Gouttelette respiratoire — Wikipédia

Certaines maladies infectieuses peuvent se propager via des gouttelettes respiratoires expulsées de la bouche et du nez.

Les gouttelettes respiratoires, également appelé gouttelettes de Flügge[1],[2],[3],[4] du nom de leur découvreur en 1897, sont des microgouttes produites naturellement en respirant, en parlant, en éternuant, en toussant, en chantant et en hurlant. Elles peuvent également être produites par inadvertance en secours d'urgence et en milieu hospitalier lors de soins et de gestes médicaux risquant de former des aérosols tels que l'intubation, la réanimation cardio-pulmonaire (RCR), la bronchoscopie, et parfois aussi la chirurgie et l'autopsie[5]. Nous produisons des gouttelettes similaires en vomissant, en tirant une chasse d'eau, en nettoyant des surfaces humides, en prenant une douche, en utilisant de l’eau du robinet ou en pulvérisant des eaux grises ou du lisier à des fins agricoles[6].

Description[modifier | modifier le code]

Selon le mode de formation, ces gouttelettes peuvent également contenir du mucus, des sels, des cellules, des bactéries et des particules virales[5]. Dans le cas des gouttelettes produites naturellement, elles peuvent se former à différents endroits des voies respiratoires, ce qui peut influer sur leur contenu[6]. Il peut également y avoir des différences entre les individus sains et les malades pour leur teneur en mucus, leur quantité et leur viscosité qui peuvent affecter la formation et la taille des gouttelettes[7].

Différents modes de formation créent des gouttelettes de taille et de vitesse initiale différentes, qui déterminent leur transport et leur trajectoire dans l'air[8]. En cas d'inhalation, les particules de plus de 10 μm ont tendance à rester piégées dans le nez et la gorge plutôt que de pénétrer dans les voies respiratoires inférieures[7]. Si elles ne sont pas immédiatement inhalées, les gouttelettes inférieures à 100 μm ont tendance à sécher complètement avant de se déposer sur une surface[5],[6]. Une fois sèches, elles deviennent des « noyaux » d'aérosols constitués de la matière non volatile contenue initialement dans la gouttelette. Les gouttelettes respiratoires peuvent également interagir avec d'autres particules d'origine non biologique présentes dans l'air, notamment celles liées à la pollution atmosphérique.

Une forme courante de transmission de maladie se fait par le biais de gouttelettes respiratoires, produites par la toux, les éternuements ou la parole. La transmission respiratoire des gouttelettes est la voie habituelle des infections respiratoires. La transmission peut se produire lorsque des gouttelettes respiratoires atteignent des surfaces muqueuses sensibles, comme dans les yeux, le nez ou la bouche. Cela peut également se produire indirectement par contact avec des surfaces contaminées lorsque les mains touchent ensuite le visage. Les gouttelettes respiratoires de plus grande taille ne peuvent pas rester en suspension dans l'air pendant longtemps, et retombent généralement assez vite après avoir parcouru de courtes distances[9].

Les virus propagés par transmission de gouttelettes comprennent le virus de la grippe, le rhinovirus, le virus respiratoire syncytial, l'entérovirus et le norovirus[10], ainsi que le morbillivirus de la rougeole[11] et les coronavirus tels que le coronavirus du SRAS et le SARS-CoV-2 qui cause la COVID-19[12]. Des bactéries et des champignons peuvent également être transmis par des gouttelettes respiratoires[5]. En revanche, un nombre limité de maladies peuvent se propager par transmission aérienne après le séchage des gouttelettes respiratoires.

La température et l'humidité ambiantes affectent la capacité de survie des bioaérosols car, à mesure que la gouttelette s'évapore et devient plus petite, elle protège moins les agents infectieux qu'elle contient. En général, les virus avec une enveloppe lipidique sont plus stables dans l'air sec, tandis que ceux sans enveloppe sont plus stables dans l'air humide. Les virus sont également généralement plus stables aux basses températures de l'air[6].

Histoire[modifier | modifier le code]

En 1899, le bactériologiste allemand Carl Flügge a été le premier à montrer que les micro-organismes présents dans les gouttelettes expulsées des voies respiratoires sont un moyen de transmission de maladies. Au début du XXe siècle, le terme « gouttelette de Flügge » était parfois utilisé pour désigner les particules suffisamment grosses pour ne pas sécher complètement, grossièrement celles de plus de 100 μm[13].

Contrôle des risques[modifier | modifier le code]

Dans un établissement de soins de santé, les précautions contre les gouttelettes incluent l’hébergement du patient dans une pièce individuelle, la limitation de son transport à l'extérieur de la pièce et l'utilisation d'un équipement de protection individuelle approprié[14],[15]. Les précautions contre les gouttelettes sont l'une des trois catégories de précautions contre la transmission utilisées en plus des précautions standard basées sur le type d'infection d'un patient ; les deux autres sont les précautions contre les contacts et les précautions contre les maladies aéroportées. Cependant, les procédures générant des aérosols peuvent produire des gouttelettes plus petites qui voyagent plus loin, et donc les précautions contre les gouttelettes peuvent être insuffisantes lorsque de telles procédures sont effectuées[16].

