Edward Gordon Craig — Wikipédia

Edward Gordon Craig
Edward Gordon Craig dans le rôle de Hamlet en 1897.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 94 ans)
VenceVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Carric, Allen, Craig, Edward Henry Gordon, Craig, Gordon, Godwin, Edward, Wardell, EdwardVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Bradfield College (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Période d'activité
à partir de Voir et modifier les données sur Wikidata
Père
Edward William Godwin (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Fratrie
Conjoints
Helen Mary Gibson (d) (à partir de )
Elena Fortuna Meo (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Philip Carlisle T. Craig (d)
Rosemary Nell A. Craig (d)
Henry Edward Robin Craig (d)
John P. R. Craig (d)
Peter M. Craig (d)
Ellen Gordon Craig (d)
Edward Carrick (en)
Deirdre Craig (d)
David Lees (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinctions
Archives conservées par
Bibliothèque Beinecke de livres rares et manuscrits[1]
University of Victoria Special Collections and University Archives (d) (SC180)[2]
UCLA Library Special Collections (d) (1006)
Harry Ransom Center (en) (MS-00960)[3]Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
signature d'Edward Gordon Craig
Signature

Edward Gordon Craig dit aussi Gordon Craig, né à Londres le et mort à Vence le , est un acteur, metteur en scène, théoricien et décorateur de théâtre britannique influent. Il est l'un des tout premiers scénographes modernes du XXe siècle.

Enfance[modifier | modifier le code]

Fils de la comédienne Ellen Terry et de l'architecte et scénographe Edward William Godwin, frère de la metteuse en scène, directrice de théâtre et costumière Edith Craig, Edward grandit dans le milieu théâtral. Il fait ses études au Lyceum Theater, dirigé à l'époque par Henry Irving dont la vision historico-réaliste du théâtre contemporain se rapproche de celle des Meininger. Craig, lecteur de Shelley et de la poésie de Ruskin, s'intéresse à la gravure ainsi qu'à la peinture et forge son répertoire théâtral grâce aux grands rôles du théâtre shakespearien qu'il interprète durant de nombreuses représentations dès 1893.

Les débuts[modifier | modifier le code]

Dès 1897, il abandonne définitivement le métier de comédien et va hésiter durant trois années sur la voie à prendre ; il dessine et pratique un dessin minimaliste, dont certains sont publiés par The Studio et The Dome. C'est également une période prolifique pour la lecture, où tout en restant fidèle à l'esthétique d'un John Ruskin, il s'intéresse aussi à Léon Tolstoï, Goethe, Nietzsche ou Wagner. Ces lectures le confortent dans son refus du réalisme de l'art et, surtout, dans ses aspirations à une métamorphose de l'art scénique.

La mise en scène[modifier | modifier le code]

Ses premières pièces en tant que metteur en scène sont des opéras : le livret de Purcell, Didon et Énée montée en 1900, Le Masque de l'amour de Haendel en 1901 ou encore, un an plus tard, Acis et Galatée de Joseph Moorat. Il est, pour toutes ces œuvres lyriques, aidé dans la direction musicale par Martin Shaw. Ses mises en scène tentent grâce à une utilisation picturale des lumières et un décor d'une grande sobriété, de créer un lien entre le mouvement musical et le geste scénique en se détachant du réalisme et de l'historicité. Il travaille également sur l'esthétisme du matérialisme scénique ainsi que sur l'incarnation symbolique du personnage à travers les passions et les forces qu'il contient. Il met en scène dans cette optique en 1903 une œuvre d'Ibsen intitulée Les Vikings et une pièce de William Shakespeare Beaucoup de bruit pour rien. L'expérience est un échec commercial complet, mais une véritable réussite artistique qui lui attire les bonnes vues de plusieurs hauts dignitaires européens, notamment celles d'un aristocrate allemand, le comte Kessler qui l'invite à la cour de l'empereur d'Allemagne. C'est le début d'une reconnaissance européenne pour sa recherche créatrice.

