IIIe dynastie égyptienne — Wikipédia

IIIe dynastie égyptienne
Égypte

2750 AEC – 2675 AEC[1],[note 1]

Description de cette image, également commentée ci-après
Statue en calcaire de Djéser provenant du serdab du complexe funéraire du roi - Musée égyptien du Caire
Informations générales
Statut Monarchie
Capitale Memphis
Langue(s) égyptien ancien
Religion religion de l'Égypte antique
Histoire et événements
2750 AEC Avènement de Djéser ou Nebka
2675 AEC Fin du règne de Houni
Pharaon
2750-? AEC premier : Djéser ou Nebka
?-2675 AEC dernier : Houni

Entités précédentes :

Entités suivantes :

La IIIe dynastie de l'Ancien Empire d'Égypte est une dynastie relativement courte et obscure de l'histoire égyptienne, faisant la transition entre la période thinite et l'Ancien Empire (certains chercheurs, dont Toby A. H. Wilkinson[2], considérent cette dynastie comme la fin de la première période dynastique ; même si la majorité des chercheurs, dont Aidan Mark Dodson[3], la placent au début de l'Ancien Empire). La durée de la dynastie est incertaine, allant de 49 ans à 138 ans selon les chercheurs[4], tandis que le nombre de rois la composant est aussi l'objet de débats. Les figures emblématiques sont le roi Djéser et Imhotep, respectivement le commanditaire et l'architecte de la première pyramide d'Égypte.

Souverains de la IIIe dynastie égyptienne

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Sources contemporaines

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Les sources contemporaines sont relativement peu nombreuses et donnent plusieurs noms de rois. Si, pour les périodes ultérieures, la titulature royale égyptienne est codifiée et est composée de cinq noms, cela n'est pas encore le cas pour la IIIe dynastie : si le nom d'Horus (principal nom à cette période) est clair, un deuxième nom existe, accompagné du titre Nebty et, parfois mais pas systématiquement, du titre Nesout-bity (titre qui, aux périodes ultérieures, introduira le nom principal du roi dans un cartouche) ; le cartouche fait son apparition (les usages attribués à la IIe dynastie semblent être des contrefaçons ou des artefacts postérieurs mal datés[5]) à cette période, mais son usage et sa rareté font débats ; enfin, le nom d'Horus d'or avait déjà fait son apparition pendant la période thinite, mais son usage rare ne le rend pas déterminant quant à l'analyse du nombre de rois et de leur ordre de succession[6],[7]. De plus, ces noms ne donnent ne sont pas toujours clairement liés les uns aux autres. Enfin, certains artefacts sont sujets à débat, que ce soit pour leur datation ou, particulièrement quand ils sont à l'état fragmentaire, pour leur interprétation. Le seul roi dont la titulature est connue entièrement est Djéser.

Différentes attestations des rois ont été découvertes :

  • Netjerikhet (plus connu sous le nom de Djéser/Djoser, bien que ce nom soit postérieur)
  • Sekhemkhet :
  • Sanakht :
    • nom d'Horus : Sanakht (de multiples attestations dont des empreintes de sceaux trouvées dans une salle du coin nord-est du temple funéraire du complexe funéraire de Djéser et dans la tombe K2 de Beit Khallaf[9]),
    • cartouche : -ka ? (l'unique attestation est une empreinte de sceau, numérotée E 5251, trouvée dans le mastaba K2 de Beit Khallaf avec le nom d'Horus Sanakht)[10],[11]),
  • Khaba :
    • nom d'Horus : Khaba (de multiples attestations dont huit bols inscrits et trouvés dans le mastaba Z500 situé à deux-cents mètres au nord de la Pyramide à tranches à Zaouiet el-Aryan[12]),
    • nom d'Horus d'or : Netjer-Nebou (l'unique attestation est une empreinte de sceau, numérotée UC-11755, montrant le nom d'Horus et le nom d'Horus d'or)[13],
  • Djeseret-Ânkh-Nebty
  • Nebka :
    • nom en cartouche : Nebka (l'unique attestation contemporaine est l'un des titres du haut-fonctionnaire Akhetaâ, ayant exercé vers la fin de la IIIe dynastie : prêtre du roi Nebka ; mais ce titre est sujet à débat : Akhetaâ était-il un prêtre servant le culte du roi régnant ou celui d'un roi déjà décédé)[14],
  • Qahedjet :
    • nom d'Horus : Qahedjet (l'unique attestation est une stèle de provenance incertaine et aujourd'hui au Louvre (numéro E 25982)[15], mais son attibution à la IIIe dynastie n'est pas certaine, le document daterait en fait plutôt du règne de III qui, parmi ses divers noms d'Horus, avait bien celui de Qahedjet accompagné de l'épithèse Méry-Rê comme le montrent plusieurs obélisques[16],[17],[18]),
  • Houni :

