Charles Wautier — Wikipédia

Charles Wautier
Naissance
Décès
Période d'activité
Autres noms
Wautiers, Woutier, Woutiers, Waultier, Wauthier, Karel Wautier, Carolus Wautier
Activité
Lieu de travail
Mouvement
Fratrie
Œuvres principales

Charles Wautier, baptisé le à Mons et mort le à Bruxelles, est un peintre flamand de l'époque baroque, actif à Bruxelles dans la deuxième moitié du XVIIe siècle. Il est le frère de Michaelina Wautier (1604-1689), également peintre.

Biographie[modifier | modifier le code]

Il est le fils de Charles Wautier (15??-) et de sa seconde épouse, Jeanne George, native de Valenciennes[1] ou plus vraisemblablement de Mons[2] († ). Il fait partie d'une riche et ancienne famille de Mons, capitale du comté de Hainaut, dont les membres étaient, depuis le XVe siècle, échevins de la ville, conseillers, administrateurs ou militaires[1], et qui sera plus tard anoblie en « de Wautier ». Son père fut quelque temps au service du comte de Fuentes, gouverneur espagnol des Pays-Bas du Sud[3]. Aucun autre artiste n'est connu dans la famille en dehors de la sœur aînée de Charles, Michaelina, seule fille survivante connue d'une double fratrie de onze enfants[4], et on ignore pourquoi et comment tous deux sont devenus peintres. Wautier a d'abord été considéré comme un disciple de Rubens, mais il est plus probable qu'il ait étudié en dehors des Pays-Bas[5] — ce qu'il avait déclaré lors de son inscription à la Guilde de Saint-Luc de Bruxelles —, par exemple en Italie, selon une possibilité évoquée par Katlijne Van der Stighelen (en)[6],[7].

Il part s'installer à Bruxelles en 1633, suivi vers 1638-1642[8] par sa sœur Michaelina, restée, comme lui, célibataire ; il est vraisemblable que les deux artistes partagent le même logement et travaillent dans un seul atelier[9]. Il arrive qu'ils soient pris pour mari et femme[10]. C'est à cette époque qu'ils auraient peut-être voyagé en Italie, en France et à Madrid[11].

Ce n'est qu'en 1651 que Wautier se fait enregistrer à la Guilde des peintres, batteurs d'or et souffleurs de verre de Bruxelles, une condition pour être autorisé à pratiquer officiellement sa profession ; il peut signer les tableaux qu'il vend et prendre des apprentis et des élèves[5],[a], dont aucun par ailleurs n'a fait de carrière remarquable. Comme portraitiste, Charles acquiert rapidement une grande notoriété auprès d'une clientèle de statut social élevé ; il reçoit des commandes des princes de Ligne, des princes de Croÿ, des comtes de Merode, des comtes de Grimbergen et d'autres familles nobles. Le duc d'York, futur roi Jacques II d'Angleterre, et l'archiduc Léopold-Guillaume d'Autriche le sollicitent pour faire leurs portraits en pied. En 1658, le peintre namurois Florent du Rieu, honorant en poésie ses contemporains peintres célèbres, dont une dizaine actifs à Bruxelles[b], lui dédie un quatrain élogieux, en le désignant expressément comme « peintre en portraits »[12],[13].

En 1662, Peeter Snayers, spécialisé en peinture de bataille, obtient de cinq peintres bruxellois renommés[c] des témoignages concernant la valeur d'une de ses œuvres[14]. Wautier fait partie des cinq, et, à la différence de ses collègues, rédige son certificat en français[15] ; ce manuscrit, conservé à Valenciennes, permet d'avoir un autographe du peintre[16],[17]. L'artiste signe toujours de son nom français Wautier, et il est connu comme « Monsieur » Wautier, mais d'autres l'orthographient Wauthiers, Woutiers, etc., ce qui compliquera les recherches et les attributions ultérieures, problème dont sera également victime Michaelina.

Tout indique que l'activité professionnelle des Wautier et leur situation financière sont florissantes. Charles et Michaelina achètent des terrains, une belle demeure avec dépendances proche de l'église Notre-Dame de la Chapelle pour leur habitation en 1668, puis plusieurs autres maisons dans le même quartier des Marolles et dans le quartier du Sablon[18].

Les derniers tableaux signés de Charles Wautier datent de 1685, tandis que Michaelina, décédée en 1689, semble s'être arrêtée de peindre dès 1659, ou peut-être ne faisait-elle plus qu'aider son frère. Ayant hérité de sa sœur, Charles ne se consacre plus qu'à ses affaires immobilières et financières[19]. Il meurt à Bruxelles en 1703 à 94 ans, resté célibataire et sans élève passé à la postérité.

