Château de Beaurepaire (Martinvast) — Wikipédia

Château de Beaurepaire
Présentation
Type
Fondation
XVIe siècleVoir et modifier les données sur Wikidata
Styles
Architecte
Propriétaire initial
Barthole du Moncel
Propriétaire
SAS Domaine de Beaurepaire
Patrimonialité
Localisation
Localisation
Coordonnées
Carte

Le château de Beaurepaire ou château de Martinvast est une demeure, du XVIe siècle, très fortement remaniée au début du XIXe siècle dans un style néogothique, qui se dresse sur le territoire de la commune française de Martinvast, dans le nord du département de la Manche, en région Normandie.

Le domaine de Beaurepaire est partiellement inscrit aux monuments historiques.

Localisation[modifier | modifier le code]

Le château est situé, à 800 mètres au sud-est de l'église Notre-Dame, sur la commune de Martinvast, dans le département français de la Manche.

Historique[modifier | modifier le code]

Sur le site de l'actuel château se dressait l'antique château féodal de la famille de Martinvast, qui fut ruiné, en 1398[1], lors de la guerre de Cent Ans, centre de la seigneurie éponyme[2]. Un aveu du de Colin Basan pour « la vavassorerie de Beaurepie en Martinvast où il a manoir à motte qui fut abattue par le fait de la guerre de ce pais ». Un autre aveu de 1607 signale au fief de Beaurepaire un manoir et maison sur motte. Aucune trace de motte ne subsiste aujourd'hui sur l'emplacement du château actuel[3].

Un logis Renaissance est reconstruit entre 1579 et 1581[4] par Berthole du Moncel, qui conserva le donjon circulaire du XIVe siècle[note 1] entouré de douves et de marécages. Jacques du Moncel dans un aveu du est qualifié de seigneur de Beaurepaire[6].

Jean-François du Moncel (1729, Angoville-en-Saire-1809), maréchal des camps et armées du roi Louis XVI qui émigrera, décèdera au château de Martinvast en 1809[7].

L'impératrice Marie-Louise y est reçue deux fois, le et le par le comte Alexandre du Moncel, pair de France en 1846 et qui terminera sa carrière militaire avec le grade de général de brigade[8].

Le comte restaure le domaine entre 1820 et 1861, date de sa mort au château. Il remblaie les douves, draine le terrain, supprime les étangs et bâti quatre tours supprimant les restes du vieux château mais conserve le donjon, aménage le parc, qui passe de 156 hectares à plus de 500 hectares avec de nombreux bois, dont « le bois du Mont du Roc », crée un jardin à l'anglaise et implante sur le domaine une exploitation agricole moderne employant une centaine de personnes avec de nombreux bâtiments : moulins, huileries, pressoir, boulangerie[9]etc.. En 1850, le gouvernement y créera une ferme-école dont elle confie la direction à du Moncel.

En 1861 son fils, Théodose du Moncel, hérite du domaine de son père ; la comtesse du Moncel le vendra en 1867[8] à l'épouse du baron Arthur de Schickler (1828-1919), banquier du roi de Prusse.

Ce dernier le fait agrandir dans un « style gothique aux accents victoriens »[10] par l'architecte britannique William Henry White (1838-1896)[note 2].

Les plans du nouveau château sont exposés au salon des Beaux-Arts en 1867 et 1869. Schickler y établit des serres, et un haras édifié par Charles Letrosne.

Les massifs floraux du parc, composé d'essences rares et de cascades, sont dessinés par Levy-Dhurmer afin d'embellir le grand parc paysager aménagé par le général-comte du Moncel, sous la Restauration[11].

La fille d'Arthur de Schickler, Marguerite de Schickler (1870-1956), épouse du comte Hubert de Pourtalès, en hérite. Le pavillon Renaissance est reconstruit, mais pas la galerie doublant l'aile Renaissance et évoquant les abbayes médiévales, ni la salle à manger, dont le manteau en demi-lune de la cheminée a conservé un décor sculpté dessiné par White, L'Arche de Noé.

Durant la Seconde Guerre mondiale, le château est occupé par des officiers supérieurs allemands.

L'aile gauche du XVIe siècle est détruite par un incendie à la suite d'un bombardement britannique le avec des bombes au phosphore, puis en un bombardement américain touche la ferme et les granges[9].

Le petit-fils d'Hubert de Pourtalès, le comte Christian de Pourtalès-Schickler (1928-2018), restaurera l'aile gauche détruite, et construira une galerie de liaison reliant cette aile avec les parties intactes du château[2].

Description[modifier | modifier le code]

La tour circulaire du XVe siècle[12] et le petit bâtiment qui lui est accolé en sont les éléments les plus anciens.

Sur l'emplacement de l'édifice de 1581[12], la demeure est reconstruite dans un style médiéval dans la seconde partie du XIXe siècle[12]. Cet ensemble de style Second Empire, témoigne, selon Norbert Girard, de l'école de Viollet-le-Duc.

