Tupolev Tu-160 — Wikipédia

Tupolev Tu-160
Vue de l'avion.
Un Tu-160 russe en vol le 22 avril 2015.

Constructeur Tupolev
Rôle Bombardier stratégique
Statut En service
Premier vol
Mise en service
Nombre construits 36 (9 prototypes et 23 de série en 2018)
Équipage
4 (pilote, copilote, officier de bombardement, opérateur des systèmes)
Motorisation
Moteur Kouznetsov NK-32
Nombre 4
Type Turboréacteurs à double flux et postcombustion
Poussée unitaire 245 kN
Dimensions
vue en plan de l’avion
Envergure 52 m
Longueur 50,6 m
Hauteur 12,8 m
Surface alaire 360 m2
Masses
À vide 117 950 kg
Carburant 148 000 kg
Avec armement 267 625 kg
Maximale 270 000 kg
Performances
Vitesse de croisière 960 km/h
Vitesse maximale 2 220 km/h (Mach 2,1)
Plafond 18 000 m
Vitesse ascensionnelle 4 000 m/min
Rayon d'action 7 300 km
Charge alaire 743 kg/m2
Rapport poussée/poids 0,37
Armement
Interne 40 000 kg d'armement dans 2 soutes ventrales, 12 missiles de croisière Kh-55 ou 24 missiles Kh-15P
Avionique
Radar d'attaque « Obzor-K », radar de suivi du terrain Sopka

Le Tu-160 (en russe Белый Лебедь, soit « cygne blanc », code OTAN Blackjack) est un bombardier lourd supersonique soviétique construit par le bureau d'étude Tupolev pendant la guerre froide pour l'arsenal nucléaire soviétique dont la Russie a hérité. Ses ailes sont à géométrie variable ; sa masse maximale au décollage en fait le plus gros avion supersonique au monde et le plus lourd avion de combat au monde.

Conception[modifier | modifier le code]

Un Tu-160, train d’atterrissage sorti.

En 1973, pendant la guerre froide, la course aux armements est très importante entre les deux superpuissances. Les Américains développent alors le Rockwell B-1 Lancer. En réponse, les Soviétiques commencent le programme du bombardier « multi-missions ». Trois constructeurs aéronautiques furent dans la course : Tupolev avec un avion basé sur le Tupolev Tu-144, le Miassichtchev M-18 (en), et un Soukhoï basé sur le T-4.

Même si le projet de Miassichtchev semblait le plus prometteur, Tupolev fut choisi parce qu'il était le seul à avoir la capacité et l'expérience pour mener à son terme un projet très ambitieux et complexe. Cependant, Tupolev utilisa des éléments du projet Miassichtchev M-18.

Le projet du B-1 fut arrêté le par les Américains avant d'être relancé en 1981. Cependant les Soviétiques continuèrent le Tu-160, et le les essais en vol commencèrent. Le camp occidental eut connaissance du projet à partir de grâce aux satellites espions.

La production commença en 1984. Au début, 150 appareils auraient dû être construits, mais par suite de restrictions budgétaires, seulement 35 (dont deux prototypes) furent construits jusqu'à l'arrêt de la production en 1992.

Plus tard, la Russie a repris l'amélioration et la production de l’appareil. Le premier exemplaire a été livré en [réf. souhaitée].

Tu-160 M2[modifier | modifier le code]

Une version modernisée « Tu-160 M » et équipée de nouveaux turboréacteurs (Kuznetsov NK-32-02) qui effectue son premier vol début devait entrer en service à partir de 2021.

Les réacteurs NK-32-02 plus économes en carburant à performances égales qui motorisent les Tu-160 modernisés à partir des années 2020 permettent une autonomie supplémentaire de 1000 km par rapport à la première génération[1]

Il est prévu une production totale de 50 avions à raison de 3 par an[2],[3].

En , le premier Tu-160M2 (izdeliye 70M2) reprenant la précédente cellule de l'appareil mais bénéficiant de moteurs améliorés, de nouveaux équipements ainsi que d'un nouvel armement, effectue son premier vol. Le nouveau Tu-160M2 immatriculé « 8-04 » a été produit à partir de la cellule du 35e Tu-160 existant, sans compter les prototypes employés pour les essais au sol.

