Yamal (satellite) — Wikipédia

Yamal (en russe : Яма́л) est une série de satellites de télécommunications mis au point et exploités par Gazprom Space Systems (en). Né du besoin de connectivité du géant de l'extraction de gaz naturel Gazprom, le système a été cédé à une société propre et a ouvert le réseau à des tiers, voire au secteur de la radiodiffusion publique. Yamal et la constellation Ekspress de Russian Satellite Communications Company (en) sont les deux seuls opérateurs de satellites nationaux en Russie[1].

Historique[modifier | modifier le code]

En 1997, même avant le lancement de leurs premiers satellites (Yamal 101 et Yamal 102), Gazkom (en) planifiait la deuxième génération. À cette époque, ils avaient prévu 24 satellites de deuxième génération. Ce plan extrêmement agressif a été réduit en 2001 avec le lancement de quatre satellites de la série 200. Les deux premiers, Yamal 201 et Yamal 202, seraient lancés d’ici 2001 et les deux suibants, Yamal 203 et Yamal 204, d’ici 2004. Yamal 201 et Yamal 203 seraient identiques et seraient positionnés à l’emplacement 90 ° E. Yamal 202 et Yamal 204 serait également jumeaux et être positionné à 49 ° E[2],[3],[4].

Yamal 101 et Yamal 102 ont été lancés ensemble le à 16h36 UTC à partir du Site 81/23 du cosmodrome de Baïkonour par une Proton-K/Bloc-DM-2M directement en orbite géostationnaire[5],[6]. Cependant une défaillance du système électrique lors du déploiement de panneaux solaires a entraîné la perte de Yamal 101 juste après le lancement réussi[4],[7]. Ainsi, Gazkom a enregistré Yamal 102 sous le nom de Yamal 101. Cela a créé une grande confusion, mais les dossiers indiquent clairement que le satellite défaillant était bien le premier Yamal 101[4],[8].

Yamal 201 et Yamal 202 ont été lancés le à 16:02 UTC du Site 81/23 du cosmodrome de Baïkonour par une Proton-K/Bloc-DM-2M directement en orbite géostationnaire[9]. Le lancement et le déploiement des satellites ont été couronnés de succès et les deux ont été mis en service[10].

En 2007, les retards du programme ont poussé Gazkom à passer aux projets Yamal 301 et Yamal 302, annulant Yamal 203 et Yamal 204. Il s’agissait de versions plus avancées des satellites qu’ils devaient remplacer[4],[11]. Cependant, début 2008, Energia (constructeur des premiers satellites) et Gazkom avaient entamé un conflit sur les coûts et le calendrier de Yamal 301 et de Yamal 302, qui avait même été soumis à arbitrage. En fin de compte, le contrat avec Energia est annulé et un nouveau Yamal-300K commandé à la hâte à ISS Reshetnev pour une date de lancement en 2009[12].

En , Gazprom Space Systems a annoncé un contrat avec Thales Alenia Space pour deux satellites : Yamal-401 et Yamal-402[13]. C'était la première fois qu'un fournisseur étranger construisait un satellite pour le marché intérieur russe. Après de nombreuses interventions de l'industrie locale, le contrat pour la plate-forme et l'intégration de Yamal-401 est annulé et attribué à ISS Reshetnev, mais Thales est autorisé à conserver la charge utile[14],[15].

Le , Yamal-102 a été mis hors service et envoyé sur une orbite de rebut. Le satellite a fonctionné 4 079 jours (11 ans et 2 mois), un peu en deçà de la durée de vie prévue de 12,5 ans[5],[16].

Yamal 300K a été lancé le à 21h04 UTC avec Loutch 5B, à partir du Site 81/23 du cosmodrome de Baïkonour par une Proton-M/Briz-M directement en orbite géostationnaire[17]. Le lancement et le déploiement du satellite ont été couronnés de succès et Yamal 300K a été mis en service[18],[19].

Le à 13:13:43 UTC, un Proton-M/Briz-M lance Yamal-402 sur une orbite de transfert géostationnaire[20]. Le même jour, GKNPZ Khrounitchev et International Launch Services ont signalé une anomalie lors du lancement, au cours de laquelle l'étape Briz-M avait échoué 4 minutes avant son extinction programmée après son quatrième allumage[21],[22]. Le , des spécialistes de Thales Alenia Space ont effectué des manœuvres pour amener le satellite sur son orbite prévue, après une séparation prématurée de Briz-M[23]. Le , Yamal-402 a été positionné sur son orbite géostationnaire prévue à la suite d’une série de quatre opérations d’ajustement[24]. Le satellite a perdu 4 années de carburant pour compenser une injection d’orbite inférieure aux prévisions[25].

