Élection présidentielle allemande de 2017 — Wikipédia

Élection présidentielle allemande de 2017
Corps électoral et résultats
Inscrits 1 260
Votants 1 150
91,27 %
Blancs et nuls 14
Frank-Walter Steinmeier – SPD
Voix 931
81,95 %
Christoph Butterwegge (de) – Indépendant
Die Linke
Voix 128
11,26 %
Président fédéral
Sortant Élu
Joachim Gauck
Indépendant
Frank-Walter Steinmeier
SPD

L'élection présidentielle allemande de 2017 (en allemand : Wahl des deutschen Bundespräsidenten 2017) se tient le , lors de la réunion de la seizième Assemblée fédérale, présidée par le président du Bundestag Norbert Lammert[1].

D'après la Loi fondamentale, le président de la République fédérale d'Allemagne est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois ; par conséquent, le chef de l'État sortant, Joachim Gauck, élu en 2012, peut solliciter un second mandat à l'occasion de ce scrutin. Néanmoins, celui-ci annonce le qu'il ne souhaite pas concourir à sa propre succession[2].

Au mois de , le ministre fédéral des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, est désigné candidat par le Parti social-démocrate (SPD) et obtient le soutien des Unions chrétiennes (CDU/CSU), ce qui lui garantit d'être élu, ces forces politiques détenant la majorité des sièges à l'Assemblée fédérale[3].

Cette élection présidentielle se tient quelques mois avant les élections fédérales qui ont lieu le 24 septembre.

Contexte[modifier | modifier le code]

Le président sortant Joachim Gauck, élu en 2012.

Le , Joachim Gauck est élu président de la République fédérale d'Allemagne à l'issue du premier tour de l'élection présidentielle de 2012 ; soutenu par les Unions chrétiennes (CDU/CSU), le Parti social-démocrate (SPD), le Parti libéral-démocrate (FDP) et l'Alliance 90 / Les Verts[4], il obtient 991 voix sur 1 232 grands électeurs, soit 88,4 % des suffrages exprimés ; c'est le résultat le plus large obtenu par un candidat à la présidence de la République depuis 1989. Âgé de soixante-douze ans, ce pasteur luthérien connu pour ses activités en faveur des droits de l'homme succède au président démissionnaire Christian Wulff, alors soupçonné de prévarication ; ce dernier avait été élu à l'issue d'un scrutin particulièrement disputé face à Gauck lui-même, soutenu par les sociaux-démocrates et les écologistes.

Dès l'ouverture de son quinquennat, Joachim Gauck a dit vouloir s'efforcer de restaurer le prestige de la fonction présidentielle, essentiellement symbolique et morale, alors que deux de ses prédécesseurs, Horst Köhler et Christian Wulff, avaient démissionné bien avant le terme de leur mandat, l'un pour des propos ambigus sur le rôle de la Bundeswehr en Afghanistan[5] et l'autre pour des faits de corruption et de prévarication rendus publics par la presse. Le nouveau président est toutefois respecté par l'opinion publique allemande qui lui reconnaît un rôle prépondérant dans la publication, après la Réunification, des archives de la Stasi, dont il fut le responsable officiel pendant dix ans[6].

Si les attributions que lui confère la Loi fondamentale le tiennent éloigné de la conduite des affaires de l'État, dévolue à la chancelière fédérale, le président Gauck s'est régulièrement fait remarquer pour avoir publiquement exprimé ses positions personnelles à propos de divers sujets, tels que la gestion de la crise monétaire de la zone euro, l'accroissement des inégalités sociales, l'avenir politique et social de l'Union européenne et, plus récemment, les conséquences de la crise migratoire. Ces prises de position, qui pouvaient aller à l'encontre des appréciations du gouvernement d'Angela Merkel[7], étaient généralement respectées mais pouvaient parfois susciter la polémique, certains reprochant au chef de l'État de se soustraire au devoir de réserve exigé par la fonction présidentielle[8],[9],[10].

Toutefois, malgré ces polémiques, la popularité de Joachim Gauck ne s'est jamais dégradée depuis le début de son mandat, en 2012, du fait de son intégrité personnelle et de son caractère réputé consensuel et reconnu par l'ensemble des partis politiques[11]. Dans ce contexte, la question d'un second quinquennat se pose pour Joachim Gauck ; une telle idée recueille même l'approbation d'Angela Merkel, qui déclare que « dans tous les cas, [elle] soutiendrai[t] la décision » de Gauck si celui-ci devait décider de solliciter ou pas un second mandat présidentiel.