Le tableau suivant peut donc être reconstruit :

Nom d'Horus Nom de Nebty Nom d'Horus d'or Nom en cartouche
Netjerikhet Netjerikhet-Nebty Nebou-Rê/Nebou -
Sanakht - - ...-ka[21],[22] ?
Sekhemkhet Hetep-Ren-Nebty[8] - -
Khaba - Netjer-Nebou[13] -
- Djeseret-Ânkh-Nebty[8] - -
- - - Nebka
Qahedjet ?[16] - - -
- - - Nisout-Hou (« Houni »)

Sources postérieures

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Papyrus Westcar
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Le papyrus Westcar, papyrus littéraire datant de la fin de la Deuxième Période intermédiaire mais dont le texte initial date du Moyen Empire au plus tôt, nomme quatre rois successifs : Djéser, Nebka, Snéfrou et Khoufou[5],[4],[14]. Cet ordre de succession Djéser-Nebka a fait partie de l'argumentaire de certains chercheurs, cet ordre étant contradictoire avec les sources du Nouvel Empire.

Papyrus Prisse
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Le papyrus Prisse, papyrus littéraire datant de la fin de la Deuxième Période intermédiaire mais dont le texte initial date du Moyen Empire au plus tôt, est composé de deux traités dont l'un se nomme les Préceptes de Kagemni, parlant du vizir Kagemni ayant exercé successivement sous Houni et Snéfrou[20].

Listes royales ramessides
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Trois listes ramessides citent les rois de la IIIe dynastie. Ces listes datent de plus d'un millénaire après les règnes de ces rois et plusieurs erreurs s'y sont glissées, sans compter qu'elles ne sont pas parfaitement concordantes les unes avec les autres.

Liste d'Abydos Table de Saqqarah Canon royal de Turin
Nebka - Nebka
Djésersa Djéser Djéserit
Téti Djésertéti Djéserti
Sedjes - Houdjefa
Néferkarê Nebkarê -
- Houni Houni

On remarque que le nom Nebka est placé en premier, contrairement au papyrus Westcar, ce qui n'est pas sa place certaine (voir ci-dessous). Si le nom de Djéser est facilement reconnaissable, les noms Néferkarê et Nebkarê ne renvoient à aucun nom connu de la IIIe dynastie[23] (peut-être que le nom de Nesout-bity de Sanakht, Sekhemkhet ou Khaba ressemble à Néferkarê), tandis que les noms Sedjes et Houdjefa exprime en réalité que le nom écrit sur la source ayant servi à élaborer ces listes est illisible[23]. Enfin, les noms Djéserti et Djésertéti (Téti pouvant en être un diminutif) rappellent le nom de Nebty Djeseret-Ânkh[24], qui fut longtemps attribué à Sekhemkhet, mais ceci doit être révisé[8]. Une chose est à noter, c'est que le nombre de rois listés est de cinq ou de quatre, ce qui est concordant avec les sources contemporaines.

Manéthon, écrivant au IIIe siècle av. J.-C., mentionne neuf autres rois (avec la durée de règne) : Necheróphes (28 ans), Tosorthrós (29 ans), Týreis (7 ans), Mesôchris (17 ans), Sôÿphis (16 ans), Tósertasis (19 ans), Achês (42 ans), Sêphuris (30 ans) et Kerpherês (26 ans)[25],[5]. L'association d'un nom grec avec un nom contemporain ou ramesside n'est pas chose aisée, sans compter qu'un tel nombre de neuf rois est très peu probable, malgré tout, certains égyptologues ont fait quelques propositions : Necheróphes est souvent associé au nom Nebka, Tosorthrós à celui de Djéser, Týreis à celui de Téti, Sôÿphis au pseudonyme Sedjes et Achês à celui d'Houni[25].

