Eugène Carrière — Wikipédia

Eugène Carrière
Eugène Carrière, Autoportrait (vers 1893),
New York, Metropolitan Museum of Art.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 57 ans)
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom de naissance
Eugène Anatole CarrièreVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Carriere, EugeneVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Père
Léon Carrière (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Conjoint
Sophie Adélaïde Desmouceaux (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant

Elisabeth Carrière dite Elise ou Lisbeth, 1878-1968, mariée à Jean Delvolvé / Léon Carrière, 1881-1885 (mort du croup à quatre ans) / Marguerite Carrière dite Margot, 1882-1964 / Nelly, 1886-1971, mariée à Max Choublier puis J. Dumesnil / Jean-René Carrière, 1888-1982 / Lucie Carrière, 1889-1959 /

Arsène Carrière dite Titi, 1899-1950
Autres informations
Mouvement
Maître
Élève
Genre artistique
Distinctions
Archives conservées par
Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 1700-1702, 3 pièces, -)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Alphonse Daudet et sa fille (d), Après le bain (d), Baiser maternel (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Vue de la sépulture.

Eugène Carrière est un peintre, enseignant et lithographe français, né le à Gournay-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) et mort le à Paris.

Artiste symboliste, il eut une influence sur l'éclosion du fauvisme.

Biographie[modifier | modifier le code]

Eugène Anatole Carrière est le fils de Léon Camille Joseph Carrière, directeur d'assurances, et d'Élisabeth Wetzel ; le couple a une autre fils, Ernest, céramiste. Il est élève d'Alexandre Cabanel à l'École des beaux-arts de Paris[2] et demeure au 50, boulevard du Montparnasse à Paris au début de sa carrière[3]. Il reçoit des commandes pour des peintures qui ornent l'hôtel de ville de Paris et la Sorbonne, ainsi que pour des sujets religieux. Son projet de triptyque Le Christ en croix restera à l'état d'ébauche[4].

Eugène Carrière concourt au prix de Rome en 1876, où il est classé premier à l’esquisse mais échoue dans les loges. Ce morceau de concours conservé par le musée du Nouveau Monde à La Rochelle est déposé au musée des Beaux-Arts de Pau. Cette œuvre témoigne d'une formation classique et du goût dominant de l’Académie, loin de la production postérieure de l’artiste. La même année, il expose pour la première fois au Salon.

Il est l'ami d'Auguste Rodin et d'Antoine Bourdelle. Son œuvre a influencé Henri Matisse et Pablo Picasso. Ivan Pokhitonov travaille dans son atelier dans les années 1877-1880. Carrière est également lié à des écrivains dont il exécute les portraits, comme Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé, Alphonse Daudet, Anatole France ou Henri Rochefort. Il a exprimé des convictions socialistes et s'est joint au mouvement dreyfusard.

En 1898[5], il fonde rue de Rennes l'académie Carrière, où des peintres comme Henri Matisse, André Derain, Jean Puy, Francis Jourdain ou Valentine Val sont élèves ; jusqu'en 1905, il se consacre à l’enseignement de l’art. Eugène Carrière, qui enseigne aussi chez Ferdinand Humbert, l'ancien atelier Cormon, au 104, boulevard de Clichy et à l'académie Camillo, cour du Vieux-Colombier[6], attire dans son académie de nombreux jeunes artistes en quête de liberté et d’indépendance. Ce lieu a pour originalité d’être le vivier des futurs « fauves » et l’un des premiers ateliers mixtes de Paris[7].

Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1889, puis promu officier en 1900[8].

Il séjourne de manière régulière pendant l'été avec sa famille chez Raymond Bonheur (1861-1939), compositeur à Magny-les-Hameaux, qui était le neveu de Rosa Bonheur (1822-1899).

