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Françoise Marzellier
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Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Jeanne Marie Françoise MarzellierVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Pierette AulardVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités

Françoise Marzellier, née le à Séméac (Hautes-Pyrénées) et morte le à Paris 4e[1], est une Française, agent de réseau, combattante de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, pilote, avec le grade de sous-lieutenant[2], dans le corps de pilotes militaires féminins créé par le ministre de l'Air Charles Tillon en 1944[3], puis journaliste après la guerre[4].

Biographie[modifier | modifier le code]

L'agent de réseau et la résistante[modifier | modifier le code]

Elle est enregistrée comme agent au Bureau central de renseignements et d'action (BCRA) à Londres sous le nom d'emprunt de « AULARD, Pierette  »[5] avec le grade « régulier mais non clandestin » (P1)[6], et en tant que combattante dans la résistance, homologuée FFC (Forces françaises combattantes)[7].

Le pilote militaire féminin[modifier | modifier le code]

Françoise Marzellier obtient son brevet de pilote en 1939[8]. En novembre 1944, elle participe au stage de réentraînement organisé à l’école de pilotage militaire de début de Châteauroux (Indre) pour les femmes pilotes civiles, brevetées au plus tard en 1939, en vue de leur intégration dans le corps des pilotes militaires féminins créé par Charles Tillon, ministre de l'Air du gouvernement provisoire de la République française[9],[10],[11]. Elle fait partie, avec Maryse Hilsz, Maryse Bastié, Élisabeth Lion, Andrée Dupeyron, Yvonne Jourjon, Suzanne Melk, Yvette Grollet, Élisabeth Boselli, Gisèle Gunepin, Geneviève Lefebvre, Paulette Bray-Bouquet et Anne-Marie Imbrecq, des « aviatrices de grand renom [qui] seront retenues » et deviendront « les « 13 Amazones de l'Air » ou encore « 13 Grâces », comme on les surnomme à l'époque »[12].

Cinq femmes pilotes sont envoyées sur la base de Kasba Tadla au Maroc pour une formation aérienne après leur stage de réentraînement[10]. Le Service historique de la Défense (SHD) donne les noms suivants : Paulette Bray-Bouquet, Andrée Dupeyron, Yvonne Jourjon, Élisabeth Lion, et Gisèle Gunepin[13]. L'historien Didier Dubant, sur le site de l'association Anciens aérodromes, omet Gunepin et mentionne Françoise « Marzelier » (avec un seul « l »)[14].

Le baptême de leur promotion[15], issue de la première école de pilotage créée dans la France libérée, a lieu le 22 avril 1945 à la base aérienne de La Martinerie, dans l'Indre[14].

La journaliste[modifier | modifier le code]

Après la guerre, Françoise Marzellier devient journaliste.

En janvier 1946 ou en 1947, le nom apparaît sur un article « La philosophie : autour du marxisme », dans un numéro spécial de la revue littéraire L'Âge Nouveau, soit comme auteur[16], soit comme co-signataire[17].

Elle publie, en avril 1961, une enquête sur « le travail féminin » dans la revue Les Temps modernes[18].

L'année suivante, dans le premier Libération[19] du 12 février 1962, elle publie une enquête sur « l'Affaire A » au lycée de Lannion dans les Côtes-du-Nord, où elle s'est rendue pour son reportage[20].

Le 13 mars 1961, elle publie, dans le magazine Afrique-Action (qui deviendra par la suite Jeune Afrique), un entretien avec l'écrivain Mohammed Dib à propos de son recueil Ombre gardienne[21],[22].

La militante féministe[modifier | modifier le code]

Forte de son expérience, mais prenant ses distances vis-à-vis de ce qu'elle appelle « le féminisme agressif », Françoise Marzellier estimait que si les hommes de droite étaient susceptibles d'être attachés à un âge d'or révolu de servitude des femmes, les hommes de gauche, tout aussi bien, manifestaient sans vergogne leur adhésion au même conservatisme social[4]. Selon elle, les organisations politiques féministes traditionnelles ne faisaient pas grand chose pour promouvoir les intérêts des femmes. Quant à l'Union des femmes françaises, créée après la Libération pour familiariser les femmes à leur nouveau statut, elle faisait du bon travail mais ne tenait pas compte des femmes en tant qu'individus[23].

