Damien Ressiot — Wikipédia

Damien Ressiot
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Damien Ressiot est directeur du département des contrôles de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) depuis le [1], après une année comme conseiller technique à l'OCLAESP. Il a été journaliste d'investigation du quotidien L'Équipe spécialisé dans les affaires de dopage pendant 25 ans. Il a été l'auteur de plusieurs « scoops » sur le milieu du sport. Il a été, par exemple, le premier à révéler l'utilisation d'EPO par le cycliste Lance Armstrong[2].

D'abord jeune reporter à France Football, il a été confronté à l'affaire de corruption VA-OM. Il entre à L'Équipe en en 1990 à l’âge de 25 ans, à la rubrique Football.

Suite à quelques affaires retentissantes (affaire de nandrolone qui a secoué le football, dans les années 97-98, affaire Festina en 1998), il s'intéresse aux questions de dopage et passe en 2000 un diplôme universitaire en pharmacie à l’université de Montpellier.

En 2001, la rédaction de L'Équipe est secouée par le licenciement de Pierre Ballester, qui avait couvert plusieurs sujets sur le dopage dans le cyclisme[3].

Les 9 et , le quotidien publie une série d’articles de Damien Ressiot mettant en cause l'équipe Cofidis et se basant sur des éléments d'une enquête judiciaire en cours. En janvier 2005[4], une perquisition est conduite dans les locaux du journal L'Équipe et du Point afin de retrouver les pièces de la procédure ayant fuitées. Quelques années plus tard, Damien Ressiot donnera son nom à l'« arrêt Ressiot et autres contre France »[5] du , par lequel la Cour européenne des droits de l’homme a déclaré, à l’unanimité, qu’il y a eu violation par la France du principe de la protection des sources d'information des journalistes prévu par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme, du fait de perquisitions.

Mais Damien Ressiot s'est surtout fait connaitre pour ses révélations, effectuées quatre mois après ces perquisitions, sur Lance Armstrong dopé à l'EPO, dans L'Équipe du . L'article s'appuie sur une analyse factuelle de preuves formelles, sur les pistes desquelles le journaliste a été discrètement orienté, plus tôt, grâce à la protection des sources, dont l'une est probablement un ex-dirigeant de l'Union cycliste internationale (UCI), même s'il dément l'existence d'une « gorge profonde » à l’UCI[6].

En 2006, il écrit sur le dopage qui aurait sévit à l'Olympique de Marseille pendant les « années Tapie », reprenant par exemple des citations de Chris Waddle ou d'Eric Cantona.

Il a été poursuivi pour un article paru pendant les JO de Pékin en 2008, qui révélait des paramètres sanguins du coureur de fond français Bob Tahri laissant supposer qu'il s'était dopé. Le journaliste, d'abord condamné en 2009 pour "recel de violation du secret médical"[7], a finalement été relaxé en 2014[8].

Damien Ressiot quitte finalement le journalisme en 2014. Après une année au côté des officiers de police chargés de la lutte contre le dopage, il rejoint l’AFLD, l’agence française de lutte contre le dopage, où il est actuellement le directeur des enquêtes[9],[10].

En 2022, France Culture consacre 4 épisodes de son émission "Mécaniques du journalisme" à Damien Ressiot et son enquête de 2004/2005 sur Lance Armstrong[11].

Méthodes dans l'affaire Armstrong[modifier | modifier le code]

Pour parvenir aux conclusions de son enquête, Damien Ressiot recoupe deux sources d'information. Il compare les numéros d'échantillons urinaires positifs à l'EPO prélevés sur le Tour de France 1999, utilisés à des fins de recherche par le laboratoire national de Châtenay-Malabry, avec les échantillons d'urine de Lance Armstrong prélevés durant la même compétition. Six numéros concordent et permettent de conclure que Lance Armstrong a certainement suivi un protocole de dopage à l'EPO au Tour de France 1999, sa première grande boucle victorieuse.