Sa peinture[modifier | modifier le code]

Wautier a surtout peint des sujets religieux et des portraits de personnalités de la noblesse flamande ou séjournant dans les Pays-Bas méridionaux, notamment des officiers au service de l'Espagne des Habsbourgs. Il se cantonne à ces deux genres picturaux "nobles" et délaisse le paysage, les scènes de genre et les natures mortes, considérés comme genres mineurs. Le portrait signé et daté de 1656 d'un homme vêtu sobrement d'un pourpoint noir s'écarte des habituelles figurations en costume d'apparat ou en armure ; l'homme en question pourrait être un ami, un parent ou le peintre lui-même[20]. Wautier n'aborde pas le très grand format, alors que sa sœur Michaelina s'y est distinguée avec son Triomphe de Bacchus commandé par l'archiduc Léopold-Guillaume. Par rapport à celle de sa sœur, la production de Charles apparait d'ailleurs moins variée et surtout moins originale, ce qui explique son relatif oubli comparé à l'intérêt croissant pour Michaelina depuis sa récente redécouverte[21],[22],[23], notamment à l'occasion de l'exposition "Michaelina: Baroque's Leading Lady" au MAS d'Anvers en 2018[24]. En portrait, sa manière se rapproche d'Antoine van Dyck, à qui certains de ses tableaux non signés ont été attribués, et de David Teniers II. Il montre cependant moins d'habileté dans la restitution des mains et des doigts[25]. Ainsi que l'envisagent Katlijne Van der Stighelen et Pierre-Yves Kairis, il est possible que les visages ou les chevelures aient parfois bénéficié de l'aide technique de sa sœur Michaelina[7],[26] et que les deux artistes aient plus d'une fois collaboré aux mêmes tableaux[27]. Van der Stighelen et Jahel Sanzsalazar relèvent les influences italiennes du Caravage, de Théodore van Loon et de Jusepe de Ribera dans les peintures religieuses[7],[28], qui comportent généralement un fond sombre et neutre et des effets de clair-obscur.

Quelques œuvres[modifier | modifier le code]

Peinture religieuse[modifier | modifier le code]

Peinture historique[modifier | modifier le code]

La Mort de Sénèque.

Peinture mythologique[modifier | modifier le code]

Portraits[modifier | modifier le code]

Beaucoup d'autres portraits, disparus ou dans des collections privées, ne sont connus que par les gravures réalisées d'après les tableaux par Pieter de Jode II[48], Cornelis Meyssens (en), Joannes Meyssens et Cornelis Galle[49] :

Galerie[modifier | modifier le code]

Exposition[modifier | modifier le code]