Reconnaissances[modifier | modifier le code]

« Mademoiselle F. Marzellier est journaliste. Depuis des années, elle a défendu avec soin et compétence les problèmes posés par la protection de la Nature, et a apporté à notre Société un moyen de diffusion très efficace et objectif[24]. »

Publications[modifier | modifier le code]

  • « La philosophie : autour du marxisme », L'âge nouveau, revue mensuelle d'expression et d'étude des arts, des lettres et des idées, 1947, (ISSN 0982-8168), (BNF 32683563).
  • « Les 5 enfants du sultan du Maroc », Le Parisien libéré, no 916, 28 août 1947.
  • « La police française deviendrait-elle inhumaine ? », Combat (journal), no 1027,‎ (lire en ligne).
  • « Le monde social : Les personnes déplacées », L'Âge Nouveau. Idées, Lettres, Arts, no 27,‎ .
  • « L'élevage des animaux destinés aux laboratoires », Tout savoir, no 069,‎ .
  • « Interview de Mohammed Dib », Afrique-Action,‎ .
  • « Une enquête sur le travail féminin », Les temps modernes, no 180bis,‎ , p. 1393-1401.
  • Article sur la grève minière de 1961-1962 à Decazeville (titre non connu), Libération, 25 décembre 1961.
  • « l’Affaire A. », Libération (journal, 1941-1964),‎ .
  • « Il faut protéger nos enfants contre les dangers de la rue », Libération, 26 juin 1963
  • « La résidence secondaire : un besoin, non plus un luxe », Options, mai 1966.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Insee, « Extrait de l'acte de décès de Jeanne Marie Françoise Marzellier », sur MatchID
  2. Suzy Mathis, « Aviatrices d'hier et d'aujourd'hui : Mme Jaffeux », dans Aviation française, No 67, 15 mai 1946, 16 p. : « Parmi les aviatrices engagées lors de la Libération, il faut citer les sous-lieutenants : Bray-Bouquet, Gisèle Gunepin, Marzellier, Boselli, Imbrecq, Lefèbre, Grollet, Suzanne Melk qui vient de passer son brevet de pilote de chasse militaire et possède le brevet de vol à voile, ainsi que le brevet international. »
  3. Chantal Alexis et Daniel Dubois, La féminisation des armées, Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD), pôle des Archives, mars 2010, p. 5 [lire en ligne] : « Pour l’armée de l’Air, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Charles Tillon, ministre de l’Air communiste, décide de créer un corps de pilotes militaires féminins. Son départ met un terme brutal à cette expérience : en juillet 1946, le recrutement de pilotes féminins dans l'Armée de l'air s’arrête pour ne reprendre qu'en 1982. »
  4. a et b (en) Lisa Greenwald, Daughters of 1968: Redefining French Feminism and the Women's Liberation Movement, University of Nebraska Press, 2018, 420 pages, p. 89 : « Women scholars and activists of the 1950s and 1960s also began to be more critical of political parties' auxiliary groups and instead turned toward each other in solidarity. Françoise Marzellier, former Resistance fighter, pilot, and journalist, commented from experience that while men from the Right might be attached to a past "golden age" of male servitude, men on the Left shamelessly adhered to the same social conservatism . »
  5. Écrit avec un seul « r »
  6. « [Cote] GR 28P 11 / 05 - DOSSIER 7093 MARZELLIER, Françoise. AULARD, Pierette. 21/05/1921 Tarbes », GR 28 P 11 1 -126 BCRA Dossiers individuels des agents des réseaux, Service historique de la Défense, [lire en ligne].
  7. Dossiers administratifs de résistantes et résistants, Sous-série GR 16 P, lettre M (page 402 sur 1184), Service historique de la Défense.
  8. France. Ministère de l'Information, « [sans titre] », Cahiers français d'information, nos 1 à 22,‎
  9. Chantal Alexis et Daniel Dubois, La féminisation des armées, Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD), pôle des Archives, mars 2010, p. 5 [lire en ligne] : « après la libération de la France des femmes pilotes civiles, brevetées avant 1939, ont été entraînées à l’école de pilotage militaire de début de Châteauroux ».
  10. a et b Marie-Catherine Villatoux, « Femmes et pilotes militaires dans l’armée de l’Air. Une longue quête », Revue historique des armées, no 272,‎ (ISSN 0035-3299, lire en ligne, consulté le ).
  11. Janine Ellissetche, Comment je suis devenue lieutenant-colonel « Le », sl, Les éditions La Bruyère, 1991, p. 72.
  12. Xavier Massé, Des femmes dans l'Aéronautique, Nouvelles Éditions Latines, , 238 p. (ISBN 978-2-7233-2076-4, lire en ligne) : « Bien évidemment, seules les aviatrices de grand renom seront retenues. [...] C'est ainsi que Mlle Hilsz se retrouve première de cette liste de treize aviatrices, suivie de Maryse Bastié, Élisabeth Lion, Andrée Dupeyron, Yvonne Jourjon, Susanne Melk, Yvette Grollet, Élisabeth Boselli, Françoise Marzellier, Gisèle Gunepin, Geneviève Lefebvre, Paulette Bray et Anne-Marie Imbreck. Nos « 13 Amazones de l'Air » ou encore « 13 Grâces », comme on les surnomme à l'époque, auront des tâches très variées. »
