Charia au Nigeria — Wikipédia

Instauration de la Charia au Nigeria :
  • la charia ne joue aucun rôle dans le système judiciaire
  • la charia s'applique au statut personnel seulement
  • la charia s'applique à plein, y compris au pénal

La charia ou charî'a (arabe : الـشَّـرِيعَـة) (ou loi islamique), en vigueur dans les États du nord du Nigeria jusqu'en 1960, a été abandonnée à l'indépendance, puis ré-instaurée en tant qu'ensemble de lois civiles et pénales dans 9 États à majorité musulmane ; et s'applique partiellement dans 3 autres États partiellement musulmans[1]. Cette réintroduction commence en 1999, quand le gouverneur de l'État de Zamfara d'alors, Ahmed Sani Yerima[2], entame une campagne politique pour instituer la Charia au niveau gouvernemental, et s'étend aux 11 autres États en 2000[1].

Contexte démographique[modifier | modifier le code]

Selon des études sur la démographie et les religions, les musulmans constituent 50,50 %[3] de la population. Ils vivent principalement dans le nord du pays. La majorité est sunnite. Les chrétiens sont le second groupe religieux et constituent 48,2 %[4] de la population. Ils prédominent dans le centre et le sud du pays, là où 1,4 % (le reste) appartient à des religions traditionnelles[5].

Les musulmans étant légèrement majoritaires dans la population, la plupart d’entre eux demandent l’instauration de la Charia (la loi islamique) comme source de la Loi. Douze États du nord ont introduit cette loi comme base du pouvoir exécutif et judiciaire entre 1999 et 2000.

États ayant introduit la Charia[modifier | modifier le code]

En 2012, 9 États ont institué la Charia :

Les 3 États suivants ont également instauré la Charia dans certaines régions à forte population musulmane :

Historique[modifier | modifier le code]

Colonisation britannique[modifier | modifier le code]

Les administrateurs coloniaux ont consacré des efforts significatifs à s'arroger la légitimité de dire le droit islamique dans leurs propres juridictions[6].

Premiers affrontements sectaires[modifier | modifier le code]

Les émeutes de Kano de 1953 se référent à de graves évènements qui éclatèrent dans l'ancienne cité de Kano[7], située dans le nord du Nigeria, le 1er mai 1953. Ce fut un affrontement entre des gens du nord et du sud, principalement des Yorubas et des Ibos. Le soulèvement dura au moins 4 jours et provoqua de nombreux morts entre sudistes, nordistes et autres.

Introduction de la Charia[modifier | modifier le code]

Les évènements de 1999, 2000 et 2001 étaient des émeutes entre Chrétiens et Musulmans à Jos (Nigeria) à propos des émoluments d'un politicien musulman, Alhaji Muktar Mohammed, recruté comme coordinateur local du programme fédéral de lutte contre la pauvreté[8].

Après le rétablissement de la Charia[modifier | modifier le code]

Massacre de Yelwa en 2004[modifier | modifier le code]

Le massacre de Yelwa du 2 mai 2004, à Yelwa, au Nigeria, a fait au moins 630 morts, d’après les décomptes de la Croix-Rouge et divers témoins.

Émeutes en 2008[modifier | modifier le code]

Campagne de terreur de Boko Haram[modifier | modifier le code]

Boko Haram ou Peuple engagé dans la propagation de l'enseignement du Prophète et du jihad[9] est une organisation terroriste active dans le nord du Nigeria. Elle vise à l'instauration de la Charia dans l'ensemble du pays, y compris les États du sud à dominante chrétienne.

Émeutes en 2010[modifier | modifier le code]

En 2010, plus de 500 personne, principalement des chrétiens, furent tuées lors de violences religieuses à Jos[10].

Controverses[modifier | modifier le code]

Selon de nombreuses sources journalistiques et des reportages, la réintroduction de la Charia a été la source de nombreux conflits au Nigeria, la religion étant sous-tendue par les divisions ethniques entre Haoussas, Yorubas et Ibos[réf. nécessaire].