La deuxième série d'échantillons est obtenue par Damien Ressiot auprès de l'UCI, où il s'est rendu, avec l'autorisation de l'UCI et celle d'Armstrong. Mais le journaliste n'a jamais dit comment il avait été mis sur la piste de la première série d'analyses d'urine. Mario Zorzoli, le médecin de l'organisation, soupçonné d'être à l'origine de la fuite d'information, a été suspendu pendant un mois au début de 2006, puis réintégré[12]. Soucieux de la crédibilité de la lutte antidopage, Mario Zorzoli avait annoncé en juillet 2004 les premiers contrôles sanguins inopinés, réalisés après l'arrivée ou avant le départ d'étape, au nombre d'une trentaine, pour détecter les hémoglobines de synthèse, suivant une méthode mise au point par le Laboratoire national de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine)[13].

Pour sa défense, Lance Armstrong avance ensuite l'impossibilité de faire une contre-expertise sur les échantillons de 1999. L'UCI lui donne raison en estimant que ce serait ne pas respecter les protocoles antidopage. En 2008, l'Agence française de lutte contre le dopage propose alors à Lance Armstrong d'analyser à nouveau les échantillons de 1999, ce qu'il refuse à nouveau, arguant que les échantillons n'ont pas été bien conservés[14].

Plus tard, en 2011, Damien Ressiot s'est procuré les listes secrètes établies par l'UCI pour prévenir le dopage chez les 198 coureurs au départ du Tour de France 2010. Les coureurs sont classés en fonction d'indices 0 à 10 selon les suspicions de dopage[15]. Ils se voient attribuer un « passeport biologique » permettant à l'Union cycliste internationale de cibler ses contrôles[16]. L’indice de suspicion est calculé arbitrairement en fonction des données sanguines contenues dans le passeport biologique des coureurs et permet d’orienter les contrôles antidopage vers des coureurs « potentiellement dopés »[15].

Jamais une telle liste, confidentielle, n’aurait dû sortir des bureaux de l'Union cycliste internationale, qui a un laboratoire à Aigle, près de Lausanne, reconnaît le quotidien L'Équipe, en la publiant, façon de souligner qu'il entend faire valoir avec attention le principe de protection des sources d'information des journalistes.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Délibération officielle », sur afld.fr (consulté le )
  2. Damien Ressiot, « Le mensonge Armstrong », L’Équipe,‎
  3. Karim Souanef, « 4. Quand la presse fait autrement : formes de subversion et coûts de l’information alternative », dans Le journalisme sportif : Sociologie d’une spécialité dominée, Presses universitaires de Rennes, coll. « Res publica », , 81–99 p. (ISBN 978-2-7535-8549-2, lire en ligne)
  4. « Dopage : les perquisitions dans les locaux de presse contraires à la Convention européenne des droits de l’homme - Instruction | Dalloz Actualité », sur www.dalloz-actualite.fr (consulté le )
  5. Cour européenne des droits de l'homme, « AFFAIRE RESSIOT ET AUTRES c. FRANCE », sur hudoc.echr.coe.int, Strasbourg, (consulté le ).
  6. Gilles Goetghebuer, « Le Mystère Armstrong » [archive], sur dopage.be,
  7. « Publication d'analyses de Bob Tahri: L'Equipe devra être rejugée », sur L'Express, (consulté le )
  8. Challenges, « Relaxe d'un journaliste de L'Equipe qui avait publié des analyses de Bob Tahri », sur Challenges, (consulté le )
  9. « L'extraterrestre, un mythe qui s'effondre : épisode • 4/4 du podcast Dopage : la chute de Lance Armstrong », sur France Culture (consulté le )
  10. « Damien RESSIOT », sur AFLD (consulté le )
  11. « Comment « L’Equipe » a brisé le mythe Lance Armstrong », sur www.20minutes.fr, (consulté le )
  12. (en) Daniel M. Rosen, Dope : A History of Performance Enhancement in Sports from the Nineteenth Century to Today, (lire en ligne), p. 158.
  13. A.H., « Un nouvel arsenal contre le dopage », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. Nicolas Rouyer, « Armstrong : sept ans de suspicion », sur Europe 1, (consulté le ).
  15. a et b « La liste qui va faire mal », sur Velochrono.fr, .
  16. (en) Joe Lindse, « L'Équipe Publishes Suspicious Rider Index : A few points about reading in too much. » [archive], sur bicycling.com, .

Liens externes[modifier | modifier le code]