Le Tu-160 « 8-04 » a été réalisé dans le but d'accroître la flotte de bombardiers stratégiques russes et dans l'objectif de reprendre la production de cet appareil à l'usine de Kazan, portant la flotte à 50 appareils avec une production annuelle de trois appareils. Avec 16 appareils en service en 2019, 10 commandés en date de , il en reste 24 à commander à cette date.

Le premier « vrai » vol du Tu-160M modernisé a lieu le . Le bombardier Tu-160M qui a effectué ce premier vol est en fait l'ancien bombardier Tu-160 "Igor Sikorsky" (n° 14, couleur rouge)[4].

Les seize anciens encore en service seront modernisés.

Le premier vol d'un Tu-160 propulsé par les nouveaux moteurs NK-32-02, est annoncé par United Aircraft Corporation le [5].

Le redémarrage de la production des Tu-160 permettra de maintenir en état de vol l'actuelle flotte de ces appareils, laquelle manque de plus en plus de pièces détachées et rend les opérations de maintenance difficiles[6].

À Kazan le , le président Poutine a tenu à signer lui-même le contrat de commande de 10 Tu-160 M2, 1er lot d'une nouvelle flotte de 50 appareils. Au prix unitaire de 15 milliards de roubles (soit environ 216 millions d’euros sur la base du taux de change de ), le premier appareil sera livré en 2021 puis 3 avions seront produits par an[7].

Le premier avion neuf de cette version effectue son premier vol le [8].

Histoire[modifier | modifier le code]

Bombardier stratégique Tupolev Tu-160 de la force aérienne ukrainienne en vol en 1997.

Les escadrilles commencèrent à être formées en mai 1987 au sein de l'aviation à long rayon d'action. Jusqu'en 1991, dix-neuf avions servirent dans le 184e régiment de l'air en Ukraine. Après l'éclatement de l'URSS, ces avions sont pris en compte par la Force aérienne ukrainienne bien qu'en 1999 un échange se fît entre la Russie et l'Ukraine qui donna alors huit de ses appareils pour rembourser sa dette. L'Ukraine, ayant officiellement renoncé aux armes nucléaires, a détruit les autres Tu-160 en sa possession dont le dernier en février 2001, un exemplaire étant remis à un musée.

En , il n'y a plus que quatorze Tu-160 russes en service[9]. Il est prévu de les maintenir en service. Un contrat de modernisation a même été accordé à la société KAPO (Kazan Aircraft Production Organisation). L'amélioration devrait porter principalement sur l'équipement électronique, mais aujourd'hui, les principaux sous-traitants ont disparu et pour procéder aux réparations, il faut récupérer les pièces sur les quatre carcasses entreposées à Joukovski.

En , deux Tu-160 russes ont mené une mission d'entraînement au-dessus du golfe de Gascogne. Ils ont été escortés jusque-là par des chasseurs norvégiens et britanniques. Cet événement marque symboliquement la volonté de la Russie de reprendre un statut de puissance militaire stratégique majeure.

Le , l'arrivée au Venezuela de deux Tu-160 russes pour des vols d'entraînement est saluée par le président vénézuélien Hugo Chávez qui annonça qu'il piloterait l'un d'eux. La Russie réaffirme ainsi sa présence à travers le monde, sans liaison, dixit le discours officiel, avec la situation dans le Caucase[10].

Le , deux Tu-160 réalisèrent un vol d'entraînement au pilotage sur zones sans repère et au ravitaillement en vol au-dessus des eaux neutres de l'océan glacial Arctique et du Pacifique. Ces vols durèrent 23 heures, ce qui correspondait à un nouveau record pour cet appareil. Le record précédent était de 21 heures. Durant leur périple de 18 000 km, ils furent ravitaillés à deux reprises par des Iliouchine Il-78.

En , le 121e régiment de la Garde, basé à Engels, de la 22e division de bombardiers lourds de la Garde de la 37e armée aérienne a onze Tu-160 en service[11]. La base d'Engels abrite aussi le 184e régiment de la Garde, avec ses vingt Tupolev Tu-95.