Eugène Carrière est réputé pour ses clairs-obscurs en camaïeu à dominante brune et grise, estompant les formes tout en faisant ressortir les mains et les visages[9]. Pour obtenir cet effet, « la toile est d'aspect lisse, au rendu quasiment porcelaine, et la profondeur du regard est rendue grâce au grattage de la toile par le manche du pinceau[10]. »

Selon un de ses biographes, Charles Morice, Paul Gauguin a dit de lui : « Les belles couleurs, sans qu'on s'en doute, existent et se devinent derrière le voile que la pudeur a tiré dans ses œuvres. Ses fillettes conçues d’amour évoquent la tendresse. Chez lui, les mains saisissent et caressent[11]. » Ses détracteurs voient en son œuvre une forme de sentimentalisme désuet et répétitif[12]. La critique anglo-saxonne, revenant sur ce jugement, perçoit dans cette œuvre, la transition fondamentale entre tradition et modernité : sa lithographie Sommeil (1897)[13] confine presque à l'abstraction — ou du moins à une forme d'expressionnisme — et la plupart des peintres fauves, qui paradoxalement explosèrent la gamme chromatique, passèrent par son atelier[14].

Famille[modifier | modifier le code]

sa fille Nelly

Il était le frère d'Ernest Carrière (1857-1908), peintre céramiste. Élève et collaborateur du céramiste Théodore Deck, Ernest Carriere fut chef des ateliers de décoration à la manufacture nationale de Sèvres. Il épousa en 1883 Alice Bouron (modèle du tableau La Toilette d'Eugène Carrière, conservé au musée d'Arts de Nantes) dont il eut au moins un fils, Camille Carrière, chirurgien.

Eugène Carrière et sa femme Sophie eurent cinq enfants[15] qu'il a souvent peints[16].

Leur fille aînée Nelly Carrière (1886-1971) sera sculptrice. Avec son second époux, l’homme politique Jacques-Louis Dumesnil (1882-1956), ils donneront naissance à Jeannie Dumesnil (1926-2000), qui sera peintre.

Leur troisième enfant, Jean-René Carrière (1888-1982), sera peintre et sculpteur.

Citation[modifier | modifier le code]

« Dans ce moment si beau et si court l'homme est maître de son destin. Il peut vouloir la recherche de sa propre nature, découvrir son image dans ses semblables, jouir de la connaissance des causes profondes de la vie, ou se complaire à la satisfaction passagère des apparences. La lassitude et la tristesse des voyageurs de la mauvaise route nous disent que partout se trouvent la souffrance et la mort. Que du moins notre souffrance ait une raison haute et généreuse, qu'elle soit la préparation aux beaux lendemains. Les Poètes ont le sens du vrai chemin, ils savent les réalités invisibles que la vie nous dévoile au cours de notre labeur. »

— Toast d'Eugène Carrière au banquet de La Plume, .

Collections publiques[modifier | modifier le code]

En Allemagne[modifier | modifier le code]

  • Brême, Kunsthalle :
    • Tendresse, 1890, huile sur toile ;
    • Jeune mère, vers 1899, huile sur toile, 65 × 55 cm.

Aux États-Unis[modifier | modifier le code]

En France[modifier | modifier le code]

En Grèce[modifier | modifier le code]

Au Japon[modifier | modifier le code]

Quelques élèves[modifier | modifier le code]

Expositions[modifier | modifier le code]

  • D'avril à  : Paris, galerie Boussod et Valadon, exposition personnelle.
  • 2006 : Paris, musée d'Orsay, exposition consacrée aux relations entre le peintre et Rodin.
  • Du au  : musée départemental de l'École de Barbizon, Les échanges philosophiques et artistiques sur l'art du paysage, à l'occasion du centenaire de la mort du peintre.
  • 2013 : musée de la Chartreuse de Douai, exposition des œuvres d'Eugène Carrière de la donation Philippe-Denis.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Hommage[modifier | modifier le code]

