Viticulture en Turquie — Wikipédia

Viticulture en Turquie
Image illustrative de l’article Viticulture en Turquie
Au premier plan, le vignoble de Diyarbakır, producteur du Doluca Özel Kav

Désignation(s) Viticulture en Turquie
Pays Turquie
Sous-région(s) Région de Marmara
Région de la mer Noire
Région égéenne
Région méditerranéenne
Région de l'Anatolie orientale
Région de l'Anatolie du sud-est
Cépages dominants chardonnay,
sauvignon,
sémillon,
cabernet sauvignon,
pinot,
traminer,
cabernet
merlot


La viticulture en Turquie, qui fut du temps de l'Empire hittite, 2 000 ans avant notre ère, l'une des plus florissantes du bassin méditerranéen, disparut avec la chute de Constantinople.[citation nécessaire] Seule resta une maigre culture de raisins de table qui perdura jusqu'au début du XXe siècle quand l'Empire ottoman devint une république dont la législation permit à nouveau de produire du vin.

Si aujourd'hui la Turquie occupe la quatrième place mondiale avec 420 000 hectares, 95 % de la production est consommée en raisin frais et sec[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

Préhistoire et Antiquité[modifier | modifier le code]

Pendant toute l'Antiquité le vin abonda aussi bien le long des côtes de la mer Égée, qu'en Thrace ou en Anatolie[2].

Moyen Âge[modifier | modifier le code]

La conquête de l'Anatolie par les Seldjoukides sur l'Empire byzantin eut pour conséquence, au nom de l'islam, l'interdiction de l'usage du vin[2]. Cette interdiction, prolongée sous les Ottomans, ne semble pas avoir été appliquée aux populations chrétiennes : les Arméniens notamment produisaient du vin[3].

Période contemporaine[modifier | modifier le code]

Mustapha Kemal, fondateur en 1923, de la république turque, fidèle à ses principes laïques, rendit légale la viticulture. Cette décision permit, en 1929, la fondation d'un « Centre de Recherches Vinicoles » dont le but fut de moderniser dans un premier temps les méthodes ancestrales de culture de la vigne, puis de classifier les deux cents à trois cents cépages utilisés jusqu'alors en raisins de table[2].

Vinification[modifier | modifier le code]

Encépagement[modifier | modifier le code]

Beaucoup de ces variétés ne pouvant servir à élaborer un vin de qualité, il fut décidé d'importer au cours des années 1970 des cépages de cuve français : chardonnay, sauvignon, sémillon, cabernet sauvignon, pinot, traminer, cabernet et merlot[4].

Cépages de Turquie[5]
Région Cépages blancs Cépages rouges
Région de Marmara Clairette
Chardonnay
Riesling
Sémillon
Beylerce
Yapıncak
Vasilaki
Pinot poir
Adakarası
Papazkarası
Sémillon
Kuntra
Gamay
Karalahana
Cinsault
Région égéenne Sémillon
Bornova Misketi
Sauvignon Blanc
Chardonnay
Carignan
Çal Karası
Merlot
Cabernet Sauvignon
Alicante Bouschet
Shiraz
Kalecik Karası
Région de la mer Noire Narince Öküzgözü
Boğazkere
Région de l'Anatolie centrale Emir
Hasandede
Kalecik Karası
Papazkarası
Dimrit
Région méditerranéenne Kabarcık
Dökülgen
Sergi Karası
Burdur Dimriti
Région de l'Anatolie orientale Narince
Kabarcık
Öküzgözü
Boğazkere
Région de l'Anatolie du sud-est Dökülgen
Kabarcık
Rumi
Horoz Karası
Öküzgözü
Boğazkere
Sergi Karası

Production[modifier | modifier le code]

Elle est assurée par moitié tant par des monopoles d'État que par des exploitations privées. La grande majorité des vins sont blancs (beyaz), le reste se partageant entre les rosés (pembe) et les rouges (kırmızı)[4].

Terroirs viticoles[modifier | modifier le code]

Grandes régions viticoles et zonage climatique du territoire turc d'après l'indice de Winkler[N 1] correspondant à la somme des températures moyennes quotidiennes supérieures au zéro de végétation de la vigne (10 °C) pendant la vie active de la vigne, soit d'avril à septembre inclus.

Vins blancs[modifier | modifier le code]

Sur les côtes de la mer Égée, est produit un vin blanc sec, l'izmir, élaboré à partir d'un cépage local, le sultaniyeh, variété apyrène. Vin sec, de couleur jaune d'or, peu aromatique, il titre entre 11 et 12°.

La Thrace produit le guzel marmara, en vinifiant un autre cépage local, le yapinçak. Ce vin sec, à la robe jaune paille avec des reflets verts, a une légère amertume ce qui le rend très rafraîchissant.

