Vacherie du Parc — Wikipédia

Vacherie du Parc
Vue du bâtiment en mars 2019.
Présentation
Type
Laiterie, étable
Architecte
Construction
Propriétaire
Ville de Lyon
Localisation
Département
Commune
Coordonnées
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Géolocalisation sur la carte : France
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Géolocalisation sur la carte : parc de la Tête d'or
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La vacherie du Parc est une ancienne laiterie municipale située le long de l'allée des Moutons du Jardin zoologique de Lyon, au sein du parc de la Tête d'or à Lyon, en France. Elle a été conçue par l'architecte Tony Garnier à la suite d'une commande de la ville de Lyon. Elle était destinée à fournir du lait aux orphelins lyonnais, et incluait une étable, une installation de stérilisation du lait et des logements pour les vachers.

La vacherie, ayant un rendement insuffisant, est fermée en 1919 pour être transférée sur le domaine de Cibeins à Misérieux. Après avoir été transformée en fauverie à partir des années 1920, l'édifice est maintenant un bâtiment administratif.

Histoire[modifier | modifier le code]

Emplacement de l'ancienne vacherie, au sud du lac (le nord est à gauche).

Peu après l'ouverture du parc de la Tête d'Or, en 1857, à la suite des daims qui sont introduits pour la création du parc zoologique, des vaches et des moutons viennent entretenir les pelouses. Une vacherie est construite, et son lait est vendu place Bellecour à partir de 1861[1].

Construite en bois et en chaume, elle est détruite par un incendie en 1871[2]. En 1904, le maire Jean-Victor Augagneur lance la construction d'un nouveau bâtiment pour produire du lait au plus près de Lyon[3]. Il s'adresse en premier à Auguste Duret, qui propose un plan en U assez chargé en ornements[note 1]. Mais la mairie le juge trop coûteux. Tony Garnier fait une proposition en avec un bâtiment plus simple et donc nettement moins cher[2],[note 2].

C'est la première commande d'une longue série de la ville de Lyon auprès de Tony Garnier[4]. Le design est tiré des établissements agricoles de sa Cité industrielle[5]. La vacherie entre en service dès la fin des travaux en fin d'année 1906[6].

Le bâtiment est bien accueilli par la ville, ce qui permet à Victor Augagneur de recommander Tony Garnier au nouveau maire Édouard Herriot[5].

La possibilité d'extensions est prévue dès le départ du projet, ce qui permet d'agrandir la partie stérilisation en cours d'exécution. Entre 1912 et 1913, Tony Garnier aménage deux logements pour les vachers dans les combles au-dessus du local de stérilisation, et en ajoute un troisième en surélevant un bâtiment annexe[4],[note 3].

Sa production est dès l'ouverture insuffisante : en 1911, elle héberge 34 vaches sans pouvoir en accueillir plus ; une deuxième vacherie est alors demandée par la ville[6]. Elle est fermée le [6]. La laiterie est alors transférée à l'école d'agriculture de Cibeins à Misérieux[2].

La vacherie est ensuite réaménagée de 1922 à 1924 et transformée en fauverie, en ajoutant deux cages sur la façade est du bâtiment[2]. Un enclos attenant est créé pour l'éléphant Loulou venu d'Indochine[note 4], qui a vécu 15 ans au parc[8],[9]. Désaffecté et en état d'abandon dans les années 1980[10], l'édifice sert de débarras. Il n'est ni classé, ni inscrit à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques, mais considéré d'un intérêt patrimonial certain ; sa réhabilitation est donc envisagée à la fin des années 1990 lors d'une étude portant sur l'ensemble du patrimoine du parc[11]. Le , la ville de Lyon vote sa restructuration pour lui donner « la prestance qu'elle mérite » pour un budget de 14 millions de francs[12],[note 5]. Il est ainsi réaffecté au fonctionnement du parc de la Tête d'Or, incluant un grand dépôt, une salle d'exposition, une salle de cours, une chambre froide et l'enclos des reptiles[2].