Une statue lui rend hommage place Claude-Nougaro (18e arrondissement de Paris).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « https://archives.yvelines.fr/rechercher/archives-en-ligne/correspondances-du-musee-departemental-maurice-denis/correspondances-du-musee-maurice-denis », sous le nom CARRIERE Eugène (consulté le )
  2. Nouveau Larousse illustré - Dictionnaire universel encyclopédique, tome 2, p{{.|525}}.
  3. Les domiciles d'Eugène Carrière, sur le site d'eugenecarriere.com (consulté le ).
  4. Sylvie Le Gratiet, « De l'Éveil aux Âges de la Vie. Conception et réception des décors d'Eugène Carrière », in l'Atelier, bulletin no 8 de l'Association Le Temps d'Albert Besnard (ISSN 1956-2462).
  5. Rodolphe Rapetti, Eugène Carrière 1849-1906, Musée de Strasbourg, RMN, , p. 221
  6. Notice d'autorité sur data.bnf.fr.
  7. « L'académie Carrière, Une fenêtre sur les Fauves et les femmes-artistes », sur tourisme93, à propos de l'exposition au Musée Eugène Carrière, Gournay-sur-Marne, du au .
  8. « Dossier dans l'ordre de la Légion d'honneur d'Eugène Anatole Carrière », base Léonore, ministère français de la Culture.
  9. Ce qui fit dire de façon humoristique à Edgar Degas : « On a fumé dans la chambre des enfants » (cf : Didier Rykner, « Une importante donation de tableaux d'Eugène Carrière pour Douai », sur le site de La Tribune de l'art du ).
  10. Didier Rykner, op. cit.
  11. Eugène Carrière : l'homme et sa pensée, l'artiste et son œuvre, Paris, Mercure de France, 1906, p. 216-220.
  12. a et b Marie-Pierre Bologna, « Une expo et un musée pour Eugène Carrière », Le Parisien, édition de Seine-Saint-Denis, .
  13. Sommeil, base Joconde, en ligne.
  14. « Eugène Carrière, artiste du XIXe siècle entre tradition et modernité », In: eugenecarriere.com (en ligne).
  15. Goncourt écrit dans son Journal, le 6 février 1893 : " Je parle à Carrière de la dépopulation de la France. Il me dit qu'il lui faut un certain courage pour sortir dans la rue à la tête de ses cinq enfants, qu'on s'étonne, qu'on rit, qu'on les compte tout haut derrière lui"
  16. « La Famille du peintre - Eugène Carrière | Musée d'Orsay », sur www.musee-orsay.fr (consulté le )
  17. Œuvre commentée sur le site officiel du musée Rodin.
  18. « Dépôt du Musée du Nouveau Monde de La Rochelle. Notice de l'œuvre en ligne : », sur Alienor.org (consulté le ).
  19. Présentation de la donation Oulmont sur webmuseo.com/ws/musee-des-avelines.
  20. Catalogue du fonds Eugène Carrière sur webmuseo.com/ws/musee-des-avelines.
  21. (en) Pinacothèque nationale d'Athènes, « Portrait of a Man », sur www.nationalgallery.gr (consulté le ).
  22. « Dossier de l'ordre de la Légion d'honneur d'Eugène Anatole Carrière », base Léonore, ministère français de la Culture.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Dictionnaire Bénézit.
  • Collectif, Eugène Carrière 1849-1906, Musée de Strasbourg, éditions RMN, 1996.
  • Collectif, Eugène Carrière, le peintre et son univers autour de 1900, éditions du Musée de Saint-Cloud.
  • Valérie Bajou, Eugène Carrière, portrait intimiste, Éditions Acatos, 1998.
  • Collectif, Auguste Rodin / Eugène Carrière, Musée d'Orsay, Flammarion.
  • Émilie Cappella, Agnès Lauvinerie, Eduardo Leal de la Gala, Moi, Eugène Carrière, Éditions Magellan, 2006.
  • Rodolphe Rapetti, Eugène Carrière (1849-1906) : catalogue raisonné de l'œuvre peint, Gallimard, 2008, 416 p.
  • Christina Buley-Uribe, Auguste Rodin - Eugène Carrière, Flammarion, 2006.
  • (es) Alfonso Cravioto, « Eugenio Carrière », Revista Moderna de México, Mexico, , pp. 208-217.
  • Noël Coret, Les peintres de la vallée de la Marne : autour de l'impressionnisme, Renaissance du Livre, , 182 p. (ISBN 978-2-8046-0365-6, lire en ligne), p. 36.

Liens externes[modifier | modifier le code]