Autre vin blanc, à la saveur très caractéristique, l'ürgüp considéré comme l'un des meilleurs vins turcs[4].

Vins rouges[modifier | modifier le code]

Le narbag, qui est produit à partir du narince, dégage au nez des arômes fruités mais sa bouche est un peu trop sucrée.

Le buzbag, à la robe rouge sombre aux reflets bleutés, est un vin de garde fait à partir du cépage ökuzgözü, ou « œil de taureau ».

Le bügazkar est lui aussi un vin de garde. Sa forte teneur en tanins l'a fait surnommé « l'étrangleur »

Dans la région d'Ankara, le kalebag est élaboré à base du cépage kalecik. Ce rouge titre jusqu'à 13, 5° et sa haute teneur en glycérol le rend très souple en bouche[4].

En Thrace est élaboré le traka à partir de la variété papaz karasi. Vin corsé, à la robe rouge sombre, il est généralement embouteillé au bout de trois ans[7].

Le doluca özel kavest produit dans les régions de Diyarbakir et Elâzığ.

Cépages de table[modifier | modifier le code]

Sirop de raisin[modifier | modifier le code]

Dans la région d’Antalya, le raisin est écrasé dans des tekne (cuves en bois). Le jus est ensuite concentré dans des kazan (petites marmites en cuivre). Pour clarifier ces jus, une pratique très ancienne est encore utilisée : le collage avec une terre locale (toprak) extraite de la montagne proche. Cette terre s’est révélée être constituée d’argile et de chaux[N 2]. Après le premier chauffage, qui dure quelques heures, le dépôt a sédimenté et il est filtré dans un sac de jute. Puis le jus est chauffé une seconde fois pour accentuer la concentration. Ce sirop de raisin, appelé Pekmez, sert à agrémenter le petit déjeuner ou à conserver, pour l’hiver, des courgettes et des aubergines.

Commercialisation[modifier | modifier le code]

La Turquie exporte principalement ses vins en Allemagne, au Danemark et en Suède[4].

Le vignoble turc comporte 520 000 hectares et produit 4 millions de tonnes de raisin, soit un rendement par hectare d'environ huit tonnes. 95% de cette production est destiné au marché frais (raisin de table) et sec (raisin sec). Une toute petite partie (5% seulement) de la production est vinifiée.

90 % de la vinification est assurée par une petite dizaine de domaines viticoles.

La consommation de vin locale moyenne par habitant est à peine d'un litre par an. Elle reflète une disparité, centrée dans les villes, essentiellement dans les classes à mode de vie occidental. La balance commerciale est légèrement excédentaire avec des importations se chiffrant en 2007 à 3,1 millions de dollars contre des exportations pour 3,85 millions de dollars[1].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. L'indice de Winkler est une méthode simple pour apprécier les aptitudes climatiques d'une situation mais ne permet pas de procéder à des comparaisons fines. Il souffre en particulier d'une triple insuffisance : il réduit la variation thermique journalière à la température moyenne ; il considère que la courbe d'action de la température sur un végétal est linéaire, indéfinie et commune à toutes les fonctions ; il ne prend pas en compte l'énergie rayonnante[6].
  2. Ce collage minéral permet aussi la désacidification.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Turquie : le marché du vin », Site winealley.com, (consulté le ).
  2. a b et c Bibiane Bell et Alexandre Dorozynsky, op. cit., p. 222.
  3. Voir par exemple les localités pour lesquelles cette activité est mentionnée dans Raymond Haroutioun Kévorkian, Le Génocide des Arméniens, Odile Jacob, Paris, 2006 (ISBN 2-7381-1830-5), p. 448, 498, 630, 724.
  4. a b c d et e Bibiane Bell et Alexandre Dorozynsky, op. cit., p. 223.
  5. (tr) « İşte Türkiye'nin şaraplık üzüm haritası ».
  6. François Champagnol, Éléments de physiologie de la vigne et de viticulture générale, Saint-Gely-du-Fesc, Champagnol, , 351 p. (ISBN 2-9500614-0-0).
  7. Bibiane Bell et Alexandre Dorozynsky, op. cit., p. 224.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Bibiane Bell et Alexandre Dorozynsky, Le livre du vin. Tous les vins du monde, sous la direction de Louis Orizet, Éd. Les Deux Coqs d'Or, 29 rue de la Boétie, 75008, Paris, 1970.
  • Alexis Lichine, Encyclopédie des vins et alcools de tous les pays, Éd. Robert Laffont-Bouquins, Paris, 1984, (ISBN 2221501950)
  • Hugh Johnson, Une histoire mondiale du vin, Éd. Hachette Pratique, Paris, 2002, (ISBN 2012367585)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]