Bataille de Boucéel — Wikipédia

Bataille de Boucéel
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Informations générales
Date
Lieu Château de Boucéel, à Vergoncey
Issue Victoire des chouans
Belligérants
Drapeau de la France République française Drapeau des armées catholiques et royales Chouans
Commandants
Pierre Quantin Aimé Picquet du Boisguy
Marie Eugène Tuffin de La Rouërie
Forces en présence
600 hommes[1] 1 000 à 1 500 hommes[2],[3]
Pertes
~ 50 morts[4] 8 morts[2]
18 blessés[2]

Chouannerie

Batailles


Coordonnées 48° 33′ 57″ nord, 1° 21′ 57″ ouest
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Bataille de Boucéel
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Bataille de Boucéel

La bataille de Boucéel a lieu le , pendant la Chouannerie. Elle s'achève par la victoire des chouans, qui repoussent l'attaque d'une colonne républicaine au château de Boucéel.

Le déroulement de ce combat est principalement connu par les mémoires de l'officier chouan Toussaint du Breil de Pontbriand[Note 1]. Celui-ci le place à la date du 4 novembre 1795, mais les sources républicaines donnent la date du 12 frimaire an IV ()[5],[1],[4].

Le 2 décembre 1795, un détachement d'une centaine de républicains de la garnison de Saint-James tombe dans une embuscade au Bois-Rouland[2],[5]. D'après Pontbriand, la moitié du détachement est tué au combat et 55 républicains se rendent[2],[5]. Parmi ces derniers, quatre ou cinq sont fusillés pour avoir « tenu des propos outrageants », 35 rejoignent les rangs des chouans et 16 sont gardés prisonniers[2],[5].

Après le combat, les chouans se portent au château de Boucéel, pour y passer la nuit[2],[5]. Les 400 hommes d'Aimé Picquet du Boisguy ayant participé à l'embuscade y arrivent les premiers[2],[5]. Ils sont bientôt rejoints par le reste de la colonne Centre de la division de Fougères, puis, pendant la nuit, par 300 hommes de la colonne normande menée par Marie Eugène Tuffin de La Rouërie[2],[5].

Au lever du jour, du Boisguy est informé qu'il est entouré par plusieurs colonnes républicaines[2],[5]. Au nord, du côté d'Avranches, il apprend que la garnison de cette ville s'est réunie avec celles des communes de Ducey et de Villedieu-les-Poêles pour former un ensemble estimé à 1 000 ou 1 200 hommes, sous les ordres du général Delaunay[2],[5],[1]. À l'ouest, la colonne du général Quantin est signalée du côté de Pontorson[2],[5]. D'après ces informations, ces deux colonnes doivent converger sur Saint-James, à l'est, où une garnison de 200 à 300 hommes est déjà présente[2],[5].

Du Boisguy décide alors d'évacuer le lieux avant que sa troupe ne se retrouve enveloppée[2],[5]. À 7 heures du matin, les chouans quittent le château de Boucéel, mais après avoir fait seulement six cents pas, les éclaireurs signalent la présence d'une troupe républicaine[2],[5].

Les chouans pensent alors que le gros des forces républicaines se trouvent au sud-est, du côté de Saint-James et du Boisguy fait déployer sa troupe, estimant qu'il lui est impossible d'éviter le combat[2],[5]. Tuffin de La Rouërie, Jean Isidore de Saint-Gilles, dit Du Guesclin et Julien Saulcet, dit Duval, sont placés en réserve avec les 300 Normands dans le bois de Mouraine, au sud du château de Boucéel[2],[5]. Cependant, ces derniers s'aperçoivent que les républicains occupent en fait les abords du château, tout juste évacué par les chouans[2],[5]. Du Boisguy détache alors quelques compagnies menées par Thomas Renou pour surveiller la route de Saint-James, puis il passe à l'attaque avec le gros de ses troupes[2],[5].

Forces en présence

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La colonne républicaine arrivée à Boucéel est celle du général Pierre Quantin[2],[5],[1],[6]. D'après Pontbriand, elle constituée de grenadiers et de chasseurs de l'ex-régiment de Navarre[2],[5],[1],[6]. Dans un mémoire rédigé à Londres en 1796, Tuffin de La Rouërie estime sa force à 1 200 hommes[1]. Elle serait plutôt forte de 600 hommes[1].

Du côté des chouans, Aimé Picquet du Boisguy est à la tête de la colonne bretonne du Centre et de la colonne normande de Saint-James, toutes deux rattachées à la division de Fougères[2],[5],[1]. Pontbriand ne donne pas de chiffres précis sur les effectifs. D'après lui, la colonne normande compte 300 hommes lors du combat de Boucéel[2],[5] et la colonne Centre était forte de 900 hommes lors du combat de la Vieuville, livré quelques jours plus tôt[3],[7]. Selon un rapport du district d'Avranches, le nombre des chouans est supérieur à celui des républicains[4],[1].