Fondateur de la dynastie

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Si Djéser est incontestablement à situer au début de la dynastie, sa place en tant que fondateur n'est pas certaine : les avis divergent suivant l'interprétation des éléments présenté ci-dessus, notamment concernant l'Horus Sanakht et le roi Nebka. Djéser est généralement vu comme le fils et successeur de Khâsekhemoui, ayant procédé à l'enterrement de ce dernier comme l'attestent les empreintes de sceaux dans la tombe de ce dernier. De plus, alors que la plupart des rois des Ire et IIe dynasties, y compris des rois obscures et inconnus par ailleurs, se trouvent dans les artefacts inscrits dans la tombe de Djéser à Saqqarah, le seul roi de la IIIe dynastie, hormis Djéser lui-même, cité dans le complexe funéraire du souverain est Sanakht, sur des empreintes de sceaux trouvées dans une salle du coin nord-est du temple funéraire dans le cadre de la fourniture du culte du souverain. Ainsi, pour ces différentes raisons, Djéser est vu comme le fondateur de la dynastie par la majorité des chercheurs[26],[27],[5],[8],[28].

Cependant, la position alternative mettant Djéser en tant que deuxième roi de la IIIe dynastie est aussi défendue, notamment par Ilaria Incordino[4]. Non seulement un, les empreintes de sceaux de Djéser dans la tombe de Khâsekhemoui n'est pas une preuve d'une succession directe car il aurait pu réaliser un réenterrement, comme ce qui a pu se produire au passage de la Ire à la IIe dynastie où des empreintes de sceaux d'Hotepsekhemoui, premier roi de la IIe dynastie, ont été retrouvés dans la tombe du roi , malgré le fait qu'il semble que deux rois éphémères (Horus Oiseau et Sneferka) aient régné entre eux[29],,[30]. L'étude d'Ilaria Incordino, basée sur divers éléments iconographiques, architecturaux et textuels, semble montrer que Sanakht est à situer au début de la IIIe dynastie, et, admettant une succession directe Djéser-Sékhemkhet, l'autrice place Sanakht comme fondateur de la dynastie[4]. Andrzej Cwiek réfute toutefois la validité de cette étude, arguant que deux stèles de Snéfrou du Ouadi Maghara sont très différentes dans leur style et leur exécution malgré le fait qu'elles datent du même règne, limitant ainsi très fortement la portée de l'étude d'Ilaria Incordino[5].

Horus Sanakht, roi Nebka et Horus Sekhemkhet

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Comme abordé précédemment, la place de Sanakht fait encore l'objet de débat. Il ne s'agit toutefois pas du seul débat concernant ce roi : en effet, même en admettant une position chronologique postérieure à celle de Djéser, il reste à déterminer sa chronologique par rapport à Sekhemkhet ; il reste également à déterminer le lien entre l'Horus Sanakht et le roi Nebka ; enfin, l'attribution du complexe funéraire conventionnellement attribuée à Sekhemkhet a fait l'objet d'une revue suite à la découverte et à la publication dans les années 2000 d'un sceau associant l'Horus Sekhemkhet à son nom de Nebty Hetep-Ren-Nebty[8] ; ces débats s'alimentant les uns les autres.

Concernant le premier débat, une étude a démontré que les restes de cartouche présent sur l'empreinte de sceau E 5251 du mastaba K2 de Beit Khallaf, inscrit également au nom de Sanakht, était celui de Nebka[31]. Sur cette base, faisant remarquer l'absence d'utilisation de cartouche au début de la dynastie et s'appuyant sur le fait que Sekhemkhet était le commanditaire de la pyramide de Saqqarah qui lui est conventionnellement attribuée qui est stylistiquement très proche de celle de Djéser, certains chercheurs ont donc placé Sanakht après Sekhemkhet[32],[33]. À ceci, il a été ajouté que la vaisselle de pierre inscrite, caractéristique de la Période Thinite et des règnes de Khaba et Snéfrou, mais pratique absente des règnes de Djéser et Sekhemkhet, rapproche d'autant ce dernier de Djéser (et Khaba de Snéfrou)[7]. A contrario, il a également été remarqué que les empreintes de sceaux de Sanakht ont été retrouvés dans le temple funéraire de Djéser mais aussi dans la tombe K2 de Beit Khallaf en compagnie de celles de Djéser, contrairement à Sékhemkhet, complètement absent du tombeau de Djéser et du tombeau K2[34],[32]. Enfin, il peut être souligné que, si les deux pyramides de Saqqarah sont chronologiquement très proches, un règne court intermédiaire n'est en rien inenvisageable. Si ces éléments ne donnent pas d'arguments décisifs, Toby Wilkinson et Michel Baud ont tous les deux eu tendance à placer Sanakht après Sekhemkhet et Khaba[34],[32].

