigoureuse et efficace des finances publiques et depuis 2006 à la modernisation de l’administration.

Histoire[modifier | modifier le code]

Les membres de l'IGF sont issus des vérificateurs généraux du Trésor de 1800, des inspecteurs généraux du Trésor de 1801 et sont dotés par arrêté du du ministre des Finances, le comte Mollien, d’attributions permanentes de surveillance et d’enquête ainsi que d’une organisation en véritable corps.

Sous la Restauration, l’arrêté du 25 mars 1816 de Joseph-Dominique Louis dit « baron Louis », ministre des Finances, réunit les inspecteurs généraux des contributions directes et du cadastre avec les inspecteurs généraux du Trésor en une seule et même inspection, sous la dénomination d’Inspection générale des Finances[1].

Composition et effectifs[modifier | modifier le code]

Le corps des inspecteurs des finances est constitué d'environ 260 membres dont 70 inspecteurs.

En 2007 l'IGF disposait de 41 inspecteurs généraux des finances (40 membres de la « tournée », dont 25 inspecteurs des finances), 231 inspecteurs des finances en activité à l'IGF et dans d'autres structures, avec 110 missions effectuées dans l'année (la durée moyenne d'une mission étant de 3 mois).

Chefs[modifier | modifier le code]

[…]

  • 1972-1980 : Daniel Dommel
  • 1980-1987 : Dominique Lewandowski
  • 1987-1997 : Pierre Gisserot
DirigeantsVoir et modifier les données sur Wikidata
IdentitéPériode
DébutFin
Thierry Bert (d)
Jean-Pierre Jouyet
Jean Bassères
Par intérim :
Jean-Louis Rouquette (d)
Marie-Christine Lepetit (d)
Catherine Sueur

Recrutement, grades, statut[modifier | modifier le code]

Le recrutement se faisait sur double concours jusqu'en 1946. L'examen d'aptitude au service de l'Inspection générale des finances fut mis en place par l'arrêté ministériel du [2].

Aujourd'hui, il se fait principalement à la sortie de l'ENA (4 ou 5 recrutements par an), bien que certains inspecteurs soient nommés par le pouvoir exécutif au « tour extérieur ». Les énarques sortis dans la « botte » (les douze à quinze premières places selon les années) choisissent fréquemment l'Inspection des Finances. Un recrutement complémentaire se fait au tour extérieur (procédure ouverte aux agents de l'État ayant plus de 10 ans d'expérience).

La titularisation dans le grade d'inspecteur des finances (1 à 2 inspecteurs par an) se fait après 18 mois de fonction, sur avis de la commission administrative paritaire de l'IGF.

Un décret de 2006[3]modifie les conditions de travail et de grade des inspecteurs, en prévoyant :

  • un doublement des nominations au grade d’inspecteur général au tour extérieur (embauche d’agents publics ayant exercé des responsabilités supérieures) ;
  • une simplification des classes dans le grade d’inspecteur ; le grade d'inspecteur comporte dorénavant 2 classes : la deuxième classe regroupe les « juniors » nommés à la sortie de l'ENA ; les « seniors », qui dirigent les missions d'enquête et d'audit deviennent inspecteurs de première classe ;
  • le développement de collaborations avec des cadres du secteur public, mais aussi du secteur privé (avec possibilité d’intégration dans le corps pour les plus aptes et les plus méritants de la première catégorie) ;
  • une augmentation des moyens d’audit par accueil de fonctionnaires de catégorie A qui seconderont les inspecteurs généraux et inspecteurs des finances.

Certains fonctionnaires effectuent leur mobilité statutaire à l'Inspection générale des finances et occupent pendant deux ans les mêmes fonctions qu'un inspecteur des finances, participant à des missions de tout type (inspection, évaluation, conseil ou assistance).

L'inspection générale des finances recrute une dizaine de stagiaires par an, rémunérés, qui assistent les inspecteurs dans leurs investigations.