Le , alors que la presse et l'opinion publique allemandes attendaient sa décision, le président Joachim Gauck annonce qu'il ne compte pas solliciter un deuxième mandat, estimant qu'un nouveau quinquennat nécessiterait « une énergie et une vitalité » que lui-même estime « ne [pouvoir] garantir ». D'après le quotidien Bild, le chef de l'État aurait renoncé à une réélection sur le conseil de sa compagne, la journaliste Daniela Schadt, qui se serait inquiétée des répercussions d'un second mandat sur la santé de son conjoint, celui-ci serait alors âgé de 82 ans au terme de ce deuxième quinquennat[12]. Lorsqu'il annonce publiquement sa décision durant une allocution depuis l'un des salons du château de Bellevue, le président sortant confirme que son âge avancé constitue, selon lui, un obstacle à sa réélection[13].

Composition de l'Assemblée fédérale[modifier | modifier le code]

Le président de la République fédérale d'Allemagne est élu par les membres de l'Assemblée fédérale, composée à parts égales des députés du Bundestag et de délégués des Länder comme le prévoit la Loi fondamentale. Le Bundestag comptant 630 députés, 630 délégués des Länder sont également appelés à siéger à la 16e Assemblée fédérale, ce qui porte le total à 1 260 membres et la majorité absolue à 631 voix[14].

Parti Grands électeurs Total % du corps
électoral
Membres du
Bundestag
Représentants
des Länder
Unions chrétiennes 309 230 539 42,8 %
Parti social-démocrate 193 191 384 30,5 %
Alliance 90 / Les Verts 63 84 147 11,7 %
Die Linke 64 31 95 7,5 %
Parti libéral-démocrate 0 36 36 2,9 %
Alternative pour l'Allemagne 0 35 35 2,8 %
Parti des pirates 0 11 11 0,9 %
Électeurs libres 0 10 10 0,8 %
Fédération des électeurs du Schleswig du Sud 0 1 1 0,1 %
Mouvements civiques unis du Brandebourg 0 1 1 0,1 %
Indépendant 0 1 1 0,1 %
Total 630 630 1 260 100 %

Candidats[modifier | modifier le code]

Peut se porter candidat toute personne âgée d'au moins quarante ans, disposant du droit de vote et du soutien d'au moins un membre de l'Assemblée fédérale. Le candidat doit cependant consentir à sa candidature de manière écrite.

Choix des candidats et campagne[modifier | modifier le code]

Frank-Walter Steinmeier, candidat de la coalition gouvernementale.

La Loi fondamentale autorisant le président de la République fédérale à solliciter un second mandat de cinq ans consécutif, Joachim Gauck peut se présenter comme candidat à sa propre succession. Si c'était le cas, il serait probablement soutenu par l'ensemble des forces politiques qui avaient appuyé sa candidature en 2012. Selon un sondage publié dans le courant du mois d', un peu plus de 60 % des Allemands se disent ainsi favorables à la réélection du chef de l'État[15].

Le , le parti populiste de droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) désigne l'un de ses dirigeants, Albrecht Glaser, comme candidat à la présidence de la République fédérale[16]. Si celui-ci n'a aucune chance de remporter cette élection présidentielle, son résultat pourrait être néanmoins important du fait de la présence, au sein de plusieurs assemblées régionales, d'élus de ce mouvement eurosceptique.

La décision de Joachim Gauck de ne pas se représenter contraint les grandes forces politiques, de la gauche à la droite, à désigner un candidat pour cette élection présidentielle. Alors que le renoncement du président fédéral pour un second mandat n'était pas encore confirmé par celui-ci, la presse allemande estime que nombreux sont ses potentiels successeurs.

Les conservateurs, menés par la chancelière Merkel, pourraient ainsi désigner le président du Bundestag Norbert Lammert, le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière, la ministre de la Défense Ursula von der Leyen ou le ministre des Finances Wolfgang Schäuble[17] ; de leur côté, les sociaux-démocrates envisageraient de désigner le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, tandis que les Verts, s'ils devaient présenter un candidat, se rassembleraient derrière Claudia Roth, vice-présidente du Bundestag, ou Winfried Kretschmann, ministre-président du Bade-Wurtemberg.