Toutefois, à la suite de la publication d'une empreinte de sceau provenant d'Éléphantine associant Sekhemkhet et son nom de Nebty jusque-là inédit, Hétep-Ren-Nebty, Jean Pierre Pätznick a émis une nouvelle hypothèse concernant le commanditaire de la pyramide de Saqqarah qui est conventionnellement attrribuée à Sekhemkhet. En effet, deux noms ont été découverts en contextes différents dans cette pyramide : le nom de Nebty Djeseret-Ânkh-Nebty attestée sur une étiquette d'ivoire appartenant au mobilier funéraire du commanditaire, et le nom d'Horus Sekhemkhet sur des empreintes de sceaux trouvées dans les couloirs menant aux appartements funéraires et pouvant provenir tout autant du propriétaire de la tombe que de celui qui a l'enterré. Le sceau d'Éléphantine et l'étiquette d'ivoire permettent, ensemble, à Jean-Pierre Pätznick de choisir la seconde hypothèse. Reprennant alors les différents éléments cités au paragraphe précédent, Jean-Pierre Pätznick résout l'incohérence et place Sanakht en tant que successeur de Djéser, prédécesseur de Sekhemkhet et commanditaire de la pyramide de Saqqarah conventionnellement attrribuée à Sekhemkhet[8].

Aidan Dodson, quant à lui, a également placé Sanakht avant Sekhemkhet, mais n'a pas suivi Jean-Pierre Pätznick quant à la réattribution du monument. Au contraire, il attribue à Sanakht un monument construit en brique à Abou Rawash et nommé El-Deir[28]. A contrario, Andrzej Cwiek, s'il considère la publication du sceau d'Éléphantine comme importante pour la compréhension de la chronologie de la période, réfute complètement la réattribution de la pyramide de Saqqarah à Sanakht, jugeant l'hypothèse complètement spéculative[5].

Enfin, l'association du nom Nebka à l'Horus Sanakht ne fait pas l'unanimité. Par exemple, Nabil Swelim, réfutant la reconstitution de l'empreinte de sceau fragmentaire E 5251 trouvée dans le mastaba K2 de Beit Khallaf, identifie Nebka avec le l'Horus Khaba[35]. Plus récemment, Jean Pierre Pätznick a émis l'hypothèse suivante : si Nebka est bien le nom en cartouche inscrit sur l'empreinte de sceau E 5251, son identification à l'Horus Sanakht n'est pas certain. Au travers de plusieurs éléments (lecture du sceau renvoyant les mentions de Sankht et de Nebka à deux personnes différentes ; titres d'Akhetaâ, entre autres prêtre de Nebka, très similaires à ceux inscrits dans le complexe funéraire de Djéser ; roi Nebka très vénéra à l'Ancien Empire, etc.), il identifie Nebka à l'Horus Netjerikhet[10].

Roi Houni et Horus Qahedjet

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La place d'Houni en tant que dernier roi de la dynastie : en effets, les sources postérieures, quand elles citent Houni, le placent systématiquement en tant que dernier roi de la dynastie et prédécesseur directe de Snéfrou ; quant aux sources contemporaines, que ce soit l'utilisation du cartouche, la carrière du haut fonctionnaire Metjen ou encore la construction a minima de la pyramide provinciale d'Éléphantine, mise en parallèle de la contruction de la pyramide provinciale de Seilah par Snéfrou (les autres pyramides provinciales ayant probablement été construites sous le règne de l'un de ces deux rois), rapprochent le règne d'Houni de celui de Snéfrou, confirmant les sources postérieures[36],[37].

Le principal problème concernant Houni est que son nom d'Horus est inconnu. Pendant longtemps, le nom de Qahedjet, attesté uniquement par une stèle de provenance incertaine et aujourd'hui au Louvre (numéro E 25982), avait été daté de la IIIe dynastie sur la base d'une étude stylistique[15], mais son attibution à la IIIe dynastie n'est pas certaine, le document présenterait beaucoup d'innovations stylistiques dans la représentation du roi et du dieu, innovations dont la plupart ne réapparaîtront qu'au Moyen Empire ou au début du Nouvel Empire, ce qui ferait dater la stèle en fait plutôt du règne de III qui, parmi ses divers noms d'Horus, avait bien celui de Qahedjet, le plus souvent accompagné de l'épithèse Méry-Rê comme le montrent plusieurs obélisques[16],[17],[18]).