Description[modifier | modifier le code]

La vacherie dispose d'un rez-de-chaussée et d'un étage sous combles pour une surface de 1 275 m2[12]. Elle est conçue par Tony Garnier comme un bâtiment utilitaire qui s'intègre en harmonie avec le parc. Il comporte une étable de 40 vaches, une usine de stérilisation et, entre les deux, un logement pour le vacher[4] d'où il peut observer les animaux à travers une embrasure[13]. Une étable d'isolement pour trois vaches malades se trouve à l'écart dans la cour[14].

L'ensemble est construit d'un seul tenant, avec des pignons et des frontons similaires aux villas qu'il avait dessinées pour bâtir au bord du parc[4]. Les sols du rez-de-chaussée du bâtiment principal sont en béton armé avec une chape de ciment Portland, les sols des dépendances en mâchefer et chaux hydraulique. Les murs sont en pisé et chaux hydraulique[14]. Enfin, les sols et les murs sont badigeonnés de chaux pour les imperméabiliser. L'ensemble est couvert de tuiles de Bourgogne rouges[2]. Il y a aussi un sous-sol pour entreposer les produits alimentaires, et un fenil sous le toit : cet espace de stockage du fourrage a peut-être obligé Garnier à construire la seule toiture traditionnelle de son œuvre architecturale[10].

L'architecte porte une attention particulière à l'hygiène en incluant une ventilation, l'écoulement automatique des urines, ou encore un sol en briques vitrifiées[4]. L'unité de stérilisation du lait est une technologie moderne, inscrite dès le départ dans le projet par le maire Augagneur, médecin hygiéniste, qui souhaite fournir un lait de qualité à la jeunesse défavorisée. La ville souhaite ainsi maîtriser toute la chaîne, de la production à la distribution[14]. Les mangeoires de l'étable sont en ciment, et comportent des robinets d'eau chaude et d'eau froide avec des tuyaux d'évacuation des eaux et du purin[2].

Les seules décorations que s'autorise Tony Garnier sont les pots en terre cuite posés sur les redents du toit, ainsi qu'un lierre mural et une haie d'enclos[2].

« Cette œuvre atypique, unique, est toutefois réalisée dans un style que Garnier utilise pour plusieurs autres projets : mélange de régionalisme et d'éclectisme et parfois d'Art nouveau finissant[4]. »

— Olivier Cinqualbre (architecte et conservateur de musée)

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Production[modifier | modifier le code]

La laiterie permet de fournir 250 à 300 litres de lait par jour[note 6] grâce à plusieurs appareils mécanisant le processus : une machine brosse et nettoie les bouteilles avec un jet d'eau, une autre facilite leur remplissage. Enfin, deux étuves permettent de stériliser quotidiennement environ 2 000 flacons de 125 ml[16]. Le lait est transporté par voiture à 8 crèches de quartier[17].

Projet d'usine de pasteurisation du lait[modifier | modifier le code]

Plans de la nouvelle usine.

En 1918, Tony Garnier dessine en deux planches un projet d'usine de pasteurisation du lait qui semble être une extension de l'unité de stérilisation de la vacherie. L'ensemble, prévu sur un terrain proche à Villeurbanne, est imposant : c'est presque une cité qui est projetée, composée de plusieurs bâtiments administratifs, d'un laboratoire, d'ateliers, avec un garage et un bâtiment technique[18].

