Canne (unité) — Wikipédia

La canne est une ancienne mesure de longueur en usage dans différents pays, tels que l'Espagne, l'Italie et particulièrement dans le midi de la France (région culturelle d'Occitanie)[1], variant de 1.70 à 3 mètres selon les régions[2].

La canne royale est un instrument de mesure ancien linéaire utilisée dans la construction. Sa longueur était de 555 lignes-de-roi, soit environ 1,25 mètre.

Étymologie[modifier | modifier le code]

en hébreu : kanna[1].

Histoire de la canne[modifier | modifier le code]

En l'an 571 av. J-C, la canne est une sorte de mesure[a],[b]. Le prophète, Ézéchiel (622-571 av. J.-C.) la décrit comme ayant six coudées et un palme, ou plutôt six coudées et six palmes, c'est-à-dire six coudées Hébraïques, dont chacune sont plus grande d'un palme que la coudée Babylonienne. Résidant à proximité du fleuve de l'Euphrate, le prophète constate que la mesure de la coudée est moins grande qu'en Palestine. La coudée Hébraïque possède vingt-quatre doigts ou six palmes, ou environ vingt pouces et demi, en prenant le pouce à douze lignes ; ce qui donne à la canne ou calamus cent vingt-trois pouces ou dix piés (ou pied[3]) trois pouces de notre mesure[1].

Canne, mesure Romaine, composée de dix palmes, qui font six pieds onze pouces de roi[4].

Canne, mesure de longueur, dont on se sert beaucoup en Italie, en Espagne et dans les provinces méridionales de la France, et qui est plus ou moins longue en différents endroits[1].

À Naples, la canne vaut sept pieds trois pouces et demi Anglais, ce qui fait une aune et quinze dix-septièmes d'aune de Paris ; ainsi 17 cannes de Naples font 32 aunes de Paris. La canne de Toulouse et de tout le haut Languedoc est semblable à la varre d'Aragon[5], et contient 7 pieds 8 pouces Anglais. À Montpellier, en Provence, en Dauphiné et en bas Languedoc, elle contient 6 pieds 5 pouces et demi Anglais[1].

La canne de Toulouse contient cinq pieds cinq pouces six lignes de notre mesure, qui font une aune et demie de Paris[5] ; ainsi deux cannes de Toulouse font trois aunes de Paris[1].

Celle de Montpellier et du bas-Languedoc a six pieds neuf lignes de longueur, et fait une aune deux tiers de Paris ; ainsi trois de ces cannes font cinq aunes de Paris[1].

L'usage de la canne a été défendu en Languedoc et en Dauphiné par arrêt du conseil du et , suivant lesquels on ne peut se servir dans ces provinces, pour l'achat et vente des étoffes, que de l'aune de Paris au lieu de canne[1].

Unité de longueur[modifier | modifier le code]

La canne était également une unité de mesure provinciale, d'une longueur comparable à la toise. Elle ne se divisa pas en six pieds comme cette dernière, mais en huit empans, puis en huit ou en neuf pouces.

Valeurs représentatives suivants les localités :
Unité Ratio Occitanie
Toulouse
11 : 12 toise ancienne
Carcassonne
175 : 32 pieds anciens
Bourg-de-Visa
64 pouces-de-roi
Pouce 1 / 64 28,055 mm 27,907 0 mm 27,069 9 mm
Pan (ou Empan) 1 / 8 224,44 mm 223,256 3 mm 216,559 6 mm
Canne[6] 1 1 796,552 mm 1 786,050 0 mm 1 732,476 7 mm

La canne de Toulouse[modifier | modifier le code]

Remen de construction.

La canne de Toulouse en usage dans plusieurs régions de France mesurait 1,7955 m[7]. On retrouve cette canne dans l'Aude[8] par exemple, mais aussi en Pays Niçois dont la toise mesurait 7/6ème de canne de Toulouse.

Notez que la sixième part de la canne de Toulouse mesure environ 299,25 millimètres, soit la valeur du pied royal ancien d'Égypte.

