Victoire à la Pyrrhus — Wikipédia

Buste de Pyrrhus, musée archéologique national de Naples.

Une victoire à la Pyrrhus est une victoire obtenue au prix de pertes si lourdes pour le vainqueur qu'elle équivaut quasiment à une défaite. Une telle victoire est contraire à tout sentiment d'accomplissement ou de gloire, et compromet le progrès à long terme du vainqueur. L'expression est une allusion au roi Pyrrhus d'Épire, dont l'armée a souffert des pertes importantes et irremplaçables en battant les Romains pendant ses guerres en Italie aux batailles d'Héraclée en 280 av. J.-C. et d'Ausculum en 279 av. J.-C.

Description[modifier | modifier le code]

Plutarque, qui reprend ici Denys d'Halicarnasse, rapporte les paroles de Pyrrhus après la bataille d'Ausculum durant lequel il perd entre entre 6 000 et 15 000 hommes (ce montant étant le plus probable)[1] :

« Les armées se séparèrent ; et on raconte que Pyrrhus répondit à quelqu'un qui célébrait sa victoire que "encore une victoire comme celle-là et il serait complètement défait". Il avait perdu une grande partie des forces qu'il avait amenées, et presque tous ses amis et principaux commandants ; il n'avait aucun moyen d'avoir de nouvelles recrues (…). Tandis que, comme une fontaine s'écoulant continuellement de la ville, le camp romain se remplissait rapidement et abondamment d'hommes frais, pas du tout abattus par la défaite, mais gagnant dans leur colère une nouvelle force et résolution pour continuer la guerre. »

Au cours des batailles remportée par Pyrrhus, les Romains ont en effet perdu plus d'hommes que lui mais ils peuvent facilement recruter de nouveaux soldats en Italie ; leurs pertes affectent donc beaucoup moins leur effort de guerre que celui de Pyrrhus.

La citation : « Si nous devons remporter une autre victoire sur les Romains, nous sommes perdus »[2], bien qu'associée à un contexte militaire, est utilisée en analogie dans d'autres champs d'activité comme l'économie, la politique, la justice, la littérature et le sport pour décrire une lutte similaire, ruineuse pour le vainqueur.

Exemples historiques[modifier | modifier le code]

Guerres anciennes[modifier | modifier le code]

Guerres modernes[modifier | modifier le code]

Utilisation du terme en politique[modifier | modifier le code]

Le terme est régulièrement utilisé en politique française, comme lors de l'élection sur le fil de Martine Aubry comme premier secrétaire du Parti socialiste en [3], la loi organique présentée en 2009 visant à limiter le temps de parole et les amendements[4], la loi Hadopi[5] ou l'annulation par le Conseil constitutionnel de la loi sur la taxe carbone en 2009[6].

En avril 2023, le quotidien britannique The Guardian qualifie la promulgation de la Réforme des retraites en France de victoire à la Pyrrhus. Le président Macron a vu sa cote de popularité chuter, une partie de la population ne semble pas décolérer, et certains considèrent que la France est entrée dans une crise démocratique[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jérôme Carcopino, Profils de conquérants, Flammarion, 1961, p. 69.
  2. Plutarque, Apophtegmes de rois et de généraux, « Pyrrhus », 3. Extrait de la traduction de F. Fuhrmann pour la Collection des Universités de France, 1988.
  3. Didier Pourquery, « Défi », Libération,‎ (lire en ligne).
  4. « Clash Copé-Mamère à l'Assemblée », sur www.dailymotion.com (consulté le ).
  5. « Compte rendu officiel de la séance du 8 juillet 2009 au Sénat », sur www.senat.fr (consulté le ).
  6. http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hVAyrW2Uu3zW7AMXKMkyjjZebByQ
  7. (en-GB) Agence France-Presse, « Macron signs controversial pension changes into law after months of protests », The Observer,‎ (ISSN 0029-7712, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]