Clarté (journal) — Wikipédia

Clarté est le journal de l'Union des étudiants communistes actif de 1956 à 1996.

Histoire[modifier | modifier le code]

De Clarté universitaire à Clarté[modifier | modifier le code]

Le nom Clarté est issu du groupe qu'animaient Henri Barbusse et Paul Vaillant-Couturier au début des années 1920. Sa section universitaire était alors l'un des seuls groupes notables regroupant des étudiants communistes, outre l'Union fédérale des étudiants : elle s'intitulait Clarté universitaire et publiait un journal du même nom. Celui-ci fut renommé La lutte des classes par Pierre Naville après son exclusion du PCF, journal qui fusionna en 1935 avec La Vérité, l'organe trotskyste, pour former Lutte ouvrière (sans rapport avec le parti d'Arlette Laguiller).

De 1947 à 1956, alors que l'UEC n'existe plus, les étudiants communistes de Paris (qui, avec les membres étudiants de l'UJRF, seront intégrés à partir de 1956 au MJCF) publieront un journal dénommé Clarté, qui paraîtra tous les deux mois, totalisant entre 1947 et 1956 59 numéros.

Le mensuel Clarté (1956-1965)[modifier | modifier le code]

Lorsque le Parti communiste français décide en juillet 1956, lors de son XIVe Congrès de recréer l'Union des étudiants communistes, un mensuel est prévu : il s'appellera Clarté, comme son prédécesseur parisien (la page de garde précisera alors Le nouveau Clarté).

Le mensuel est alors dirigé par un membre du bureau politique du Parti. Il s'émancipera néanmoins de sa tutelle dans les années 1960 : ce sont alors les rédacteurs en chef qui détiennent le rôle principal (André Sénik, Jean Schalit, qui refonde et modernise la maquette avec Paul Chemetov, puis Pierre Kahn, Michel Remacle, Yves Buin et Henri Vacquin en 1964). Pour le PCF, il s'agit d'attirer de jeunes militants sensibles à l'anticolonialisme au moment où ils s'investissent à l'UNEF et sont choqués par l'attitude du gouvernement SFIO de Guy Mollet.

Frédéric Bon participa aussi au comité de rédaction de Clarté (sous le pseudonyme de Morland, en 1963) ; Serge July, Bernard Kouchner, Pierre Goldman, Patrick Pesnot (en 1963) et Michel-Antoine Burnier (cofondateur d'Actuel en 1968) y écrivirent aussi. Cette émancipation va de pair avec celle de l'UEC vis-à-vis du PCF : l'UEC est alors divisée entre les partisans de la ligne du PCF et les « Italiens » (ainsi dénommés pour leur soutien à la théorie du « polycentrisme » de Palmiro Togliatti, qui prône l'autonomie des partis communistes vis-à-vis de Moscou).

Le nouveau Clarté[modifier | modifier le code]

En 1965, le PCF décide de reprendre en main l'UEC. Il y parvient grâce à l'habileté politique de Roland Leroy et amène à sa tête Guy Hermier, proche de la direction. Les « Italiens » (Pierre Kahn, alors Secrétaire national de l'UEC, André Sénik, Bernard Kouchner) perdent la direction de l'UEC lors de son VIIIe Congrès : ils quitteront l'UEC ou en seront exclus. Au même moment, la direction du journal Le Cri de la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) est aussi poussé à la démission en , et il cesse de paraître quelques mois plus tard. Comme Clarté, Le Cri s'était investi dans les combats progressistes.

À leur suite, d'autres secteurs de l'UEC, sont exclus de l'organisation étudiante. À Paris, c'est le sort du groupe du « secteur Lettres » emmené par Alain Krivine, qui crée la Jeunesse communiste révolutionnaire. Fin 1966, c'est le « secteur de l'École normale supérieure » qui fait sécession. La plupart de ses adhérents rejoignent les groupes maoïstes. Certains, tel Robert Linhart, pour se rapprocher du peuple ouvrier, « s'établissent » en usine. Plusieurs membres de Clarté, dont Schalit, participeront à la création du journal Action en mai 68.

