Vincenzo Peruggia — Wikipédia

Vincenzo Peruggia
Photographie policière de Vincenzo Peruggia en 1911.
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Vincenzo Peruggia, né le à Dumenza (Italie) et mort le à Saint-Maur-des-Fossés (France), est un peintre en bâtiment et vitrier italien, connu pour avoir volé La Joconde.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Aîné d'une fratrie de quatre frères et une sœur, il est le fils de Giacomo Peruggia, maçon et de Celeste, femme au foyer. Peintre en bâtiment, il travaille depuis l'âge de douze ans à Milan. Le manque de travail l'incite à émigrer en France. Il monte à Paris en 1908. Ayant contracté le saturnisme, il est hospitalisé pour cette maladie due à l'intoxication par le plomb, métal utilisé dans les peintures. Sombrant dans l'alcoolisme et victime de la xénophobie anti-italienne, il a pu développer une forme de paranoïa, ce qui expliquerait qu'il ait fait l'objet de deux arrestations pour vol, port d'arme et séjour illégal[1].

Au début du XXe siècle, plusieurs tableaux du Louvre sont victimes de vandalisme par des malades mentaux, si bien que le musée décide de protéger ses 1 600 œuvres les plus importantes. La mise sous verre est confiée de 1909 à 1911 à la maison Gobier qui offre ses services au musée depuis le règne de Louis-Philippe. Cette entreprise de verrerie emploie cinq ouvriers pour cette tâche, dont Vincenzo Peruggia. Ce dernier, reconnu pour ses qualités professionnelles, est bientôt le seul à découper et polir les verres des toiles italiennes du Salon Carré. Il a certainement pu à cette époque admirer les chefs-d'œuvre seul, en face à face, apprendre à décrocher facilement les tableaux, si bien que l'idée d'en voler un germe dans son esprit, en raison de sa paranoïa[2].

Vol de La Joconde[modifier | modifier le code]

La Joconde revient au Louvre en 1914

Le [3], un lundi (jour de fermeture du musée), Vincenzo Peruggia, alors que son contrat d'ancien travailleur avec la maison Gobier s'achève, rentre dans le musée du Louvre à sept heures du matin, vêtu de sa blouse de travail. Il attend d'être seul dans le Salon Carré pour y décrocher le Portrait de Mona Lisa (toile italienne choisie non en raison de sa notoriété, moyenne à cette époque, mais de sa petite taille, donc facile à emporter) de sa boîte-vitrine suspendue au mur et l'emmener dans une cage d'escalier. Il l'emporte sous un escalier pour la débarrasser de son cadre et de sa vitre, puis cache probablement l’œuvre sous ses habits et quitte le musée sans être inquiété. Ce vol n'est constaté que le lendemain matin, et est considéré comme l'un des plus grands vols du XXe siècle depuis que la Joconde est devenue le tableau le plus célèbre au monde. Vincenzo cache la peinture pendant deux ans dans sa chambre à Paris (cité Héron ou rue de l'Hôpital-Saint-Louis), dans le double fond d'une valise de bois blanc, sous son lit ou dans un débarras[4]. Apparemment, alors que l'inspecteur nommé Brunet se présente à son appartement le pour interroger ce dernier, il ne fouille pas la chambre, n'imaginant pas que le vol puisse être l'œuvre d'un modeste ouvrier[5].

Retour en Italie et arrestation[modifier | modifier le code]

Après avoir gardé l’œuvre deux ans, Peruggia retourne avec elle en Italie. Il la garde dans son appartement à Florence. Il devient impatient, si bien qu'il contacte le Alfredo Geri, le propriétaire d'une galerie d'art de la ville. Bien que les témoignages de Geri et Peruggia soient contradictoires, il est clair que Peruggia s'attendait à une récompense pour avoir ramené la peinture à sa « patrie ». Geri appelle Giovanni Poggi, directeur de la galerie des Offices, qui authentifie l’œuvre. Poggi et Geri gardent la peinture et informent la police, qui arrête Peruggia à son hôtel[4].

Après son vol, la peinture est exposée à travers toute l'Italie dans une grande tournée d'adieu avant d'être retournée en grande pompe au Louvre début 1914[6].

Peruggia est condamné à une peine de prison légère d'un an, réduite à sept mois. À sa libération, il sert dans l'armée italienne lors de la Première Guerre mondiale. Par la suite, il se marie et retourne à Paris, où il ouvre un magasin de peinture[7].

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

Lieu[modifier | modifier le code]

  • La rencontre en 1913 entre Peruggia et le galeriste Alfredo Geri dans l'hôtel Tripoli de Florence, a été exploitée par ce dernier qui s'est rebaptisé Hôtel Gioconda[8].

Cinéma[modifier | modifier le code]

Théâtre[modifier | modifier le code]

Jeux vidéo[modifier | modifier le code]

  • Le , un contenu téléchargeable pour le jeu vidéo Mass Effect 2 contient son nom comme mot de passe donnant accès à la voûte d'un méchant voleur d'art[10].

Litérature[modifier | modifier le code]

  • L'histoire de Peruggia est soulignée dans le chapitre 12 du livre The Rembrandt Affair (Gabriel Allon) de Daniel Silva, publié en .
  • Publiée en 2011, la monographie The Theft of the Mona Lisa : On Stealing the Worlds Most Famous Painting de Noah Charney's décrit l'histoire de Peruggia.
  • Durant l'été 2011, Peruggia est le héros d'une pièce de théâtre le décrivant comme un patriote, présentée à Dumenza, sa ville natale où il a une plaque qui le montre jouant de la guitare et le décrivant comme le héros ayant volé la Joconde[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (it) Carlo Lucarelli et Massimo Picozzi, Il genio criminale : storie di spie, ladri e truffatori, Mondadori, , p. 120.
  2. Joe Medeiros, « Qui a volé "la Joconde" ? », Midair Rose Production, 2013, 17 min 30 s.
  3. « Le célèbre tableau de Léonard de Vinci La « Joconde » a disparu du musée du Louvre », Le Petit Parisien,‎ , p. 1 et 2 (gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k564071b.item)
  4. a et b (en) Richard Lacayo, « Art’s Great Whodunit: The Mona Lisa Theft of 1911 », Time Magazine,
  5. Joe Medeiros, « Qui a volé "la Joconde" ? », Midair Rose Production, 2013, 21 min.
  6. a et b Karin Müller, 100 crimes contre l’art, Marseille, L'Écailler, , 254 p. (ISBN 978-2-36476-021-9), p. 57
  7. (en) Who stole the Mona Lisa?, FT.com, August 2011
  8. Raphaël Jullian, Histoires insolites des monuments français, City Edition, , p. 57.
  9. (en) [1]
  10. (en) [vidéo] Mass Effect 2 Kasumi's Loyalty Mission Part 2 sur YouTube à 4 minutes 56 secondes

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Dorothy Hoobler et Thomas Hoobler, The Crimes of Paris, New York, Little, Brown, , pages 3–7, 305-314.
  • (en) Simon Kuper, « Who Stole the Mona Lisa? The World's Most Famous Art Heist, 100 Years On », Slate,‎ (lire en ligne).
  • (en) « The Mona Lisa Thief », Newsweek,‎ , page 97.