Émeutes[modifier | modifier le code]

Il y a eu de nombreuses émeutes après l'instauration de la charia, impliquant principalement des minorités non-musulmanes dans les États qui mettaient en place le système. Une de ces émeutes tua plus de 100 personnes en octobre 2001 dans l'État de Kano.

Amina Lawal[modifier | modifier le code]

En 2002, un éclairage très négatif a été jeté sur la Charia dans le nord du Nigeria quand Amina Lawal, une simple mère de famille de l'État de Katsina fut accusée d'adultère et condamnée à mort par lapidation par une cour de justice de la Charia pour avoir conçu un enfant hors des liens du mariage ; le père fut relaxé sans aucune inculpation faute de preuves. La condamnation provoqua une intense émotion au sud et à l'ouest du Nigeria, avec beaucoup d'interventions tant nationales qu'internationales, des ONG faisant pression sur le gouvernement fédéral pour faire annuler la sentence. En 2004, la condamnation fut cassée par la cour d'appel de la Charia et Lawal retourna à sa vie privée.

Safya Husseini[modifier | modifier le code]

Safiya Hussaini Tungar Tudu (née en 1967) est une femme nigériane condamnée à mort par lapidation, pour adultère. Elle avait donné naissance à un enfant hors-mariage, étant célibataire à Sokoto, un État nigérian placé sous la charia (loi islamique). Elle fut condamnée à la lapidation mais fut acquittée de toutes charges le après un jugement en appel[11].

Exécutions[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b [Dekker Albert, Ostien Philip, « L'application du droit pénal islamique dans le Nord-Nigeria », Afrique contemporaine 3/2009 (n° 231) , p. 245-264 en ligne DOI 10.3917/afco.231.0245
  2. Nigeria Sharia architect defends law, BBC News, 21 mars 2002
  3. Selon d'autres sources, ce serait 45 %.
  4. Selon les mêmes sources, les chrétiens seraient 45 %.
  5. Ce reste serait de 10 % pour les religions traditionnelles animistes.
  6. (en) Rabiat Akande, « Secularizing Islam: The Colonial Encounter and the Making of a British Islamic Criminal Law in Northern Nigeria, 1903–58 », Law and History Review, vol. 38, no 2,‎ , p. 459–493 (ISSN 0738-2480 et 1939-9022, DOI 10.1017/S0738248019000166, lire en ligne, consulté le )
  7. Comprehensive GOVERNMENT for Senior Secondary Schools by Johnson Ugoji Anyaele page 183,pp.8
  8. (en) Obed Minchakpu, « Religious Riots in Nigeria Leave Hundreds Dead », Christianity Today,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. (en) « Le Nigeria face au spectre d'une guerre de religion », Le Monde, (consulté le )
  10. (en) « 'Hundreds dead' in Nigeria attack », BBC News,‎ (lire en ligne)
  11. AFP, « Safiya Husaini acquittée », sur La Libre, (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) B. A. T. Balewa, Common law and Sharia in Nigeria : an unresolved problem of coexistence, Fourth Dimension, Enugu (Nigeria), 2002, 104 p. (ISBN 9781565144)
  • (en) Johannes Harnischfeger, Democratization and Islamic law : the sharia conflict in Nigeria, Campus, Frankfurt, 2007, 283 p. (ISBN 9783593382562)
  • Alhadji Bouba Nouhou, Islam et politique au Nigeria : genèse et évolution de la chari'a, Karthala, Paris, 2005, 280 p. (ISBN 2-84586-648-8)
  • (en) Philip Ostien (dir.), Sharia implementation in northern Nigeria 1999-2006 : a sourcebook, Spectrum Books, Ibadan, 2007, 5 vol. : v. 1, Historical background ; v. 2, Sharia implementation committee reports and related white papers ; v. 3, Sanitizing society ; v. 4, The Sharia penal and criminal procedure codes ; v. 5, Two famous cases.
  • (en) Syed Abul A'la Maududi, Jihad in Islam, Salimia (Koweit), International Islamic Federation of Student Organizations, , 33 p.