Déroulement

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Lorsque le combat s'engage, les républicains occupent la prairie au sud château de Boucéel[2],[5]. Le bois de Mouraine se situe sur leur gauche et le château sur leur droite[2],[5]. Placé face au château, du Boisguy fait filer discrètement ses hommes le long des fossés de la prairie afin de former un demi-cercle autour des républicains[2],[5]. Subitement, les chouans ouvrent le feu, « presque à bout portant »[2],[5]. Surpris, les républicains reculent et se refugient derrière un autre fossé[2],[5]. Les combattants, désormais embusqués, soutiennent ensuite une fusillade sans s'infliger beaucoup de pertes de part et d'autre[2],[5].

Redoutant que le combat ne traîne en longueur et craignant l'arrivée en renfort de la colonne d'Avranches, du Boisguy prend la tête de la colonne normande, alors gardée en réserve, et attaque les républicains de flanc[2],[5]. Sans s'arrêter de tirer, les Normands franchissent le fossé et se retrouvent au milieu des républicains[2],[5]. Désorganisés et bientôt assaillis de tous côtés, ces derniers prennent la fuite après une courte résistance et se dispersent[2],[5]. Quelques détachement venus à leurs secours sont entraînés dans la déroute[2],[5]. Quant à la colonne du général Delaunay, elle ne sort d'Avranches qu'après la fin des combats[2],[5], à 2 heures de l'après-midi[4],[6] ou bien pendant la nuit[1].

Le 15 nivôse an IV (), les administrateurs du district d'Avranches font brièvement état de la défaite républicaine dans un courrier adressé à la députation du département de la Manche et aux représentants en mission[Note 2].

Selon Pontbriand les chouans ont huit hommes tués et 18 blessés, tandis que les républicains laissent 300 morts sur le champ de bataille[5]. D'après lui, les républicains perdent « peu de monde pendant l'action » et subissent l'essentiel des pertes dans leur déroute, qui s'effectue dans un grand désordre[5].

Dans son mémoire, Marie Eugène Tuffin de La Rouërie écrit brièvement que « sur la route de Saint-James à Pontorson, un rassemblement de 1 200 républicains fut battu avec perte de 150 hommes »[1].

Les républicains avouent quant à eux une perte d'environ 50 tués et plusieurs prisonniers pour l'ensemble des combats de Bois-Rouland, de Boucéel et de Saint-James, livrés du 2 au 4 décembre[4],[6]. D'après Pontbriand, les républicains ont environ 50 morts et 55 prisonniers au Bois-Rouland[5], 300 tués à Boucéel[5] et quelques tués et environ 100 prisonniers à Saint-James[8].

Après ce combat, du Boisguy fait libérer les 16 soldats républicains pris au Bois-Rouland, qui sont renvoyés à Avranches[2],[5]. Il se porte ensuite avec sa troupe à Poilley et lendemain, il prend par surprise la petite ville de Saint-James[4],[8].

Liens externes

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Notes et références

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  1. « Du Boisguy, après cette affaire, alla coucher au château de Boucé ; le reste de sa colonne vint le joindre, et il fit loger toute sa troupe dans les environs. Tuffin arriva dans la nuit, avec trois cents hommes de la colonne Normande. Le jour paraissait à peine lorsqu'il reçut un billet d'Avranches, où on lui donnait avis que la garnison de cette ville, réunie à celle de Ducey et de Villedieu, et formant un ensemble de mille à douze cents hommes, devait partir le matin pour se porter sur Saint-James. D'un autre côté, il fut informé qu'une colonne, composée des grenadiers et chasseurs de Navarre commandée par le général Quantin, sortie de la ville de Pontorson, devait les attendre à Saint-James, où il se trouvait encore deux à trois cents hommes de garnison.

    Ces nouvelles, qui paraissaient positives, le déterminèrent à partir tout de suite de Boucé, pour n'être pas enveloppé et éviter un combat inégal. Quelque diligence qu'il fit, il était plus de sept heures du matin lorsqu'il put se mettre en marche. Il n'avait pas encore fait cents pas lorsque ses éclaireurs découvrirent l'ennemi, tout près d'eux. Voyant qu'il était impossible d'éviter le combat et craignant d'être pris entre deux feux, du Boisguy résolut de passer sur le ventre de cette colonne, qui était celle du général Quantin.

