Viable non cultivable — Wikipédia

Coupe transversale au microscope électronique à transmission de Yersinia pestis en croissance active (Groupe A) et non cultivables (Groupe B). Échelle à 0,5 micron.

L'état Viable Non Cultivable (VNC) désigne des bactéries viables mais non cultivables c'est-à-dire des bactéries qui sont dans un état de très faible activité métabolique et ne se divisent pas, mais qui sont vivantes et ont la capacité de devenir cultivables une fois mises dans un milieu plus propice[1],[2].

Les bactéries en état VNC ne peuvent pas croître sur des milieux de croissance standards. Il est possible de mesurer par cytométrie en flux leur viabilité[1]. Les bactéries peuvent entrer dans un état dit VNC en réponse à un stress, en raison d'éléments nutritifs défavorables, de la température, d'osmose, de l'oxygène, ou des conditions de lumière[1]. Les cellules qui sont dans l'état VNC sont morphologiquement plus petites, et démontrent une réduction du transport des éléments nutritifs, du taux de respiration, et de synthèse de macromolécules[1]. Les bactéries VNC peuvent rester dans cet état pendant plus d'un an[1]. Il a été montré que de nombreux agents pathogènes et non pathogènes peuvent entrer dans l'état VNC. Cet état a donc des implications importantes dans la pathogenèse, la bioremédiation et d'autres branches de la microbiologie[1].

Histoire et controverse[modifier | modifier le code]

Découvert en 1982 lors d'une collaboration sino-américaine par l'équipe de Rita Colwell[3], l'existence de l'état a longtemps été controversé[4]. La validité et l'interprétation des résultats de mesure du métabolisme utilisé pour déterminer l'état VNC ont historiquement été mises en doute[5]. Il est aujourd'hui reconnu dans la communauté scientifique du fait de son observation dans de nombreux microorganismes, du gain en précision dans la capacité à discriminer l'état, bien que les connaissances sur les mécanismes impliqués dans l'entrée des bactéries dans l'état VNC restent limitées[6],[7]. Le nom anglais de Viable But Non Culturable (VBNC) a été donné en 1985 par une étude de l'équipe de Rita Colwell, portant sur Vibrio cholerae, chez qui l'état a été découvert 3 ans plus tôt. La première publication d'une étude portant sur la compréhension de la modification génétique chez les bactéries, permettant le déclenchement de l'état VNC date de 1994[8]. Progressivement d'autres études ont montré l'existence de cet état chez de nombreux genres bactériens.

Espèces connues[modifier | modifier le code]

Espèces connues capables d'entrer dans un état VBNC[9]:

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Oliver JD, « The viable but nonculturable state in bacteria », The Journal of Microbiology, vol. 43, no special issue (No. S),‎ , p. 93–100 (PMID 15765062)
  2. Hygiene, quality and safety in the cold chain and air conditioning: proceedings of the conference of commissions C2 & E1, with D2/3 ; (September 16 - 18, 1998), Nantes, France = Hygiène, qualité et sécurité dans la châine du froid et le conditionnemen d'air, IIF, coll. « Science et technique du froid », (ISBN 978-2-913149-03-8)
  3. (en) Huai -Shu Xu, N. Roberts, F. L. Singleton et R. W. Attwell, « Survival and viability of nonculturableEscherichia coli andVibrio cholerae in the estuarine and marine environment », Microbial Ecology, vol. 8, no 4,‎ , p. 313–323 (ISSN 0095-3628 et 1432-184X, DOI 10.1007/BF02010671, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Junyan Liu, Liang Yang, Birthe Veno Kjellerup et Zhenbo Xu, « Viable but nonculturable (VBNC) state, an underestimated and controversial microbial survival strategy », Trends in Microbiology, vol. 31, no 10,‎ , p. 1013–1023 (DOI 10.1016/j.tim.2023.04.009, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Wiley, Encyclopedia of Life Sciences, Wiley, (ISBN 978-0-470-01617-6 et 978-0-470-01590-2, DOI 10.1002/9780470015902.a0000407.pub2, lire en ligne)
  6. (en) Junyan Liu, Liang Yang, Birthe Veno Kjellerup et Zhenbo Xu, « Viable but nonculturable (VBNC) state, an underestimated and controversial microbial survival strategy », Trends in Microbiology, vol. 31, no 10,‎ , p. 1013–1023 (DOI 10.1016/j.tim.2023.04.009, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Mesrop Ayrapetyan et James D Oliver, « The viable but non-culturable state and its relevance in food safety », Current Opinion in Food Science, vol. 8,‎ , p. 127–133 (DOI 10.1016/j.cofs.2016.04.010, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Jacques Ravel, Russell T. Hill et Rita R. Colwell, « Isolation of a Vibrio cholerae transposon-mutant with an altered viable but nonculturable response », FEMS Microbiology Letters, vol. 120, nos 1-2,‎ , p. 57–61 (DOI 10.1111/j.1574-6968.1994.tb07007.x, lire en ligne, consulté le )
  9. JD. Oliver, « Recent findings on the viable but nonculturable state in pathogenic bacteria. », FEMS Microbiol Rev, vol. 34, no 4,‎ , p. 415–25 (PMID 20059548, DOI 10.1111/j.1574-6976.2009.00200.x)