En même temps que la rencontre avec Isadora Duncan, entre 1904 et 1905, Craig continue ses voyages à travers l'Europe. C'est également la période de ses premiers écrits théoriques publiés en allemand puis traduits en français en 1920, virulents essais contre le réalisme et l'exubérance des décors avec deux essais fondamentaux, À propos du décor de théâtre en 1904 et L'Art du théâtre, premier dialogue en 1905. Craig y expose sa vision novatrice du métier de metteur en scène qu'il considère comme l'artiste principal puisqu'il doit connaître la totalité des techniques scéniques, tant d'un point de vue technique (régie, son, lumière, accessoire, décor...) que du point de vue du jeu de l'acteur, pour pouvoir donner une cohérence et une uniformité au spectacle.

Malheureusement, ses mises en scène restent souvent à l'état d'ébauches : en 1905 La Tempête et Macbeth ou encore Le Roi Lear en 1908, trois pièces dont Max Reinhardt charge Craig de faire la mise en scène. Certains de ses projets ne voient même jamais le jour, comme la mise en scène de Macbeth à Londres en 1910. Mais généralement, c'est Craig lui-même qui rompt les contrats, refusant de modifier ses projets en fonction des adaptations techniques et scéniques nécessaires. Plusieurs contrats sont ainsi rompus, notamment en Allemagne. Ses contacts à Paris avec Jacques Rouché n'ayant pas donné suite, Craig ne fait plus qu'une ultime grande mise en scène : Hamlet, grâce à l'invitation de Stanislavski. La préparation de ce dernier spectacle dure plus de trois ans et les répétitions sont partagées entre Moscou et l'Italie pour aboutir à la représentation à Moscou en 1912 : les esquisses scénographiques dont on a gardé la trace révèlent un dépouillement radical, à l'opposé de ce qui se pratique.

La surmarionnette[modifier | modifier le code]

En 1913, Craig ouvre une « école de l'art théâtral » à Florence, lorsque toute une série d’écoles autour des théoriciens et metteurs en scène importants fleurit dans les années 1910/1920. C’est le mouvement des anti-conservatoires, tourné vers l’expérimentation et le renversement des traditions.

Cette école est un laboratoire expérimental qui n’est pas fait pour apprendre un métier d’acteur, de scénographe, de metteur en scène et qui n’est pas un support pour ensuite présenter des mises en scène. C’est vraiment un laboratoire expérimental, lieu où se retrouvent acteurs, scénographes, techniciens, décorateurs, pour voir comment réaliser des idées, mener des expériences qui se veulent innovantes.

Il met en place la réflexion, menée depuis 1905, sur la « surmarionnette »[4]: il juge que l'humain est trop soumis au flux d'émotions changeantes. Comme les symbolistes, il pense que la solution réside dans la marionnette. Dans ce centre, les élèves « doivent apprendre à la manipuler, mais aussi à la sculpter, afin d'analyser la source du mouvement et de trouver dans leur propre corps cette même fluidité[5] ». La Première Guerre mondiale ruine ce projet et Craig se lance dans l'écriture d'un cycle de pièces pour marionnettes.

Il s'installe en France en 1936 et y restera jusqu'à sa mort en 1966.

Œuvre écrite[modifier | modifier le code]

  • L'Acteur et la surmarionnette, article paru dans la revue The Mask, n°2, 1908.
  • L'Art du théâtre, 1905.
  • De l'Art du Théâtre, 1911
  • Drama for Fools (Le Théâtre des fous), cycle de pièces pour marionnettes commencé en 1914, laissé inachevé bien que Craig ait continué d'y travailler jusqu'à sa mort. Traduction française parue aux éditions l'Entretemps
  • The Mask, revue qu'il anime de 1908 à 1929.
  • Woodcuts and Some Words, Londres, 1924 - sur la gravure reproduisant quelques-uns de ses travaux graphiques.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « http://hdl.handle.net/10079/fa/beinecke.craig »
  2. « https://uvic2.coppul.archivematica.org/edward-gordon-craig-fonds » (consulté le )
  3. « https://norman.hrc.utexas.edu/fasearch/findingAid.cfm?eadid=01210 » (consulté le )
  4. À cette date, il travaillait à la création d'un « théâtre international de surmarionnettes » ; projet qui ne se concrétisera pas.
  5. Patrick LeBoeuf, « Craig et la marionnette » in Chroniques, n°49, mai-août 2009.

Liens externes[modifier | modifier le code]