Le , à 10 h 39, les radars norvégiens repèrent deux Tu-160 à proximité de leur espace aérien, qui sont de nouveaux détectés à 14 h 50, à l’ouest de l’Irlande. À 15 h, les deux appareils russes s’engagent au-dessus de la Manche. La Royal Air Force fait alors immédiatement décoller deux Eurofighter Typhoon. L’alerte est sérieuse et rappelle le survol similaire effectué par des Tu-95 en . L’un de ces appareils, le Aleksandr Golovanov, a été engagé à plusieurs reprises sur le front syrien. Un Rafale, de l’escadron de chasse Gascogne, basé à Saint-Dizier, décolle en alerte pour rejoindre les intrus. Un Mirage 2000-5, de l'escadron de chasse Cigognes, stationné à Lann-Bihoué, en Bretagne, est aussi envoyé. Les deux Tu-160 sont alors escortés par les quatre chasseurs de l’OTAN jusqu’à une soixantaine de kilomètres du Touquet, à la longitude de Dieppe. Ils finiront par rebrousser chemin afin d’éviter le survol des eaux territoriales françaises ou britanniques. L'information est rendue publique début par l'Armée de l'air française, avant d'être relayée dans la presse[12].

Le , deux Tu-160 ont été pris en chasse par dix avions de quatre pays européens depuis le nord de la Norvège jusqu'au large de Bilbao en Espagne[13],[14].

Le , deux Tu-160 ont survolé les eaux internationales depuis la Norvège jusqu'en Espagne et retour. Au cours de ce périple, ils se sont approchés d’une centaine de kilomètres des côtes françaises. Ils ont été interceptés et escortés par les chasseurs de l’Armée de l’air tout au long de cette approche des côtes françaises[15].

Le , un Tu-160 a été intercepté par les armées de l'air suédoise, danoise et finlandaise au-dessus de la mer Baltique[16].

Le , deux F-16 belges de la base de Florennes interceptèrent deux bombardiers Tupolev Tu-160 au-dessus de la mer du Nord dans leur mission de surveillance du territoire conjointe avec les Pays-Bas[17].

Le , deux Tu-160 accompagnés de deux Soukhoï Su-27 ont été interceptés par des chasseurs de cinq pays européens (F-16 belges, danois et polonais, ainsi que des F-18 finlandais et JAS-39 Gripen suédois) alors qu'ils survolaient la mer Baltique. Ils ont été reconduits à la frontière de l'espace aérien de l'OTAN[18].

L'armée de l'air russe utilise, en 2018, seize Tu-160 (si l'on ne compte pas dans le lot 8-04) tous employés au sein du 121e régiment de bombardiers lourds basé à Engels. En , seuls onze sont considérés comme opérationnels[19].

Le , le record de vol passe à 20 000 km parcourus en 25 h avec 3 ravitaillements en vol pour chacun des deux bombardiers impliqués[20].

À partir de 2020, les 16 Tu-160 sont regroupés sur la base aérienne Engels-2.

Variantes[modifier | modifier le code]

  • Tu-160SK : version commerciale (avion civil), jamais construite
  • Tu-160M : bombardier de plus grande taille capable d'emporter des missiles hypersoniques Kh-90 (5 000 km franchissables)
  • Tu-160P : prototype d'un avion très longue portée
  • Tu-160PP : prototype de brouilleur de radar
  • Tu-160R : prototype d'avion de reconnaissance
  • Tu-160K : prototype d'avion lanceur de la fusée Kretschet-P
  • Tu-160W : ?
  • Tu-160M2 : mise à jour complète des systèmes électroniques, des moteurs plus économiques en kérosène.

Le , le président de la fédération de Russie Vladimir Poutine propose le développement d'une version civile du Tu-160[21].

