Guerre d'Aceh — Wikipédia

Guerre d'Aceh
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Guerre d'Aceh
Informations générales
Date 1873-1904
Lieu Sumatra
Issue Conquête d'Aceh et domination néerlandaise sur l'ensemble de l'archipel indonésien
Belligérants
Drapeau des Pays-Bas Royaume des Pays-Bas Sultanat d'Aceh
Pertes
4 000 morts 25 000 morts

Coordonnées 4° 35′ nord, 97° 25′ est
Géolocalisation sur la carte : Indonésie
(Voir situation sur carte : Indonésie)
Guerre d'Aceh
Géolocalisation sur la carte : Monde
(Voir situation sur carte : Monde)
Guerre d'Aceh

La guerre d'Aceh, parfois dite expédition d'Acheen ou encore d'Atchin[1] (1873-1904) est l'une des plus longues guerres de l'histoire des Indes néerlandaises. Ce conflit entre le royaume de Pays-Bas et le sultanat d'Aceh dans le nord de l'île indonésienne de Sumatra se termina par la conquête d'Aceh et la domination néerlandaise sur l'ensemble de l'archipel indonésien. Cette guerre fit 4 000 morts du côté néerlandais, dont un général, et 25 000 du côté acehnais.

Le traité de Londres de 1824 entre le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande et celui des Pays-Bas définissait les sphères d'influence respectives des deux nations européennes dans le monde malais : la péninsule Malaise pour les Britanniques et l'île de Sumatra pour les Néerlandais. Toutefois, le traité ne contenait aucune restriction concernant le commerce britannique dans cette dernière. Néanmoins, les Anglais se plaignaient des tentatives néerlandaises de restreindre leurs activités commerciales à Sumatra.

Une des clauses du traité était l'indépendance d'Aceh. Aceh était alors le plus grand producteur de poivre au niveau mondial[2]. Le traité de Sumatra de 1871 accorda cependant aux Néerlandais la liberté d'action à propos d'Aceh. En échange, les Britanniques se voyaient confirmer le droit de commercer sur un pied d'égalité dans les Indes néerlandaises.

Les Acehnais virent ce nouveau traité comme une violation de l'accord de Pedir que les Britanniques avaient conclu avec eux en 1819[3]. Ils se mirent donc à chercher de nouveaux soutiens face à l'impérialisme néerlandais et trouvèrent une oreille attentive en la personne d'Adolphus G. Studer, le consul américain à Singapour[4]. Favorable à l'idée de leur octroyer une protection navale, il leur fit cependant savoir qu'il n'avait pas les accréditations pour conclure un tel accord. Par la suite, il parla de sa rencontre avec une ambassade acehnaise à Harry Ord (en), gouverneur britannique de Singapour, qui en informa aussitôt les Néerlandais. Ces derniers, craignant qu'un pacte de défense entre Aceh et les États-Unis ne mettent en péril leurs visées coloniales, décidèrent de lancer les hostilités avant qu'il puisse voir le jour[5]. En -, un premier assaut (en) sur la capitale achenaise, Kota Radja, se solda par un désastre pour les Néerlandais[6]. Lorsque les Acehnais soumirent une proposition de traité formelle aux Américains (incluant la cession de l'île de Weh en échange d'une protection navale) en [4], le gouvernement colonial néerlandais dépêcha une seconde force d'invasion (en), bien mieux préparée que la première, qui arriva à Aceh le . Le , elle entra dans Kota Radja, que sa population et le sultan Mahmud Syah (en) avaient déserté afin d'organiser la résistance dans les collines[6].

Les troupes néerlandaises furent dès lors confrontées à une guérilla. La guerre absorba une grande partie du budget colonial. Aux Pays-Bas même, l'opinion critiqua de plus en plus le gouvernement des Indes néerlandaises.

En 1890, l'armée coloniale créa un corps de la maréchaussée à pied d'un gros millier d'hommes qui permit de lutter efficacement contre la guérilla.

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Références[modifier | modifier le code]

  1. Eugène-Melchior de Vogüé, Les morts qui parlent, Paris, Plon, , 263 p., p. 40
  2. (en) Yee Tuan Wong et Kam Hing Lee, « Aceh-Penang Maritime Trade and Chinese Mercantile Networks in the Nineteenth Century », Archipel, vol. 87, no 1,‎ , p. 173–202 (ISSN 0044-8613, DOI 10.3406/arch.2014.4461, lire en ligne)
  3. (id) Mohammad H. Said, Aceh sepanjang abad, Medan, Percetakan dan penerbitan waspada, , 933 p., p. 601
  4. a et b (en) Anthony Reid (dir.), Verandah of Violence : The Background to the Aceh Problem, Singapour, Singapore University Press, , 397 p. (ISBN 0-295-98633-6, 978-0-295-98633-3 et 9971-69-331-3, OCLC 64770972, lire en ligne), chap. 4 (« The Pre-modern Sultanate's View of its Place in the World »), p. 67
  5. Andreas Zangger, The Swiss in Singapore, Singapour, Éditions Didier Millet (en), , 240 p. (ISBN 978-981-4385-68-8 et 981-4385-68-9, OCLC 864696760, lire en ligne), chap. 2 (« Everyday Life of the Swiss (1860–1890) »), p. 58
  6. a et b (en) Karel A. Steenbrink, « Acehnese, Dutch and Malay authors on the Aceh War (1873-1903) », dans David Thomas et John Chesworth, Christian-Muslim relations, vol. 16 : North America, South-East Asia, China, Japan and Australasia (1800-1914), Leyde, Brill, , 844 p. (lire en ligne), p. 592