En 2013, le conseil d'administration de Gazprom décide d'un nouveau plan. Il nécessite deux nouveaux satellites : Yamal-501 et Yamal-601[26]. Il appelle également à la création d’une nouvelle constellation de sept satellites d’observations optiques et radar en orbite terrestre basse satellites, nommée SMOTR[27], et oblige également Gazprom Space Systems à développer ses propres capacités de conception et de fabrication de satellites[26].

En 2014, Gazprom a annoncé un contrat avec Thales Alenia Space pour son satellite Yamal-601[28].

Le , Yamal 201 est tombé en panne et les clients ont dû être déplacés vers d'autres satellites du réseau. Le satellite a fonctionné 3 846 jours (10 ans et 6,5 mois), soit une durée inférieure à la durée de vie prévue de 12,5 ans[16],[29],[30].

Le à 00:16:00 UTC, un Proton-M/Briz-M lance Yamal-401 directement sur orbite géostationnaire. Le lancement est réussi et le satellite est entré en service[31].

En 2015, à la suite de la crise de Crimée et des sanctions internationales contre la Russie, le contrat de Yamal-601 avec Thales est annulé et attribué à ISS Reshetnev (plate-forme), mais Thales est autorisé à conserver la charge utile[32], comme précédemment pour Yamal-401. Cependant, en , Gazprom a pu résoudre ses problèmes et réattribuer l'intégralité du contrat à Thales[33].

Historique des lancements[modifier | modifier le code]

Désignation Plate-forme Charge utile Date du contrat Date de lancement Lanceur Orbite Résultat Masse au lancement Statut Identifiant COSPAR Notes
Yamal 101 RSC Energia
USP
Space Systems/Loral Proton-K/Bloc-DM-2M GEO Succès 1 360 kg Échec à la séparation 1999-047A Lancé avec Yamal 102. Échec à la séparation[2],[3],[6],[7],[8].
Yamal 102 RSC Energia
USP
Space Systems/Loral Proton-K/Bloc-DM-2M GEO Succès 1 360 kg Retiré le 1999-047B Lancé avec Yamal 101[2],[3],[6],[7].
Yamal 201 RSC Energia
USP
Alcatel Space 2001 Proton-K/Bloc-DM-2M GEO Succès 1 360 kg En panne depuis le 2003-053B Lancé avec Yamal 202. Tombé en panne après plus de 10 ans de service en 2014[4],[7],[10],[11],[29],[30],[34],[35].
Yamal 202 RSC Energia
USP
Alcatel Space 2001 Proton-K/Bloc-DM-2M GEO Succès 1 320 kg Actif 2003-053A Lancé avec Yamal 201[4],[7],[11],[34],[36],[37],[38].
Yamal-300K Ekspress-1000HTA 2009 Proton-M/Briz-M GEO Succès 1 870 kg Actif 2012-061B Lancé avec Loutch 5B[18].
Yamal-402 Spacebus-4000C3 Thales Alenia Space 2009 Proton-M/Briz-M GEO Échec partiel 5 250 kg Actif 2012-070A Le satellite a perdu 4 années de carburant pour compenser une injection d'orbite inférieure à celle prévue[22],[25].
Yamal-401 Ekspress-2000 Thales Alenia Space 2010 Proton-M/Briz-M GEO Succès 2 976 kg Actif 2014-082A [14]
Yamal-501 [26]
Yamal-601 Ekspress-2000 2015 Annulé Proton-M/Briz-M GEO Annulé Annulé [32]
Yamal 203 RSC Energia
USP
Alcatel Space 2001 Annulé Proton-K/Bloc-DM-2M GEO Annulé 1 360 kg Annulé [4],[7],[10],[11],[39]
Yamal 204 RSC Energia
USP
Alcatel Space 2001 Annulé Proton-K/Bloc-DM-2M GEO Annulé 1 320 kg Annulé [4],[7],[11],[36],[39]
Yamal 301 RSC Energia
USP
NEC Toshiba Space/Tesat Spacecom 2003 Annulé Proton-M/Bloc DM-03 GEO Annulé 1 330 kg Annulé [7],[12],[39],[40]
Yamal 302 RSC Energia
USP
NEC Toshiba Space/Tesat Spacecom 2003 Annulé Proton-M/Bloc DM-03 GEO Annulé 1 330 kg Annulé [7],[12],[39],[41]
Yamal-401 Spacebus-4000C3 Thales Alenia Space 2009 Annulé Proton-M/Briz-M GEO Annulé 4 900 kg Annulé [13]
Yamal-601 Spacebus-4000C4 Thales Alenia Space 2014 [42] Proton-M/Briz-M GEO Succès 5 700 kg Actif à partir de 19.7.2019[43] 2019-031A [33],[28], [44]