Opérateurs[modifier | modifier le code]

Actuel[modifier | modifier le code]

Armée de l'air russe

Anciens[modifier | modifier le code]

Forces aériennes soviétiques
Aviation navale soviétique
  • Drapeau de l'Ukraine Ukraine : 19 Tupolev Tu-160 au total
Force aérienne ukrainienne :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (ru) « Le ministère de la Défense veut accélérer les travaux sur la production de moteurs pour le Tu-160 », sur Tass, (consulté le ).
  2. « Le premier Tu-160 M modernisé commence les essais », Air et Cosmos,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. « Russie : Le Tu-160 en service en 2021 », Air et Cosmos,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. Antony Angrand, « Tupolev fait voler son premier Tu-160M », sur Air et Cosmos, (consulté le ).
  5. (en) David Cenciotti, « Russia's Upgraded Tu-160M2 Makes First Flight With New NK-32-02 Engines », sur theaviationist.com, (consulté le ).
  6. Antony Angrand, « Le Tu-160M2 a volé », sur Air et Cosmos (consulté le ).
  7. Philippe Wodka-Gallien, « Défense. Revue bimestrielle de l'UNION-IHEDN. N°197. L'espace et la défense. », bimestriel,‎ mars - avril 2019, p. 64
  8. « Le nouveau bombardier stratégique russe Tu-160M2 a effectué son premier vol », sur www.meta-defense.fr, (consulté le ).
  9. Strategic aviation - Russian strategic nuclear forces
  10. 41, « Venezuela : Déploiements russes massifs de concert avec Chávez » [« l »], Défense et Sécurité internationale,‎ , p. 10 (ISSN 1772-788X) :

    « Ce qui a rapidement été perçu comme une réponse de la Russie aux déploiements américains dans le port géorgien de Poti cache cependant d'autres réalités. Premièrement, le fait que la Russie cherche à s'opposer aux États-Unis dans une zone où ces derniers tentent, avec la remise en place de la 4e Flotte, de ré-institutionnaliser dans leur architecture de défense. Deuxièmement, le déploiement des Tu-160 fait suite au refus cubain d'abriter des bombardiers stratégiques sur l'île, en représailles à l'accord américano-polonais sur le « bouclier » antimissile. »

  11. (en) « Strategic aviation », sur Russian strategic nuclear forces, (consulté le )
  12. La Voix du Nord, « Deux bombardiers russes interceptés par l’Armée de l’air au large du Touquet », sur La Voix du Nord (consulté le )
  13. « Bretagne. Deux bombardiers russes près des côtes », sur Le Telegramme, (consulté le ).
  14. https://www.defense.gouv.fr/air/actus-air/la-posture-permanente-de-surete-aerienne-en-action
  15. « https://www.defense.gouv.fr/air/actus-air/l-armee-de-l-air-intercepte-et-escorte-deux-avions-russes », sur defense.gouv.fr (consulté le )
  16. (en-US) « The Russian Ministry of Defense commented on NATO fighters escorting Tu-160 bombers », uawire.org,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. (en) « La Belgique intercepte deux bombardiers russes », Le Soir,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. « Les F-16 belges interceptent quatre avions russes au-dessus de la mer Baltique », sur Le Soir, (consulté le )
  19. (en) « Strategic Aviation », sur Russian strategic nuclear forces, (consulté le )
  20. « [Actu] Vol record pour le Tu-160M », sur Red Samovar, (consulté le ).
  21. (ru) « Сверхделовой бомбардировщик » [« Bombardier d'affaires de haut-vol »], Газета "Коммерсантъ",‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) The directory of the world's weapons, Bookmart Ltd, (ISBN 978-1-8560-5348-8)
  • (en) Paul Eden (éditeur), Encyclopedia of modern military aircraft, Londres, Amber Books Ltd, , 512 p. (ISBN 978-1904687849).
  • (en) Paul Jackson, Jane's all the world's aircraft, 2003-2004, Coulsdon, Surrey, Royaume-Uni Alexandria, VA, Jane's Information Group, (ISBN 0-7106-2537-5)
  • (en) Michael J. H. Taylor, Brassey's world aircraft & systems directory, 1996/97, Londres, Brassey's, (ISBN 1-8575-3198-1)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Aéronefs comparables

Articles connexes


Liens externes[modifier | modifier le code]