Ali al-Sistani — Wikipédia

(fr)Ali al-Sistani
(ar)علي السيستاني
Titre de noblesse
Grand ayatollah (d)
Biographie
Naissance
(93 ans)
Mashhad, Iran
Nom dans la langue maternelle
سيد على سيستانىVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
iranienne (-)
irakienneVoir et modifier les données sur Wikidata
Domicile
Nadjaf (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Faqîh, théologien, écrivain religieux, marja-e taqlidVoir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
depuis Voir et modifier les données sur Wikidata
Père
Muhammad-Baqir al-Sistani
Enfant
Mohammed Ridha al-Sistani (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Religion
Maîtres
Mahdi al-Isfahani (d), Abu-'l-Qāsim al-Mūsawī Ḫūʾī, Hussein al-Hilli (d), Muhammad Hujjat Kuh-Kamari (en), Mirza Mehdi Ashtiani (en), Hashem al-Qazwini (d), Muhsin al-Hakim (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web
Titres honorifiques
Grand ayatollah (d)
Sayyid
signature de (fr)Ali al-Sistani (ar)علي السيستاني
Signature

Ali Husseini al-Sistani (en arabe : علي الحسيني السيستاني, et en persan : سید علی حسینی سیستانی) est un ayatollah irako-iranien né le à Mashhad, en Iran, est une personnalité politique influente en Irak depuis le renversement du gouvernement de Saddam Hussein.

Biographie[modifier | modifier le code]

En 1951, il s'installe en Irak dans la ville de Nadjaf pour faire des études en théologie.

Rôle dans l'Irak d'après-guerre (2003)[modifier | modifier le code]

Depuis l'invasion de l'Irak par la coalition en 2003, Ali al-Sistani, personnalité influente de la communauté chiite du pays, a joué un rôle politique croissant. Peu de temps après l'occupation, il rédigea des fatwas appelant le clergé chiite à s'impliquer en politique. Il s'impliqua lui-même et appela à former une convention constitutionnelle, et exigea plus tard un vote populaire avec dessein de former un gouvernement de transition. Il a critiqué les projets américains de gouvernement irakien qu'il ne considérait pas assez démocratiques. Ainsi, il refusa de s'adresser directement aux autorités américaines, et utilisa de nombreux représentants dispersés en Irak et au Moyen-Orient pour diffuser ses édits et règles. L’ONU sollicite aussi régulièrement Sistani, dans son rôle de stabilisateur et de médiateur des conflits interconfessionnels.

En mars 2006, il explique que les homosexuels, hommes et femmes, doivent être tués « de la pire manière qu'il soit »[1]. À la suite des protestations, il a retiré cette fatwa de son site internet en ce qui concerne les hommes, mais ne l'a pas révoquée. En outre, il continue de demander le meurtre des lesbiennes. Cette injonction légitime la vague d'assassinats d'homosexuels en Irak[2].

Ali al-Sistani avec Abu al-Qasim al-Khoei (début des années 1980).

En septembre 2006, il dit s’avouer impuissant à enrayer la guerre civile qui ravage le pays. Il déclare : « je n’ai plus le pouvoir d’éviter la guerre civile »[3]

Le , à Nadjaf, il appelle tous les Irakiens à l'unité. Devant des chefs tribaux il déclare : « Votre pays est riche et plein de ressources, je vous appelle à oublier vos divisions entre vous et avec vos frères sunnites »[4].

Le , lors d'un entretien avec le vice-président sunnite Tarek al-Hachémi, Sistani se dit fortement « éprouvé » par les violences confessionnelles en Irak.

Le , lors d'un prêche à Kerbala, Abdoul Mahdi al-Kerbalai le représentant de l'ayatollah Sistani dénonce les compagnies privées de sécurité étrangères qui opèrent en Irak. Il déclare : « Ces compagnies étrangères qui travaillent en Irak méprisent les citoyens irakiens innocents. [...] En quelques jours, ces compagnies ont tué sans raison de nombreux citoyens alors que les forces d'occupation ont attaqué des villages comme Al Jayzani, près de Khalis ». Sistani réclame par la voie de son porte-parole que des lois soient édictées pour protéger les Irakiens[5].

