Élections législatives grecques de mai 1915 — Wikipédia

Les élections législatives grecques anticipées du (31 mai a.s.) élurent les membres du parlement grec. Elles furent largement remportées par le parti libéral. Elefthérios Venizélos redevint Premier ministre.

Dissous en , le parlement fut rappelé en et siégea jusqu'aux législatives de 1920. Cela lui valut le surnom de « parlement Lazare ».

Le roi Constantin Ier de Grèce.
Le Premier ministre grec Elefthérios Venizélos.

Fonctionnement du scrutin[modifier | modifier le code]

Conformément à la constitution de 1864, les élections se déroulèrent au suffrage masculin direct et secret. Depuis 1877, hormis quelques exceptions, tous les hommes de plus de 21 ans étaient électeurs. Les députés étaient répartis en proportion de la population de la province : un député pour 10 000 habitants ; avec un minimum de 150 députés. Une loi de 1862 stipulait de plus que les Grecs « hétérochtones » (vivant hors des frontières du pays, à l'inverse des « autochtones » vivant à l'intérieur) étaient aussi électeurs[1].

Les députés étaient élus à la majorité absolue, au niveau provincial. Chaque électeur disposait d'autant de votes qu'il y avait de candidats. Les électeurs, la plupart analphabètes, ne votaient pas avec des bulletins, mais avec des boules de plomb. Il y avait autant d'urnes qu'il y avait de candidats. L'électeur glissait la main dans l'urne et plaçait sa boule soit à droite (partie blanche, inscrite « oui »), soit à gauche (partie noire, inscrite « non »). Les urnes étaient en acier recouvert de laine pour éviter qu'un bruit quelconque informe de la façon dont l'électeur avait voté. Le député qui avait obtenu la majorité (en principe), mais proportionnellement le plus de voix (dans la réalité) était élu[1].

Contexte[modifier | modifier le code]

Au début de la Première Guerre mondiale, la Grèce resta neutre, mais les grandes puissances essayaient d'obtenir sa participation au conflit. Le pays traversa alors une grave crise intérieure. La Cour, et surtout le roi Constantin, qui était marié à la sœur de Guillaume II, penchaient plutôt pour les puissances centrales. Elefthérios Venizélos préférait quant à lui l'Entente[2].

Ainsi, Venizélos aurait voulu que son pays participât à l'expédition des Dardanelles au début de l'année 1915. Mais le roi Constantin et l'état-major s'y opposèrent : ils préféraient que la Grèce intervînt seule. Ainsi, elle serait en position de force pour s'emparer seule de Constantinople, l'objectif mythique de la Grande Idée. De plus, l'état-major ne voulait pas dégarnir la frontière des troupes qui surveillaient la Bulgarie. Le Premier ministre démissionna donc le . Le désastre naval pour la flotte franco-britannique, le , porta un coup à sa popularité. On lui reprocha d'avoir voulu entraîner la Grèce dans cette aventure. Au contraire, le roi fut loué pour sa clairvoyance[3].

Résultats[modifier | modifier le code]

Ces élections, comme les suivantes, firent la transition entre la tradition ancienne où les partis étaient identifiés par le nom de leur chef de file et la nouveauté, avec des partis portant un nom sans lien avec leur leader[4].

Il y avait 316 sièges à pourvoir[5],[6]. Il y eut 686 990 suffrages exprimés[7]. Le parti libéral d'Elefthérios Venizélos rafla 187 sièges, devant les « Nationalistes » de Dimítrios Goúnaris avec 95 sièges[5]. Dimítrios Goúnaris tenta de se maintenir au poste de Premier ministre, mais il dut céder la place à Elefthérios Venizélos en août[8],[9].

Le désaccord entre le Roi et son Premier ministre s'accentua à l'automne après le débarquement des troupes alliées à Thessalonique. Venizélos fut renvoyé début octobre et la chambre dissoute début novembre. Les vénizélistes boycottèrent les élections de décembre[10]. Cependant, après le schisme national de 1916 et son retour au pouvoir en , Elefthérios Venizélos rappela la chambre élue en mai/[11]. Cela lui valut le surnom de « parlement Lazare »[12]. Il siégea donc à nouveau jusqu'aux élections de 1920.

Parti Sièges
Parti libéral 187
Nationalistes (Dimítrios Goúnaris) 95
Partisans de Geórgios Theotókis (Nouveau Parti) 12
Partisans de Dimítrios Rállis (Parti néohellénique) 7
Indépendants 7
Partisans de Nikólaos Dimitrakópoulos (el) (Parti progressiste) 6
Fédération socialiste ouvrière de Salonique 2
Total 316
Source : Pantelis, Koutsoubinas, Gerapetritis, 2010, p. 856

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Richard Clogg, A Concise History of Greece, Cambridge, Cambridge U.P., , 257 p. (ISBN 0-521-37830-3)
  • (fr) Édouard Driault et Michel Lhéritier, Histoire diplomatique de la Grèce de 1821 à nos jours : La Grèce et la Grande Guerre. De la révolution turque au traité de Lausanne (1908-1923), t. V, Paris, PUF, , 568 p.
  • (en) Antonis Pantelis, Stephanos Koutsoubinas et George Gerapetritis, « Greece », dans Dieter Nolhen et Philip Stöver (dir.), Elections in Europe : A Data Handbook, Baden-Baden, Nomos, , 2070 p. (ISBN 9783832956097)
  • Apostolos Vacalopoulos, Histoire de la Grèce moderne, Horvath, , 330 p. (ISBN 2-7171-0057-1)

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Pantelis, Koutsoubinas et Gerapetritis 2010, p. 814-815.
  2. Vacalopoulos 1975, p. 220-225.
  3. Driault et Lhéritier 1926, p. 174-191.
  4. Pantelis, Koutsoubinas et Gerapetritis 2010, p. 837.
  5. a et b Pantelis, Koutsoubinas et Gerapetritis 2010, p. 856.
  6. Il semblerait que dans le contexte de guerre et de crise politique, le parlement ait été considéré comme très important, qualifié d'Assemblée nationale et le nombre d'élus doublé.
  7. Pantelis, Koutsoubinas et Gerapetritis 2010, p. 831.
  8. Pantelis, Koutsoubinas et Gerapetritis 2010, p. 868.
  9. Driault et Lhéritier 1926, p. 193 et 197.
  10. Driault et Lhéritier 1926, p. 228.
  11. Clogg 1992, p. 93.
  12. Pantelis, Koutsoubinas et Gerapetritis 2010, p. 809.