En général, un taux de ventilation plus élevé peut être utilisé comme contrôle des risques pour diluer et éliminer les particules respiratoires. Cependant, si de l'air non filtré ou insuffisamment filtré est évacué vers un autre endroit, cela peut entraîner la propagation d'une infection[6].

Les masques chirurgicaux peuvent être utilisés pour prévenir la transmission des gouttelettes, à la fois pour les patients infectés[14],[15] et pour le personnel de santé[17]. Il a été noté qu'au cours de l'épidémie de SRAS de 2002-2004, l'utilisation de masques chirurgicaux et de respirateurs N95 avait eu tendance à réduire les infections des travailleurs de la santé[16]. Bien que les masques chirurgicaux créent une barrière physique entre la bouche et le nez du porteur et les contaminants potentiels tels que les éclaboussures et les gouttelettes respiratoires, ils ne sont pas conçus pour filtrer ou bloquer les très petites particules telles que celles qui transmettent les maladies aéroportées en raison de la forme lâche entre le masque facial et le visage[18].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Terme Plügge dictionnaire de l'Académie de Médecine », sur dictionnaire.academie-medecine.fr.
  2. « Dictionnaire de l'Office québécois de la langue Française. Terminologie grippe aviaire », sur oqlf.gouv.qc.ca.
  3. « Fiche terminologique de l'Office québécois de La langue Française », sur gdt.oqlf.gouv.qc.ca.
  4. (en) Lydia Bourouiba, « Turbulent Gas Clouds and Respiratory Pathogen Emissions: Potential Implications for Reducing Transmission of COVID-19 », JAMA,‎ (ISSN 0098-7484, DOI 10.1001/jama.2020.4756, lire en ligne, consulté le ).
  5. a b c et d (en) James Atkinson, Yves Chartier, Carmen Lúcia Pessoa-Silva, Paul Jensen, Li et Seto, Natural Ventilation for Infection Control in Health-Care Settings, Organisation mondiale de la santé, (ISBN 978-92-4-154785-7), « Annex C: Respiratory droplets ».
  6. a b c d et e (en) Morawska, « Droplet fate in indoor environments, or can we prevent the spread of infection? », Indoor Air, vol. 16, no 5,‎ , p. 335–347 (ISSN 0905-6947, PMID 16948710, DOI 10.1111/j.1600-0668.2006.00432.x, lire en ligne).
  7. a et b (en) Gralton, Tovey, McLaws et Rawlinson, « The role of particle size in aerosolised pathogen transmission: A review », Journal of Infection (en), vol. 62, no 1,‎ , p. 1–13 (PMID 21094184, DOI 10.1016/j.jinf.2010.11.010).
  8. (en) Patrick Hunziker, « Minimising exposure to respiratory droplets, ‘jet riders’ and aerosols in air-conditioned hospital rooms by a ‘Shield-and-Sink’ strategy », BMJ Open (en), vol. 11, no 10,‎ , e047772 (ISSN 2044-6055 et 2044-6055, DOI 10.1136/bmjopen-2020-047772, lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) « Clinical Educators Guide for the prevention and control of infection in healthcare » [archive du ], Australian National Health and Medical Research Council, (consulté le ), p. 3.
  10. (en) La Rosa, Fratini, Della Libera et Iaconelli, « Viral infections acquired indoors through airborne, droplet or contact transmission », Annali dell'Istituto Superiore di Sanità, vol. 49, no 2,‎ , p. 124–132 (ISSN 0021-2571, PMID 23771256, DOI 10.4415/ANN_13_02_03, lire en ligne).
  11. (en) « FAQ: Methods of Disease Transmission », Mount Sinai Hospital (Toronto) (en) (consulté le ).
  12. (en) « Pass the message: Five steps to kicking out coronavirus », World Health Organization, (consulté le ).
  13. (en) Hare, « The transmission of respirratory infections », Proceedings of the Royal Society of Medicine (en), vol. 57, no 3,‎ , p. 221–230 (ISSN 0035-9157, PMID 14130877, PMCID 1897886, DOI 10.1177/003591576405700329).
  14. a et b (en-US) « Transmission-Based Precautions », U.S. Centers for Disease Control and Prevention, (consulté le ).
  15. a et b « Prevention of hospital-acquired infections » [archive du ] [PDF], World Health Organization (WHO), p. 45.
  16. a et b (en) Gamage, Moore, Copes et Yassi, « Protecting health care workers from SARS and other respiratory pathogens: A review of the infection control literature », American Journal of Infection Control (en), vol. 33, no 2,‎ , p. 114–121 (PMID 15761412, DOI 10.1016/j.ajic.2004.12.002).
  17. (en) « Clinical Educators Guide: Australian Guidelines for the Prevention and Control of Infection in Healthcare », Australian National Health and Medical Research Council, (consulté le ), p. 20.
  18. (en) « N95 Respirators and Surgical Masks (Face Masks) », U.S. Food and Drug Administration, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]