Le , le journaliste et avocat Alexander Hold est désigné candidat par le parti Électeurs libres (Freie Wähler). Le parti Die Linke désigne quant à lui le professeur Christoph Butterwegge comme candidat en novembre.

Choisi comme candidat par le SPD, Frank-Walter Steinmeier reçoit, le , le soutien de la CDU/CSU, ce qui rend son élection inéluctable puisque les trois formations bénéficient de la majorité absolue à l'Assemblée fédérale[18]. Cette désignation est rapidement présentée comme un échec pour la chancelière Merkel, qui n'a pu imposer, une fois encore, son candidat, celle-ci ayant, dans un premier temps, refusé de soutenir la candidature de Steinmeier pour appuyer plutôt celle d'un membre de son propre parti[19],[20].

Résultats[modifier | modifier le code]

Résultats[21]
Candidat Parti Premier tour
Voix %
Frank-Walter Steinmeier SPD[a] 931 81,95
Christoph Butterwegge Sans[b] 128 11,26
Albrecht Glaser AfD 42 3,70
Alexander Hold FW 25 2,20
Engelbert Sonneborn Sans[c] 10 0,88
Majorité requise[d] 631 voix
Suffrages exprimés 1 136 99,89
Votes blancs et nuls 14 0,11
Total 1 150 100
Abstentions 103 8,17
Absents 7 0,56
Inscrits / Participation 1 260 91,27

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Soutenu par le SPD, la CDU, la CSU, le FDP et Die Grünen.
  2. Soutenu par Die Linke.
  3. Soutenu par Die PARTEI et le Parti des pirates (PIRATEN).
  4. Lors des deux premiers tours, la majorité absolue des inscrits est requise, et non pas une majorité des suffrages exprimés. Au troisième tour, l'élection ne nécessite plus que l'obtention de la majorité relative des suffrages exprimés.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (de) « Décret de convocation de la seizième Assemblée fédérale », Bundesgesetzblatt, .
  2. « Le président allemand donné partant à l'aube des législatives de 2017 », Le Point, .
  3. « Allemagne : Steinmeier choisi pour être le prochain président », Le Point, .
  4. (de) « Les Unions chrétiennes, le FDP, le SPD et les Verts s'unissent pour faire élire Gauck à la présidence fédérale », Frankfurter Allgemeine Zeitung, .
  5. « La démission du président allemand crée la stupeur », Le Monde, .
  6. « L'Allemagne se divise sur les candidats à la présidence », Le Figaro, .
  7. « Le président allemand fait la leçon à Angela Merkel », La Tribune, .
  8. « Le président allemand peut traiter les néo-nazis de "cinglés" », Challenges, .
  9. (de) « Die Linke à propos de Gauck : “C'est un président partial ”», Der Spiegel, .
  10. « Allemagne : une coalition "rouge-rouge-verte" qui interpelle », Huffington Post, .
  11. « Joachim Gauck, “porte-parole” atypique et populaire de l’Allemagne », Le Monde, .
  12. (en) « La compagne du président lui déconseille un deuxième mandat selon Bild », The Local, .
  13. « Le président allemand ne briguera pas un second mandat », Le Figaro, .
  14. (de) « Einberufung der 16. Bundesversammlung zur Wahl des Bundespräsidenten », sur parlamentsdokumentation.brandenburg.de (consulté le ).
  15. (de) « Sondage : une majorité de citoyens favorables à un second mandat de Gauck », Der Spiegel, .
  16. (de) « Dieser Mann will für die AfD Bundespraesident werden », Die Welt, .
  17. « Allemagne : pourquoi l'élection présidentielle est un casse-tête pour Angela Merkel », La Tribune, .
  18. « La coalition gouvernementale allemande a choisi le futur président du pays », L'Obs, .
  19. « Présidence allemande : Angela Merkel se résout à la candidature de Frank-Walter Steinmeier », Le Monde, .
  20. (de) « Steinmeier comme président fédéral : le non-candidat parfait de Merkel », Der Spiegel, .
  21. (de) « Bundespräsidentenwahl 2017 », sur www.lpb-bw.de (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]