Missions[modifier | modifier le code]

L'inspection générale des finances « opère un rôle de contrôle et de surveillance sur tous les agents des services extérieurs du ministère des Finances et des ordonnateurs secondaires des autres ministères, ainsi que des budgets annexes et des comptes spéciaux du Trésor »[4]

Ses missions sont multiples et se sont diversifiées avec le temps :

  • inspection et audit interne (9 % des missions en 2009) ;
  • évaluation d'organismes et de dispositifs publics (34 % des missions en 2009) ;
  • conseil aux autorités publiques (37 % des missions en 2009) ;
  • missions d'assistance (15 % des missions en 2009) à des parlementaires en mission ou des commissions spécifiques comme la commission Juppé-Rocard chargée de déterminer les priorités du grand emprunt ;
  • représentation dans d'autres entités administratives (par exemple l'IGF est représentée parmi les 9 membres de l'Autorité de la statistique publique), direction des administrations centrales, des cabinets ministériels (fonction technocratique).

Bien que sous la double tutelle du ministère de l'économie et du ministère du budget, l'Inspection générale des finances est interministérielle : le Premier ministre a commandé 20 missions à l'IGF en 2009, la présidence de la République 6 missions d'assistance et que 31 des 60 missions demandées par Bercy étaient cosignées par un autre ministre. Par ailleurs, 47 % des missions sont réalisées conjointement avec d'autres corps de contrôle.

L'IGF est également sollicitée à l'international[5], soit en appui de l'Assistance au développement des échanges en technologies économiques et financières (organisme qui coordonne l'action à l'étranger des ministères financiers), soit pour le compte du Fonds monétaire international ou de la Banque mondiale. Elle se donne aussi des missions de prospective et d'étalonnage pour « enrichir ses propositions des meilleures pratiques étrangères »[6].

L'IGF a participé à la révision générale des politiques publiques[6] de « modernisation des administrations », y compris hors de la sphère financière. C'est l'IGF qui était en 2007 missionnée pour définir le périmètre d'étude de la RGPP, mobilisant pour cela près des deux tiers des forces d'Inspection, afin notamment de diriger 13 des pôles de la RGPP et de participer à 19 pôles dont les pôles Développement des entreprises, Emploi Formation professionnelle, Famille Politiques de solidarité ; Santé Assurance maladie; Ville - Logement qui étaient des pôles transversaux… L'IGF a aussi participé aux Pôles ministériels Action extérieure de l'État ; Agriculture et Pêche ; Aide publique au développement ; Culture et communication / services du Premier-ministre ; Défense ; Écologie / Développement et aménagement durables ; Enseignement scolaire, Intérieur, Outre-mer, Justice, Administration pénitentiaire, Santé, solidarité et sports, Sécurité, Recherche et enseignement supérieur, Réseaux financiers.

Pour l'universitaire Frédéric Lebaron, l'inspection générale des finances constitue « le noyau dur » de la « doxa économique française » : « Les inspecteurs des finances continuent en effet, à travers le contrôle des positions et de la doctrine du ministère de l’Économie et des Finances, à cumuler des positions de pouvoir au sein de l’État et du système financier (à la tête des principales banques françaises), et revendiquent une autorité politique et économique qui prend la forme d’un discours à prétention universelle sur les enjeux économiques »[7].

Carrières offertes aux membres de l'Inspection générale des finances[modifier | modifier le code]

L'inspection a la réputation d'être un formidable accélérateur de carrière. La plupart des membres du corps poursuivent une carrière dans le service public, dans des administrations centrales de l'État (notamment à la direction générale du Trésor), dans des établissements publics, dans des autorités de régulation, dans des collectivités territoriales ou dans des organisations internationales.

Plus de 130 sur 333 inspecteurs ont travaillé dans un cabinet ministériel ou exercé un mandat politique[8].