Pour marquer la rupture avec les périodes antérieures, Clarté devient Le Nouveau Clarté. Le premier numéro du Nouveau Clarté paraît en . Il garde le format 24 x 29,5 cm que Clarté avait adopté depuis [1]. Il conserve aussi l'encart "politique", agrafé en cahier intérieur. Il affiche en une, pleine page, le détail d'une fresque monumentale réalisée par le peintre mexicain David Alfaro Siqueiros[2].

Le premier comité de rédaction[3] résulte des alliances passées entre les courants de l'UEC lors du 8e congrès de l'organisation étudiante. Aux côtés de Guy Hermier, nouveau directeur, de Serge Goffard, nouveau "rédacteur en chef", de Michel Jouet, de H. Axelrad, il comprend deux "pro-chinois", Robert Linhart et Tiennot Grumbach.

"Un vrai journal communiste reparaît à l'Université (...) Notre nouveau journal se veut le continuateur des luttes menées par les intellectuels et les étudiants communistes du groupe "Clarté", fondé par Henri Barbusse, le continuateur des luttes difficiles de la Résistance, le continuateur des grandes luttes contre la guerre d'Algérie dans lesquelles les étudiants communistes tinrent un rôle de premier plan comme en témoigne le combat de Serge Magnien."

L'éditorial fait quelques raccourcis historiques. Mais après l'épisode de , l'Union des étudiants communistes regagne rapidement une force non négligeable dans un milieu étudiant renouvelé, pour lequel les distinctions "italiens", "orthodoxes" perdaient sens. Le soutien aux combattants vietnamiens pour l'indépendance et la réunification de leur pays, les luttes pour des moyens à l'Université, l'engagement des organisations de la Jeunesse et des étudiants communistes pour la libération d'Angela Davis, le re-création d'un syndicat étudiant en l'Unef-Renouveau, animent les pages du Nouveau Clarté durant la décennie 1968-1977.

Le mensuel est publié de façon régulière jusqu'en juin 1977, date où il disparaît une première fois, après 60 numéros. Clarté devient en novembre bimensuel (et revient au numéro 1), puis redevient mensuel en 1986. Il paraît ainsi jusqu'en 1996[réf. nécessaire].

Relance en 2020[modifier | modifier le code]

En 2020, sous l'impulsion du Collectif national de l'Union des étudiants communistes, dont la légitimité est discutée en raison d'un changement des statuts de la branche étudiante du Mouvement jeunes communistes de France, le journal reparaît avec un format numérique[4]. Cette branche dissidente se refonde l'année suivante en RED Jeunes.

La direction et la rédaction de Clarté et du Nouveau Clarté (1963-1974)[modifier | modifier le code]

Telles qu'elles ressortent des « ours » et du dépouillement du magazine de l'UEC, les directions et rédactions successives sont des pépinières de journalistes et de quelques personnages politiques. Pour la période antérieure à 1965, les noms de Bernard Kouchner, de Serge July, directeur de Libération émergent. La période postérieure n'est pas moins riche, avec Guy Hermier, directeur de l'hebdomadaire Révolution, député de Marseille, Pierre Zarka, directeur de L'Humanité, Alain Gresh, directeur adjoint du Monde diplomatique, Dominique Vidal, rédacteur en chef du même mensuel,