  13. « Maryse Bastié comme Maryse Hilsz sont directement affectées au Groupe des moyens militaires de transport aérien pour la première, et au Groupe de liaisons militaires aériennes pour la seconde. Paulette Bray-Bouquet, Andrée Dupeyron, Gisèle Gunepin, Élizabeth Lion et Yvonne Jourjon sont envoyées à l’école de Kasba-Tadla au Maroc pour être transformées sur bimoteur tandis que le reste du groupe composé d’Élizabeth Boselli, d’Anne-Marie Imbrecq, de Suzanne Melk et de Geneviève Lefebvre-Sellier est dirigé sur la base de Tours. », dans Revue historique des armées, ouvrage cité.
  14. a et b Didier Dubant, Inauguration de la route du Régiment Normandie-Niémen à Déols (Département de l'Indre / Région Centre – Val-de-Loire / France), sur le site Anciens Aérodromes, 16 octobre 2018 : « Le dimanche 22 avril 1945 a lieu à la base aérienne de la Martinerie, au milieu d’un alignement de Mauboussins, le baptême de la première promotion de l’école de pilotage. Cette première promotion est baptisée promotion du Commandant Tulasne. Ce dernier fut le commandant de l’escadrille Niémen jusqu’à sa mort au combat le 17 juillet 1943. / Parmi ces quarante premiers officiers pilotes de la Libération, huit sont des femmes. Cinq femmes officiers ont fait un stage de réentraînement et ont rejoint le Maroc pour une formation aérienne (Paulette Bray-Bouquet, Andrée Dupeyron, Yvonne Jourjon, Élisabeth Lion et Françoise Marzelier). Cinq autres sont restées à la Martinerie pour terminer le leur : les sous-lieutenants Élisabeth Boselli, Yvette Grollet-Briand, Anne-Marie Imbrecq, Suzanne Melk et Geneviève Lefèvre-Sellier ».
  15. Dite du « Commandant Tulasne », premier commandant de l'escadrille Normandie-Niémen, mort au combat le 17 juillet 1943.
  16. L’Âge Nouveau (1947-1960) (2e série).
  17. L'Âge Nouveau n°33, janvier 1946, l'autre journaliste étant J. Duvaldizier, nom de plume de l'épouse de Marcello Fabri.
  18. Françoise Marzellier, « Une enquête sur le travail féminin », Les Temps modernes, no 180,‎ (ISBN 2070286207, présentation en ligne).
  19. Ce journal n'a rien à voir avec le quotidien créé en 1973 sous l’égide de Jean-Paul Sartre. Il s’agit ici du Libération créé clandestinement dans la résistance en 1941 et ayant cessé publication en 1964.
  20. Manuel Bouder, « L’affaire A., quand la guerre d’Algérie résonne en métropole », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, Presses universitaires de Rennes,‎ , p. 181–196 (ISSN 2108-6443, lire en ligne) « Le 12 février Libération consacre une page entière à « l’Affaire A. ». Il s’agit cette fois d’une enquête de la journaliste Françoise Marzellier qui va sur place pour son reportage. »
  21. Cité dans Sari-Mostafa-Kara Fewzia, « L'Ishrâq dans l'œuvre de Mohammed Dib », Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, vol. 22, no 1,‎ , p. 109–117 (note 9) (ISSN 0035-1474, OCLC 754140049, DOI 10.3406/remmm.1976.1382, lire en ligne).
  22. Elena Telegina, Mythological Rewriting: New Perspectives on Algeria's Postcolonial History / La Réécriture du Mythe: Nouvelles Perspectives de l'Histoire Algérienne Après l'Indépendance, Doctor of Philosophy Dissertation, University of Connecticut, 2014, p. 96 : « Sari-Mostefa Kara en se référant elle-même à l'interview accordé par Dib à Françoise Marzellier dans Afrique-Action va dire que l'exil chez Dib prend le sens d‟un exil moral plutôt que physique, traduisant cet état d'âme prisonnière dans le monde de matière et nostalgique de sa patrie spirituelle. »
  23. Lisa Greenwald, Daughters of 1968: Redefining French Feminism and the Women's Liberation Movement, op. cit., p. 295 (note 86) : « Marzellier, "Une enquête," 1400-1401. According to Marzellier, traditional political groups aimed at women did little to promote their concerns, and L'Union des femmes françaises, formed after the Liberation to educate women to accept their new status, did good work but ignored women as individuals. »
  24. a et b Claude Hettier de Boislambert (prés.), La Terre et la Vie - Revue d'écologie, 1965, vol. 112 à 113, p. 396 (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Raymond Caire, La femme militaire, Lavauzelle, 1981, pp. 137 & 144.
  • Johanna Hurni, Femmes dans les forces armées, Effingerhof, 1992, 350 pages, p. 141.
  • Françoise d'Eaubonne, Mémoires irréductibles. De l'entre-deux-guerres à l'an 2000, éditions Dagarno, 2001. Première édition sous le titre Mémoires précoces 2, Fayard, 1966.
  • Didier Dubant, 50 ans d’aviation dans le ciel de l’Indre 1909-1959. Témoignages et récits, éditions Alan Sutton 2006 (pages 140 et 141).
  • Didier Dubant, Châteauroux – La Martinerie. Histoire d’une base militaire dans l’Indre, Provinces Mosaïques, éditions Sutton, 2013 (pages 84 et 86).