Xavier Dor — Wikipédia

Xavier Dor
Xavier Dor en 2019.
Fonction
Président
SOS tout-petits
-
Philippe Piloquet (d)
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Xavier Albert Antoine Marie DorVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Autres informations
A travaillé pour

Xavier Dor, né le à Marseille et mort le à Paris, est un pédiatre et embryologiste français, connu pour sa lutte contre l'avortement en France. Il est notamment le principal cofondateur et le président de l'association SOS tout-petits de 1996 à 2016. Il est entre autres l'initiateur des « commandos anti-IVG », et fut condamné onze fois par la justice française dans le cadre de son activisme.

Biographie[modifier | modifier le code]

Situation personnelle[modifier | modifier le code]

Issu d'une famille bourgeoise — son père est directeur de la Transatlantique à Cuba —, Xavier Dor a quatre enfants avec son épouse, Françoise Dugé de Bernonville, fille de Jacques de Bernonville[1]. Il est proche, par ailleurs, des Lazaristes de la rue de Sèvres, à Paris, où il assiste à la messe quotidiennement[2].

Durant ses études de médecine, qu'il effectue à Paris, il se spécialise en pédiatrie. En 1962, il soutient une thèse sur les liens possibles entre la choréo-athétose et la maladie de Parkinson. Il devient ensuite chef du service pédiatrique à l'hôpital central d'Abidjan, en Côte d'Ivoire, et ce jusqu'en 1968. Rentré en France, il devient, en 1975, chef de travaux en anatomie et organogenèse, avant d'obtenir un doctorat ès sciences en 1979. De 1975 à 1995, il exerce aussi à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière[2]. Dans le même temps, il est chercheur en embryologie cardiaque à l'INSERM et maître de conférences à l'université Paris-VI[3].

Il meurt des suites de la maladie à coronavirus 2019 le [4],[5].

Engagement contre l'avortement[modifier | modifier le code]

Proche de l'association Laissez-les-vivre, dont il participe à plusieurs réunions et manifestations, le Dr Dor fonde l'association Mère de Miséricorde en 1981, dans le but de « venir en aide, par l'écoute, la prière et le jeûne, aux femmes tentées par l'avortement ou ayant déjà avorté[2] ».

En 1986, avec quatre amis, il fonde également l'association SOS tout-petits, dont il devient le président. Il crée alors, avec ces derniers, les « commandos anti-IVG » — pour Yves Chiron, toutefois, « l'expression « commando » ne correspond pas aux actions qu'a menées [Xavier Dor] », puisque ce dernier « a toujours insisté sur leur caractère « pacifique »[2]. Selon Libération, les actions menées par l'association consistent, pour les militants, à s'introduire dans des hôpitaux ou des cliniques où sont pratiquées des IVG, parfois dans des parties interdites au public, à s'enchaîner et chanter des cantiques, et à menacer le personnel et les patientes[3]. Pour La Nef, l'association « a pour seule arme la prière et, quand elle est possible, la discussion[2] ». La première « opération » a lieu à l'hôpital Tenon, à Paris, le 10 janvier 1987. Elle est volontairement médiatisée, deux photographes de presse accompagnant la quarantaine de manifestants. Les opérations se succèdent ensuite dans différents établissements de la capitale et du reste de la France[2].

Selon Neil Datta, secrétaire général du Forum parlementaire européen sur la population et le développement, Xavier Dor est le représentant français de la « première génération anti-choix », apparue dans les années 1980-1990 à la suite de la légalisation du droit à l'avortement dans les pays occidentaux (États-Unis, France, Allemagne). Elle décrit cette première génération comme « un mouvement de protestation sociale qui existe à travers les manifestations et les opérations chocs » et explique qu'elle « provoquait un effet de nuisance certain, mais [qu'elle] n’a rencontré aucun succès », ajoutant que ce mouvement était « amateur, très local » et qu'il « s’est éteint assez rapidement »[6].