  • Le nouveau clarté, [6]
    • directeur, Guy Hermier
    • rédacteur en chef, Serge Goffard
    • comité de rédaction : Herbert Axelrad, Pierre Bénard, Michel Jouet, Robert Linhart, G. Tiennot
  • Le nouveau clarté, / [7] :
    • directeur politique, Guy Hermier
    • rédacteur en chef, Serge Goffard
    • administrateur, Michel Jouet
    • comité de rédaction : Hervé Arlin, Pierre Bénard, Jean-Michel Catala, Gérard Dahan, Marc Mervais, François Roussel, G. Tiennot, A. Velmont
  • Le nouveau clarté, / [8] :
    • directeur politique, Guy Hermier
    • rédacteur en chef, Serge Goffard
    • rédacteur en chef adjoint, Hervé Arlin
    • administrateur, Jean Gimenez
    • maquette, Jean-Pierre Jouffroy
    • comité de rédaction : Jean-Claude Allanic, Alexis Bérélovitch, Jean-Michel Catala, B. Duhamel, René Gaudy, A. Jaubert, Michel Jouet, Michel Rogalski
  • le Nouveau clarté, [9] :
    • directeur politique, Jean-Michel Catala
    • rédacteur en chef, Jean-Claude Dufour
    • maquette, Jean-Pierre Jouffroy
    • Chefs de rubrique, Herbert Axelrad, Serge Goffard Dominique Vidal
    • comité de rédaction : H. Axelrad, J-M Catala, A. Chirokoff, F. Coudert, J.-C. Dufour, A. Gaudric, René Gaudy, Michel Jouet, Marcou, F. Marotin, E. Rappoport, Bernard Toboul, Jacques Varin, D. Vidal, Pierre Zarka
  • Le nouveau clarté, [10]
    • directeur politique, Jean-Michel Catala
    • rédacteur en chef, Dominique Vidal
    • comité de rédaction, H. Axelrad, Alain Benezet, Gérard Bras, J.-M. Catala, C. Fillion, M. Finkel, Alain Gresh, J.-P. Jouffroy, P. Joué, Michel Jouet, Christiane Milekitch, Gérard Molina, René Prelot, F. Py, Michel Richard, Yves Vargas, D. Vidal, Serge Wolikov, Pierre Zarka.
  • Le nouveau clarté, [11]
    • directeur politique, Gérard Molina
    • rédacteur en chef, Bernard Floris
    • comité de rédaction (1971-1972)[12] Anne Bailly, Simone Berno, Gérard Bras, Robert Crémieux, Bernard Floris, M. Gérard, Alain Gresh, Raynald Guillot, J.-P. Jouffroy, Bernard Lafon, Christiane Milékitch, G. Molina, Joëlle Moreau (rédactrice en chef adjointe en ), Francine Palant, Pierre Oliviéri, Danielle Rosemberg, Germain Trugnan, Pierre Zarka
    • autres rédacteurs étudiants (1971-1972), Roland Chamak, Jean-Pierre Gaudard, Olivier Schwartz, Alain Hayot, Roger Martelli, Lin Guillou, Martine Nouaille.
    • intervenants, interviewés ou reprises d'articles extérieurs (1971-1972)[13]
      Cinq dirigeants communistes : Georges Marchais, avec une reprise d'un texte déjà prononcé devant un Comité central, Jacques Duclos, André Vieuguet, Roland Leroy, Paul Laurent. Deux journalistes de la presse communiste : Laurent Salini, Roger Trugnan.
      domaine culturel : interview de H.J. Böhme, ministre de l'enseignement supérieur de la RDA, Abel Michéa (sport), Jean-Pierre Miquel, Jean Piat, Eduardo Manet, Maurice Goldring (débat sur le théâtre de l'Odéon à Paris) ; un article de René Nozeran, « Perspectives de la science » stricte présentation du programme scientifique du PCF ; une rencontre avec Raymond Devos, artiste.
      autres : Fanny Davis (sœur d'Angela Davis)
      comptes-rendus critiques : une étude théâtrale (une pièce de Bertolt Brecht Sainte-Jeanne des abattoirs) ; une exposition de dessins de la Fête de L'Humanité  ; Deux articles cinématographiques (sur le cinéma américain et sur Charlot), une interview de Jean Thibaudeau portant sur les « avant gardes littéraires », mais aucun compte-rendu de publication littéraire ; deux pages artistiques (sur Picasso) ; une page hagiographique sur le physicien, savant et militant Paul Langevin.
  • Le nouveau clarté, - [14]
    • directeur politique, Pierre Zarka
    • rédacteur en chef, Alain Gresh
    • rédacteur en chef adjoint, Michel Laurent
    • comité de rédaction, Anne Bailly, Claude Benière, Jo Benkemoun, Denis Blasquez, Gérald Bloncourt, Anne Brunschwig, Maurice Cukierman, Alain Gresch, Jean-Pierre Jouffroy, Jean Jackymiak, Roger Martelli, André Maurice, Gérard Maurice, Joëlle Moreau, Jean-Michel Morel, Christiane Milékitch, Francine Palant, Pierre Oliviéri, Yves Shebat, Pierre Zarka.