Lors des élections législatives irakiennes de 2010, l'ayatollah Sistani est resté neutre, refusant de soutenir quelque liste que ce soit. Il a ensuite fait dire par des proches qu'il était « extrêmement déçu » du résultat du Premier ministre sortant, Nouri al-Maliki, qui faisait partie de la coalition de partis chiites soutenus par Sistani lors des élections législatives de 2005. Globalement, Sistani se tient désormais à l'écart des débats politiques.

Le , trois jours après la chute de Mossoul, il appelle au djihad contre l'État islamique, provoquant la mobilisation de plusieurs milliers de volontaires qui rejoignent des milices chiites comme la Brigade Badr, les Kataeb Hezbollah, Asaïb Ahl al-Haq, la Brigade du jour promis et d'autres encore[6].

Le , dans un sermon lu en son nom à la mosquée de Kerbala, l'ayatollah Sistani appelle à la dissolution des Hachd al-Chaabi et à l'intégration de leurs combattants au sein des services de sécurité de l'État irakien[7].

Vision politique[modifier | modifier le code]

Manifestations de soutien à Sistani (Bagdad, 5 mai 2007).

Conformément à la tradition quiétiste du chiisme à laquelle il appartient, Sistani refuse notamment le gouvernement des clercs au contraire de ce qui se passe en Iran depuis 1979[8],[9].

L'ayatollah Sistani semble favorable à la confirmation d'un État laïc en Irak : il est conscient qu'après la victoire contre l'État islamique, les chiites devront travailler avec les sunnites et les Kurdes pour construire le nouvel Irak, sorti de nombreux conflits depuis 1981. Il est favorable à un État où la religion ne joue plus de pouvoir politique, et où les croyances de chacun sont respectées. Âgé et fatigué des violences, il est vu comme un sage par de nombreux chiites irakiens, et aussi par des sunnites, car il est aussi en dialogue avec des religieux de toutes obédiences, ainsi qu'avec des politiques de tous les bords[réf. nécessaire]. Aussi, il est favorable à un État laïc, car de ce fait, il n'y aurait plus de compétitions, ou divisions, entre les communautés en Irak.

Relation avec les chrétiens[modifier | modifier le code]

En 2014, dans un entretien avec l'écrivain allemand Navid Kermani, il dit considérer que l'expulsion des chrétiens dans l'est du pays, contrôlé par l'État islamique est catastrophique. Il dit être en contact avec les différentes Églises d'Irak[10].

Il accueille le pape François chez lui, dans la ville sainte chiite de Nadjaf, lors du voyage du pontife chrétien en Irak, le 6 mars 2021[11].

Principales publications[modifier | modifier le code]

Il est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages en langue arabe dont :

  • Sur la voie de la sainteté (منهاج الصالحين) ;
  • Les piliers de Hajj (مناسك الحج و ملحقاتها) ;
  • Livre de la magistrature (كتاب القضاء);
  • Fatawa (الفتاوى الميسـرة) ;
  • Histoire de la codification du Hadîth en islam (رسالة في تاريخ تدوين الحديث في الإسلام).

Décorations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le grand ayatollah Ali al-Sistani lance une fatwa contre les homosexuels, 16 mars 2006
  2. Irak : al-Sistani retire sa fatwa "mort aux gays", 15 mai 2006
  3. (en) Dépêche du Telegraph.co.uk]
  4. al-Sistani appelle les Irakiens à l'unité, Atlasvista Maroc
  5. Dépêche du Monde
  6. Pierre-Jean Luizard, Le piège Daech, l'État islamique ou le retour de l'Histoire, La Découverte, , p. 182
  7. Irak : les milices doivent être dissoutes, dit l'ayatollah Sistani, Reuters, 15 décembre 2017.
  8. En Irak, début de difficiles tractations pour former le futur gouvernement, Article du Monde
  9. Renaud Girard : après Daech, comment sauver le Moyen-Orient ?, entretien, lefigaro.fr, 28 octobre 2016
  10. Navid Kermani, « Irak: Im Herzen der Schia - Der Spiegel 39/2014 », (consulté le )
  11. Zone International- ICI.Radio-Canada.ca, « Un pape foule pour la toute première fois le sol irakien », sur Radio-Canada.ca (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]