Jen-Pierre Pätznick, relevant que les sources contemporaines ne donnent que quatre noms d'Horus et que l'Horus Khaba était celui se rapprochant le plus de la fin de cette dynastie, a porposé de faire de ce roi le dernier de la IIIe dynastie, ce qui ferait de Khaba et Houni un seul et même roi. Rainer Stadelmann a également proposé la même chose, remarquant qu'il est étonnant qu'aucun monument en pierre d'envergure n'ait été trouvé comme dernière demeure au roi, alors qu'il est crédité de vingt-quatre ans de règne selon le Canon royal de Turin (même si les durées de règne de ce papyrus doivent être prises avec précaution[38]), et associant donc à Khaba-Houni la pyramide à tranches[39]. Toutefois, cet avis n'est pas partagé par tous les chercheurs, comme par exemple Dodson qui continue de considérer cinq rois et différenciant l'Horus Khaba du roi Houni[28].

Même si l'ordre des règnes et le nombre de roi ne sont pas assuré, il ressort qu'ils furent quatre comme le pense Pätznick[8],[10] ou cinq comme le pense traditionnellement le monde égyptologique, dont Michel Baud[40], Toby Wilkinson[2] ou encore Aidan Dodson[28], avec Djéser en tant que fondateur et « Houni » en tant que dernier roi. Mais de nouveaux éléments doivent être apportés pour pouvoir clarifier la situation.

Si-dessous est présenté un tableau présentant les chronologies de quelques chercheurs :

Ilaria Incordino (2008)[4] Toby Wilkinson (1999)[2] et Michel Baud (2002)[40] Aidan Dodson (2021)[28] Andrzej Cwiek (2008)[5] Jean-Pierre Pätznick (2008)[8],[10]
Sanakht = Nebka - - - -
Netjerikhet = Djéser Netjerikhet = Djéser Netjerikhet = Djéser Netjerikhet = Djéser Netjerikhet = Djéser = Nebka
- - - - Sanakht
Sekhemkhet Sekhemkhet Sekhemkhet Sekhemkhet Sekhemkhet
- - Sanakht = Nebka - -
Khaba Khaba Khaba Khaba Khaba = Houni
- Sanakht = Nebka - - -
Qahedjet - - - -
Houni Houni (= Qahedjet ?) Houni Houni (= Qahedjet ?) -

État, société, culture

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Memphis, capitale de la double royauté égyptienne, est bâtie autour de son palais royal dont on peut se faire une idée à partir des dispositions de l’ensemble funéraire de Djéser à Saqqarah, dont l’enceinte de pierre reproduit sans doute l’image de l’enceinte de briques crues du palais royal, à l’intérieur de laquelle étaient érigées des constructions de structure légère, utilisant largement le clayonnage végétal (décors de faïences bleues imitant les roseaux dans les galeries souterraines de la pyramide).

La documentation provenant des tablettes et étiquettes royales, des inscriptions gravées ou peintes sur des vases de pierre, des titres de courtisans laissent entrevoir l’importance du palais comme centre du pouvoir et suggère des espaces différenciés (espaces résidentiels et officiels de la cour, culturels, administratifs, magasins de stockage et ateliers d’artisans).

Le temple de Ptah est un autre élément structurant de la ville. Il devait s’étendre entre le palais et l'ancien lit du fleuve. Son « clergé » était constitué de fonctionnaires accomplissant leur service par roulement (il n’existe pas de clergé spécialisé en Égypte avant la seconde moitié du IIe millénaire). Le rôle prééminent joué par les scribes dirigeant l’artisanat d’élite explique sans doute leur rôle dans le temple, où ils exercent la fonction de grands-prêtres. Le troisième point fort de la structure de la ville est le port, dont l’existence est attestée par les titres de fonctionnaires dès le IIIe millénaire.

