Viktor Sukhodrev — Wikipédia

Viktor Sukhodrev
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Sukhodrev (au centre) traduisant une conversation entre le dirigeant soviétique Léonid Brejnev et le président américain Richard Nixon en 1973.
Nom de naissance Viktor Mikhaylovich Sukhodrev
Naissance
Kaunas, Lituanie
Décès (à 81 ans)
Moscou, Russie
Profession
Interprète et traducteur

Viktor Sukhodrev, né le à Kaunas en Lituanie et mort le à Moscou, est un traducteur russe. Il a travaillé auprès des principaux dirigeants de l'Union soviétique comme Nikita Khrouchtchev, Léonid Brejnev, Mikhaïl Gorbatchev ou Alexis Kossyguine.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et éducation[modifier | modifier le code]

Sukhodrev est le fils d'un officier du renseignement soviétique installé aux États-Unis[1]. Lors de la Seconde Guerre mondiale, il vit pendant six ans à Londres avec sa mère, employée à la mission commerciale soviétique[2]. Il étudie dès l'âge de 8 ans à l'École de l'ambassade soviétique à Londres[3]. De retour à Moscou quatre ans plus tard, il est diplômé de l'Institut militaire des langues étrangères[2].

Carrière professionnelle[modifier | modifier le code]

En 1956, Sukhodrev fait ses débuts au bureau de traduction du ministère des Affaires étrangères soviétique. C'est lui qui traduit entre autres la célèbre phrase de Nikita Khrouchtchev « Nous vous enterrerons ». Dans les années 1980, il est nommé directeur adjoint du département américain et canadien au sein du même ministère. Ses mémoires, Yazyk moy — drug moy (Ma langue est mon amie), ont été publiées en 1999[1].

Tout au long de sa carrière longue de presque trente ans, Sukhodrev participe à nombre de sommets internationaux et de rencontres entre chefs d'État. Le président américain Richard Nixon décrit Sukhodrev comme « un magnifique linguiste qui parlait aussi bien l'anglais que le russe »[4] tandis qu'Henry Kissinger le qualifie d'« imperturbable » et de « brillant »[5]. Selon un article de 2005 du journal International Herald Tribune, « Sukhodrev était présent sans être présent, se dépouillant de son ego pour se glisser dans la peau de l'homme qui s'exprimait, afin de capter ses sentiments et de restituer ses mots »[6].

Les responsables soviétiques et américains le considèrent comme le meilleur interprète anglo-russe au monde et il est parfois le seul traducteur autorisé lors des réunions bilatérales. Sa compréhension des expressions idiomatiques en anglais est excellente et il a une très bonne connaissance des nuances de signification dans les différentes parties du monde anglophone. Sa mémoire est également prodigieuse : lors des discussions au sommet d'Helsinki en 1975, il n'a ainsi besoin que de quelques notes pour traduire à la perfection un discours de 20 minutes[7]. En 2012, Sukhodrev reçoit le prix national russe du « Traducteur de l'année »[1].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Sukhodrev fut marié deux fois, d'abord à l'actrice Inna Kmit puis à Inga Okunevskaya. Il meurt le à Moscou, à l'âge de 81 ans[2].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (ru) « Умер личный переводчик Хрущева и Брежнева Виктор Суходрев » [« Décès de Victor Sukhodrev, traducteur personnel de Khrouchtchev et de Brejnev »], sur kp.ru, Komsomolskaïa Pravda,‎ (consulté le ).
  2. a b et c (en) « Viktor Sukhodrev, interpreter at key Soviet-US summits, dies at 81 », sur theguardian.com, The Guardian, (consulté le ).
  3. (en) « The man in the middle of Cold War politics », sur theage.com.au, The Age, (consulté le ).
  4. (en) Richard Nixon, RN: The Memoirs of Richard Nixon, vol. 2, Warner Books, , p. 89.
  5. (en) « Viktor Sukhodrev — obituary », sur telegraph.co.uk, The Daily Telegraph, (consulté le ).
  6. (en) Kumiko Torikai, Voices of the Invisible Presence: Diplomatic Interpreters in Post-World War II Japan, John Benjamins Publishing, (ISBN 9027224277, lire en ligne), p. 1.
  7. (en) Jan M. Lodal, « Brezhnev's Secret Pledge to 'Do Everything We Can' to Reelect Gerald Ford », sur theatlantic.com, The Atlantic, (consulté le ).