Le parc[modifier | modifier le code]

L'obélisque d'Hardinvast.

Le parc anglais d'une superficie de cent hectares, aménagé, vers 1820, sous la Restauration, par le comte Alexandre du Moncel[13], comporte bois, prairies, étangs, cascade, des sculptures (deux lions soutenant deux colonnes torses en marbre de Vérone, une statue de femme en marbre de Gaetano Motelli) et des fabriques dont un obélisque (« haute folie ») du XVIIIe siècle, probablement ériger par Alexandre du Moncel, sur une hauteur à la limite avec Hardinvast, au bout d'une avenue menant au château. Il s'agit d'une tour de plusieurs mètres de hauteur avec une toiture très pointue percée sur chaque face de cinq oculi, et à laquelle on accède par un escalier intérieur.

Le parc paysager fut complété et enrichi d'essences exotiques par le baron de Schickler[14]. De somptueux massifs d'arbustes à fleurs, rhododendrons, camellias et hortensias, poussent à l'abri des conifères exotiques du parc qui fut visité notamment par l'impératrice Marie-Louise, l'impératrice Joséphine, l'impératrice Eugénie, la reine Victoria, l'empereur Pedro Ier du Brésiletc.[15].

Protection aux monuments historiques[modifier | modifier le code]

Au titre des monuments historiques[16] :

  • les façades et toitures du château sont inscrites par arrêté du  ;
  • les façades et toitures de l'ensemble des bâtiments, à l'exclusion des bâtiments contemporains ; l'obélisque ; le moulin à vent ; les murs d'enceinte avec leurs piliers et grilles ; le potager avec ses serres et ses murs et le parc avec l'ensemble de ses aménagements paysagers et hydrauliques sont inscrits par arrêté du .

Lieu de tournage[modifier | modifier le code]

En , quelques scènes du long-métrage muet La dame de Monsoreau du réalisateur normand, René Le Somptier, seront tournées au château. Le gros du tournage ayant lieu au château de Nacqueville[17].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Il sera partiellement démoli en 1944[5].
  2. Établi à Paris puis à Calcutta, White mena également en 1862 la reconstruction dans le style néoclassique du milieu du XVIIIe siècle du château de Bizy à Vernon (Eure) pour le baron Fernand de Schickler, le frère d'Arthur de Schickler

Références[modifier | modifier le code]

  1. Georges Bernage, « La presqu'île du Cotentin - Le Bauptois », dans La Normandie médiévale : 10 itinéraires, Éditions Heimdal, coll. « La France Médiévale », , 174 p. (ISBN 2-902171-18-8), p. 25.
  2. a et b « Secrets de châteaux et manoirs - Cotentin - Saint-Lô - Coutances », La Presse de la Manche, no Hors-série,‎ , p. 14 (ISBN 979-1-0937-0115-8).
  3. Florence Delacampagne, « Seigneurs, fiefs et mottes du Cotentin (Xe – XIIe siècle) : Étude historique et topographique », dans Archéologie médiévale, t. 12, (lire en ligne sur Persée.), p. 201.
  4. Hébert et Gervaise 2003, p. 173.
  5. Guy Le Hallé, Châteaux forts de Basse-Normandie, t. II, Louviers, Ysec Éditions, , 160 p. (ISBN 978-284673-215-4), p. 102.
  6. Delacampagne 1982, p. 200.
  7. René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN 978-2-35458-036-0), p. 53.
  8. a et b Hébert et Gervaise 2003, p. 111.
  9. a et b Secrets de châteaux et manoirs, 2008, p. 15.
  10. Bruno Centorame, « Châteaux du XIXe siècle un hymne à l'excellence », Vieilles maisons françaises (VMF), no 232,‎ , p. 52.
  11. Norbert Girard et Maurice Lecœur, Trésors du Cotentin : Architecture civile & art religieux, Mayenne, Éditions Isoète, , 296 p. (ISBN 978-2-913920-38-5), p. 32.
  12. a b et c Girard et Lecœur 2005, p. 269.
  13. Gilles Désiré dit Gosset, « Châteaux et fortifications du Cotentin », dans Congrès archéologique de France. 178e session. Manche. 2019 - Société française d'archéologie, Condé-en-Normandie, Éditions Picard, (ISBN 978-2-9018-3793-0), p. 27.
  14. Philippe Seydoux (photogr. Serge Chirol), La Normandie des châteaux et des manoirs, Strasbourg, Éditions du Chêne, coll. « Châteaux & Manoirs », , 232 p. (ISBN 978-2851087737), p. 214.
  15. « Parc du domaine de Beaurepaire », notice no IA50000229, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  16. « Domaine de Beaurepaire », notice no PA00110448, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  17. Secrets de châteaux et manoirs, 2008, p. 40.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]