Renforcement du pouvoir royal

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Sous la IIIe dynastie, le titre de l’or, ou nom d'Horus d'or, traduit peut-être une solarisation de la théorie royale. La réflexion sur la nature divine du roi s’exprime aussi dans l’affirmation d’une destinée funéraire radicalement différente de celle des autres hommes par la spécificité de la forme de sa tombe, la pyramide. Enfin la théorie royale fonde une série de rites royaux (naissance, couronnement, jubilé ou « Fête-Sed », etc.) dont nombre des aspects sont attestés dès les plus anciens documents provenant de Hiérakonpolis, Abydos, Saqqarah.

Le roi est aussi le garant de l’ordre du monde et doit en conséquence organiser un culte aux dieux (fonder des sanctuaires, veiller à leur fonctionnement, les entretenir), assurer prospérité, justice et protection pour le double pays, étendre au plus loin « l’ordre à la place du chaos ». Cela fonde l’autorité d’une administration qui n’agit « qu’au nom du roi » dans toutes ses tâches et à tous les échelons. Le corps social n’est organisé qu’en fonction de l’institution royale.

Figure assise du gouverneur Metjen, v. -2600, Saqqarah, granit rose, Neues Museum.

La vie sociale se structure autour du roi-dieu. Au sommet, des sujets ou « serviteurs », les plus proches du souverain : la reine, la famille royale et les courtisans.

Les scribes, agents de l’autorité royale, sont un groupe hiérarchisé et divers, du simple contrôleur aux champs jusqu’au haut fonctionnaire de l’administration centrale. Le sommet de la hiérarchie est surtout occupé, sous les premières dynasties, par les membres de la famille royale. Mais de grandes carrières peuvent être ouvertes par compétences reconnues. Le fils est apte à succéder au père, qui souvent assure sa formation avant que le jeune ne rejoigne une école du palais. Cette hérédité des charges, observée dès la IIIe dynastie (biographie de Meten), doit être accordée et enregistrée par acte royal. Le milieu de la cour est ouvert aux scribes à partir d’un certain échelon de responsabilité attesté par des titres honorifiques (« ami », « ami unique », « le connu du roi », « comte », « prince »).

Aux hautes époques, les artisans, les « créateurs d’images », travaillant des matières premières qui étaient monopoles royaux, ont dû être un groupe relativement favorisé, très lié au milieu des scribes. Avec eux, ils participent selon des schémas imposés à l’expression de l’idéologie royale.

De l’essentiel de la population, les paysans producteurs, nous ne savons que peu de choses, avant qu’ils n’apparaissent sur les décors des tombes. L’inscription de Meten (vers -2600) montre qu’ils étaient considérés comme un des éléments attachés à l’unité de production, avec la terre, les outils, le bétail. Au IIIe millénaire, nous n’avons pas trace d’un statut de travailleur libre pour les fellahs. Ils sont toujours attachés à l’État, à des institutions (temples, fondations funéraires) ou au service d’un fonctionnaire, et soumis, sauf immunité accordée, aux corvées liées aux grandes tâches d’intérêt collectif ou royal.

Art et culture

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Vue de la face sud de la pyramide de Djéser

L’apparition de signes hiéroglyphiques continus à la fin de la IIIe dynastie marque une nouvelle étape, liées sans doute au développement d’un milieu de l’écrit (scribes) où s’élabore une notion nouvelle d’individualité (les « autobiographies » funéraires).

La pierre taillée devient le matériau principal d’architecture. L’architecte Imhotep, grand prêtre d’Héliopolis (culte de ), médecin et sage, rédacteur de la première sagesse (non retrouvée), construit la première pyramide à degrés à Saqqarah (soixante mètres de haut), entourée d’une enceinte reproduisant l’image de l’enceinte de brique du palais. Il sera plus tard honoré comme un dieu, fils de Ptah.

Notes et références

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  1. En termes de chronologie absolue, la détermination de dates exactes de début et de fin de la dynastie est un exercice périlleux du fait de l'ancienneté de la dynastie, et plusieurs chercheurs ont fait chacun des propositions ; on trouve par exemple :
    • 2593 à 2543 AEC selon Krauss,
    • 2687 à 2649 AEC selon Redford,
    • 2686 à 2613 AEC selon Shaw,
    • 2682 à 2614 AEC selon von Beckerath,
    • 2649 à 2575 AEC selon Allen,
    • 2647 à 2573 AEC selon Málek,
    • 2660 à 2600 AEC selon Dodson,
    • 2700 à 2613 AEC selon Agut et Moreno-Garcia