Plusieurs toiles de Charles Wautier et des gravures de ses peintures de portraits ont été rassemblées pour être exposées au Museum aan de Stroom d'Anvers pendant la rétrospective « Michaelina - Baroque's Leading Lady » du au [54].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Katlijne Van der Stighelen (en) (dir.), Gerlinde Gruber, Jahel Sanzsalazar, Martha Howell, Francesca Del Torre Scheuch, Ben van Beneden (en) et al. (avec catalogue, tableau généalogique des descendants de Charles Wautier père, bibliographie, index), Michaelina Wautier, 1604-1689: Glorifying a Forgotten Talent, Anvers, BAI Rubenshuis, , 323 p. (ISBN 978-90-8586-763-0). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Van der Stighelen cite sept élèves entre 1653 et 1686 : Tomas Monnorino, Pier Vyvier, Ambrosius (?), François Volson (ou Hosson, ou Volsom ?), Jan Baptist Tel, Peter van Bellen et Gillis Wauters, tout en faisant remarquer que cette liste est probablement incomplète.
  2. Charles Wautier figure ainsi aux côtés de Jan van den Hoecke, David Teniers le Jeune, Peeter Snayers, Gaspar de Crayer, Michael Sweerts, Jacques d'Arthois et Jan Baptist van Heil (en).
  3. En plus de Wautier : Gaspar de Crayer, David Teniers II, Daniel van Heil et Louis Primo alias Gentil (en).
  4. Une gravure de Pieter de Jode II d'après ce tableau peint pendant le séjour en Flandre du duc d'York, alors au service des troupes espagnoles, a servi à attribuer à Wautier ce portrait de Jacques II aujourd'hui dans la Royal Collection, acheté par Elizabeth II d'Angleterre en 1960 « James II (1633-1701) when Duke of York c. 1656-60 ».
  5. Conseiller et amant de la reine Christine de Suède.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Félix-Victor Goethals, Dictionnaire généalogique et héraldique des familles nobles du royaume de Belgique, t. IV, Bruxelles, (lire en ligne), p. 1078-1079
  2. Van der Stighelen 2018, p. 17-18 et 37.
  3. Van der Stighelen 2018, p. 17.
  4. Van der Stighelen 2018, p. 310-311.
  5. a b c d e f g h et i Bernadette Bodson : notice « Wautier, Charles » in Philippe Roberts-Jones (dir.), Dictionnaire des peintres belges du XIVe siècle à nos jours, vol. III, Bruxelles, La Renaissance du livre, (ISBN 978-2804120122, lire en ligne)
  6. Van der Stighelen 2018, p. 22.
  7. a b c d e f g h i et j (en) « Guide de l'exposition "Michaelina: Baroque's Leading Lady", pages 24-27 et 32 », sur Musée MAS d'Anvers
  8. Van der Stighelen 2018, p. 22-25.
  9. Van der Stighelen 2018, p. 22-25, 148.
  10. Van der Stighelen 2018, p. 34.
  11. Van der Stighelen 2018, p. 12.
  12. Frédéric de Reiffenberg, « Les tableaux parlans du peintre namurois », Bulletin du bibliophile belge, Bruxelles, vol. 2,‎ , p. 209 (lire en ligne, consulté le )
  13. Van der Stighelen 2018, p. 73, 148 et 153 (n.21).
  14. Van der Stighelen 2018, p. 29-30, 73.
  15. Van der Stighelen 2018, p. 38 (n.98).
  16. Van der Stighelen 2018, p. 30, fig.16.
  17. « Certificat AA258 », sur Archives de Valenciennes (consulté le )
  18. Van der Stighelen 2018, p. 29-32.
  19. Van der Stighelen 2018, p. 33.
  20. a et b Van der Stighelen 2018, p. 260.
  21. Pierre Dambrine, « Michaelina Wautier, une femme peintre tombée dans l'oubli », sur wukali, (consulté le )
  22. « Découvrez la vie et l'œuvre de Michaelina Wautier », sur Ministère de la Culture, (consulté le )
  23. [vidéo]« Conférence de K. Van der Stighelen le 1er juillet 2021 au musée Wallraf de Cologne », sur youtube (consulté le )
  24. (en)« Michaelina - Baroque's Leading Lady », sur Rubenshuis (consulté le )
  25. a et b Van der Stighelen 2018, p. 258.
  26. Van der Stighelen 2018, p. 262.
  27. a et b « Entretien avec Pierre-Yves Kairis », sur Musée MAS d'Anvers (consulté le )
  28. Van der Stighelen 2018, p. 25, 73-80.
  29. Saint Jean l'évangéliste
  30. Van der Stighelen 2018, p. 77.
  31. « The Calling of Saint Matthew », sur National Trust Collections
  32. «La vocation de saint Matthieu», Joconde, Portail des collections des musées de France
  33. Opdracht in de Temple
  34. Van der Stighelen 2018, p. 67-69.
  35. Van der Stighelen 2018, p. 81 (n.5).
  36. « Bacchus jeune », sur www.akg-images.fr (consulté le )
  37. « Portrait d'un officier »
  38. « Un héraut de Charles II », sur KMSKA (consulté le )
  39. « Portrait d'un feldmaréchal »
  40. « Collections du musée du château de Belœil », sur KIK-IRPA (consulté le )
  41. Van der Stighelen 2018, p. 273-274 (n.17).
  42. Van der Stighelen 2018, p. 70-71.
  43. « Portrait d'homme »
  44. « Portrait d'une dame de 1660 », sur proantic (consulté le )
  45. « Portrait d'homme »
  46. Van der Stighelen 2018, p. 272, 274 (n.14).
  47. Comte de Croÿ et du Rœulx
  48. (la) Theatrum pontificum, imperatorum, regum, ducum, principum, etc. pace et bello illustrium, Anvers, Pieter de Jode (réimpr. 1739) (1re éd. 1651-52) (lire en ligne)
  49. Van der Stighelen 2018, p. 268-277.
  50. Ferdinand Charles
  51. Eugene de Berghes
  52. Florens Marguerite de Renesse
  53. Jean Charle de Watteville
  54. [vidéo]« Revisit: Michaelina. Baroque's Leading Lady », sur youtube