Le , trois jeunes militants de l'association SOS tout-petits entrent dans les locaux du Planning familial situé dans le 2e arrondissement de Paris, pour y distribuer des tracts anti-avortement aux femmes présentes, avant de commencer une prière dans la cour des locaux et d'être interrompus par la police. Cet événement est pour Xavier Dor représentatif de ce qu'il appelle la « relève », c'est-à-dire un rajeunissement de la cohortes des militants anti-avortement. Ainsi, selon Xavier Dor, « de plus en plus de jeunes rejoignent nos rangs ». Cette « relève », composée de jeunes qui le considèrent comme un mentor, lui permet aussi de mener de nouvelles actions. Ainsi, peu après, Xavier Dor s'en va tracter avec deux jeunes devant le service d’orthogénie de l’hôpital parisien de Port-Royal. Il déclare à propos de son combat : « même sur mon lit de mort, je continuerai »[7].

Il quitte la présidence de l'association SOS tout-petits en [8]. Lui succède alors le Dr Philippe Piloquet, embryologiste, cytogénéticien et maître de conférence en imagerie médicale à l'université de Nantes[9].

Condamnations[modifier | modifier le code]

Xavier Dor est condamné à onze reprises pour ses actions[10],[3], notamment après l'adoption en 1993 de la loi Neiertz, créant le délit d'entrave à l'interruption volontaire de grossesse, et pour avoir organisé des manifestations sans autorisation. La première peine est prononcée le 30 mai 1994 par la 11e Chambre de la Cour d'Appel de Paris (1 mois de prison avec sursis et 5000 F d'amende) pour une intervention à la maternité des Lilas le 16 mai 1992. Il est encore condamné à huit mois de prison, dont cinq avec sursis, sous le régime de la peine aménagée par la cour d'appel de Versailles en [3].

En 2014, il est jugé en appel pour avoir organisé une manifestation anti-IVG le devant l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul, dans le 14e arrondissement de Paris, ainsi que pour avoir, à la suite d’une irruption dans un centre du Planning familial de Paris en , pris à partie des patientes et exercé une « pression morale et psychologique » sur une candidate à l'avortement. À celle-ci, constituée partie civile du procès, il avait remis des chaussons tricotés et une médaille figurant la Vierge Marie, un acte dont la plaignante témoigne de la violence au cours d'une audience[11],[12],[13]. La cour d’appel de Paris prononce une relaxe pour son action de 2011 et le condamne à 10 000 euros d’amende, dont la moitié avec sursis, pour entrave à l'IVG[14].

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • Le Crime contre Dieu, Perrin & Perrin, Paris, 1998.
  • Le Livre blanc de l'avortement en France, chap 8, collectif 30 ans, ça suffit, Tequi, Paris, 2006.
  • L'Opposition à l'avortement : du lobby au commando, Berg International, Paris, 1995.
  • Combats contre la pesanteur : chroniques d'un militant anti-avortement , Presses De La Delivrance, Paris, 2021.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Portrait d'un anti-mariage gay : Xavier Dor », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. a b c d e et f Yves Chiron, « Docteur Dor : aux avant-postes de la Vie », La Nef, nos 324-325,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. a b c et d Xavier Dor, chef d'un commando anti-IVG, ira dormir en prison. Vendredi, il a été condamné en appel pour une occupation à Clamart, Libération, .
  4. « Xavier Dor, meneur des « commandos anti-IVG » condamné 11 fois, est mort du coronavirus », actu.fr,‎ (lire en ligne)
  5. (sk) Štefan Danišovský, « Xavier Dor je s Bohom » [« Xavier Dor a rejoint le Père céleste »], Konzervatívny denník Postoj (sk),‎ (lire en ligne).
  6. «Les anti-IVG sont souvent anti-genre, homophobes et contre le planning familial», sur Libération.fr, (consulté le ).
  7. Audrey Salor, « Anti-IVG : "SOS tout-petits" reprend du service », L'Obs, (consulté le ).
  8. Anne Le Pape, « Ne jamais se décourager », Présent,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. Jean-Bernard Gervais, « Prof en médecine et anti-IVG, c’est possible à Nantes et Lyon ! », What's up Doc ?,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. Aline Andrea, « Xavier Dor évite la prison » L'Humanité, le .
  11. Mathilde Gérard, « Condamné, le militant anti IVG Xavier Dor promet "d'autres actions" », Le Monde, (consulté le ).
  12. Sylvain Mouillard, « Xavier Dor, les litanies d'un multirécidiviste anti-IVG », Libération, (consulté le ).
  13. AFP, « L'anti-IVG Xavier Dor, condamné à 10.000 euros d'amende en appel », Le Point, (consulté le ).
  14. Sylvain Mouillard, « Peine adoucie en appel pour le militant anti-IVG Xavier Dor », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]