Références

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  1. Tallet et al. 2023, p. 418.
  2. a b et c Wilkinson 1999.
  3. Dodson 2022.
  4. a b c d et e Incordino 2008.
  5. a b c d e f et g Cwiek 2008.
  6. Dessoudeix 2008, p. 7.
  7. a et b Baud 2002, p. 62-63.
  8. a b c d e f g h i j et k Pätznick 2008.
  9. Wilkinson 1999, p. 101-102.
  10. a b c et d Pätznick 2020.
  11. Wilkinson 1999, p. 101.
  12. Wilkinson 1999, p. 99.
  13. a et b Pätznick 2005, p. 73-75.
  14. a et b Wilkinson 1999, p. 102-103.
  15. a et b Wilkinson 1999, p. 104-105.
  16. a b et c Pätznick 2004, p. 1455-1472.
  17. a b et c Bárta 2011, p. 41-50.
  18. a et b « Thutmose III in hieroglyphs » sur pharaoh.se
  19. a et b Baud 2002, p. 25-26.
  20. a b et c Wilkinson 1999, p. 103.
  21. Wilkinson 1999, p. 101-104.
  22. Kitchen 1999, p. 534-538.
  23. a et b Baud 2002, p. 66.
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  27. Wilkinson 1999, p. 95-98.
  28. a b c d et e Dodson 2021.
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  31. Seidlmayer 1996, p. 121.
  32. a b et c Wilkinson 1999, p. 101-103.
  33. Baud 2002, p. 61-63.
  34. a et b Baud 2002, p. 63-65.
  35. Swelim 1983, p. 95, 217–220 & 224.
  36. Baud 2002, p. 61.
  37. Wilkinson 1999, p. 103-104.
  38. Baud 2002, p. 56.
  39. Stadelmann 2007, p. 425–431.
  40. a et b Baud 2002.

Bibliographie

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Ouvrages généraux

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  • Damien Agut et Juan Carlos Morena-Garcia, L'Égypte des pharaons : De Narmer à Dioclétien, Paris, Belin, coll. « Mondes anciens », , 848 p. (ISBN 978-2-7011-6491-5 et 2-7011-6491-5) ;
  • Pierre Tallet, Frédéric Payraudeau, Chloé Ragazzoli et Claire Somaglino, L'Égypte pharaonique : Histoire, société, culture, Malakoff, Armand Colin, , 482 p. (ISBN 978-2-200-63527-5).

Ouvrages spécifiques couvrant l'ensemble de l'histoire égyptienne

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Ouvrages dont la IIIe dynastie est le ou l'un des sujet(s) principal(aux)

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Articles spécifiques à la IIIe dynastie

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  • Jean-Pierre Pätznick, « La succession des noms d'Horus de la IIIe dynastie revisité », dans Toutânkhamon magazine, vol. 42, (lire en ligne) ;
  • Jean-Pierre Pätznick, « L’Horus Qahedjet : Souverain de la IIIe dynastie ? », dans Proceedings of the IX International Congress of Egyptologists, Grenoble, 6-12 septembre 2004 (lire en ligne) ;
  • Jean-Pierre Pätznick, « Mais qui était donc le roi Nebka ? », dans Toutânkhamon magazine, vol. 42, (lire en ligne) ;
  • (en) Andrzej Cwiek, History of the Third Dynasty, another update on the kings and monuments, Prague, Chronology and Archeology in Ancient Egypt (the third millennium B.C.),  ;
  • (en) Nabil Swelim, « Some Problems on the History of the Third Dynasty », dans Archaeological and Historical Studies, Alexandrie, The Archaeological Society of Alexandria,  ;
  • (en) Rainer Stadelmann, « King Huni: His Monuments and His Place in the History of the Old Kingdom », dans Zahi A. Hawass, Janet Richards, The Archaeology and Art of Ancient Egypt. Essays in Honor of David B. O’Connor, vol. II, Le Caire, Conceil Suprême des Antiquités de l’Égypte,  ;
  • (en) Miroslav Bárta, « An Abusir mastaba from the reign of Huni », dans Times, signs and pyramids. Studies in honour of Miroslav Verner on the Occasion of His Seventieth birthday, Prague, (ISBN 978-80-7308-257-4, lire en ligne)
  • (en) S.J. Seidlmayer, « Town and state in the early Old Kingdom. A view from Elephantine », dans S. Spencer, Aspects of Early Egypt, Londres, British Museum Press, , pp. 108-127, pls 22-23

Autres ouvrages

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Liens externes

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