Les plans présentent une grande cheminée, des toits en shed cachés par un attique, une architecture en béton comme pour la Cité industrielle, avec une particularité : une frise qui pourrait être en carreaux de faïence autour des attiques[18].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le projet de Duret est évalué à 89 000 francs.
  2. Le projet de Garnier est évalué à 70 744 francs.
  3. Tony Garnier les dessine en février 1912, et les travaux sont réceptionnés en avril 1913[6].
  4. Loulou est un éléphant de 9 ans offert par la colonie française de Saïgon à Édouard Herriot, président du Conseil des ministres. Il arrive à Marseille par paquebot le [7].
  5. En même temps, la rénovation de la ferme Lambert, construite en 1735, est étudiée pour 11 millions de francs[12].
  6. La consommation lyonnaise de lait varie à cette époque entre 80 et 130 tonnes par jour selon les saisons[15].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Duret 2016.
  2. a b c d e f g et h AML 2019, p. 135.
  3. AML Guide des sources 2019, p. 14.
  4. a b c d e et f Guiheux et Cinqualbre 1989, p. 61.
  5. a et b Jullian 1989, p. 80.
  6. a b c et d AML Guide des sources 2019, p. 15.
  7. Le Petit Provençal 1924.
  8. Tête d'Or 1992, p. 24.
  9. de Merona 1987, p. 38.
  10. a et b Piessat 1988, p. 78.
  11. Le Progrès 1998.
  12. a b et c Brione 2001.
  13. Godart 1909, p. 346.
  14. a b et c AML 2019, p. 133.
  15. Saint-Olive 1926, p. 491.
  16. Godart 1909, p. 347.
  17. Godart 1909, p. 348.
  18. a et b Guiheux et Cinqualbre 1989, p. 66.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Louis Faivre d'Arcier (dir.), Mourad Laangry et Stéphanie Rojas-Perrin (Catalogue d'exposition des Archives municipales de Lyon du 15 octobre 2019 au 21 mars 2020), Tony Garnier, l’œuvre libre : Le maire et l'architecte, Lyon, Archives municipales de Lyon, , 304 p. (ISBN 979-10-699-4045-1). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Alain Guiheux (dir.) et Olivier Cinqualbre (dir.) (Publié à l'occasion de l'exposition « Tony Garnier (1869-1948) » présentée par le Centre de Création Industrielle du 7 mars au 21 mai 1990), Tony Garnier : L'œuvre complète, Paris, Centre Pompidou, coll. « Monographie », , 254 p. (ISBN 2-85850-527-6), p. 60-61. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • René Jullian, Tony Garnier : Constructeur et utopiste, Paris, Philippe Sers, , 180 p. (ISBN 2-904057-25-0), p. 80-81. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Corentin Durand, Mourad Laangry et Catherine Dormont, « Tony Garnier : Guide des sources présentes aux Archives municipales de Lyon » [PDF], sur Archives municipales de Lyon, (consulté le ), p. 14-15. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Louis Piessat (préf. Paul Dufournet), Tony Garnier : 1869-1948, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, , 196 p. (ISBN 2-7297-0338-1), p. 77-78. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Justin Godart (préf. Édouard Herriot, Réimpression en 1979), Travailleurs et métiers lyonnais, Lyon, Cumin et Masson, , 414 p., p. 343-348. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Xavier de Merona (préf. Louis Bourgeois), Richesses du parc de la Tête d'or, Trévoux, Éditions de Trévoux, , 83 p. (ISBN 2-85698-040-6), p. 37-38. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Tête d'Or : Un parc d'exception créé par Denis Bühler (Exposition présentée du 3 juillet au 3 octobre 1992 à l'Orangerie du Parc de la Tête d'Or), Lyon, CAUE du Rhône, , 48 p. (ISBN 2-9503336-2-1), p. 24. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • « La vacherie municipale au Parc de la Tête-d'Or », La Construction lyonnaise, no 11,‎ , p. 125-128 (ISSN 2021-1945, lire en ligne).
  • « La vacherie municipale au Parc de la Tête-d'Or », La Construction lyonnaise, no 3,‎ , p. 33 (ISSN 2021-1945, lire en ligne).
  • « Construction d'une vacherie au Parc de la Tête-d'Or », La Construction lyonnaise, no 22,‎ , p. 265 (ISSN 2021-1945, lire en ligne).
  • Isabelle Brione, « Des restructurations importantes au parc de la Tête d'Or », Le Progrès,‎ . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Aline Duret, « En 1870, le parc de la Tête d'or échappe au désastre », sur Le Progrès, (consulté le ). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • « Une étude sur l'architecture », Le Progrès,‎ . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Paul Saint-Olive (Cinquantième congrès de l'association française pour l'avancement des sciences), Lyon 1906-1926 : Introduction historique, enseignement, mouvement artistique, littéraire et scientifique, la vie sociale, la production, la foire internationale de Lyon, Lyon, Société anonyme de l'imprimerie A. Rey, , « Le Marché du Lait », p. 491-495. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • « “Loulou” jeune éléphant offert à M. Herriot est arrivé hier de Saïgon », Le Petit Provençal,‎ . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]