Par exemple, sont des inspecteurs des finances :

Parmi les inspecteurs des finances exerçant ou ayant exercé un mandat politique électif ou des responsabilités ministérielles :

Critiques[modifier | modifier le code]

Sorte d'« élite de l'élite »[9], au sommet de la hiérarchie créée par la sélection à la française, l'Inspection des finances alimente nombre de suspicions et de critiques, justifiées ou exagérées, sur le caractère fermé et mandarinal du pouvoir en France. Dans les années 1990, les scandales financiers dont ont été victimes des entreprises à la tête desquelles se trouvaient des inspecteurs des finances (Vivendi avec Jean-Marie Messier, Alstom avec Pierre Bilger, Crédit lyonnais avec Jean-Yves Haberer, France Telecom avec Michel Bon) ont alimenté les critiques de l'institution.

L'IGF est également régulièrement critiquée pour être « un placard doré » et pour recaser les proches des politiques en fin de carrière[10].

Pantouflage[modifier | modifier le code]

Beaucoup d’inspecteurs des finances vont travailler dans le secteur privé[8], ce qui est susceptible de créer des conflits d'intérêts.

En 2017, une étude a reconstitué les parcours des 333 inspecteurs des finances : plus de 55 % travaillent ou ont travaillé dans le secteur privé ; et 34 % sont passés par le secteur bancaire à un moment donné de leur carrière[11].

Quelques inspecteurs des finances[modifier | modifier le code]

Parmi les inspecteurs des finances  :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « L'histoire de la création de l'IGF », sur igf.finances.gouv.fr (consulté le )
  2. Laurent Feller, Contrôler les agents du pouvoir, Presses Univ. Limoges, (lire en ligne), p. 80
  3. Décret n° 2006-1213 du 4 octobre 2006 modifiant le décret n° 73-276 du 14 mars 1973 relatif au statut particulier du corps de l'inspection générale des finances
  4. « Décret n° 2012-1466 du 26 décembre 2012 portant statut particulier du corps des cadres de santé paramédicaux de la fonction publique hospitalière », dans Concours Cadre de Santé 2017-2018, Elsevier, (ISBN 978-2-294-75492-0, lire en ligne), p. 162–167
  5. Élargissement des compétences par décret 4 décembre 2006
  6. a et b Présentation de l'IGF, sur le site internet de son ministère de tutelle, consulté 2010 12 28
  7. Frédéric Lebaron, « La croyance économique dans le champ politique français », Regards croisés sur l'économie, vol. 1, no 18,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. a et b Luc Rouban, « L’inspection générale des Finances 1958-2000 : quarante ans de pantouflage », Cahiers du Cevipof, vol. 31,‎ , p. 2-76 (lire en ligne)
  9. Ghislaine Ottenheimer, Les Intouchables : grandeur et décadence d'une caste : l'Inspection des Finances, Albin Michel, 2004.
  10. Ces fonctionnaires qui végètent dans les placards dorés de la République, challenges.fr, 25 avril 2013
  11. Agnès Rousseaux, « Ces énarques chargés de piloter la politique économique de la France qui préfèrent « pantoufler » dans les banques », sur Basta !, (en collaboration avec Alternatives économiques et soutenu par la Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l'Homme

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Ghislaine Ottenheimer, Les Intouchables : grandeur et décadence d'une caste, l'Inspection des Finances, Paris, Albin Michel, 2004.
  • Michel Bouvier, Marie-Christine Esclassan, Jean-Pierre Lassale, Finances publiques, 8e édition, L.G.D.J, 2006
  • Nathalie Carré de Malberg, Le grand état-major financier : les inspecteurs des Finances 1918-1946. Les hommes, le métier, les carrières, préface d'Olivier Feiertag, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, 2011, 710 pages, (ISBN 978-2-11-097522-5)
  • Fabien Cardoni, Nathalie Carré de Malberg, Michel Margairaz, Dictionnaire historique des inspecteurs des finances : 1801-2009 : dictionnaire thématique et biographique, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, 2012, 1131 pages (ISBN 2110975210)
  • Yvan Stefanovitch, Rentiers d’État, Paris, Éditions Du Moment, , 217 p. (ISBN 9782354174286, lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]