Notes et références[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Yamal (satellite constellation) » (voir la liste des auteurs).
  1. « About Company », Gazprom (consulté le )
  2. a b et c Nicolas Pillet, « Yamal/Historie/Nécessité de renouvellement », sur Kosmonavtika (consulté le )
  3. a b et c Nicolas Pillet, « Yamal/Historie/La plate-forme universelle », sur Kosmonavtika (consulté le )
  4. a b c d e f g et h Nicolas Pillet, « Yamal/Historie/Premier tir, premier revers », sur Kosmonavtika (consulté le )
  5. a et b Nicolas Pillet, « Proton-K 6 septembre 1999 », sur Kosmonavtika (consulté le )
  6. a b et c Gunter Dirk Krebs, « Yamal 101, 102 », sur Gunter's Space Page, (consulté le )
  7. a b c d e f g h et i Anatoly Zak, « Yamal communication satellites », sur RussiaSpaceWeb.com, (consulté le )
  8. a et b « Yamal 101 », Satbeams (consulté le )
  9. Nicolas Pillet, « Proton-K 24 novembre 2003 », sur Kosmonavtika (consulté le )
  10. a b et c Gunter Dirk Krebs, « Yamal 201, 203 », sur Gunter's Space Page, (consulté le )
  11. a b c d et e Nicolas Pillet, « Yamal/Historie/La deuxième génération », sur Kosmonavtika (consulté le )
  12. a b et c Nicolas Pillet, « Les Yamal-300 », sur Kosmonavtika (consulté le )
  13. a et b Gunter Dirk Krebs, « Yamal 401 », sur Gunter's Space Page, (consulté le )
  14. a et b Gunter Dirk Krebs, « Yamal 401 », sur Gunter's Space Page, (consulté le )
  15. Nicolas Pillet, « Yamal-400 : le succès français », sur Kosmonavtika (consulté le )
  16. a et b « Universal Space Platform », RSC Energia (consulté le )
  17. Nicolas Pillet, « Proton-M 2 novembre 2012 », sur Kosmonavtika (consulté le )
  18. a et b Gunter Dirk Krebs, « Yamal 300K », sur Gunter's Space Page, (consulté le )
  19. Anatoly Zak, « Yamal 300K », sur RussiaSpaceWeb.com, (consulté le )
  20. Nicolas Pillet, « Proton-M 8 décembre 2012 », sur Kosmonavtika (consulté le )
  21. « ILS Declares Proton Launch Anomaly », ILS,
  22. a et b Chris Bergin, « ILS Proton-M launches with Yamal-402 satellite », NASA Spaceflight,
  23. « Thales Makes Second Attempt to Adjust Yamal Orbit », RIA Novosti,
  24. « Troubled Russian Satellite Reaches Designated Orbit », RIA Novosti,
  25. a et b Gunter Dirk Krebs, « Yamal 402 », sur Gunter's Space Page, (consulté le )
  26. a b et c (en) « New Projects », Gazprom (consulté le )
  27. « SMOTR », Gazprom (consulté le )
  28. a et b Gunter Dirk Krebs, « Yamal 601 », sur Gunter's Space Page, (consulté le )
  29. a et b « Russian satellite failure leads to channels move », DigitalTVEurope.NET, (consulté le )
  30. a et b David Todd, « Yamal 201 may have failed in orbit as customers are moved to other satellites », Seradata Space Intelligence, (consulté le )
  31. Nicolas Pillet, « Proton-M 15 décembre 2014 », sur Kosmonavtika (consulté le )
  32. a et b Gunter Dirk Krebs, « Yamal 601 », sur Gunter's Space Page, (consulté le )
  33. a et b (en) « Proton launches Yamal-601 », sur www.russianspaceweb.com (consulté le )
  34. a et b Anatoly Zak, « Proton missions in 2003 », sur RussiaSpaceWeb.com, (consulté le )
  35. « Yamal 201 », Satbeams (consulté le )
  36. a et b Gunter Dirk Krebs, « Yamal 202, 204 », sur Gunter's Space Page, (consulté le )
  37. « Yamal-202 technical performance », Gazprom Space Systems (consulté le )
  38. « Yamal 201 », Satbeams (consulté le )
  39. a b c et d Gunter Dirk Krebs, « RKK Energiya: USP (Victoria) », sur Gunter's Space Page, (consulté le )
  40. Gunter Dirk Krebs, « Yamal 301 », sur Gunter's Space Page, (consulté le )
  41. Gunter Dirk Krebs, « Yamal 302 », sur Gunter's Space Page, (consulté le )
  42. Lancé avec succès
  43. « Новости », sur gazprom-spacesystems.ru via Wikiwix (consulté le ).
  44. https://spaceflightnow.com/2019/06/10/newly-launched-russian-telecom-satellite-relying-on-backup-thrusters/

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]