    • il est à noter un saut quantitatif dans la féminisation de l'équipe rédactionnelle : 6 femmes sur 15 membres en
  • Le nouveau clarté, - [15]
    • directeur politique, Jean-Charles Eleb[16].
    • rédactrice en chef, Ghislaine Povinha
    • rédacteur en chef adjoint, Patrice Carollo
    • comité de rédaction[17], Alain Birebant, Denis Blasquez, Gérald Bloncourt, P. Carollo, Hélène Chambaz, Maurice Cukierman, Dominique Davenas, J-C Eleb, Jose-Miguel Garcia, Jean Jachymiak, Mireille Jaéglé, J-P Jouffroy, Goulven Kerien, Gisèle Kirjner, Jean-Jacques Langlois, Gilbert Leclercq, Annette Lugand, Jean-Michel Morel, Murielle Meyer, Eliane Ozanne, G. Povinha, Gérard Zaoui.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Clarté no 51, novembre 1963, 56 pages. Ce numéro affiche en "une" un portrait de Staline et annonce le contenu d'une encart de 20 pages, imprimé sur papier journal : "les héritiers de Staline"
  2. . Provocation ou pas ? Pour son implication dans l'assassinat en 1940 de Trotsky, le Parti communiste mexicain est la "bête noire" des organisations se réclamant du fondateur de l'Armée rouge...
  3. Le nouveau Clarté, no 1, page 27.
  4. « Clarté », sur clarte-journal.fr via Wikiwix (consulté le ).
  5. Clarté, numéros 50 (mai 1963), 51 (novembre 1963), 52 (décembre 1953), 53 (janvier 1964) 54 (février 1964)
  6. le nouveau clarté, numéro 1
  7. Le nouveau clarté, Numéros 3 (novembre 1965), 4-5 (décembre 1965/janvier 1966), 6 (mars 1966)
  8. le nouveau clarté, numéros 7 (mai 1966), 8 (octobre 1966), 9 (novembre-décembre 1966, 11 (mars 1967)
  9. Numéro 17, novembre 1968
  10. numéro 21, octobre 1969. Comme pour les précédents comités de rédaction, du prénom le journal ne livre que l'initiale. Il est rétabli ici, quand un article paru permet une meilleure identification
  11. numéro 31 octobre 1971. Dans l'éditorial de ce numéro, Gérard Molina livre le nombre des adhérents de l'UEC : 10 000.
  12. En cours d'année universitaire l'équipe est renouvelée. La Conférence nationale d'Ivry, tenue du 18 au 20 décembre 1971 et rassemblant 360 délégués, enregistre le changement du secrétariat général de l'UEC. Gérard Molina, étudiant en Philosophie transmet la direction de l'organisation étudiante à Pierre Zarka, étudiant en Histoire. Ipso facto celui-ci devient le directeur politique du journal.
  13. Numéros 31 (octobre 1971), 32 (novembre 1971), 33 (janvier 1972), 34 (février 1972) et 35 (mars 1972).
  14. Du numéro 36, octobre 1972, au numéro 40, mai 1973
  15. du numéro 41, octobre 1973, au numéro 45, avril 1974
  16. C'est au congrès du Mouvement de la Jeunesse communiste, tenu du 17 au 20 mai 1973, que Pierre Zarka quitte la direction de l'UEC et du Nouveau clarté pour devenir l'un des dirigeants du mouvement. Il est alors remplacé par Jean Charles Eleb, de l'université Paris 1 -Droit, sciences économiques). CF le nouveau clarté, no 41, page 5, « le nouveau collectif national de l'UEC ».
  17. Les membres du comité de rédaction nommés à la suite de la Conférence nationale de l'UEC tenue à Orsay les 2 et 3 mars 1974, en présence de 350 délégués, sont inclus dans cette liste

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Comité central du Parti communiste français, « Compte-rendu du XIVe Congrès du PCF », Les Cahiers du communisme, 1956, numéro spécial de juillet-août, p. 331-336.
  • François Billoux, « Rapport au XIVe Congrès du PCF : appel à la jeunesse de France », ibid.
  • Jean Piel, « Intervention de Jean Piel, secrétaire national de l'UEC, devant le XVIIe Congrès du PCF », Les Cahiers du communisme, 1961, numéro spécial de juin, p. 207-212.
  • Serge Goffard, pour la fédération Seine-Sud, « Intervention devant le XVIIe Congrès du PCF », Les Cahiers du communisme, 1964, numéro spécial de juin-juillet, p. 356-357.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]