Ceci n'est pas une simple coïncidence, mais est dû au fait que le pied de roi ancien entretient avec le pied romain le ratio 54 : 49. Le pied romain, de son côté, entretient avec le pied royal ancien égyptien le ratio 98 : 99, relation issue du remen de construction. La canne de Toulouse est définie mesurant onze douzièmes de la toise ancienne.  Les deux valeurs s'égalent donc obligatoirement.

La canne du Pays niçois[modifier | modifier le code]

Pour le Comté de Nice, le « Tableau de comparaison entre les mesures anciennes usitées dans le département des Alpes-Maritimes et celles qui les remplacent » édité en l'an IX chez Canis & Cie, dans le 2e arrondissement ayant pour chef-lieu Monaco[9] :

  • Cannes de 8 pans = 2,096 m ;
  • Trabuc de 12 pans = 3,144 m ;
  • Aune antique de France = 1,188 m ;
  • Pan de 12 pouces = 0,262 m ;
  • Pouce = 0,021 m.

La canne d'Avignon[modifier | modifier le code]

Au moyen âge, la canne d'Avignon mesure 1,975 m.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Livre d'Ézéchiel, , chap. XL. vers. 3.
  2. S. Jean dans l'Apocalypse, ier siècle, chap. X. vers. 1.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h Diderot, Blondel, d'Alembert, Mallet, Daubenton, L'Encyclopédie, 1re éd., t. 2, (lire sur Wikisource), p. 598-599.
  2. « Définition de « canne » : 2) Usage spécial c) Métrologie », sur lalanguefrancaise.com (consulté le ).
  3. Wiktionnaire : pié (ancien français).
  4. Augustin-Charles d'Aviler, Dictionnaire d'architecture civile et hydraulique, Paris, Charles-Antoine Jombert, (lire sur Wikisource), p. 80.
  5. a et b Jaucourt, L'Encyclopédie, 1re éd., t. 16, (lire sur Wikisource), p. 848.
  6. Valeurs empiriques respectivement 1796,1 mm, 1785 mm et 1732,5 mm.
  7. Jean Jacquart, « Pierre Charbonnier (SOUS la direction de), Les anciennes mesures locales du Massif central d'après les tables de conversion, Clermont-Ferrand, Institut d'Études du Massif Central, 1990, 266 p. », Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 48, no 2,‎ , p. 395–396 (ISSN 0395-2649 et 1953-8146, DOI 10.1017/s0395264900082779, lire en ligne, consulté le )
  8. Magdeleine Motte, La cana e lo destre. Essai de métrologie des pays Occitans de la préhistoire au XVIIIème siècles., Edition de la maison des science et de l'homme,, (ISBN 978-2-7351-1142-8), p. 103
  9. François Gaziello, Modifications apportées aux statuts de la commune de Saorge du 24 juin 1610, note 15, p. 26, Nice-Historique, 1956, no 124.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [1878] Jules Michel (1829-1901), Essai sur les diverses mesures de longueur et de superficie employées en France avant l'adoption du système métrique, Lyon, imp. Riotor, , 46 p., in-4° (BNF 30942465, lire en ligne).
  • Paul Guilhiermoz, « De l'équivalence des anciennes mesures. A propos d'une publication récente », Bibliothèque de l'École des chartes, no 74,‎ , p. 267-328 (lire en ligne)
  • Docteur Colombe, « La valeur de la « canne » d'Avignon au XIVe siècle », Mémoires de l'Académie de Vaucluse, 2e série, t. XVII,‎ , p. 35-49 (lire en ligne)
  • [1994] Pierre Charbonnier (1933-) (dir.), Centre de recherches d'histoire des entreprises et des communautés, Les anciennes mesures locales du Midi méditerranéen d’après les tables de conversion, Clermont-Ferrand, Presses Univ. Blaise Pascal, , 280 p., 24 cm (ISBN 2-8774-1064-1, OCLC 123259859, BNF 35701811, lire en ligne Accès limité).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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