    Il ordonna à Tuffin, à Saint-Gilles et à Duval d'aller se placer dans le bois de Mouraine avec les trois cents Normands, de s'y tenir en réserve et de ne pas bouger sans son ordre. Il pensait que le fort de l'action serait du côté de Saint-James et fut fort surpris de voir l'ennemi occuper les positions voisines du château de Boucé qu'il venait de quitter. Il laissa Renou, avec quelques compagnies, pour observer la route de Saint-James et marcher droit sur le front des républicains qui se trouvaient avoir le bois de Mouraine sur leur gauche et la prairie du château à leur droite ; lui-même faisait face au château. Il fit filer ses troupes sans tirer, le long du fossé de la prairie, de manière à former un demi-cercle autour de l'ennemi et l'aborda ainsi subitement presque à bout portant, ce qui le força de reculer jusqu'à un second fossé qui se trouvait derrière lui. Les Républicains étant alors à l'abri du feu des Royalistes, en commencèrent un bien nourri, et se défendirent avec tant d'opiniâtreté que le combat menaçait de traîner en longueur. Du Boisguy, craignant d'être attaqué par la colonne sortie d'Avranches, envoie alors à Tuffin l'ordre de marcher rapidement avec sa réserve, et court lui-même se mettre à la tête de ce corps. Sans s'arrêter à tirer, il franchit le fossé qui le séparait de l'ennemi qu'il prit ainsi en flanc, et suivi de Saint-Gilles et de toute cette troupe, il s'élance au milieu des républicains. Cette brusque attaque décida leur déroute. Leur général ne put les rassembler pour faire sa retraite. Attaqués de tous côtés à la fois, ils prirent la fuite après une courte résistance et se dispersèrent.

    Ils avaient perdu peu de monde pendant l'action, parce qu'ils se tinrent toujours embusqués, mais le désordre fut si grand, qu'ils eurent trois cents hommes de tués ; plusieurs détachements qui venaient à leur secours prirent également la fuite sans combat.
    La nombreuse colonne sortie le matin d'Avranches ne parut pas. Les Royalistes eurent huit hommes tués et dix-huit blessés. Parmi eux Joseph Rault, capitaine ; Pierre Taburet, de la Chapelle-Janson, et Jean Guesdon, du même lieu, le furent sérieusement.
    Tuffin, Saint-Gilles, Pierre Montambault, Boismartel, Louvières, Duval, Vigueron, de Montours, Capitaine ; Bigot Renault, de Bazouges, furent les premiers à aborder l'ennemi dans la dernière attaque ce qui décida du succès.
    Ce fut après cette affaire que du Boisguy renvoya à Avranches les seize prisonniers qu'il avait fait la veille[5],[2]. »

    — Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand

  2. « Jusqu'à l'onze du mois dernier (2 décembre 1795), les chouans n'avaient encore fait que passer sur notre territoire. Ils s'étaient contentés d'en parcourir les communes voisines de la cy-devant Bretagne, sans y faire de résidence fixe. Ils y volaient, pillaient et assassinaient, et se retiraient ensuite du côté du Ferré, Montours et Cogles, où ils formaient leurs rassemblements. Mais le onze, ils attaquèrent, sur la route d'Avranches à Saint-James, aux environs du Bois-Rouland, un détachement de cent hommes qui escortaient des farines et des bœufs qu'on envoyait à Saint-James pour la subsistance d'environ deux cent trente hommes qui en formaient la garnison. Cette escorte fut attaquée et mise en déroute par ces scélérats, qui étaient embusqués sur la route et qui profitèrent de l'obscurité de la nuit tombante qui favorisa leurs atroces projets; et ils se retirèrent ensuite au cy-devant château de Boucey, où ils furent attaqués le lendemain par les braves républicains, qui ne purent obtenir d'avantages, vu la supériorité de leur nombre[4],[1]. »

    — Rapport du district d'Avranches à la députation du département de la Manche et aux représentants en mission, le 15 nivôse an IV ().

Références

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  1. a b c d e f g h i j k et l Pontbriand 1904, p. 222-226.
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad ae af ag ah ai et aj Le Bouteiller 1988, p. 462-464.
  3. a et b Le Bouteiller 1988, p. 460.
  4. a b c d e f et g Ménard, t. X, 1894, p. 88-94.
  5. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad ae af ag ah ai aj ak et al Pontbriand 1897, p. 216-220.
  6. a b c et d Jourdan, t. II, 1907, p. 44-48.
  7. Pontbriand 1897, p. 216-220.
  8. a et b Pontbriand 1897, p. 284-286.

Bibliographie

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  • Félix Jourdan, La Chouannerie dans l'Avranchin, t. II, Imprimerie de L'Avranchin, , 271 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Christian Le Bouteiller, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, , 839 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Victor Ménard, « Histoire de la ville de Saint-James-de-Beuvron », dans Mémoires de la Société académique du Cotentin (archéologie, belles-lettres, sciences et beaux-arts), t. X, Avranches, Imprimerie Alfred Perrin, , 180 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Paul-Marie du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy : Fougères-Vitré, Basse-Normandie et frontière du Maine, 1793-1800, Paris, Honoré Champion éditeur, (réimpr. La Découvrance, 1994), 509 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Toussaint du Breil de Pontbriand, Mémoires du colonel de Pontbriand sur les guerres de la Chouannerie, Plon, (réimpr. Éditions Yves Salmon, 1988), 629 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article